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guy debord

  • Revue de presse BD (352)

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    Les Animaux malades de la Peste, illustration par Jean Effel.

    + "Un mal qui répand la terreur, Mal que le Ciel en sa fureur, Inventa pour punir les crimes de la terre, La Peste (puisqu'il faut l'appeler par son nom), Capable d'enrichir en un jour l'Achéron, Faisait aux animaux la guerre.
    Ils ne mouraient pas tous, mais tous étaient frappés : On n'en voyait point d'occupés, A chercher le soutien d'une mourante vie ; Nul mets n'excitait leur envie ; Ni Loups ni Renards n'épiaient La douce et l'innocente proie.
    Les Tourterelles se fuyaient : Plus d'amour, partant plus de joie. (...)"

    - La morale de la deuxième fable du livre VII du second recueil de fables publié en 1676 par Jean de La Fontaine est célèbre : "Selon que vous serez puissant ou misérable, Les jugements de cour vous rendront blanc ou noir."

    Hélas on constatera au cours de cette crise du coronavirus -économique, avant d'être sanitaire- que la démocratie n'a pas rendu La Fontaine ni les "jugements de cour" caducs. Les plus démunis et les moins responsables de cette nouvelle crise économique pourraient bien être désignés coupables par les médias (qui jouent le rôle du renard dans la fable).

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    Le duel entre Tybalt et Mercutio, duel entre la passion et la satire.

    + Le mot "guerre", prononcé avec gourmandise par le chef de l'Etat lors d'une allocution télévisée en forme de sermon dominical (la démocratie n'a pas aboli les jésuites non plus) rime avec "censure". Celle-ci, que la compétition économique maintient à un niveau assez élevé en temps de paix, devrait s'aggraver.

    Les élites bourgeoises ont nettement perfectionné la censure qui, sous l'Ancien régime, ne parvînt pas à contenir les critiques des philosophes des Lumières.

    L'abrutissement des foules, soigneusement entretenu par la télévision, contribue à la censure. "La Société du Spectacle" par Guy Debord (1967) s'efforce d'élucider ce phénomène de sidération qui, s'il ne date pas d'aujourd'hui, n'a cessé de s'amplifier au cours des siècles.

    Une autre pièce de Shakespeare, "Roméo & Juliette", évoque le rôle de la satire. Le personnage de Mercutio l'incarne en effet, seul à garder son sang-froid dans la ville de Vérone en proie à l'amour, mal non moins universel que le coronavirus et dont les dommages dépassent ceux causés par une épidémie. Shakespeare montre que l'amour ravage non seulement les corps, mais aussi les esprits, semant la désolation autour de lui.

    L'ironie de Mercutio ne trouve aucun écho, et sa mort est une défaite de la raison face à la passion, la pulsion de mort qu'elle recèle, en quoi Shakespeare se montre visionnaire.

  • Revue de presse BD (280)

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    (dessin de Carali)

    + Le n° de juin de "Psikopat", "résistant et satirique" consacre sa Une et la plupart de ses pages à ce qu'il est convenu d'appeler les "tensions sociales" qui agitent la France. Ce mensuel fait preuve d'un cynisme de bon aloi, dans une époque dégoulinante de bons sentiments, largement mis au service d'un maintien de l'ordre arbitraire.

    Le "Psikopat" se montre plutôt sceptique sur les chances de freiner la marche en avant du capitalisme, mais suggère qu'il est possible de lutter contre la culture bourgeoise (télévision et gadgets technologiques). La culture fait bien partie de l'arsenal bourgeois. Elle s'avère une arme bien plus efficace que coups de matraques que l'on distribue dans des régimes moins sophistiqués. Pourquoi contraindre quand on a les moyens de subjuguer ?

    On remarque par exemple l'habileté des promoteurs de la culture bourgeoise à faire passer pour "populaire" (la culture de masse), ce qui est en réalité populiste et démagogique. La substitution du rire gras à la satire ne doit rien au hasard non plus.

    + Plantu n'est pas un caricaturiste ordinaire, car "Le Monde" où il officie depuis des lustres n'est pas unwebzine,bd,gratuit,zébra,fanzine,bande-dessinée,actualité,revue,presse,hebdomadaire,juin,2018,280,psikopat,carali,satirique,mai 68,plantu,aurel,dieudonné,cabu journal ordinaire.

    "Le Monde" incarne le sérieux et la modération politiques aux yeux d'une majorité de Français (d'un certain âge). Avant que les médias audio-visuels ne prennent le dessus sur la presse écrite, les politiciens de premier plan recherchaient l'onction de "Le Monde", comme les rois autrefois guignaient l'onction papale.

    C'est sans doute cette "odeur de sainteté" qui a valu à Plantu d'être fréquemment la cible de ses confrères, Cabu en tête, suivant une tradition de la presse satirique française qui ne rechigne pas devant les polémiques et les pamphlets.

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    Signe qu'il est proche de la retraite, à 67 ans, Plantu vient de faire don don de ses dessins à la BNF et a recommandé un successeur à sa direction : son confrère au "Monde" Aurel (qui dessine en outre pour "Politis" et "Le Canard Enchaîné"). Aurel est fils de menuisier comme Jésus-Christ, mais contrairement à son illustre prédécesseur, Aurel n'a pas déclaré la guerre au monde.

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    + Appel au boycott par un groupuscule indépendantiste breton, Dispac'h, de l'adaptation cinématographique des aventures de "Bécassine" par l'acteur et metteur en scène D. Podalydès. Le statut de Bécassine en Bretagne est en effet comparable à celui de Tintin au Congo.

    Cette réaction étonnera sans doute ceux qui ignorent ou sous-estiment la violence de l'intégration de la Bretagne à la République française (on parle bien de violences physiques, et non seulement de soumission culturelle).

    On peut s'amuser aussi à comparer le destin de Bécassine et celui de Marine Le Pen, raillée par la bourgeoisie parisienne, mais néanmoins bien utile pour canaliser le mécontentement des chômeurs et des ouvriers.

    L'acteur D. Podalydès plaide l'innocence de Bécassine et ses aventures contre l'appel au boycott. De fait, conçue au départ pour faire rire à ses dépends les jeunes lectrices de "La Semaine de Suzette", le personnage de Bécassine a connu une évolution semblable au capitaine Haddock de Hergé, crétin alcoolique de plus en plus attachant au fil des épisodes, pour faire plaisir aux jeunes lecteurs du "Journal de Tintin".

    + Le Festival Fumetti 2018 se tient à la "Maison Fumetti" à Nantes, ancienne manufacture de tabac restaurée et mise à la disposition de graphistes et bédéastes par la municipalité. La "Maison Fumetti" s'est dotée d'un site internet qui permet de consulter l'agenda des expositions et activités.

    Les politiciens ont appris depuis longtemps à intégrer l'art et la culture à leur propagande, y compris la contre-culture, en particulier lorsque l'art est assimilable à un spectacle, comme le montre l'essayiste marxiste Guy Debord.

    Au programme de la Maison Fumetti ces jours-ci, une exposition autour de la dernière BD d'Olivier Josso, et une exposition autour de l'animatrice Céline Devaux, primée à Cannes en 2016. Extrait ci-dessous de "Le Repas dominical".

    LE REPAS DOMINICAL - TRAILER from Céline Devaux on Vimeo.

     

  • Revue de presse BD (158)

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    + Le romantique marin globe-trotter Corto Maltese est de retour, dans un nouvel album intitulé "Sous le Soleil de Minuit". Canalès et Pellejero, "repreneurs" de la célèbre série de Hugo Pratt se montrent scrupuleusement fidèle à l'original ; en effet, ils ont repris jusqu'au découpage des planches de H. Pratt. Ils ne se sont pas risqué sur le terrain de l'ésotérisme, dont H. Pratt était féru, au point qu'une exposition dédiée à Corto Maltese fut organisée par un musée de la franc-maçonnerie en 2012.

    + Entreprise plus originale, l'adaptation en BD de Louis-Ferdinand Céline, personnage un peu plus sulfureux que Corto Maltese ("La Cavale du Dr Destouches") ; plus exactement de la fuite en Allemagne de Céline, qu'il narra dans "Nord" et "D'un Château l'Autre" ; l'acteur Christophe Malavoy s'est inspiré pour son scénario de ces chroniques historiques ; après F. Luchini et M.-E. Nabe, entre autres, C. Malavoye se fait l'avocat de l'écrivain maudit. Les frères Paul et Gaëtan Brizzi signent là leur première bande-dessinée, mais ne sont pas exactement novices car ils ont travaillé auparavant sur des dessins-animés. Leur dessin "burlesque" est fait pour coller au plus près du style de Céline, dont Malavoy rappelle qu'il apprécia les dessins animés et les BD de Paul Mac-Orlan.

    + Alors que la Coupe du monde de rugby bat son plein, le dernier n° du mensuel humoristique "Fluide-Glacial" publie opportunément un (bon) numéro spécial consacré à "ce sport de tapettes".

    Plus sérieusement, on constate que les publications satiriques populaires sont les dernières à oser se moquer des jeux du cirque. Le temps semble révolu où les intellectuels exerçaient leur esprit critique contre la "société du spectacle", pour reprendre l'expression de Guy Debord - ou encore à la "culture de masse", pour citer Hannah Arendt, stigmatisant ses effets pernicieux. "Est-il de l'essence même de la vérité d'être impuissante, et de l'essence même du pouvoir d'être trompeur ?" s'interroge par exemple Arendt dans "La Crise de la Culture" ; comment ne pas voir dans les jeux du cirque, version "coupe du monde de rugby 2015", une tromperie manifeste mise en oeuvre par le pouvoir ?

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    Bio de H. Arendt en BD (chez Naïve)

  • Revue de presse BD (58)

     

     

     

    + Le programme complet de la 69e biennale du fanzine naturiste de Bruxelles, qui démarre dès vendredi soir (Zébra tiendra stand les samedi 22 et dimanche 23).

    + Du côté de Bruxelles aussi cet après-midi, le tampographe Sardon propose un assortiment choisi d'injures typiquement bruxelloises, plus épicées que des pralines belges. Si je me fais traiter là-bas de "franskillon" par un "belgicain", je pourrai répondre du tac-au-tac : - Dégagiss, espèce de schieven arkitek !

    Le dessinateur iranien Maya Neyestani, imitateur de feu Claude Serre, est réfugié politique en France; un de ses dessins interprété à "contresens", écrit le blogueur François Forcadell, a déclenché des émeutes dans son pays et entraîné son arrestation. En même temps on voit mal comment un amateur d'art absurde tel que Maya Neyestani pourrait être interprété autrement qu'à contresens ?

    + "France-Culture" s'est récemment efforcé de proposer un portrait radiophonique contrasté (1 h) de Walter Elias Disney (1901-1966), pilier de la culture américaine ; l'art de Walt Disney a d'ailleurs utilement été qualifié par un critique anglais de "seul art spécifiquement américain" ; il faut préciser d'ailleurs que c'est le "story telling", c'est-à-dire la manière de raconter les histoires qui est typiquement étatsunienne, et non les histoires elles-mêmes, empruntées par Disney à la littérature européenne, sans autre critère de choix que l'instinct. Mon principal grief vis-à-vis de Walt Disney est la présentation puérile d'oeuvres qui ne s'adressent pas spécialement aux enfants, mais dépassent la loi du genre consumériste totalitaire. La dictature molle de la consommation exige en effet de maintenir le plus possible l'individu au niveau infantile ou identitaire, avec le risque de dérapage sadique que cela comporte, et qui sont la rançon de cette méthode de maintien de l'ordre.

    Bien qu'un peu fade, cette biographie-express ne comporte pas moins des passages intéressants, comme le développement autour de la cité idéale d'Epcot, rêvée par Walt Disney. Le millénarisme politique n'est pas une idée neuve, loin s'en faut, puisque certains théologiens du moyen-âge en conçurent plusieurs formules avant-gardistes ; on peut se demander si la cité du Vatican elle-même ne repose pas sur une spéculation juridique similaire à celle du Epcot de Walt Disney. Mais les parcs d'attraction modernes sont plus révélateurs de l'aspiration au totalitarisme, c'est-à-dire de son aspect délicieusement régressif et religieux, habilement exploité par la publicité.

    L'un des intervenants fustige la médiocrité de l'oeuvre de Walt Disney, intervenant condamné probablement lors d'une émission sur "France-culture" à suggérer qu'il peut en être autrement de la culture. Guy Debord rappela de façon plus pertinente que la fonction même de la culture exige qu'elle soit médiocre ; sa fonction, c'est-à-dire son rôle de ciment social, distinct du progrès artistique ou scientifique, exigeant au contraire de lutter contre l'inconscient collectif, les préjugés sociaux et le rêve.

    La culture est nécessairement élitiste et religieuse, physique à son apogée, et macabre en fin de cycle -en réalité parfaitement statique, procurant l'illusion du mouvement comme le dessin-animé, la culture ne peut que péricliter. Le stade du rêve ou de l'onirisme se situe déjà par-delà la ruine, comme l'indiquent les aspects virtuel et spéculatif de la culture contemporaine, qui dépasse rarement le niveau de la pure rhétorique ou du "story telling". Les actionnaires du parc d'attraction ont sans doute décrété trop tôt la "fin de l'histoire" ; ou trop tard, car c'est une détermination essentielle de la culture occidentale, depuis le début, d'essayer de refermer la porte étroite de l'histoire.

    + A propos d'absurdité et de Roland Topor, la chaîne "Arte" rediffuse "Téléchat", qu'il est possible de visionner en streaming sur le site de la chaîne. "Téléchat" se moque subtilement du JT et du devoir d'information, à travers les personnages de Groucha et Lola. Si la série était remise au goût du jour, Lola pourrait être une dinde et avoir une aventure avec un homme politique. L'idée originale était aussi de donner la parole aux légumes, aux fruits et divers objets, ce qui rappelle les conférences de Bergson sur la conscience des végétaux. Plus récemment, le CERN a investi des dizaines de milliards d'euros dans la recherche de l'hypothétique "Boson de Higgs", frère siamois du "Gluon de Topor", et une question vient forcément à l'esprit : - si le monde est absurde, est-il nécessaire pour en rendre compte que la science le soit aussi ?

    + Le site d'actu belge "Actuabd" fait de la pub pour la prochaine comic con' de Paris-Villepinte. On ne peut que déplorer l'assimilation systématique de la culture pop(ulaire) à la culture commerciale. Ce n'est pas le peuple qui réclame "du pain et des jeux" ou "du foot et du cinoche", mais les élites qui entretiennent ainsi le populisme.

    + La restructuration du fanzine Zébra m'accapare au point que j'ai dû ranger quelques projets dans les tiroirs provisoirement, dont l'interview du dessinateur satirique Fanch, militant marxiste contre le droit de propriété intellectuelle, dans la lignée de Banksy. Une caricature de Fanch ar Ruz pour faire patienter :

     

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