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mercutio

  • Revue de presse BD (364)

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    Revue "Pandora" illustrée par Blain (été 2020).

    + La revue "Pandora" vient de paraître (Casterman). Il s'agit plutôt depuis 2016 d'une compilation ou un recueil d'histoires courtes inédites par quelques bédéastes en vogue (Blutch, B. Vivès...).

    L'idée de publier des récits courts et complets est une bonne idée, mais cette revue publiée par Casterman manque d'âme comme une réclame.

    + Pendant le confinement on a vu des tas de philosophes (dans les pays laïcs, on préfère dire "philosophe" plutôt que "curé") expliquer que l'humour est proche de la "résilience" ; à ce détail près que, si l'humour est le propre de l'homme, la résilience est plutôt le propre de l'animal.

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    Roméo et Juliette interprétés par Jérémy Lopez et Suliane Brahim.

    + "France télévision" rediffuse actuellement une interprétation de "Roméo & Juliette" par la Comédie française (2016).

    Shakespeare exhibe dans "Roméo & Juliette" le mobile macabre de la culture occidentale tout entière, non seulement d'un couple de tourtereaux sacrifiés pour le bien de la principauté de Vérone.

    "Dieu est mort." déplore Nietzsche ; ce philosophe, lecteur de Shakespeare, aurait pu ajouter que les "modernes" ont remplacé dieu par la mort dans leurs églises ; ce qui explique largement leur appétit pour les charniers et la violence, mais aussi la spéculation financière.

    Shakespeare est le meilleur antidote à l'extraordinaire vanité occidentale. Il nous dissuade en outre de croire qu'elle est le fruit du hasard.

    Le metteur en scène Eric Ruf ne tire pas trop la couverture à lui, comme souvent dans le théâtre contemporain ; la musique est bien présente comme il se doit, accompagnant la bêtise qui sévit à Vérone.

    Les rôles principaux joués par Suliane Brahim et Jérémy Lopez sont légèrement hystériques, comme sous l'effet d'une drogue, ce qui va dans le sens de la pièce. Les Capulet sont repoussants, ce qui est aussi fidèle à Shakespeare.

    La Nourrice et Tybalt sont mal joués (Tybalt ressemble ici à un prof !), mais le plus regrettable est l'interprétation qui prête à confusion du Frère Laurence, rôle majeur, et seul personnage de la pièce avec Mercutio à avoir de l'esprit.

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    Tyll et Céèf, colauréats du prix "Charlie-Hebdo" de la caricature.

    + "Charlie-Hebdo" remettait un prix de la satire à un court texte sur un thème imposé ; cela donnait à ce prix un côté scolaire ; peut-être est-ce la raison pourquoi le prix est désormais remis à des caricaturistes en herbe, à l'instar du prix "Presse-Citron" unique en son genre ?

    Le thème en était cette année : "Vivre sans portable".

  • Revue de presse BD (352)

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    Les Animaux malades de la Peste, illustration par Jean Effel.

    + "Un mal qui répand la terreur, Mal que le Ciel en sa fureur, Inventa pour punir les crimes de la terre, La Peste (puisqu'il faut l'appeler par son nom), Capable d'enrichir en un jour l'Achéron, Faisait aux animaux la guerre.
    Ils ne mouraient pas tous, mais tous étaient frappés : On n'en voyait point d'occupés, A chercher le soutien d'une mourante vie ; Nul mets n'excitait leur envie ; Ni Loups ni Renards n'épiaient La douce et l'innocente proie.
    Les Tourterelles se fuyaient : Plus d'amour, partant plus de joie. (...)"

    - La morale de la deuxième fable du livre VII du second recueil de fables publié en 1676 par Jean de La Fontaine est célèbre : "Selon que vous serez puissant ou misérable, Les jugements de cour vous rendront blanc ou noir."

    Hélas on constatera au cours de cette crise du coronavirus -économique, avant d'être sanitaire- que la démocratie n'a pas rendu La Fontaine ni les "jugements de cour" caducs. Les plus démunis et les moins responsables de cette nouvelle crise économique pourraient bien être désignés coupables par les médias (qui jouent le rôle du renard dans la fable).

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    Le duel entre Tybalt et Mercutio, duel entre la passion et la satire.

    + Le mot "guerre", prononcé avec gourmandise par le chef de l'Etat lors d'une allocution télévisée en forme de sermon dominical (la démocratie n'a pas aboli les jésuites non plus) rime avec "censure". Celle-ci, que la compétition économique maintient à un niveau assez élevé en temps de paix, devrait s'aggraver.

    Les élites bourgeoises ont nettement perfectionné la censure qui, sous l'Ancien régime, ne parvînt pas à contenir les critiques des philosophes des Lumières.

    L'abrutissement des foules, soigneusement entretenu par la télévision, contribue à la censure. "La Société du Spectacle" par Guy Debord (1967) s'efforce d'élucider ce phénomène de sidération qui, s'il ne date pas d'aujourd'hui, n'a cessé de s'amplifier au cours des siècles.

    Une autre pièce de Shakespeare, "Roméo & Juliette", évoque le rôle de la satire. Le personnage de Mercutio l'incarne en effet, seul à garder son sang-froid dans la ville de Vérone en proie à l'amour, mal non moins universel que le coronavirus et dont les dommages dépassent ceux causés par une épidémie. Shakespeare montre que l'amour ravage non seulement les corps, mais aussi les esprits, semant la désolation autour de lui.

    L'ironie de Mercutio ne trouve aucun écho, et sa mort est une défaite de la raison face à la passion, la pulsion de mort qu'elle recèle, en quoi Shakespeare se montre visionnaire.