...littéraire (pour faire de la place dans ma bibliothèque). Cette semaine, deux "shakespeariens".
par Antistyle
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...littéraire (pour faire de la place dans ma bibliothèque). Cette semaine, deux "shakespeariens".
par Antistyle
L'Irlande a gagné le tournoi des six nations de rugby en battant la France. Et si les deux équipes fusionnaient pour la prochaine coupe du monde, histoire d'augmenter leurs chances de victoire ?
Ça donnerait "L'Irlance" ou la "Franceire avec un maillot bleu et vert, on ferait chabrot dans la Guiness, on mangerait du pot-au-stew (mélange d'irish stew et de pot-au-feu), les entraînements auraient lieu dans la forêt de Brocéliande avec des rites celtes, l'entraîneur de l'équipe serait Patrick Dupont, Patrick Fiori, Patrick Vieira ou Patrick Bruel (enfin bon, quelqu'un à qui on puisse souhaiter la Saint-Patrick, et surtout la fêter dans les pubs). U2 et les 2be3 se regrouperaient pour former les U2be3, et chanteraient systématiquement l'hymne irlandais accompagnés par une harpe et un accordéon...
Alors, allez la Franceire !!! Come on Irlance !!! Naumasq
Je dois dire que je ne gobe pas beaucoup la culture japonaise, un peu trop pédophile à mon goût. Je lis donc rarement des mangas, juste un coup d’œil sur certains phénomènes de société comme l’inévitable «One Piece», déjà écoulé à plusieurs centaines de millions d’exemplaires rien qu’au Japon. D’ailleurs le libraire spécialisé de mon quartier ne désemplit pas, et même les bibliothèques municipales s’y sont mises.
Le roman graphique de Jean-Paul Nishi, « Paris, le retour », échappe quelque peu à la loi du genre nippon, puisqu’il s’agit pour cet auteur de mangas ayant séjourné à Paris de rapporter à ses compatriotes quelques détails croustillants sur les mœurs françaises, en soulignant bien sûr les différences. Sa BD a ensuite été traduite en français.
Ce type de témoignage sur la France par des étrangers est régulièrement publié. Le point de vue extérieur permet aux étrangers de voir des choses que nous ne voyons pas, ou de dire des choses qu’il n’est pas permis de dire par chez nous. Je me souviens d’un couple de Québécois, ayant séjourné pendant un an ou deux en France, avant de rédiger un tel rapport, confirmant ou infirmant tel ou tel préjugé. Infirmant par exemple l’idée que les Français se mettent plus souvent en grèves que d’autres peuples, cette impression fausse venant du fait que les grévistes vont se montrer à la capitale la plupart du temps, ce qui n’est pas le cas dans d’autres pays moins centralisés. Mais, dans l’ensemble, ces Québécois étaient un peu trop gentils. Ils étaient sans doute tombés amoureux de la France, à moins qu’ils n’aient cédé aux consignes de modération de leur éditeur (les éditeurs sont aujourd’hui les principaux acteurs de la censure).
Plus récemment, une citoyenne britannique ayant épousé un Français a rédigé aussi ce type d’ouvrage, un peu plus pointu. On y apprend, par exemple, que les mœurs sexuelles de la bourgeoisie parisienne ont de quoi choquer une bourgeoise anglaise ; mais pas seulement, puisque le bouquin contient aussi quelques critiques pertinentes sur notre système scolaire de « bêtes à concours » et son bourrage de crâne intellectuel, qui laisse notre Anglaise un peu interloquée. Celle-ci est en particulier stupéfaite qu’on puisse avoir atteint le sommet de la hiérarchie intellectuelle en France autour de vingt-deux, vingt-trois ans, sous prétexte d’une agrégation quelconque. C’est un phénomène typiquement républicain, qui consiste à calquer les écoles et études prestigieuses, quel que soit leur objet, sur le modèle de Saint-Cyr. Pour ma part j’ai même fréquenté des étrangers issus de l’ancien bloc soviétique qui jugeaient le système français un peu trop austère.
Bien que son dessin soit d’une froideur numérique assez glaciale, Jean-Paul Nishi parvient en quelques anecdotes assez linéaires et pas trop pesantes à exhiber ce qu’il y a de surprenant, de choquant ou d’amusant dans les mœurs françaises vues du Japon. Au passage on apprend bien sûr des tas de choses sur les Japonais, mais pour la plupart assez connues : redoutables hygiénistes, d’une politesse assimilable en France à l’hypocrisie, un sens du devoir plus développé que les Allemands, etc. (...)
Dans une interview-fleuve de près de deux-cent pages accordée à Stephan Muller, l’Alsacien Tomi Ungerer, qui se définit lui-même comme un «terroriste de l’humour», multiplie les anecdotes tirée d’une vie d’artiste (il est désormais octogénaire), dont le but semble avoir été de ne jamais se faire tout à fait accepter dans le monde des adultes.
Les démêlés de cet auteur de livres pour enfants, affichiste et dessinateur de presse, avec différentes sortes de moralistes, féministes ou pédagogues, notamment américains, viennent d’ailleurs sans doute de là : l’enfant ne prend pas toujours les adultes au sérieux, et sans doute d’autant moins qu’il a été confronté, comme Ungerer, aux atrocités absurdes de la guerre, où les masques tombent et les grands discours sur la liberté, l’égalité et la fraternité font « pschittt ».
Le hasard a fait naître Ungerer dans une famille protestante plutôt bourgeoise, mais que le décès prématuré de son chef, père de Tomi, plaça dans une situation aussi précaire et inconfortable qu’une famille d’ouvriers. Ungerer revient sur les circonstances et le cadre plutôt exceptionnels de son enfance afin de tenter d’élucider les paramètres psychologiques prédéterminés de son existence ; en particulier son goût pour les jeux sexuels libertins, qui lui ont valu les foudres des ligues de vertu féministes (U. ne dissimule pas en effet son goût pour les femmes soumises, bien qu’il ne fasse pas l’apologie de la strangulation ou du viol, comme Sade, mais critique plutôt la mécanisation des rapports sexuels dans la société moderne).
Ungerer ne rechigne pas à raconter plusieurs canulars qu’il mit en œuvre aux dépends de la bonne société new-yorkaise, où il parvint à faire son trou dans ses jeunes années, louant un grand appartement dans un quartier chaud ; aux dépends de la bonne société, voire de ses amis :
« L’un de mes meilleurs amis, le poète et génial touche-à-tout William Cole, qui avait partagé ma maison tout un été, compte parmi mes plus belles victimes. Dans le New York des années 1960, nous étions deux effrayants érotomanes dévorés par une passion commune pour les femmes, concoctant des orgies avec un luxe de minutie. Une seule chose me mettait mal à l’aise chez lui : sa haine viscérale des Allemands. Lors de mes voyages en Europe, j’avais, à dessein, emporté dans mes bagages un brassard nazi récupéré à la Libération. Pas un simple brassard de militant, non, un brassard destiné aux dignitaires du régime. L’amener à New York s’avérait stupide, irraisonné. J’allais lui trouver une utilité inattendue. Un soir que Bill était passé dîner chez moi, je me suis amusé à glisser à son insu le brassard à la manche de son imperméable. A son départ, je l’ai aidé à enfiler son manteau, si bien qu’il ne s’est rendu compte de rien. Je ne peux qu’imaginer les regards assassins qui l’ont transpercé lorsqu’il a traversé New York en métro, cette ville où le souvenir de la guerre était si présent et la communauté juive si importante. Il m’en a voulu terriblement. Et il ne m’a jamais rendu mon brassard. » (...)
+ Dans le dernier n° de "Zoo", Thierry Lemaire dissipe utilement un malentendu à propos de Roy Lichtenstein; celui-ci ne rendait pas hommage aux "comics" américains dans ses toiles, en agrandissant certaines cases; l'artiste new-yorkais méprisait au contraire la culture de masse et les "comics", véhiculant une image de la femme comme une pure incitation à la croissance. Ajoutons que la critique de Roy Lichtenstein est particulièrement confuse, puisqu'elle nécessite ce genre de mise au point, et que Lichtenstein doit sa notoriété aux graphismes efficaces, si ce n'est artistiques, des auteurs de "comics".
Une autre méprise courante (à visée populiste) est l'assimilation de la culture de masse à la culture populaire, alors même que le processus industriel impliqué dans la culture de masse (le cinéma, beaucoup plus que la bande-dessinée) dégage les milieux populaires de leur responsabilité.
+ Le comédien Lorant Deutsch, auteur d'ouvrages d'histoire largement diffusés, est accusé par des universitaires de s'en servir pour diffuser ses opinions monarchistes. Hélas l'université française elle-même s'est livrée pendant cinquante ans à une lecture stalinienne de l'histoire, dominante en son sein, sans tenir compte de l'autocritique de Lénine, qui compare la révolution technique accomplie par le régime soviétique à... la modernisation de la France par les ministres de Louis XIV (le communisme jouant le rôle de religion d'Etat naguère dévolu au catholicisme). Le premier réflexe d'un historien digne de ce nom sera d'émettre des doutes sur le sérieux d'un enseignement historique qui, en France, est couplé dans les programmes scolaires obligatoires avec des leçons... d'instruction civique, c'est-à-dire de morale. L'instruction civique a d'ailleurs une vocation élitiste, tandis que l'histoire n'en a pas. Le procédé qui consiste à transférer quelque saint ou sainte laïque au Panthéon est l'inverse d'une démarche historique. L'histoire est donc parmi la moins académique des matières.
- On peut joindre au dossier cette chronique consacrée par "France-Culture" à la "BD historique" à l'occasion de la remise de deux prix. Le chroniqueur Jean-Christophe Ogier amalgame la BD historique ("Alix", "Prince Valiant") et la BD d'histoire, ce qui revient à mettre Alexandre Dumas et Shakespeare dans le même panier; ce chroniqueur s'étonne ensuite que le prix "Château de Cheverny de la BD historique" (attribué au "Singe d'Hartlepoole") ne tienne aucun compte de critères historiques, puisque les événements relatés dans cet album sont entièrement... fictifs. De fait, si l'histoire ne consiste pas dans la collection d'un maximum de reliques du passé, on peut au moins se demander si le point de vue culturel n'est pas fait pour permettre à chacun de voir midi à sa porte en matière d'histoire.
+ Manu Larcenet ironise sur son blog sur l'embauche de Jean-Christophe Menu (ex-éditeur en chef de "L'Association") par Lindingre, le nouveau rédac' chef de "Fluide-Glacial".
+ "La Vie d'Adèle, film pompeux et pornographique, était fait pour plaire à la critique bobo internationale.", c'est encore dans "Zoo", à propos de la dernière Palme d'Or à Cannes, inspirée d'une BD.
+ Encore quelques jours pour visionner en différé sur "Arte" un reportage consacré au graveur franco-suisse Félix Vallotton.
+ Le dessin de la semaine est tiré du blog de Sébastien Martin :
Mercredi :
"(...) Je crois que les vagues ont englouti
Pour finir le batelier et sa barque
Et c'est avec son chant,
Que la Lorelei l'aura fait."
Heinrich Heine
+ "Fluide Glacial" dans son numéro de septembre réussit le tour de force de tourner en dérision, non seulement l'islam (couverture de Manu Larcenet), mais toutes les cultures à la mode : la culture moderne (le féminisme, Sartre & Beauvoir, la psychanalyse, France-Culture et les expos branchées), la culture beauf nostalgique des "Trente Glorieuses" (le FN), la culture techno-geek, la culture écolo, la culture hédoniste, la culture du shopping... et tout ça sans subventions, contrairement aux universités d'été des partis politiques qui continuent de creuser insolemment le déficit d'humour de la France.
+ Le quotidien "Le Monde" se moque visiblement des efforts de la BD pour passer à l'âge adulte, puisqu'il a consacré pas moins de six pleines pages cet été (13-18 août) à la suite des aventures d'Astérix et Obélix après le départ à la retraite d'A. Uderzo. On apprend dans cette série d'articles signés Frédéric Potet que "Le succès public et critique d'"Astérix chez les Pictes" décidera de la suite pour l'auteur [Jean-Yves Ferri]." J.-Y. Ferri finit par reconnaître, un brin snob : "On n'est plus dans de la bande-dessinée, mais dans le patrimoine."
+ Retour sur l'intervention des forces de police mandatées par la veuve Moebius (Isabelle Giraud) lors du dernier Festival de Cannes dans le webzine "Wartmag", afin d'interdire la diffusion d'un documentaire. Anecdote sans intérêt, hormis pour les fans ; néanmoins elle est un rappel que la question de la propriété intellectuelle est étroitement liée au problème de la production industrielle - en l'occurrence le cinéma, mais pas seulement. L'industrialisation est non seulement la principale raison sociale du droit de propriété intellectuelle, mais la fin de l'ère industrielle en marque aussi la dissolution progressive. La désindustrialisation menace ce type de propriété mobilière incorporelle, en dépit des nouvelles brigades mises en place pour la protéger.
+ Il n'y a pas que BHL qui lie l'art ancien à l'art moderne (et le ministère de l'Intérieur à la philosophie), Cabu le fait aussi à sa manière.
+ "L'Ange du Foyer" de Marx Ernst (1891-1976) est le dessin de la semaine (exposé à la fondation Beyeler à Bâle actuellement).
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