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vache enragée

  • Revue de presse BD (241)

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    + Grâce ou à cause de sa récente reconnaissance officielle, la bande-dessinée sert de plus en plus de "bouche-trou" dans la presse pendant la longue parenthèse estivale ; sous forme de prépublication d'une série à succès, d'enquête ou de dossier spécial...

    "Le Monde" (F. Potet) a choisi de démontrer dans un dossier spécial (27 juillet) que la BD est désormais un art sérieux puisqu'elle se penche de plus en plus sur les questions politiques. En réalité, la BD a eu dès le début un usage politique, ainsi que le concède le journaliste lui-même, mentionnant le célèbre pamphlet de Hergé contre le régime soviétique.

    On aurait mieux fait de remarquer que "Cher pays de notre enfance" (par E. Davodeau et B. Collombat)qui sert à illustrer le dossier du "Monde", ose encore égratigner la statue du commandeur de Gaulle, blasphème public devenu assez rare depuis que l'histoire a fait place au roman national dans l'enseignement scolaire.

    + La "reconnaissance" du public et des autorités culturelles ne nourrit pas toujours les artistes ; en 1896, fut lancée à Montmartre la première "Vachalcade", sous l'impulsion de quelques dessinateurs satiriques. Entre manif de protestation contre la culture bourgeoise et oeuvre de bienfaisance (souscription ouverte au profit des artistes nécessiteux), la "Vachalcade" doit son nom à l'emblématique "vache enragée". Le cortège haut en couleurs fait naturellement le tour de Montmartre, épicentre de la bohème artistique fin de siècle. La première édition, mal préparée, est un échec ; mais d'autres vachalcades suivront, mieux préparées.

    Si vous souhaitez en savoir plus sur les vachalcades, Laurent Bihl a écrit un long article très bien documenté et illustré qui traite le sujet, consultable dans la revue en ligne Cairn.info.

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    La "Vache enragée" fut aussi une gazette satirique (illustration de couverture par Toulouse-Lautrec, où l'on distingue dans la vache enragée l'ancêtre du gorille de G. Brassens)

     

    + Le musée de Cherbourg proposait pendant l'été (et jusqu'au 1er octobre) une rétrospective inédite de l'oeuvre de Winsor McCay (1869-1934), auteur de "Little Nemo". Une soixantaine de planches originales de ce dessinateur au trait un peu passé de mode, mais néanmoins considéré comme un pionnier de la BD et du dessin-animé américains, sont exposées.

    McCay avait travaillé dans un cirque et concevait ses planches comme un spectacle pour les enfants. Son fils Robert lui servit de modèle (physique) pour dessiner le personnage de Little Nemo.

    Comme d'autres dessinateurs de "comics", McCay travailla surtout pour le compte du magnat de la presse californien Randolph Hearst, qui publiait les planches en couleurs dans ses journaux. R. Hearst contribua fortement avec ses publications à la fabrique d'une culture de masse, produite par des industriels en quantité industrielle, dans un but qui n'est pas seulement mercantile, mais aussi d'asservissement des esprits.

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    W. McCay dessinait aussi des "editorial cartoons" dans les journaux de Randolph Hearst, critiquant ici les gaspillages de l'Oncle Sam (Une grande mais néanmoins dépensière nation).