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religion - Page 2

  • Revue de presse BD (180)

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    Caricature de C. Boutin par Zombi (2012)

    + La député chrétienne-démocrate Christine Boutin a imaginé avec l'éditeur Jacques-Marie Laffont le stratagème de "communication" suivant : publier un livre à propos des caricatures qui la prennent pour cible, publiées dans la presse ou mises en ligne. Le procédé est assez malin, puisque la caricature est au coeur de l'actualité, tandis que les médias se désintéressent de Mme Boutin depuis son désistement en faveur de Nicolas Sarkozy aux dernières présidentielles (contre une rondelette somme d'argent). Brocardée par les caricaturistes, C. Boutin a décidé de tourner cette faiblesse en moyen de se faire remarquer, à la manière des masochistes qui transforment la douleur en plaisir.

    Un seul petit grain de sable dans la mécanique : l'éditeur a commandé des caricatures à des caricaturistes, contre salaire ou promesse de salaire, mais sans les prévenir que leurs caricatures serviraient à la propagande de Christine Boutin, ce qui a eu pour effet d'en agacer certains. Les caricaturistes qui s'en prendront désormais à Mme Boutin sont prévenus : leurs caricatures peuvent aussi bien servir sa cause.

    + Toujours dans le domaine de l'usage politique du dessin de presse, condamnable du point de vue satirique, on annonce la parution d'un ouvrage de Riss en collaboration avec l'avocat Richard Malka sur Marine Le Pen. Riss a déjà signé auparavant un pamphlet contre Nicolas Sarkozy avec R. Malka - "La face kärchée de Nicolas Sarkozy". La différence entre le pamphlet et la satire se mesure à leurs effets : le pamphlet ne convainc que les personnes déjà convaincues ; à cet égard il n'est pas très éloigné d'une forme de prêche religieux ; la satire est plus subtile et n'épargne pas le lecteur.

    + D. Pasamonik, sur le site Actuabd, note l'abondance des essais traitant de la bande-dessinée sous tel ou tel angle spécial. A propos de "Bandes-dessinées et religion", paru chez Karthala, éditeur spécialisé dans ce type d'essai, D. Pasamonik fait la remarque suivante à propos de la bande-dessinée israélienne : "(...) un dernier chapitre sur la bande-dessinée israélienne qui (...) ne concerne pas le thème général de l’ouvrage. Pire encore : par cette proximité incongrue, il accrédite la thèse que la communauté juive et Israël seraient la même chose, alors que bon nombre d’Israéliens laïcs récusent la notion même d’"Etat juif" au sens religieux et que de nombreux juifs ne se sentent par concernés par le nationalisme israélien." Juste remarque, mais il faut ajouter qu'elle vaut pour toute la culture "judéo-chrétienne" en général, vaste fourre-tout qui englobe aussi bien des ouvrages de propagande nationaliste, patriotique, sous couvert de religion, que des ouvrages plus spirituels, voire des ouvrages qui mélangent les deux. Le terme de "bande-dessinée chrétienne" ne veut pas dire grand-chose, par conséquent.

    D. Pasamonik hésite en revanche à qualifier la bande-dessinée de religion à part entière ; pourtant certaines pratiques et rituels (dédicaces) incitent à voir la bande-dessinée comme une forme de religion alternative, en particulier dans des milieux sociaux où les enfants sont privés de religion "officielle". Le motif du "super-héros" notamment possède toutes les qualités d'un modèle religieux. Après tout la musique est un art essentiellement religieux ; pourquoi une certaine façon de faire de la bande-dessinée ne le serait pas aussi ? La démarche de vouloir faire reconnaître la BD comme une religion serait d'ailleurs plus cohérente que celle qui consiste à vouloir que la muse de la BD ait sa place parmi les autres, volonté un peu incongrue et anachronique.

    + La satire ou la caricature visant l'art est un sujet moins souvent abordé que la caricature politique. Alphonse Allais, qui connaissait bien les peintres et illustrateurs, les fréquentant, a écrit plusieurs petits contes, bijoux d'humour et de style, où il raille gentiment diverses tendances de l'art moderne dont il observa l'émergence (obsession du mouvement, de la couleur "vraie", etc.). Les monochromes humoristiques d'Allais sont, dans cette veine, des caricatures d'art, présentées à "L'Exposition des Arts incohérents" (1883 et 84).

    Raphaël Rosenberg, dans un article dédié à cette rencontre de l'art moderne et de la caricature, fait valoir que la caricature des monochromes date... de bien avant l'invention et l'exposition de monochromes. La blague du monochrome aurait été pour le Bernin une manière de stigmatiser l'ignorance de certain amateur d'art, par exemple.

    R. Rosenberg en vient naturellement à poser la question : - les caricaturistes ont-ils inventé l'art abstrait ? Cette question n'est pas sans évoquer le reproche adressé à Picasso par ses premiers détracteurs d'être un "caricaturiste". Comme l'art dit "abstrait" est souvent dépourvu d'intention satirique, il est plus juste de voir la caricature et l'art abstrait comme deux pôles de l'art moderne, qui se combattent, se croisent parfois, et offrent deux visages différents de l'art moderne.

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    Caricature de H. Bing (1912)

    LE CUBISTE

    - Que représente donc ce tableau ?

    - Ouais, vous savez, ça dépend de ce que vous voulez acheter.

  • Caricature François Hollande

    La Semaine de Zombi. Mercredi : qu'aurait dit Voltaire, qui n'était pas tendre avec les religions, de ce culte loufoque et totalement improvisée ?

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  • Caricature Marine et Madonna

    La Semaine de Zombi. Lundi : Quand Madonna (Perrier allégé) et Marine Le Pen (Picon-bière) boivent un coup ensemble, de quoi causent-elles ? De leurs racines, bien sûr. Et heureusement que ces deux femmes à poigne (il suffit d'observer leurs maris, doux comme des agneaux), ne se sont pas donné RDV hier, sans quoi elles auraient complètement éclipsé la Journée de la Femme.

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  • Réduction de tête

    ...littéraire pour faire de la place dans ma bibliothèque.

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  • Marco Polo***

    Marco Polo est un peu le saint patron des commerçants & des aventuriers simultanément. C’est une webzine,bd,fanzine,zébra,gratuit,bande-dessinée,critique,kritik,marco polo,christian clot,didier convard,éric adam,fabio bono,glénat,mongol,gengis-kahn,chine,occident,chrétien,aventure,religion,magie,devisement du monde,merveilles du monde,scénariste,scénario,shakespeare,méthode,histoire,philippe ménard,olivier germain-thomasfigure sympathique du temps où le négoce et les voyages n’étaient pas encore associés à la conquête coloniale, bien que le célèbre voyageur et conteur vénitien soit un pionnier de la «mondialisation». La famille Polo était spécialisée dans le commerce lucratif des pierres précieuses.

    Ainsi que les scénaristes de « Marco Polo – Le Garçon qui vit de ses rêves », nouvellement paru aux éditions Glénat, nous le rappellent dans une documentation complémentaire aux aventures de « Marco Polo », l’authenticité du récit du célèbre voyageur vénitien du XIIIe siècle (« Les Merveilles du Monde ») fut contesté de son vivant, et le reste encore par certains érudits aujourd’hui. Mais l’argument de Christian Clot pour dissiper les soupçons fondés sur les inexactitudes du récit m’a convaincu : « (…) le voyage de Marco Polo a duré près de vingt-quatre ans – dont trois de voyage aller, dix-sept en Chine et trois de voyages retours – sur plus de trente-cinq mille kilomètres (sans compter ceux réalisés durant ses années en Chine). Marco était un adolescent rêveur lorsqu’il est parti, un adulte accompli à son retour. Essayez de vous souvenir avec une exacte précision de tout ce que vous avez fait il y a vingt-cinq ans. Les lieux où vous avez été, les distances parcourues, l’ensemble des personnes rencontrées et des événements survenus sur les plans culturel, politique et autres… Faites-le, bien entendu, sans aucune aide, sans internet, amis ou archives pour vous rafraîchir la mémoire (…) »

    Au demeurant, que ces aventures aient été vécues ou seulement rapportées par Marco Polo, leur récit mentionne des paysages, des peuples, des coutumes et des rois, inconnus de quiconque n’aurait traversé le gigantesque empire mongol de Gengis-Kahn et ses héritiers, jusqu’à la capitale de l’empire, alors en Chine, avant d’en revenir.

    La BD est « librement adaptée » du «Devisement du Monde» et des «Merveilles du Monde» de Marco Polo, parti en 1271 faire du trafic en compagnie de son père et son oncle à l’âge de dix-sept ans. Elle ne s’en écarte que pour combler les lacunes sur la psychologie de Marco Polo (les rapports avec son père) et quelques détails de la sorte, qui mettent du liant dans le récit. Cette fidélité est heureuse et préférable aux scénarios hâtivement construits autour d’un événement historique, qui sert seulement de prétexte à des cavalcades ou des romances qui pourraient aussi bien se situer dans un temps fictif. Pour autant, le côté épique et le rythme n’ont pas été sacrifiés. Shakespeare est la preuve vivante, si je puis dire, qu’on peut faire ouvrage d’historien tout en méprisant les méthodes scolastiques méticuleuses.

    Le scénario souligne les lignes étroits qui unissent le commerce, l’aventure et la religion ; le caractère local de la religion, comme de la musique (les deux mots sont synonymes en grec), explique d’ailleurs que Marco, grand voyageur, se soit forgé sa propre religion, des bribes de cultures exotiques s’additionnant à la culture chrétienne de sa région d’origine.

    Le vif intérêt de Marco Polo pour les inventions techniques, et le rapport que celles-ci entretiennent avec la magie, en raison des pouvoirs extraordinaires que les inventions confèrent à leurs premiers inventeurs, est également illustré. Cela explique d’ailleurs que, en dépit de la logique rationaliste fréquemment mise en avant dans la technocratie moderne, le merveilleux ou la magie n’est jamais très loin. Le discours rationaliste lui-même est magique du point de vue de celui qui n’y a pas été initié. Ce type de rationalisme (il y en a plusieurs) n’est guère qu’une manière pour l’Occident d’affirmer son avance culturelle sur le reste du monde, ce à quoi Marco Polo ne songeait pas. L’Occident chrétien va alors chercher en Orient un allié contre le monde musulman.

    Le dessinateur, Fabio Bono, compatriote de Marco Polo, est influencé par le dessin de manga japonais, ce qui est en l’occurrence une coïncidence plutôt heureuse.

    NB : les scénaristes citent notamment en référence "Marco Polo, à la découverte de l’Asie", de Philippe Ménard (Glénat, 2009) et Marco Polo, d’Olivier Germain-Thomas (Folio, 2010), ainsi que les ouvrages de Marco Polo.

     

    Marco Polo - Le Garçon qui vivait de ses rêves, par Christian Clot, Didier Convard, Eric Adam et Fabio Bono, éd. Glénat, oct. 2013.

  • Revue de presse BD (71)

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    + Dans le dernier n° de "Zoo", Thierry Lemaire dissipe utilement un malentendu à propos de Roy Lichtenstein; celui-ci ne rendait pas hommage aux "comics" américains dans ses toiles, en agrandissant certaines cases; l'artiste new-yorkais méprisait au contraire la culture de masse et les "comics", véhiculant une image de la femme comme une pure incitation à la croissance. Ajoutons que la critique de Roy Lichtenstein est particulièrement confuse, puisqu'elle nécessite ce genre de mise au point, et que Lichtenstein doit sa notoriété aux graphismes efficaces, si ce n'est artistiques, des auteurs de "comics".

    Une autre méprise courante (à visée populiste) est l'assimilation de la culture de masse à la culture populaire, alors même que le processus industriel impliqué dans la culture de masse (le cinéma, beaucoup plus que la bande-dessinée) dégage les milieux populaires de leur responsabilité.

    + Le comédien Lorant Deutsch, auteur d'ouvrages d'histoire largement diffusés, est accusé par des universitaires de s'en servir pour diffuser ses opinions monarchistes. Hélas l'université française elle-même s'est livrée pendant cinquante ans à une lecture stalinienne de l'histoire, dominante en son sein, sans tenir compte de l'autocritique de Lénine, qui compare la révolution technique accomplie par le régime soviétique à... la modernisation de la France par les ministres de Louis XIV (le communisme jouant le rôle de religion d'Etat naguère dévolu au catholicisme). Le premier réflexe d'un historien digne de ce nom sera d'émettre des doutes sur le sérieux d'un enseignement historique qui, en France, est couplé dans les programmes scolaires obligatoires avec des leçons... d'instruction civique, c'est-à-dire de morale. L'instruction civique a d'ailleurs une vocation élitiste, tandis que l'histoire n'en a pas. Le procédé qui consiste à transférer quelque saint ou sainte laïque au Panthéon est l'inverse d'une démarche historique. L'histoire est donc parmi la moins académique des matières.

    - On peut joindre au dossier cette chronique consacrée par "France-Culture" à la "BD historique" à l'occasion de la remise de deux prix. Le chroniqueur Jean-Christophe Ogier amalgame la BD historique ("Alix", "Prince Valiant") et la BD d'histoire, ce qui revient à mettre Alexandre Dumas et Shakespeare dans le même panier; ce chroniqueur s'étonne ensuite que le prix "Château de Cheverny de la BD historique" (attribué au "Singe d'Hartlepoole") ne tienne aucun compte de critères historiques, puisque les événements relatés dans cet album sont entièrement... fictifs. De fait, si l'histoire ne consiste pas dans la collection d'un maximum de reliques du passé, on peut au moins se demander si le point de vue culturel n'est pas fait pour permettre à chacun de voir midi à sa porte en matière d'histoire.

    + Manu Larcenet ironise sur son blog sur l'embauche de Jean-Christophe Menu (ex-éditeur en chef de "L'Association") par Lindingre, le nouveau rédac' chef de "Fluide-Glacial".

    + "La Vie d'Adèle, film pompeux et pornographique, était fait pour plaire à la critique bobo internationale.", c'est encore dans "Zoo", à propos de la dernière Palme d'Or à Cannes, inspirée d'une BD.

    + Encore quelques jours pour visionner en différé sur "Arte" un reportage consacré au graveur franco-suisse Félix Vallotton.

    + Le dessin de la semaine est tiré du blog de Sébastien Martin :

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  • Revue de presse BD (34)

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    + Les amateurs de femmes viriles (ou de cow-boys efféminés) apprécieront ce portrait de l'actrice Sharon Stone par Achdé, repreneur de "Lucky-Luke" pour le dessin. L'illustration est extraite d'un album produit par le dessinateur Maëster et sa femme, intitulé "Wanted". Pour moi, le seul, le vrai western, c'est "Lucky-Luke", et pas ces histoires de garçons vachers qui roulent des mécaniques, mais qui redoutent plus leur mère ou leur femme que les apaches ("Lucky-Luke", ou bien Mark Twain).

    + Jacques Tardi, dessinateur célèbre pour ses adaptations de Léo Malet, Louis-Ferdinand Céline et Jean-Patrick Manchette, vient de refuser la Légion d'Honneur qui lui avait été attribuée d'office. Curieusement Tardi n'invoque pas l'antimilitarisme parmi les raisons de son refus, bien que cet ordre a d'abord été inventé par un chef de guerre, pour récompenser la valeur militaire. A vrai dire, il semble aussi difficile de signer des ouvrages nettement antimilitaristes (c'est le cas de son dernier, "Stalag IIB") en étant titulaire de la légion d'honneur, que d'accepter d'entrer dans la confrérie de la saucisse de Morteau lorsqu'on est végétarien. Celui qui a pris l'initiative d'attribuer cette décoration n'avait donc pas pris la peine de lire Tardi. La gloire, comme les balles, est aveugle.

    + "The Believer" est une revue d'intellos de gauche yankees qui cause parfois de BD. Traduite en français, on peut se la procurer en librairie, mais au prix d'un bouquin plutôt que d'une revue (15 €). Dans la livraison datée de l'automne 2012, figure une interview plutôt intéressante de George Meyer, scénariste des "Simpson".

    "Les Simpson sont la seule vraie critique de la religion moderne acceptée par la culture populaire." : cette affirmation m'a un peu fait tiquer, cependant ; en effet la famille, le couple ou la religion catholique, ridiculisés dans la fameuse série, ne sont pas directement la première religion moderne ; ils le sont DERRIERE le pognon, divinité principale, sans laquelle les autres ne seraient pas. Or les milieux populaires ne sont pas les plus réticents à admettre cette évidence. Les anglophones pourront lire ici l'interview en anglais.

    + Le caricaturiste Charb confond "athéisme" et "mauvaise foi". Témoin, la manière dont il justifie un énième pamphlet contre Mahomet... Si Charb continue comme ça, même les plus fervents partisans de "Charlie-Hebdo" vont finir par devenir sceptiques.

    + Spéciale dédicace à qui Rennes, comme moi, rappelle les "400 coups" qu'il tira -ou qu'il prit-, avant que sa vie ne prenne une tournure plus académique - ce nouvel épisode de "la vie de Vertron". Les autres risquent d'en sentir moins la poésie ; la poésie, comme le plaisir, est largement conditionnée par la géographie ; de là vient que le Breton -cet être violent- donne parfois à sa dulcinée des noms de plage, ou quand c'est un marin tout simplement le nom du port.

    + Le dessin de la semaine est de Serge Einsenstein (le propagandiste soviétique), représentant la peur; d'autres dessins ici.

    (rdp par Zombi - leloublan@gmx.fr)

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