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  • Revue de presse BD (261)

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    + Le festival d'Angoulême expose "Alix", créé par Jacques Martin; à cette occasion "Libération" publie un portrait revisité du jeune héros gallo-romain, dont les aventures furent publiées dans "Tintin" afin de fournir à ce magazine un alibi culturel. Alix est transformé en jeune député macroniste, bobo et militant gay, marié à son faire-valoir (dessin de Shinzo Keigo).

    Le temps semble loin où les intellectuels de gauche accusaient cette série d'entretenir la nostalgie typiquement réac (cf. Nietzsche) de l'empire romain. Le propre de l'idéologie est, comme le vent, de tourner.

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    + Les spécialistes de la BD s'accordent à voir en Rodolphe Töpffer (1799-1846) un pionnier du genre. Manquent à Töpffer les bulles, employées presque systématiquement dans la BD aujourd'hui. La revue "L'Histoire" a déniché un placard publicitaire québécois, datant de la fin du XVIIIe siècle ; cette affiche en bande-dessinée était destinée à promouvoir la candidature à la députation de deux marchands d'origine écossaise.

    Cet usage précoce de phylactères dans lesquels s'inscrivent dialogues ou descriptions est à rapprocher de l'usage similaire par les caricaturistes britanniques de l'époque, explique l'historien Christian Blais.

    + Beaucoup de bruit pour rien autour des "fake news" : le président E. Macron en webzine,bd,zébra,gratuit,fanzine,bande-dessinée,actualité,revue,presse,hebdomadaire,janvier,2018,alix,shinzo keigo,macroniste,töpffer,québec,christian blais,histoire,fake news,donald trump,macron,orwell,1984,kamil plejwaltzsky,zoo,voile noir,bashar el assad,dodo,cha,castermanpersonne, suivi de sa ministre de la Culture, ont annoncé qu'ils mettront en place des mesures légales pour lutter contre ces "fake-news". Mais la propagande n'a rien d'une nouveauté: la démagogie explique le recours systématique des partis politiques à la propagande, diffusée par la presse. Tous les titres, y compris ceux réputés les plus sérieux ("Le Monde"), ont publié des "fake news" au cours des dernières décennies. Rarement ces journaux ont fait ne serait-ce qu'amende honorable.

    Georges Orwell ne fait pas pour rien du "Ministère de l'Information" l'un des centres névralgiques du pouvoir totalitaire dans "1984".

    Le coup de génie politique de Donald Trump est d'avoir récupéré la méfiance de l'opinion publique américaine vis-à-vis des médias, dans un pays où le complotisme est devenu une contre-culture vivace, en réaction à la désinformation des médias.

    + Comme la bande-dessinée est une composante de la culture de masse, vecteur important de propagande, elle est directement concernée. Kamil Plejwaltzsky épingle dans le magazine publicitaire gratuit "Zoo" (n°64 - janvier 2018) "Le Voile noir" (Casterman), BD de Dodo et Cha ; il est reproché à cette BD de contribuer à la désinformation sur le récent conflit syrien :

    "Dans la bande-dessinée de Dodo et Cha, la Russie et le gouvernement de Bashar-el-Assad en prennent aussi pour leur grade et sont accusés de bombarder aveuglément les populations civiles, perpétuant ainsi l'idée saugrenue d'une guerre propre. Même si on sait maintenant que les bombes lâchées sur les manifestants syriens au début du conflit provenaient de positions rebelles, la question de s'être fait une opinion trop vite à coup d'idéalisme et de reportages bâclés ne semble pas avoir traversé l'esprit de la scénariste."

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    + "Je me fais un pieux devoir de n'avoir jamais lu Céline." Décidément ubuesque, la censure des "Pamphlets" de Louis-Ferdinand Céline ; en effet l'hebdomadaire "Le Point" a décidé de publier dans le cadre d'un "rendez-vous littéraire" (sic) les goûts du grand rabbin de France Haïm Korsia. Que penserait-on d'un athée qui se vanterait de n'avoir jamais lu la Bible ? Que c'est un imbécile pétri de préjugés.

    Le grand rabbin avoue son dégoût également de la littérature de Proust (phrases trop longues). Il cite la bande-dessinée, en particulier "Buck Danny", série belge pompée sur la propagande américaine. Cette BD ouvertement raciste (nippophobe) permet de comprendre le mécanisme du racisme ; il n'est dans ce cas qu'un des aspects de la culture nationaliste.

    Mais il y a longtemps que l'on ne fait plus seulement la guerre (d'où découlent les génocides) au nom de la xénophobie, mais aussi au nom de valeurs prétendument humanistes (liberté, fraternité, égalité) ou... de la paix (prétexte inventé par... saint Thomas d'Aquin au moyen-âge).

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    La série "Buck Danny" mettant en scène la guerre entre les Etats-Unis et le Japon dans l'océan Pacifique sont émaillés d'insultes racistes vis-à-vis des soldats japonais ("face de citron", "face de coing", de "lune", etc.)

    + "France 3" diffuse un long documentaire sur "Charlie-Hebdo", les caricatures de Mahomet et le massacre des dessinateurs : "Charlie-Hebdo, le rire en éclats" (Y. Riou & Ph. Pouchain).

    Haché, mélangeant des témoignages récents et des images d'archives, invitant à s'exprimer des intellectuels sans lien direct avec "Charlie-Hebdo" ni la satire (Marcel Gauchet, Raphaël Enthoven, Jean-Noël Jeanneney...), plutôt qu'un documentaire, il s'agit de faire la démonstration que la France est la patrie de la liberté d'expression.

    Loin de l'esprit critique défendu par les fondateurs de "Charlie-Hebdo", on est ici proche de la mythomanie républicaine. Parmi les rares voix discordantes invitées à témoigner, celle de l'avocat de la mosquée de Paris, Me Szpiner ; il n'a pas de mal à montrer le caractère démagogique du soutien à "Charlie-Hebdo" des principaux chefs de partis politiques, lors du procès intentée par la mosquée; ce soutien constitue l'une des étapes de la récupération de "Charlie-Hebdo".

    Plusieurs intellectuels tentent dans ce documentaire d'établir une filiation entre "Charlie-Hebdo" et la philosophie des Lumières. En réalité le modèle politique de Voltaire était la monarchie constitutionnelle anglaise et les philosophes des Lumières contestaient le monopole du clergé catholique, alors encore puissant, non la religion d'une petite minorité dépourvue d'influence. L'islamophobie de Voltaire est anecdotique.

    Les caricatures violentes dirigées contre la monarchie de Louis XVI, citées dans le documentaire comme les ancêtres des caricatures de "Charlie-Hebdo", n'ont pas grand-chose à voir avec les philosophes des Lumières, satiriques mais réformistes; ces caricatures furent un outil de propagande entre les mains d'un gouvernement républicain... terroriste.

  • Conventum

    Il s’appelle Pascal Girard, et avec un tel nom rien ne laisse deviner qu’il est Québécois. C’est un nomwebzine,bd,gratuit,zébra,fanzine,bande-dessinée,kritik,critique,conventum,pascal girard,québec,shampooing banal, à se demander pourquoi il n’a pas choisi un pseudo, à l’instar d’un Blutch ou d’un Morris. On ne sait pas grand-chose de lui, si ce n’est qu’il habite à Jonquière, un arrondissement de la ville de Saguenay, qu’il aime courir et qu’il a travaillé comme ferblantier avant de se consacrer pleinement à la bande dessinée. Son site web est très peu disert et sa page sur Wikipédia l’est tout autant. Ce garçon est un mystère.

    L’éditeur français Delcourt a eu la très bonne idée de publier «Conventum» en 2011. Hélas les autres ouvrages de Pascal Girard ont encore du mal à franchir l’Atlantique.

    «Conventum», c’est le nom du rassemblement d’anciens élèves 10 ans après leur sortie du lycée, époque où le monde se divisait entre les «gagnants» et les «perdants». Le sont-ils encore 10 ans plus tard ? Lorsqu’il reçoit son invitation, Pascal hésite, avant de se décider. A-t-il pris la bonne décision ?

    A partir d’une intrigue simple, Pascal Girard réussit pourtant à nous emmener jusqu’au terme de son récit grâce à son dessin faussement malhabile et d’une grande limpidité, sans surcharge parasitante, grâce aux dialogues simples et réalistes, grâce au décor qui habille l’histoire (son quotidien, sa ville,  sa famille…), grâce à son sens de l’autodérision et de l’ironie distante. Il parle de lui et de ses contemporains sans complaisance, on est loin de ces romans dessinés nombrilistes et plein de vide dont on nous abreuve habituellement. Il n’y a pas non plus de nostalgie mièvre, son regard est lucide et d’une grande acuité.

    Pascal Girard ne cherche pas à démontrer, il ne prend pas le lecteur pour un simplet à qui il faut tout expliquer. Au contraire, il nous laisse le plaisir de lire entre les lignes, ou plutôt de lire entre les dessins. La personnalité attachante de ce garçon transparaît dans chaque case.

     

    On attend avec impatience la suite des aventures de Pascal Girard.

    LB

    Conventum, Pascal Girard, Shampooing-Delcourt, 2011.

  • Un petit côté Castor Junior

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    par LB

  • Paris, le Retour**

    Je dois dire que je ne gobe pas beaucoup la culture japonaise, un peu trop pédophile àfanzine,gratuit,zébra,webzine,bande-dessinée,critique,kritik,jean-paul nishi,paris,québec,manga,sushi,one piece,nippon,japon,france,anglais,culture,roman graphique mon goût. Je lis donc rarement des mangas, juste un coup d’œil sur certains phénomènes de société comme l’inévitable «One Piece», déjà écoulé à plusieurs centaines de millions d’exemplaires rien qu’au Japon. D’ailleurs le libraire spécialisé de mon quartier ne désemplit pas, et même les bibliothèques municipales s’y sont mises.

    Le roman graphique de Jean-Paul Nishi, « Paris, le retour », échappe quelque peu à la loi du genre nippon, puisqu’il s’agit pour cet auteur de mangas ayant séjourné à Paris de rapporter à ses compatriotes quelques détails croustillants sur les mœurs françaises, en soulignant bien sûr les différences. Sa BD a ensuite été traduite en français.

    Ce type de témoignage sur la France par des étrangers est régulièrement publié. Le point de vue extérieur permet aux étrangers de voir des choses que nous ne voyons pas, ou de dire des choses qu’il n’est pas permis de dire par chez nous. Je me souviens d’un couple de Québécois, ayant séjourné pendant un an ou deux en France, avant de rédiger un tel rapport, confirmant ou infirmant tel ou tel préjugé. Infirmant par exemple l’idée que les Français se mettent plus souvent en grèves que d’autres peuples, cette impression fausse venant du fait que les grévistes vont se montrer à la capitale la plupart du temps, ce qui n’est pas le cas dans d’autres pays moins centralisés. Mais, dans l’ensemble, ces Québécois étaient un peu trop gentils. Ils étaient sans doute tombés amoureux de la France, à moins qu’ils n’aient cédé aux consignes de modération de leur éditeur (les éditeurs sont aujourd’hui les principaux acteurs de la censure).

    Plus récemment, une citoyenne britannique ayant épousé un Français a rédigé aussi ce type d’ouvrage, un peu plus pointu. On y apprend, par exemple, que les mœurs sexuelles de la bourgeoisie parisienne ont de quoi choquer une bourgeoise anglaise ; mais pas seulement, puisque le bouquin contient aussi quelques critiques pertinentes sur notre système scolaire de « bêtes à concours » et son bourrage de crâne intellectuel, qui laisse notre Anglaise un peu interloquée. Celle-ci est en particulier stupéfaite qu’on puisse avoir atteint le sommet de la hiérarchie intellectuelle en France autour de vingt-deux, vingt-trois ans, sous prétexte d’une agrégation quelconque. C’est un phénomène typiquement républicain, qui consiste à calquer les écoles et études prestigieuses, quel que soit leur objet, sur le modèle de Saint-Cyr. Pour ma part j’ai même fréquenté des étrangers issus de l’ancien bloc soviétique qui jugeaient le système français un peu trop austère.

    Bien que son dessin soit d’une froideur numérique assez glaciale, Jean-Paul Nishi parvient en quelques anecdotes assez linéaires et pas trop pesantes à exhiber ce qu’il y a de surprenant, de choquant ou d’amusant dans les mœurs françaises vues du Japon. Au passage on apprend bien sûr des tas de choses sur les Japonais, mais pour la plupart assez connues : redoutables hygiénistes, d’une politesse assimilable en France à l’hypocrisie, un sens du devoir plus développé que les Allemands, etc. (...)

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  • Revue de presse BD (20)

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    (Julien le Parisien)

    + Le "Festiblog" a contribué à mettre les self-made comics-men à la mode (sans oublier les "girlies" softs ou dessalées). Tout le monde ou presque connaît désormais Bastien Vivès (dont le dernier album "La Grande Odalisque" est, hélas, une vraie daube BCBG) ; Olivier Laude et sa série "Julien le Parisien" sont un peu moins connus, hybridation de Margerin et de Vivès.

    + Les éditions de l'Olivier et Cornélius lancent aujourd'hui une nouvelle collection de romans graphiques : "Olivius". Au catalogue figure "Cul nu" de Fanny Dalle-Rive et Anne Baraou. On peut justement avoir un aperçu du talent de scénariste de la seconde sur son site, où quelques planches sont accessibles, à condition de fouiller dans le tiroir de droite.

    + Le café salé est un vomitif bien connu. Moi j'ai bien failli dégueuler aussi en visionnant ce strip de Stephen Vuillemin, combinant BD et dessin-animé, et qui bouge donc dans tous les sens. Bizarrement la superposition de ces deux procédés d'animation a pour effet d'en ralentir la lecture et non de l'accélérer.

    + Les petites entreprises éditoriales (ici la québécoise "Pow-Pow") paient encore plus mal leurs auteurs que les grandes maisons d'édition, cependant ceux-ci ont moins le sentiment de se faire flouer par les petits éditeurs. Il faut préciser qu'en littérature "pure", comme dirait Finkielkraut (bien qu'on ne peut définir strictement aucun art sans le réduire à un métier ou une fonction), c'est la presse qui subvient aux besoins des écrivains, et non pas directement la production de romans, sauf exception.

    + "A ce moment-là je passais ma vie à faire des dessins pour des boîtes de nuit ultra-chics en regardant le monde s'écrouler et les gens descendre dans la rue, de la place Tahrir jusqu'à Londres. Tout le monde prétendait que les Américains étaient bien trop apathiques pour faire ce genre de chose. "Occupy Wall Street" a prouvé qu'ils se trompaient. (...)" L'illustratrice Molly Crabapple, arrêtée pendant les manifs, a fait quelques dessins pendant sa détention, publiés par CNN. Au risque de paraître cynique, je dirais que les émeutes n'ont pas grand chose à voir avec l'apathie ou l'éveil de telle ou telle population : elles interviennent en cas de famine, ou bien lorsque le porte-monnaie est touché. L'incompétence des gouvernements est leur cause première ; c'est toujours elle qui met le feu aux poudres.

    + Le fil des précédentes revues de presse bd. Voilà, c'est tout pour cette fois.

    Z.