Dale McFeatters (1952)
+ Le caricaturiste américain Sam Henderson fait observer que la guerre des sexes, qui bat son plein en ce moment dans les médias, sur fond de choc des cultures Nord-Sud, n'est pas un thème nouveau pour les humoristes américains, habitués à brocarder les deux sexes. Ici le stéréotype de la faible femme qui ne sait pas se défendre est démenti par le dessinateur McFeatters.
Qu'est-ce qu'une faible femme, d'ailleurs, si ce n'est un fantasme d'homme galant ou féministe ?
Dessin de l'acteur Romain Duris, interviewé par "Les Arts dessinés".
+ Disponible depuis peu en kiosque, le premier numéro de "Les Arts dessinés", revue lancée grâce au financement participatif par Frédéric Bosser, déjà rédacteur en chef de "dBD", magazine spécialisé dans la BD.
Cette publication est très éclectique, abordant une grande variété de "dessinateurs": Degas, Will, Mattotti, Micaël, Yves St-Laurent, Jamie Hewlett, Blexbolex... pour n'en citer qu'une poignée (cet épais magazine fait 160 p.). Cet éclectisme est plaisant, en même temps qu'il représente la limite de cette revue.
L'étiquette du dessin est bien large, qui englobe ici des artistes dont l'art ne repose que très peu sur le dessin (Y. Saint-Laurent, Blexbolex, Caro & Jeunet, F. Pajak). "Les Arts dessinés" contribuent d'ailleurs à entretenir l'illusion ou le poncif selon lequel l'image occupe une place prépondérante dans la culture contemporaine, ce qui est largement inexact.
Les profs qui enseignent la bande-dessinée soulignent utilement que cet art ne repose que secondairement sur le dessin. Hergé ou Reiser sont deux génies du récit, non du dessin. On aurait tort de voir dans la BD un art "figuratif", opposé à la musique.
+ L'éditeur Delcourt publie les travaux des élèves de 2e année de l'académie Brassart-Delcourt (privée), sur le thème de la fête foraine; c'est une initiative intéressante car elle permet de mesurer le niveau technique d'une telle formation. A dire vrai, on constate que la différence de niveau entre les travaux ces 16 élèves est très marquée, puisque quelques-uns ont un niveau technique comparable à celui de professionnels expérimentés... ce qu'ils doivent peut-être à un exercice précoce, dès l'adolescence ?
A noter aussi, l'influence sur les élèves des dessins-animés japonais, matraqués par certaines chaînes de télé pendant des années.
Il ne faut pas perdre de vue que la technique n'est qu'un des aspects du métier. Le plus dur à acquérir pour un jeune apprenti dans ce domaine est -ce qui est primordial-, le don de raconter des histoires originales (ou qui le paraissent).
Enfin, n'oublions pas que dans le domaine de la BD, soumis à une rude concurrence (si rude que des collectifs d'auteurs en dénoncent les abus), le sens du commerce est un don utile; on a vu ainsi ces dernières années émerger quelques jeunes auteurs dont le principal talent est le marketing, c'est-à-dire la capacité à promouvoir leurs bandes-dessinées, damant le pion à des auteurs plus expérimentés.
Extrait de "Tunnel of Love", brève BD d'Etienne Puaux, élève de 2e année à l'académie Brassart.
+ Le festival d'Angoulême décerne chaque année plusieurs prix à de jeunes auteurs de BD. Ces concours sont très courus, car ils valent mention de fin d'études (dans une discipline de plus en plus académique et de moins en moins artisanale).
A noter que le fanzine "Bien, monsieur" remporte le grand prix du concours de fanzines, organisé de longue date, mais doté pour la première fois d'un prix.
Quant aux divers "grands prix" décernés, ils sont avant tout un reflet de l'époque et de la mode, indices peu fiables de la valeur d'une oeuvre ou de sa portée.
Planche de Chloé Bertschy, lauréate du prix du graphisme (catégorie scolaire).