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art - Page 2

  • Revue de presse BD (104)

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    + Le dessin ci-dessus est signé Lucy Watts (le nouveau soutien-gorge convertible en masque à gaz). Cette dessinatrice milite au sein de la SFPHBIA (Society for putting humor back into art/Association pour la réintroduction de l'humour dans l'art) ; l'excessive religiosité de l'art moderne a déjà été diagnostiquée auparavant ; elle est liée au caractère spectaculaire, certains officiants n'hésitant pas à récupérer le vocabulaire sportif ou militaire et à parler de "performances" (sic) artistiques.

    + Après avoir refusé la légion d'honneur pour cause de pacifisme, Jacques Tardi a, de façon incohérente, accepté d'exposer des dessins sur le thème de la Grande guerre au siège du parti communiste français ; pour ce qui est de la contribution du parti communiste à la cause pacifiste, on repassera. La déstalinisation de l'Ukraine serait-est plus avancée que celle de la France ?

    Peut-être pour faire passer la pilule, Thierry Lemaire, pour le site belge "Actuabd", vante les mérites d'Oscar Niemeyer et du bâtiment qu'il a dessiné place du Colonel Fabien. Hélas, s'il y a bien des collabos, ce sont les architectes, qu'aucune sorte de régime n'a jamais rebutés.

    + La "Charente libre" titrait cette semaine : "Bande-dessinée : les auteurs en danger !", un article sur les conditions de plus en plus précaires dans lesquelles certains auteurs de BD exercent leur métier. On confond ici un problème économique et social particulier, avec la bande-dessinée et les auteurs de bande-dessinée ; cette confusion est aussi le fait du festival d'Angoulême, qui mélange tout et son contraire, desservant aussi bien les exécutants sous-payés que ceux qui font de la bande-dessinée comme si c'était un art à part entière. Cela se traduit chez ces derniers par une volonté d'indépendance et la conscience que cette indépendance a un coût, ou, pour l'exprimer de façon positive, qu'elle comporte un risque très différent des "aléas du métier".

    Quant à la rapacité des éditeurs, elle est presque légendaire. Les témoignages d'artistes ou d'écrivains sont nombreux dans ce sens, et ce depuis l'origine ou l'essor du métier d'imprimeur-libraire (cf. l'affaire de l'Encyclopédie de Diderot, où est déjà en cause un problème d'illustrateurs sous-payés et d'éditeur cupide). Les nouveaux moyens de production et de diffusion n'ont pas arrangé les choses. Il y a sur ce point matière à un livre... parfaitement impubliable.

    + A propos du film (récemment sorti en salles) "Caricaturistes, fantassins de la démocratie", à l'initiative de l'association "Cartooning for peace" (Plantu), Guillaume Doizy du site "Caricatures & caricature" écrit : "Il faut sans doute une bonne dose de naïveté pour penser qu'un dessinateur en "une" d'un grand quotidien, entreprise capitalistique comme une autre, puisse être autre chose qu'un poil à gratter consensuel, malléable à loisir (...). Ni pire ni meilleur que les autres, le dessinateur en "une" d'un grand quotidien doit sa place à la bonne volonté de la direction du journal, et in fine des actionnaires, pour qui démocratie rime d'abord avant tout avec porte-monnaie et défense de l'ordre établi. (...)"

    Malgré la justesse de certaines remarques, Guillaume Doisy fait lui-même preuve d'une bonne dose de naïveté, notamment quand il suggère que la démocratie coïncide avec la liberté d'expression, ce qui n'est nullement un fait avéré. Pratiquement chez tous ceux qui ont pensé et écrit contre le totalitarisme, on trouve un chapitre dédié à l'aspect démocratique du totalitarisme, qu'il s'agisse de Georges Orwell, Simone Weil, Georges Bernanos ou Hannah Arendt. Quant à l'utopie démocratique marxiste, elle est plus hostile à l'étatisme et à l'idée de fonction publique que la plus anti-étatique des doctrines libérales. Par conséquent elle conserve son caractère utopique.

    D'une certaine manière, l'exemple de "Charlie-Hebdo" et de la direction qu'il a prise sous l'impulsion de P. Val, puis Stéphane Charbonnier (Charb) est un exemple plus probant que l'exemple choisi par G. Doisy de la grosse presse capitaliste ("Le Monde", "Le Figaro", etc.), précisément parce que "Charlie-Hebdo" est en principe une publication indépendante des influences néfastes que G. Doisy dénonce. Or, malgré ça, "Charlie-Hebdo" s'est retrouvé à deux reprises du même côté que le ministère de l'Intérieur dans des procès ayant trait à la liberté d'expression. Pire, Charb n'hésite pas à déclarer qu'il n'y pas de problème de liberté d'expression en France, et que seules les personnes antisémites en sont convaincues (!). C'est sans doute une rhétorique dangereuse que celle qui consiste à lier la cause des Juifs et celle du capitalisme, voire la cause de la République et celle des Juifs.

    Bien qu'il s'exprime en "Une" du "Monde", on peut citer trois exemples où Plantu et son association "Cartooning for Peace" se sont distingués dernièrement en matière de liberté d'expression : - la défense de la liberté d'expression de l'humoriste Dieudonné, où Plantu s'est retrouvé très isolé (on peut aussi citer Jack Lang, cependant plus timide) ; - la publication de dessins, qui, dans le même sens que G. Doisy indiquent que le journalisme et la presse modernes ne contribuent pas nécessairement à la liberté d'expression, mais qu'ils peuvent s'avérer les agents, conscients ou non, d'une propagande ; - la dénonciation par Plantu en une du "Monde" de la censure exercée par certaines organisations syndicales, aussi tributaires que "Le Monde" ou "Le Figaro" de telle ou telle entreprise capitalistique.

    + Le dessin de la semaine est signé Cambon, qui a ouvert un blog parodique et imagine ici "Yoann Fsar", artiste polyvalent, en champion de tennis. Peut-être Cambon veut-il devenir le Braque de Joann Sfar, en passe de devenir le Picasso de la bande-dessinée du XXIe siècle ?

     

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  • Revue de presse BD (101)

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    + Cette scène de plage dramatique signée Picasso (Le Sauvetage) s'est vendue à un prix astronomique la semaine dernière. Au grand dam de l'héritier du peintre, les travaux du musée Picasso ont pris du retard et il ne rouvrira ses portes qu'au mois de septembre prochain.

    + L'académicien fraîchement élu Alain Finkielkraut a repris son antienne contre la bande-dessinée ; selon lui, elle est un art mineur ; or notre philosophe déplore la disparition de la hiérarchie et des classements artistiques. Le hic, c'est que Finkielkraut n'a pas lui-même les idées très claires sur le sujet. Il ne condamne pas l'art moderne au bénéfice de l'antique, comme Nietzsche, sous prétexte que la culture moderne serait macabre et infectée d'idées chrétiennes ; pas plus Finkielkraut ne méprise comme Marx l'opéra ou le théâtre de Racine, divertissements typiquement bourgeois. Bref, Finkielkraut a le goût du critère pour le critère, tel un maniaque. Son mépris pour l'art populaire est un simple réflexe de parvenu. Puisque Finkielkraut appelle au retour de saines discriminations, rappelons une fameuse discrimination de Voltaire : "Il y a une fatalité sur les académies : aucun ouvrage qu'on appelle académique n'a été en aucun genre un ouvrage de génie. Donnez-moi un artiste tout occupé de la crainte de ne pas saisir la manière de ses confrères, ses productions seront compassées et contraintes. Presque tous les artistes ont fleuri avant l'établissement des académies ou ont travaillé dans un goût différent de celui qui régnait dans ces sociétés (...)".

    + Dans cette vidéo, Gérard Depardieu fait partager son goût pour l'art moderne et commente sa collection d'objets d'art pour les lecteurs de "Télérama" (à jeun, hélas) ; comme quoi il n'y a pas que les parvenus de droite qui éprouvent le besoin d'exhiber leurs trophées, les esthètes de gauche aussi.

    + Après avoir longtemps eu une image lisse, de dessinateur attitré du bien-pensant quotidien "Le Monde", Plantu est en passe de devenir le caricaturiste le plus censuré du moment. Après la censure des éditions Bayard d'un dessin représentant le pape Benoît XVI dans une position sexuelle scabreuse, c'est carrément cette fois-ci la rédaction du "Monde" qui a caviardé un dessin où le président était montré copulant avec Marianne. Ce n'est quand même pas la faute de Plantu si on a choisi comme symboles, avec Marianne et Europe, des marie-couche-toi-là plutôt que des vierges féministes farouches.

    + La "technique du périnée" est une méthode appliquée par certains hommes pour retenir leur éjaculation le plus longtemps possible et satisfaire ainsi les partenaires les plus exigeantes ; c'est aussi le titre de la dernière BD de Ruppert et Mulot, actuellement prépubliée dans "Le Monde". Mais les amateurs de porno risquent d'être déçus : le propos de Ruppert et Mulot se situe plutôt au niveau de la philosophie du sexe, et donc des préliminaires et titillements divers autour du nombril. Il faut dire que BD et coït ont en commun d'être des arts "séquentiels". Peut-être un tel raffinement de concepts pourra-t-il enfin réconcilier l'auguste Finkiekraut avec le "9e art" ?

    + Le dessin de la semaine est un autoportrait du duo minimaliste Ruppert et Mulot, véritables apologistes de la théorie du genre, puisque on ne sait pas vraiment s'ils font de l'art ou de la bande-dessinée, s'ils sont gais ou pessimistes, s'ils sont mûrs ou obsédés sexuels comme des nourrissons, etc.

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  • Caricature Manuel Valls & super-héros

    La semaine de Zombi. Samedi : bizarrement au Front national ils sont les seuls à vénérer un super-héros de sexe féminin - Jeanne d'Arc, précurseur de la théorie du genre.

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  • Van Gogh, le Suicidé de la Société***

    Les rapports entre l’art et la psychanalyse sont houleux depuis le début. Le jugement de l’art et dewebzine,bd,zébra,gratuit,bande-dessinée,fanzine,kritik,critique,antonin artaud,van gogh,suicidé de la société,karl kraus,psychanalyse,art,médecine,psychiatrie l’artiste, à travers l’analyse de son œuvre, suivant une méthode appliquée très tôt par Freud et ses disciples, n’a pas manqué de se heurter à la résistance de certains artistes. D’abord parce que cette méthode a été utilisée par Freud dans un but polémique de dénigrement des opposants à ses thèses ; l’adversaire était disséqué, jusqu’à débusquer sa tare ou son aliénation et requalifier son hostilité en maladie.

    On comprend qu’un tel procédé ait pu rencontrer une résistance ; le cas de Karl Kraus (1874-1936) est le plus fameux, qui choisit d'affronter Freud, après que celui-ci renonça à rallier Kraus, brillant journaliste viennois, à sa cause, à l’aide de réparties et d’aphorismes cinglants (« La psychanalyse est cette maladie mentale qui se prend pour sa propre thérapie ».) La défense de Kraus va au-delà de son cas personnel, puisque il s’agit de défendre l’art contre la psychanalyse, que celle-ci tend, selon Kraus, à désacraliser.

    Par la suite, la tentative de certains psychanalystes et psychiatres d’établir une nouvelle norme éthique et sociale acceptable, déborde le cadre des recherches de Freud, même s’il est indéniable que les méthodes de la psychanalyse pour s’imposer furent analogues à des méthodes cléricales, reprenant le principe de la mise à l’index et de la censure.

    Le cas d’Antonin Artaud est particulièrement émouvant, car de graves problèmes de santé dès l’enfance et la difficulté supplémentaire à vivre qui en a résulté ont placé Artaud entre les mains des médecins-psychiatres. Cette maladie explique aussi l’effort d’Artaud pour trouver dans l’art et toutes sortes de religions différentes une «porte de sortie». «Van Gogh, le suicidé de la société», bref ouvrage commis tardivement par Artaud afin de défendre Van Gogh et protester contre sa réputation d’artiste aliéné, en affirmant au contraire son innocence, Artaud se venge lui-même des psychiatres ; il voit manifestement dans Van Gogh un frère spirituel.

    « C’est ainsi qu’une société tarée a inventé la psychiatrie pour se défendre des investigations de certaines lucidités supérieures dont les facultés de divination la gênaient. », écrit Artaud, avec une force polémique et développant une argumentation qui ne sont pas sans rapport avec ceux de Kraus précédemment, bien que la nature des « facultés de divination » évoquées par Artaud restent vagues.

    « On peut parler de la bonne santé de Van Gogh qui, dans toute sa vie ne s’est fait cuire qu’une main et n’a pas fait plus, pour le reste, que se trancher une fois l’oreille gauche, dans un monde où on mange chaque jour du vagin cuit à la sauce verte ou du sexe de nouveau-né flagellé et mis en rage, tel que cueilli à la sortie du sexe maternel. »

    Dans ce passage ironique, on saisit le différend qui oppose l’artiste aux représentants de l’ordre et de la morale publics. La société ne peut pas juger Van Gogh, dont Artaud fait une sorte de martyr, car la société donne elle-même tous les signes d’aliénation et de violence.

    Il ne s’agit pas de nier les tourments de l’âme de Van Gogh pour Artaud, mais de dénier à la médecine le droit de les réduire à un symptôme clinique.

    Ce petit livre est le témoignage à charge d’un artiste contre le monde moderne.

    Van Gogh, Le Suicidé de la Société, Antonin Artaud, Gallimard.

  • Les bourgeoisies en France**

    Du XVIe au milieu du XIXe sièclewebzine,bd,fanzine,zébra,bande-dessinée,kritik,critique,bourgeoisie,laurent coste,armand colin,art,guizot,marx,marxisme,nietzsche,histoire,christianisme,malthusianisme,évolution

    Cette thèse universitaire, présentée comme un essai, aborde une question essentielle pour comprendre l’art occidental : celle de la bourgeoisie. Si c’est surtout la « culture de masse » la plus récente qui arbore les signes distinctifs de la bourgeoisie (l’aspect industriel est significatif), comme on peut le supposer le processus y conduisant fut progressif.

    De plus, tout en imprimant de plus en plus sa marque sur la production artistique à mesure de sa montée en puissance au cours des derniers siècles, la bourgeoisie est tenue en opprobre par les artistes, de façon presque systématique, leur attitude allant de la franche hostilité au mépris. A tel point que, dans la recherche d’une définition ou d’une élucidation de la notion complexe de bourgeoisie, objet principal de la recherche de Laurent Coste, on pourrait qualifier la bourgeoisie de façon lapidaire comme « l’ennemie des artistes ». Y compris lorsqu’un artiste présente tous les attributs de la bourgeoisie, il n’est pas rare qu’il se défende d’être un bourgeois.

    On peut citer l’exemple de la presse anarchiste ou libertaire du XIXe siècle, qui abrita de nombreux dessinateurs satiriques (précurseurs de la bande-dessinée), auteurs de charges contre la bourgeoisie – ses mœurs, son tempérament industrieux, son pouvoir de domination – d’une véhémence comparable au marxisme. L. Coste se contente de citer quelques critiques, comme celle de Victor Hugo : «On a voulu, à tort, faire de la bourgeoisie une classe. La bourgeoisie est tout simplement la portion contentée du peuple. (…) La bourgeoisie est l’intérêt arrivé à satisfaction.» Cette remarque de V. Hugo sur la «satisfaction» de la bourgeoisie indique que c’est, au minimum, l’absence d’idéal qui lui est reproché.

    En préambule de son ouvrage, Laurent Coste souligne la difficulté du sujet ; non seulement sur le plan méthodologique (les statistiques sont un outil dont la portée scientifique est assez limitée), mais aussi en raison des nombreuses polémiques autour de la question de la bourgeoisie, dont celle de la Révolution française de 1789 et son héritage, revendiqué par les historiens bourgeois libéraux (Guizot). (...)

     

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  • Histoire de dessiner

    LE DON

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    Faire don de son corps à l'art est un peu moins cruel que d'en faire don à la science.

    par Antistyle

  • Réduction de tête

    ...littéraire (pour faire de la place dans ma bibliothèque). Cette semaine, deux peintres-littérateurs.

     

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    par Antistyle