Extraits de la revue de presse illustrée publiée chaque semaine en intégralité dans l'hebdo Zébra.
L'atelier de BD en prison (St-Brieuc) par Nicoby (cliquer pour agrandir)
+ Les auteurs de bande-dessinée, sollicités par l'administration pénitentiaire, franchissent parfois la porte des prisons pour y donner des cours de BD. Le dessinateur Bast avait tiré de cette expérience une BD il y a deux ans, "En Chienneté" (La Boîte à Bulles), illustrant les affres de la détention pour de jeunes gens plein de vitalité. A quelques détenus des pénitenciers de Saint-Brieuc, Rennes et Brest, les dessinateurs Joub, Laurent Lefeuvre, Lionel Chouin et Nicoby, ont enseigné les rudiments de la bande-dessinée, sous la houlette de "coordinateurs culturels". La prison moderne n'est pas censée seulement punir et mettre hors d'état de nuire les criminels et délinquants, mais aussi les réformer, leur permettre "d'affirmer leur humanité" ; les interventions de ces jeunes auteurs de BD ont donné lieu à une plaquette, disponible en ligne, et qui constitue une sorte de reportage, même si le but de réforme morale du système carcéral est peu discuté ; or on peut douter de son efficacité, et se demander s'il ne s'agit pas avant tout pour la société civile de se donner bonne conscience. Les planches des détenus voisinent celles des "pros" dans cette plaquette ; les thèmes sentimentaux et violents sont fréquents chez les taulards. Peut-être certains auteurs de BD ont-ils de la sympathie pour les détenus parce qu'ils se sentent eux-mêmes un peu contraints dans leurs cases, accomplissant une tâche parfois un peu répétitive ou séquentielle ?
+ Dans le périodique gratuit "Zoo" (mars 2015), Thierry Lemaire rend compte d'une nouvelle collection lancée par Glénat, dédiée aux "grands maîtres" de la peinture ; Van Eyck, Goya et Toulouse-Lautrec ont déjà fait l'objet d'albums. Le "Picasso" de Birmant et Oubrerie (paru chez Dargaud), qui fut un succès de librairie, a sans doute inspiré la concurrence. Mais Glénat ne propose pas des biographies ; un épisode de la vie de ces maîtres, souvent peu connu, sert de prétexte à un album. "Du côté de Goya, Olivier Bleys et Benjamin Bozonnet prennent prétexte du séjour de l'artiste à la "Quinta del sordo", une propriété située aux alentours de Madrid, pour dresser un portrait psychologique du peintre espagnol. Une description pas du tout à l'avantage de l'auteur du "Tres de Mayo", puisqu'il apparaît colérique, tyrannique, cruel, en un mot : invivable." L'auteur de l'article aurait aussi bien pu écrire : en un mot : artiste.
+ La revue "Fluide-Glacial" vient de fêter ses 40 ans avec un numéro spécial. Issu du divorce entre Goscinny, rédacteur en chef de "Pilote", et les jeunes talents qu'il avait recrutés, l'esprit satirique de "Fluide-glacial" diffère de celui de "Charlie-Hebdo" ; on tient peut-être mieux compte à "Fluide-glacial" de ce que le pouvoir n'est plus vraiment entre les mains des responsables politiques, qui ne sont plus que les représentants interchangeables d'une somme d'intérêts. La satire de "Fluide-glacial" vise parfois la société de consommation, l'engagement politique, et même la psychanalyse et les psychanalystes, ce qui est plus audacieux, puisque leur est dévolu désormais le rôle rempli autrefois par le clergé. Qualifié par certain de "Hara-Kiri" "soft" (Actuabd), si "Fluide-Glacial" frappe moins fort question provocation, l'hebdo n'en est pas moins assez subversif. Un peu en perte de vitesse depuis une quinzaine d'années, et concurrencé par le magazine "Psikopat", peut-être un peu plus "frais", "Fluide-glacial" prospère surtout grâce à ses n° "hors-série" (Gallimard, tirage hebdo d'environ 60.000 ex.)
Le "Figaro" est revenu sur les grandes étapes de la longue carrière de cette publication satirique pas vraiment à gauche, ce qui est un exploit compte tenu du communautarisme idéologique ambiant.
+ Même si son influence est négligeable, en comparaison d'autres médias, la bande-dessinée est utilisée aux Etats-Unis comme moyen de propagande politique. Un blog soutenant Hillary Clinton étudie la biographie en BD de la candidate à l'investiture du parti démocrate (Bluewater productions). Les frasques sexuelles de son époux, Bill, sont utilisées afin de détourner l'attention des casseroles de la candidate. Tant sur le plan du dessin que du scénario, le niveau est inférieur aux productions françaises racontant Nicolas Sarkozy, François Hollande ou Marine Le Pen ; c'est à peine, dans la biographie d'Hillary, si on reconnaît les époux Obama.
+ Sur le site de financement participatif Ulule.com en ce moment, un futur mensuel entièrement illustré "Dans les rues de Lyon" tente de trouver un financement. Cette publication régionale proposera à ses lecteurs de se pencher sur d'autres spécialités locales que le foot et la gastronomie. Le but visé est d'également de fournir du travail à des auteurs de la région, qui seront rémunérés en priorité. La BD tire à l'origine sa vitalité de la presse ; il est donc logique qu'en cette période de déclin, certains tentent d'y revenir, aussi nombreux soient les obstacles auxquels de telles entreprises peuvent se heurter.