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nietzschéen

  • Revue de presse BD (81)

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    + Banksy (collectif d'artistes britanniques ?) a trouvé dans l'illustration ironique ci-dessus un moyen de renvoyer le judéo-christianisme à ses origines.

    - J'en profite pour vous souhaiter au nom de Zébra un joyeux Noël végétarien (= pas trop bourratif).

    + Les amateurs de blogs-BD pourront bientôt voter pour leur blog préféré parmi une sélection de trente effectuée par le FIBD d'Angoulême, et contribuer ainsi au choix du blogueur qui se verra remettre le prix du "jeune talent" 2014. Pour ma part mon vote est acquis au blog de Maadiar et son (pas trop patriotique) feuilleton "Mathurin soldat".

    + L'éditeur suisse indépendant Atrabile (depuis 1997), qui publie notamment l'excellent Nicolas Presl ("L'Hydrie","Heureux qui comme") pourrait bien disparaître en 2014 puisqu'il est au bord de la faillite. Une association s'est montée pour lui venir en aide. Il faut dire que le métier d'éditeur, quand il est exercé avec intelligence et non selon des méthodes industrielles, a toujours été au moins aussi aventureux qu'une "transat" en solitaire. Le romancier et éditeur J. Chardonne ("Les destinées sentimentales"), qui avait racheté la maison Stock, connaissant bien le métier d'éditeur par conséquent, déclarait que sa difficulté tient notamment à ce qu'il est pratiquement impossible de prévoir ce qui va plaire au public. Cet écrivain réac ou nietzschéen (préféré de F. Mitterrand) tient il est vrai des propos on ne peut plus élitistes sur la lecture, puisqu'il estime le nombre de véritables lecteurs en France (= qui comprennent ce qu'ils lisent) à environ... 500.

    + Encore une initiative déplorable de "Charlie-Hebdo" et Charb, qui décidément met moins d'humour dans ses dessins que dans ses éditoriaux, puisqu'il incite ses lecteurs à se rendre aux urnes lors des prochaines échéances électorales. On peut encore comprendre qu'un dessinateur dépourvu d'humour comme Joann Sfar, ou qui n'exerce pas ses talents dans le domaine de la caricature, fasse l'apologie de François Hollande, mais la position de "Charlie-Hebdo" est intenable, puisqu'elle consiste à brocarder les politiciens pour lesquels cette publication ne cache pas sa sympathie, immédiatement après leur intronisation. Combien de temps le vieux truc d'accuser les abstentionnistes qui préfèrent la pêche au scrutin d'être irresponsables va encore durer, alors qu'il est exactement calqué sur les accusations de sécher la messe le dimanche ? Laisser le seul E. Zemmour dire cette vérité que le passage du suffrage censitaire au suffrage universel est un procédé démagogique, mis en oeuvre par des spécialistes du coup d'Etat, revient à faire du "Figaro" la publication la plus satirique de France. Ajoutons que le discours de Zemmour est à peine moins ubuesque que celui de Charb, puisque la tactique du suffrage universel, aussi bien en Allemagne qu'en France, est une tactique au service de la bourgeoisie industrielle qui emploie Zemmour. Après ça, je me sens obligé d'offrir "Le 18 Brumaire de L.-N. Bonaparte" (Karl Marx) à Stéphane Charbonnier pour ses étrennes laïques.

    + Je décerne la palme de l'hommage le plus tarte et le plus laid à Mandela au dessin de la semaine (par Easydoor).

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  • Fanzines !

    L’association «Papier Gâché» organisait la semaine dernière la 3e édition du festival de la «micro-webzine,bd,gratuit,zébra,fanzine,bande-dessinée,festival,culturisme,papier gâché,marguerite duras,alexandre dumas,médiathèque,micro-édition,karl lagerfeld,cimetière,père lachaise,fiac,féministe,bacon,gastronomie,nietzschéen,hugo ruyant,pierre mac orlan,gentilhommes d'infortune,nantais,la grande encyclopédie des maladiesédition graphique», de conserve avec la médiathèque Marguerite Duras (Paris XXe). J’y suis allé faire un tour en visiteur, le dernier n° de Zébra n’étant pas paru à temps pour cet événement (l’année dernière, le n°4 y fut exposé et ajouté au fonds de la bibliothèque Duras, qui permet ainsi aux plus obscurs artistes de laisser une trace).

    Je m’y suis rendu, donc, surmontant mon aversion pour les manifestations culturelles. J’ai commencé par me perdre, non pas que le chemin soit compliqué du M° Alexandre Dumas jusqu’à la médiathèque, mais sans doute incité par mon cerveau reptilien à faire de la marche à pied plutôt que du lèche-fanzine. Si l’instinct fait l’artiste, alors je serais plutôt du genre «artiste-randonneur».

    L’architecture variée de ce quartier peu connu de moi m’a distrait une bonne heure, le cimetière du Père Lachaise exhalant son parfum troublant, mi-végétal, mi-macabre, par quelques trouées qui donnent sur ses flancs murés. Si j’étais Karl Lagerfeld, me dis-je, je tirerais de ce parfum une fragrance pour vieux beaux décidés à plaire à la jeunesse jusqu’au bout... L’art est mort, place aux stylistes !

    J’en étais là de mes pensées esthétiques quand je pénétrai enfin dans Marguerite Duras, surmontant mon dégoût comme je disais précédemment.

    Mon impression première fut d’une qualité moyenne des œuvres exposées incomparablement supérieure à celle des œuvres proposées à la FIAC, ne serait-ce qu’en termes de rapport qualité-prix. Si j’avais été le commis de quelque grand collectionneur d’art, j’aurais tout acheté sans rentrer dans les détails, épargnant la peine à ce groupuscule d’Allemandes féministes de tenter de séduire des chalands français dans la langue de F. Bacon.

    Tout bon boursicoteur qui se respecte sait qu’il faut acheter quand les cours sont au plus bas, et vendre quand ils sont au plus haut, contrairement à la masse des petits épargnants frileux, soit dit en passant à l’attention des amateurs d’art qui arpentent les allées de la FIAC en quête d’une bonne affaire, ni trop positivement décorative, ni trop positivement laide.

    Ah, le consommateur français n’est pas facile !... Cela doit venir de sa gastronomie délicate.

    - Pourquoi serais-je moins précautionneux avec mes yeux, se dit-il, que je ne le suis avec mon estomac ?

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    Objets, paradoxalement beaucoup d’objets parmi les fanzines exposés, pendant le plus artistiquement du monde au bout de longs fils de lin/nylon (?) blanc, derrière lesquels je devinai sans peine la main délicate d’une femme-artiste –ou bien d’un "inverti" (pour parler comme Nietzsche).

    L’objet, qui est le b.a.-ba du concept, et sans lequel nous n’aurions pas de chaises pour nous asseoir, certes, mais que j’ai personnellement tendance à fuir en raison d’un atroce cauchemar que je faisais, étant enfant (où je mourrais asphyxié sous une pile d’objets).

    En quête d’un peu d’impureté, au beau milieu de toute cette humaine perfection (ce n’est pas une manie nouvelle de la culture de vouloir nous édifier), je tombai en arrêt devant l’adaptation, par Hugo Ruyant, de Gentilhommes d’Infortunes de Pierre Mac Orlan; ces planches me firent regretter aussitôt d’avoir tout oublié du peu que j’ai jamais su à propos de Pierre Mac Orlan, et de ne pouvoir ainsi apprécier cette transposition à sa juste valeur.

    Je parvins tout de même à prendre un peu mon pied grâce à un petit fanzine nantais intitulé «La grande encyclopédie des maladies», basé sur le principe ludique extrêmement simple, mais néanmoins efficace, que le sida ou le cancer sont assez cocasses tant qu’on ne les a pas attrapés.

    Sur ce, à l’année prochaine !

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    (4e de couv. de la "Grande encyclopédie des maladies", et, plus haut, dessin préparatoire de Hugo Ruyant pour son adaptation de "Gentilhommes de Fortunes")

  • Palmer en Bretagne**

    J’avoue n’être pas un inconditionnel de Pétillon en général. Son comique est un peu le comique dewebzine,bd,gratuit,fanzine,zébra,bande-dessinée,palmer,pétillon,bretagne,alexandre pompidou,cornette,frissen,witko,jean d'ormesson,krach,comique,art moderne,feydeau,comique de situation,corse,enquête corse,dargaud,nietzsche,nietzschéen,bhl situation de Feydeau, appliqué au personnel politique.

    Avec sa BD satirique sur la Corse («L’Enquête corse»), Pétillon s’est hissé au sommet de son art, s’élevant du niveau du comique de situation à celui, un cran au-dessus, du comique géographique. Il faut dire que la Corse est une source majeure de comique en politique, et non seulement une cause de terrorisme (je pense ici surtout à Napoléon).

    Une source de comique, car la Corse semble faire un doigt d’honneur au progrès social, et indiquer que ce dernier ne mettra jamais fin aux instincts les plus archaïques, capables de résister indéfiniment à tous les arguments du progrès. L’orgueil autarcique corse et l’arrogance de la fonction publique moderne, placés côte-à-côte, forment un duo cocasse. Le mérite de Pétillon fut d’avoir repéré cette situation.

    On ne trouve rien de tout ça dans «Palmer en Bretagne» ; pas d’exploration de l’âme bretonne (si féminine et pleine de sympathie pour la mort et ses légendes). Le titre est trompeur. Le séjour du détective emblématique de Pétillon dans le Finistère n’est qu’un prétexte. Prétexte à une vague intrigue policière, doublée d’une satire de l’art moderne et de ses acteurs/actionnaires. Une satire un peu facile. Sur le même sujet, «Alexandre Pompidou - Lard Moderne», de Cornette, Frissen & Witko, était un pamphlet plus corrosif et malicieux, ajoutant à l’observation de l’escroquerie des galeristes et de la bêtise des collectionneurs, l’observation des mœurs hystériques des milieux bobos passionnés d’art contemporain et le fonctionnement délirant des écoles d’art.

    Dès le début de la crise mondiale, Jean d’Ormesson claironnait de sa voix fluette sur les plateaux télé à qui voulait l’entendre, que le krach des valeurs boursières entraînerait un krach de l’art. Aussi académique soit d’Ormesson, il a conscience de la solidarité des valeurs modernes entre elles, et que les formes de l’art moderne épousent essentiellement celles du patrimoine moderne, dont la complexité s’est accrue. Pétillon brode son intrigue autour de ce stade intermédiaire du krach, où la décote se fait seulement sentir au niveau des assurances.

    Certains magazines spécialisés font valoir que les critiques à l’égard de l’art moderne sont de plus en plus nourries ; il serait plus juste d’observer que l’argument de la modernité n’a jamais vraiment convaincu en France, en dehors de cercles intellectuels restreints, «liés» à des idéologies aujourd’hui périmées et à l’appui des pouvoirs public.

    Du point de vue artistique, il faut dire que la France est assez "nietzschéenne". La force émotionnelle de l’art moderne est, en effet, essentiellement d’ordre rhétorique, c’est-à-dire religieux. Or, non seulement les Français ont tendance à n’attribuer aux mots qu’une valeur relative, mais bien souvent, à l’instar de Nietzsche, une puissance émotionnelle de second ordre.

     

    Palmer en Bretagne, R. Pétillon, Dargaud 2013.