La Semaine de Zombi. Mercredi.
gérard depardieu
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Caricature Gérard Depardieu
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Caricature Gérard Depardieu
Retrouvez tous les dessins de LB dans l'hebdo Zébra #36 (dernier avant la trêve estivale) à paraître demain.
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Caricature Gérard Depardieu
La Semaine de Zombi. Mercredi : Gégé n'a pas dit si les claques qu'il a promises à Luz sont des vraies claques ou des claques de cinéma réalisées avec trucage.
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Revue de presse BD (101)
+ Cette scène de plage dramatique signée Picasso (Le Sauvetage) s'est vendue à un prix astronomique la semaine dernière. Au grand dam de l'héritier du peintre, les travaux du musée Picasso ont pris du retard et il ne rouvrira ses portes qu'au mois de septembre prochain.
+ L'académicien fraîchement élu Alain Finkielkraut a repris son antienne contre la bande-dessinée ; selon lui, elle est un art mineur ; or notre philosophe déplore la disparition de la hiérarchie et des classements artistiques. Le hic, c'est que Finkielkraut n'a pas lui-même les idées très claires sur le sujet. Il ne condamne pas l'art moderne au bénéfice de l'antique, comme Nietzsche, sous prétexte que la culture moderne serait macabre et infectée d'idées chrétiennes ; pas plus Finkielkraut ne méprise comme Marx l'opéra ou le théâtre de Racine, divertissements typiquement bourgeois. Bref, Finkielkraut a le goût du critère pour le critère, tel un maniaque. Son mépris pour l'art populaire est un simple réflexe de parvenu. Puisque Finkielkraut appelle au retour de saines discriminations, rappelons une fameuse discrimination de Voltaire : "Il y a une fatalité sur les académies : aucun ouvrage qu'on appelle académique n'a été en aucun genre un ouvrage de génie. Donnez-moi un artiste tout occupé de la crainte de ne pas saisir la manière de ses confrères, ses productions seront compassées et contraintes. Presque tous les artistes ont fleuri avant l'établissement des académies ou ont travaillé dans un goût différent de celui qui régnait dans ces sociétés (...)".
+ Dans cette vidéo, Gérard Depardieu fait partager son goût pour l'art moderne et commente sa collection d'objets d'art pour les lecteurs de "Télérama" (à jeun, hélas) ; comme quoi il n'y a pas que les parvenus de droite qui éprouvent le besoin d'exhiber leurs trophées, les esthètes de gauche aussi.
+ Après avoir longtemps eu une image lisse, de dessinateur attitré du bien-pensant quotidien "Le Monde", Plantu est en passe de devenir le caricaturiste le plus censuré du moment. Après la censure des éditions Bayard d'un dessin représentant le pape Benoît XVI dans une position sexuelle scabreuse, c'est carrément cette fois-ci la rédaction du "Monde" qui a caviardé un dessin où le président était montré copulant avec Marianne. Ce n'est quand même pas la faute de Plantu si on a choisi comme symboles, avec Marianne et Europe, des marie-couche-toi-là plutôt que des vierges féministes farouches.
+ La "technique du périnée" est une méthode appliquée par certains hommes pour retenir leur éjaculation le plus longtemps possible et satisfaire ainsi les partenaires les plus exigeantes ; c'est aussi le titre de la dernière BD de Ruppert et Mulot, actuellement prépubliée dans "Le Monde". Mais les amateurs de porno risquent d'être déçus : le propos de Ruppert et Mulot se situe plutôt au niveau de la philosophie du sexe, et donc des préliminaires et titillements divers autour du nombril. Il faut dire que BD et coït ont en commun d'être des arts "séquentiels". Peut-être un tel raffinement de concepts pourra-t-il enfin réconcilier l'auguste Finkiekraut avec le "9e art" ?
+ Le dessin de la semaine est un autoportrait du duo minimaliste Ruppert et Mulot, véritables apologistes de la théorie du genre, puisque on ne sait pas vraiment s'ils font de l'art ou de la bande-dessinée, s'ils sont gais ou pessimistes, s'ils sont mûrs ou obsédés sexuels comme des nourrissons, etc.
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Culturisme 2013
Notre BHL national a concocté pour l'été un de ces événements philosophico-mondains dont il a le secret, dans le cadre enchanteur de la Fondation Maeght à Saint-Paul-de-Vence. Nous étions habitués à des prêches éthiques plus austères, et voilà que maître Bernard saute de l’éhique à l’esthétique pour nous surprendre - il faut bien varier les plaisirs…
Au menu : magret de canard façon Hegel, arrosé de sauce nietzschéenne pour en relever le goût, avec sa farandole de petits légumes judéo-chrétiens tout autour. Qui niera que la gastronomie est, en matière d’œcuménisme, la seule recette vraiment efficace pour ne froisser personne (à condition toutefois de ne pas inviter Gérard Depardieu, qui semble prendre un malin plaisir à mettre les pieds dans le plat) ?
Notre top-chef a choisi pour l’assister dans son arrière-cuisine un maître-queue secondaire, Olivier Kaeppelin, deux étoiles au guide Michelin seulement, mais cependant habile à jongler avec les casseroles de la rhétorique.
Le menu affiche un titre à se pâmer : Les Aventures de la Vérité. Il nous rappelle que le canard a beau faire «coin-coin», c’est un animal capable de s’élever haut dans le ciel.
«Culturisme» se propose de vous dévoiler dans ce n° «spécial été», ce qui se cache derrière la cuisine des grands chefs, à la fois la recette et les petits secrets de fabrication. C’est le privilège de la démocratie d’ouvrir les grandes maisons aux regards de tous.
Avec tout le professionnalisme dont l’homme moderne s’honore à juste titre, BHL a composé préalablement à ces agapes culturelles un catalogue complet. La lecture préalable du catalogue raisonnée n’est pas requise pour goûter la mise en scène - pas plus que vous ne devez empprter un livre de cuisine pour dîner à la "Tour d'Argent". Le commissaire… ah, mais laissons-là ce terme un peu trop «connoté», pour celui «d’initiateur» ; l’initiateur, donc, a prévu une ventilation légère des œuvres sous la forme d’un chemin de croix (virtuel). Ben oui, quand même, on n’entre pas à la Fondation Maeght juste pour s’amuser.
Passons rapidement sur le préambule de la rencontre entre maître Bernard et son adjoint Kaeppelin (les grandes toques finissent toujours par se rencontrer, etc.)
Passons aussi sur la modestie de BHL, comparée à celle des grands collectionneurs qu’il fréquente. BHL sait bien qu’il n’est pas de grand art sans modestie, ni de grands événements culturels itou.
La présentation en stations/peep-shows des œuvres – la «station» pour rappeler que la culture occidentale tire son origine dans la crucifixion du Christ, et le «peep-show» pour nous indiquer que la modernité est une station-services en tous genres -, une telle présentation n’est pas sans risque. Ce n’est d’ailleurs pas la première fois que BHL éprouve le frisson de sa propre audace. En effet, ce parcours initiatique rappelle l'avertissement de Nietzsche, cassandre de la modernité, selon lequel, de contre-culture en contre-culture, l’art moderne finira en eau de boudin : « Adieu, phalli vigoureux des satyres, et ménades qui dansiez autour ! » (je cite F.N. de mémoire).
Deux morceaux m’ont paru tout de même moins bien cuits que les autres, et peu propices à une digestion sans heurt. C’est une drôle d’aventure, en somme, note BHL, que celle de l’art occidental, qui s’appuie sur la Bible, alors même que celle-ci n’envisage l’art que sous l’angle de l’idolâtrie ou du veau d’or. Inconsciemment, BHL pointe ainsi du fouet tout ce que la philosophie existentielle et l’éthique judéo-chrétienne dont il est l’héritier s’efforcent de dissimuler depuis le moyen-âge. Car Hegel, dont l’étoile brille au firmament de la grande cuisine philosophique moderne, n’a de cesse de touiller l’art et la vérité, mélange bibliquement impossible, pour en faire une mayonnaise conceptuelle à peu près digeste. Le principe de la mayonnaise philosophique, c’est de ne pas s’arrêter de touiller, sans quoi elle n’a aucune chance de prendre ; résultat : les ingrédients se séparent, et la culture perd ainsi le sens que l’anthropologue judéo-chrétien tente de lui donner.
Un autre morceau passe difficilement, c’est le rôle assigné dorénavant à "l’artiste nietzschéen" de pimenter le met fadasse de l’éthique moderne, en vertu de son amour de l’art, un peu brut mais sincère. Basquiat, en couverture, masochiste crucifié par l’amour de l’art, est là pour stimuler les papilles de l’amateur d’art et de vérité. L’auberge a beau être provençale, il est douteux que Nietzsche eût cautionné ce rôle d’assaisonnement d’une culture à son goût beaucoup trop faisandée. L’art de Nietzsche se consomme cru ; c’est plutôt le genre à tenir la gastronomie pour un art dégénéré.
Quoi qu’il en soit, sous la sauce et entre les petits légumes, les mentions légales de traçabilité indiquent un gibier hégélien, ramené de quelque partie de chasse dans une forêt souabe ou franconienne (la philosophie transcende la théologie, et l’art numérique de l’expert-comptable transcende la nature, blablabla).
Comme quoi la cuisine moderne n’est que l’art de mettre de mettre la cuisine bourgeoise dans des petits plats.
Zombi
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Revue de presse BD (36)
+ Gérard Depardieu n'est pas le seul à fuir la France pour aller se réfugier en Belgique ; il y a aussi François Avril, auteur de BD (le port de Perros-Guirec, ci-dessus, pour ceux qui ne connaissent pas F. Avril) ; ce dernier n'émigre pas pour échapper au fisc, mais en espérant seulement une plus-value artistique.
+ Petite vidéo d'archive sur le festival d'Angoulême: quand Hergé jouait les VRP pour le festival. C'était avant l'affaire "Tintin au Mali", et le reproche fait à cet album de faire de la propagande pour la lutte antiterroriste.
+ Encore une vidéo, plus récente cette fois, puisqu'elle date de l'année dernière. Ce reportage, selon le tempérament, peut dissuader de se rendre au festival d'Angoulême pour la première fois, ou au contraire y inciter. Je ne vous dirai par l'effet qu'il m'a fait, pour ne pas vous influencer.
+ Le prix "Artémisia" de la BD féministe a été remis à Jeanne Puchol, pour un album "Charonne - Bou Kadir", consacré à la répression d'une manif organisée par le PCF contre l'OAS, et réprimée par le pouvoir gaulliste (1962 - huit morts). Pour des raisons trop longues à expliquer ici, l'oppression n'a pas cessé en Algérie après la guerre d'indépendance (200.000 morts) ; les révolutionnaires algériens qui se réclamaient naguère du communisme sont devenus islamistes désormais, et souhaitent appliquer la charia.
L'association Artémisia qui décerne ce prix stigmatise le sexisme (sic) du milieu de la BD. Je suppose qu'elle fait allusion à ce type d'affiche racoleuse.
+ Le blog Zinocircus, en lice pour le prix de la "Révélation-blog 2013" à Angoulême (prix sponsorisé par la Caisse d'Epargne et la maison d'édition "Vraoum"), annonce qu'il ne fait pas partie des trois nominés.
Les blogs-BD jouent aujourd'hui le rôle que les fanzines jouaient dans les années 80. Ainsi, dans le domaine du fanzine "existentialiste", entre procréation et procrastination, on peut se demander si le blog de Maël Rannou, "1 fanzine par jour", spécialisé dans la chronique de ce type d'ouvrage, ne les absorbe pas tous, tel un Moloch dévoreur de foetus. Mes "Révélations 2013", après dépouillement de l'unique bulletin, sont : n°1 : Mister Hyde ; n°2 : Helkarava ; n°3 : Zinocircus.
+ "Seul l'Anal est légal" ou "Content de ses pieds" sont des titres de fanzines, comme vous pouvez le vérifier dans la banque du sperme du Lillois Albert Foolmoon ; je plaisante, c'est une banque de données. Parfois je me dis qu'on a manqué d'originalité avec "Zébra". J'avais bien proposé : "DSK", sous-titré : "Le fanzine qui viole les militantes du PS", mais personne n'a voulu.
+ Le dessin de la semaine est signé Agathe Pitié (alias "Pit") : il s'agit de la partie centrale d'un triptyque traitant de l'affaire DSK, sur le mode apocalyptique. Une excellente inspiration, dans l'esprit de Jérôme Bosch.
(par Zombi - leloublan@gmx.fr)
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La semaine de Zombi
Dimanche : patatras, Gérard Depardieu vient encore de foutre en l'air la com' du show biz français pour paraître proche du populo. Un peu comme si le Père Noël se pointait bourré et, au lieu de déposer les cadeaux, se soulageait au milieu du salon...