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satire - Page 13

  • Cabu vs Daumier

    En guise de revue de presse cette semaine, le script d'un débat au sein de la rédaction de "Zébra" : Heldar estime que Cabu vaut bien Daumier, tandis que Zombi, lui, argumente en faveur de la supériorité de Daumier sur son "héritier".

    HELDAR : Vraiment pas mal le dernier Cabu ("Le Rire de Cabu", ed. Michel Lafon) ; Cabu est bien "notre" Daumier. Bien sûr la comparaison est boiteuse parce qu'esthétiquement Daumier est un cran au-dessus, mais pour la variété de sa caricature politique et le comique de ses légendes, Cabu est très supérieur (pas difficile, d'ailleurs !)

    ZOMBI : La variété ? Non, Daumier dépasse nettement Cabu ; d'abord Daumier est contemporain de l'âge d'or de la presse, de Paris "capitale des beaux-arts" ; Cabu, lui, est contemporain d'un monde américanisé, où le dessin et la satire n'ont plus leur place. Cabu n'a pas son Baudelaire, il est isolé, presque incompris - la preuve : les gogos "Tous Charlie" qui pleurent Cabu comme un martyr et déposent des "ex-voto" Place de la République !

    Et puis Cabu a beaucoup trop dessiné le personnel politique ; or la politique ne passionne en 2020 que les intellos. A cause de la télé, de la presse quotidienne, de l'école, le quidam est forcé de s'intéresser à la politique, mais en réalité il n'y a rien de plus ennuyeux que la politique contemporaine, sauf la musique électronique. Cabu rend un peu moins assommant le jeu de ping-pong politicien (exactement comme Trump).

    HELDAR : Tu es sévère pour Cabu... Sed contra... La politique sous Louis-Philippe (1830-1848) était encore plus ennuyeuse qu'aujourd'hui !

    ZOMBI : Oui, et Daumier en a bien résumé l'ennui. J'ai vu ses têtes de parlementaires récemment dans la vitrine d'un antiquaire - des copies ; ils sont tous déjà là : Mitterrand, Sarkozy, Hollande, Le Pen, Mélenchon... On crève déjà d'ennui. Le meilleur de Cabu, c'est du Daumier. Le meilleur de Cabu, c'est la caricature de Paris, sa ville chérie, vendue aux industriels du BTP par ce maquereau féministe de Jacques Chirac.

    HELDAR : Cabu, comme Bretécher d'ailleurs, est quand même moins nul que la sociologie des snobs bobos...

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    Propriétaire parisien saluant son locataire, par H. Daumier.

  • Revue de presse BD (352)

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    Les Animaux malades de la Peste, illustration par Jean Effel.

    + "Un mal qui répand la terreur, Mal que le Ciel en sa fureur, Inventa pour punir les crimes de la terre, La Peste (puisqu'il faut l'appeler par son nom), Capable d'enrichir en un jour l'Achéron, Faisait aux animaux la guerre.
    Ils ne mouraient pas tous, mais tous étaient frappés : On n'en voyait point d'occupés, A chercher le soutien d'une mourante vie ; Nul mets n'excitait leur envie ; Ni Loups ni Renards n'épiaient La douce et l'innocente proie.
    Les Tourterelles se fuyaient : Plus d'amour, partant plus de joie. (...)"

    - La morale de la deuxième fable du livre VII du second recueil de fables publié en 1676 par Jean de La Fontaine est célèbre : "Selon que vous serez puissant ou misérable, Les jugements de cour vous rendront blanc ou noir."

    Hélas on constatera au cours de cette crise du coronavirus -économique, avant d'être sanitaire- que la démocratie n'a pas rendu La Fontaine ni les "jugements de cour" caducs. Les plus démunis et les moins responsables de cette nouvelle crise économique pourraient bien être désignés coupables par les médias (qui jouent le rôle du renard dans la fable).

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    Le duel entre Tybalt et Mercutio, duel entre la passion et la satire.

    + Le mot "guerre", prononcé avec gourmandise par le chef de l'Etat lors d'une allocution télévisée en forme de sermon dominical (la démocratie n'a pas aboli les jésuites non plus) rime avec "censure". Celle-ci, que la compétition économique maintient à un niveau assez élevé en temps de paix, devrait s'aggraver.

    Les élites bourgeoises ont nettement perfectionné la censure qui, sous l'Ancien régime, ne parvînt pas à contenir les critiques des philosophes des Lumières.

    L'abrutissement des foules, soigneusement entretenu par la télévision, contribue à la censure. "La Société du Spectacle" par Guy Debord (1967) s'efforce d'élucider ce phénomène de sidération qui, s'il ne date pas d'aujourd'hui, n'a cessé de s'amplifier au cours des siècles.

    Une autre pièce de Shakespeare, "Roméo & Juliette", évoque le rôle de la satire. Le personnage de Mercutio l'incarne en effet, seul à garder son sang-froid dans la ville de Vérone en proie à l'amour, mal non moins universel que le coronavirus et dont les dommages dépassent ceux causés par une épidémie. Shakespeare montre que l'amour ravage non seulement les corps, mais aussi les esprits, semant la désolation autour de lui.

    L'ironie de Mercutio ne trouve aucun écho, et sa mort est une défaite de la raison face à la passion, la pulsion de mort qu'elle recèle, en quoi Shakespeare se montre visionnaire.

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  • Revue de presse BD (340)

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    Caricature du peintre Toulouse-Lautrec en train de dessiner sur le motif.

    + L'abstraction, c'est-à-dire la part mystique ou émotionnelle de l'art, n'est pas la seule tendance "lourde" de l'art moderne. La caricature ou la satire sont une autre tendance, non moins marquée, particulièrement nette dans l'oeuvre de Toulouse-Lautrec.

    "Vitalité", le mot est sans doute juste pour parler de l'art de Lautrec, dont la vocation artistique naît à l'occasion d'une terrible maladie qui dévie le cours de son destin. Mais l'aspect caricatural ou satirique de cette oeuvre saute aussi aux yeux et ces adjectifs ne sont pourtant pas prononcés une seule fois par les commissaires de la rétrospective consacrée à l'artiste au Grand Palais (jusqu'au 27 janvier).

    Dans leur présentation, ceux-ci préfèrent insister sur le rôle pionnier de Lautrec, sous-estimé ; ou encore sur la "tendresse" de Lautrec à l'égard des femmes (?) ; une chose est sûre, au contraire de beaucoup de cinéastes Lautrec préférait peindre les actrices sans fards et d'une façon qui ne devait pas encourager leur vanité, bien qu'il a donné aussi quelques belles affiches promotionnelles. 

    - La websérie complètement débile produite par le musée, destinée sans doute à attirer un public plus jeune, en dit long sur l'ambition des autorités culturelles de "démocratiser l'art".

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    + Les éditions Arènes-BD publient une "Incroyable histoire de la littérature française", par Catherine Mory (texte) et Philippe Bercovici.

    "Incroyable", cette bande dessinée l'est en effet, puisqu'elle ne mentionne même pas Louis-Ferdinand Céline au nombre des auteurs qui ont marqué le XXe siècle, ce qui revient à oublier Picasso dans un ouvrage sur la peinture de son temps.

    Catherine Mory appartient à l'Education nationale, qui a largement censuré Céline pour des raisons un peu troubles.

    Le critique littéraire Philippe Sollers a indiqué récemment dans une émission de télé la vraie raison de la censure : non pas tant son antisémitisme que l'anticommunisme précoce et virulent de Céline. Confirme cette explication la censure dans une réédition récente de "Féérie pour une autre fois" (1952) d'un passage où Céline met en cause la pureté d'intention de certains résistants communistes montmartrois.

    On recommande plutôt les "Vies littéraires" d'Edouard Sorel, où ce caricaturiste américain prend un malin plaisir à montrer les stars de la littératures mondiales en délicate posture morale, à commencer par les donneurs de leçons.

  • Revue de presse BD (309)

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    "L'Europe, prison de la pensée", par Krokus.

    + Quelques dessins parus sur ce blog peuvent laisser croire à une ligne "anti-européiste". En réalité l'idéologie provoque la satire au même titre que la religion.

    Les détracteurs d'un gouvernement européen comme ses partisans font assaut d'arguments démagogiques, cependant la presse et les médias détenus par l'oligarchie répercutent l'idée qu'il n'y a pas de salut en dehors du capitalisme, et donc d'un gouvernement européen. Ils forment ainsi une "idéologie dominante", incitant particulièrement à la satire du rêve européiste.

    On note ici que les médias audio-visuels, plus encore que la presse écrite, s'avèrent le canal idéal de diffusion de l'idéologie et de la démagogie. Nombre de détracteurs du populisme s'accommodent sans gêne d'un outil particulièrement propice à la démagogie.

    En outre, comme l'européisme aime se parer de l'argument de la lutte contre le démon du nationalisme, ce qui est un PUR SLOGAN, il faut préciser que les formules les plus catastrophiques du nationalisme au cours du siècle écoulé furent des formes déguisées, tel le nationalisme russe déguisé en "communisme". Le fachisme lui aussi affichait une ambition "européenne", non seulement italienne ou allemande.

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    + Le site Gallica permet de consulter plus de mille caricatures de Wolinski léguées à la BNF une dizaine d'années avant sa mort et numérisées.

    La volonté de Cavanna de renouveler la caricature avec "Hara-Kiri" est particulièrement visible à travers le style de Reiser ou Wolinski ; ce dernier était en effet admiratif à ses débuts des dessins de Topor, dont le style repose sur des bases plus académiques.

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    "La Gueule Ouverte" (1974), publication emblématique du mariage de l'écologisme et de la caricature.

    + Au cours de la semaine du dessin de presse, organisée de façon conjointe par l'école de graphisme Estienne et la BNF, un colloque se tiendra consacré à la satire et l'écologisme (21 mars). Il y a sans doute beaucoup à dire sur l'écologie, qui semble pousser sur le terreau d'un très grand nombre de paradoxes.

    Les prises de position écologistes de certains caricaturistes comme Reiser ou Cabu sont connues (le paradoxe de Cabu est de marier écologie et pacifisme, alors qu'il n'y a rien de plus naturel que la violence) ; cela dit dans les années 70, à l'instar du mouvement "hippie" aux Etats-Unis, l'écologisme est avant tout l'expression du dégoût des partis politiques conventionnels ; ce n'est plus le cas depuis que le leitmotiv écologiste a été récupéré par la quasi-totalité des partis politiques français.

    L'écologisme de Reiser et Cabu n'est  donc pas si loin de l'anarchisme déclaré des caricaturistes du XIXe siècle, marquant leur dédain vis-à-vis de l'engagement politique partisan, bourgeois ou socialiste.

    Le titre de "champion de la terre" décerné récemment à E. Macron, pieds et poings liés par le rendement industriel, est surtout  un motif de raillerie pour les caricaturistes. Cette distinction donne sans doute raison aux marxistes qui voient dans l'écologisme la moindre opposition au capitalisme.

  • Revue de presse BD (298)

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    Caricature de Souch (Réunion)

    + Le mouvement des Gilets jaunes a le don de souligner que la presse française est entièrement soumise à la règle du jeu politicien. Elle l'est en temps ordinaire, mais son rôle de dispersion de la foule, analogue au rôle dévolu aux forces de l'ordre, apparaît plus nettement en cette période de crise. Pas de grenades, mais des mots, des insultes pour disperser les plus impressionnables : "antisémite", "homophobe", "complotiste", "rouge-brun", tout l'arsenal y passe.

    Cette fonction assignée à la presse explique le désintérêt des Français à son égard, grandissant au cours des dernières décennies, et l'engouement pour les blogs et les "réseaux sociaux" qui jouent désormais le rôle d'agitateurs d'idées. Le polémiste réactionnaire Rivarol voyait à la fin du XVIIIe siècle dans la multiplication des "cafés" où l'on débattait librement un danger pour la monarchie française. Le même danger est pointé aujourd'hui dans les "réseaux sociaux" par les actionnaires du régime.

    Si la loi du marché s'appliquait, les étalages des kiosques à journaux seraient vides. "Le Parisien", journal parmi les plus conformistes qui soient, vient justement d'être renfloué à hauteur de 80 millions d'euros par son propriétaire LVMH.

    L'étiolement de la satire et de la caricature n'est donc pas le fruit du hasard. Non seulement la satire n'est pas adaptée à cette fonction de propagande, mais les directeurs des grands journaux se préoccupent peu d'avoir des lecteurs.

    Disons-le autrement : l'absence de réclames ne fait pas forcément un bon journal, mais un bon journal se passe de réclames, suivant la recette de "Charlie-Hebdo" à ses débuts.

    + A 86 ans, Tomi Ungerer prouve qu'il est toujours un aussi "bon client" en interview. Du long entretien webzine,bd,zébra,fanzine,gratuit,bande-dessinée,actualité,revue,presse,hebdomadaire,décembre,2018,gilets jaunes,lvmh,parisien,charlie-hebdo,tomi ungerer,the party,ni oui ni non,libération,irlande,apocalypse,satirequ'il a accordé à "Libération" (20 déc.) ressort l'attachement du dessinateur satirique à l'Irlande, son pays d'adoption : "Je me sens à l'étranger en France. Je l'ai quittée en 1956. Si je la critique beaucoup, je la préfère aux Etats-Unis. Je suis en Irlande depuis quarante-sept ans. C'est un pays sans arrogance, sans différence entre classes sociales. Vous pouvez parler avec un chirurgien ou un universitaire comme avec un paysan."

    Celui qui se dit tyrannisé par l'esprit créatif qui l'anime a publié au printemps dernier un petit traité philosophique à l'usage des enfants ("Ni oui ni non") ; parfaitement trilingue, il écrit toujours en anglais ses livres pour enfants.

    Il commente la réédition du recueil de dessins satiriques "The Party" (éds Les Cahiers dessinés) : "Ma deuxième femme aux Etats-Unis était une vraie snob littéraire. Deux à trois fois par semaine, on avait des party où j'ai rencontré tout le monde (...). Elles m'ont écoeuré et ce livre est inspiré des revues sur cette société (...). Mais il était trop féroce, je n'ai pas trouvé d'éditeur (...).

    - En combien de temps avez-vous réalisé "The Party" ?

    En une semaine, d'une seule traite. J'ai d'abord dessiné puis ajouté les textes. Je fais mes livres à toute vitesse pour m'en débarrasser. Après, je ne veux plus les voir.

    Pourquoi ?

    J'ai un complexe d'infériorité vis-à-vis de mon travail.

    T. Ungerer annonce en outre avoir renoncé au genre satirique et préparer un ouvrage sur l'Apocalypse : "Je suis allé aussi loin que possible dans la satire. (...) Il y a aussi le fait que nous sommes dans un monde irréparable, dans l'Apocalypse, sujet de mon prochain livre."

    Le prolongement de la satire par l'Apocalypse est assez logique, sachant que Tomi Ungerer cultive le désespoir : "Je vous assure qu'on pourrait remplacer toutes les muses par le désespoir."

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    (A noter l'expo-vente de dessins jusqu'au 12 janvier à la Galerie Martel-Paris 10e)

  • Le Pouvoir de la Satire*

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    A contre-courant de l'esprit satirique, il s'agit ici de contribuer à forger le mythe d'un régime républicain favorable à la satire, la caricature, la critique. Si l'on comprend l'intérêt sur le plan politique d'une telle mystification, il est beaucoup plus étonnant de voir des auteurs satiriques y contribuer, en l'occurrence Terreur Graphique ("L'Obs") et Fabrice Erre ("Fluide Glacial").

    Ce dernier enseigne en outre l'Histoire au lycée, ce qui explique peut-être sa partialité. En effet, s'il y a bien une institution imperméable à la satire, c'est l'institution scolaire française.

    S'il peut paraître légitime de proscrire la satire à l'école afin de préserver l'autorité et la discipline nécessaires à l'instruction, l'enseignement de la "liberté d'expression" (et donc de la satire) comme une valeur fondamentale de la République française, est beaucoup plus contestable.

    Il ne suffit pas d'intituler un journal "Pravda" pour que la vérité soit contenue dans ce journal. Il ne suffit pas non plus de graver "Liberté, égalité, fraternité" aux frontons des temples républicains pour que la liberté, l'égalité et la fraternité soient accomplies, ni même pour qu'elles soient des objectifs éthiques ou politiques. Or Fabrice Erre et Terreur Graphique ne semblent pas avoir conscience d'un tel décalage, comme deux écoliers qui seraient persuadés que tout ce qu'ils ont appris à l'école est véridique.

    L'étude des moyens légaux mis en oeuvre par les autorités de censure de tel ou tel pays ou régime ne fournit que très peu d'indication sur l'état réel de la censure.

    La publication d'un tel ouvrage à l'occasion du cinquantième anniversaire de Mai 68 et du lancement de "Charlie-Hebdo" est même assez stupéfiante car on ne peut pas dire que ce mouvement et ce titre de presse épargnèrent les institutions républicaines.

    Le Pouvoir de la Satire, par Fabrice Erre et Terreur Graphique, éd. Dargaud, avril 2018.