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mai - Page 5

  • Revue de presse BD (317)

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    + "Sempé, un monument national", titrait récemment le magazine du "Monde" (30 mars), avant de consacrer plusieurs pages à ce dessinateur de presse qui continue de fournir "Paris Match" et le "New-Yorker", malgré l'âge (87 ans) et la maladie.

    Titre paradoxal car le style de Sempé est tout sauf "monumental". Il est au contraire particulièrement apte à peindre la fragilité d'une époque de plus en plus vouée aux loisirs et aux choses intellectuelles infinitésimales.

    Sempé lui-même paraît plutôt en proie aux doutes et aux regrets. Il dit par exemple regretter son seul album satirique ou critique, "Saint-Tropez" : "(...) J'avais l'impression que j'étais dans le coup en attaquant la bourgeoisie. Ils étaient finalement plus marrants que ceux qui se prenaient pour Marx."

    Ce n'est pas tout à fait exact : même si "Raoul Taburin" (1995) est en efffet assez anodin, Sempé a produit d'autres albums critiques, visant notamment la dévotion religieuse féminine (dans la mesure où elle est incarnée par une femme).

    Les modèles déclarés par Sempé sont les humoristes Chaval et Bernard Aldebert, rescapé de Buchenwald pour qui "rien n'était sérieux" selon Sempé.

    La journaliste (Judith Perrignon) auteur de l'article ne peut s'empêcher de faire remarquer que la façon dont Sempé s'adresse aux jeunes femmes, en leur donnant du "Mon petit chat", est presque choquante.

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    + Exposition à partir du 18 mai au musée de l'image d'Epinal de quelques planches des "Idées noires" publiées entre 1977 et 1981 et dessinées au stylo "Rotring" par Franquin pour donner de la densité à ses fonds noirs.

    Les organisateurs de l'exposition voient dans les "Idées noires" de Franquin un propos satirique "écologiste". D'une manière générale, on peut dire que la satire des "Idées noires" est "antisociale", dirigée contre toutes les formes de violence, que Franquin met en lien avec la bêtise humaine.

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    (Vignette par V. Giardino - la femme nue ou en train de se dénuder occupe dans la BD italienne une place primordiale.)

    + A partir du 15 mai, expo. d'auteurs de BD italiens à l'Institut culturel italien (Paris 7e).

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    + Les (nouveaux) Cahiers de la Bande-dessinée n°7 (avr.-juin) consacrent un dossier à Posy Simmonds ("Gemma Bovery"). Cet auteur de BD britannique excelle notamment dans la satire du milieu littéraire. Son dernier album, "Cassandra Darke", dont l'héroïne n'est pas spécialement "sexy", combine BD et pages de roman.

  • Revue de presse BD (316)

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    Spécimens de la jeunesse soviétique peints par Alexandre Deïneka. Le progrès est symbolisé à l'arrière-plan par une locomotive.

    + Le Grand Palais expose l'art totalitaire soviétique (jusqu'au 1er Juillet) ; théâtre, cinéma, photographie, architecture : le régime communiste ne négligea aucune discipline. Même obsession de l'art de la part du régime nazi ; Hitler aimait s'entourer d'architectes, de photographes, de cinéastes... Les régimes libéraux ne sont pas en reste, dans lesquels le marché de l'art a pris des proportions extraordinaires.

    Première observation : "le réalisme socialiste" est un simple slogan : au contraire c'est l'onirisme de la peinture soviétique qui saute au yeux. Le travail et les travailleurs sont idéalisés, ce qui constitue un point commun avec le nazisme et le libéralisme.

    L'art soviétique peut être plus abstrait, selon l'exhortation de Casimir Malevitch : "Le carré est un enfant royal plein de vie (...) Notre monde de l'art est devenu nouveau, non figuratif, pur." Mais, plus abstrait, il n'est pas moins idéaliste. L'intention de "pureté" trahit même le caractère religieux.

    Lénine préfère le cinéma et un art plus figuratif parce qu'ils remplissent mieux leur rôle de propagande que l'art géométrique, plus intellectuel.

    L'art soviétique a largement contribué à transformer l'utopie marxiste, essentiellement dirigée contre la philosophie, en religion prolétarienne comparable à ce que fut le culte orthodoxe pour le monde paysan.

    Deuxième observation : la production artistique entre dans les régimes totalitaires en concurrence avec la production industrielle, de sorte que la frontière entre l'art et l'industrie est pratiquement abolie. L'automobile, pour prendre un produit emblématique, devient plus qu'un véhicule, une véritable oeuvre d'art.

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    Léonard vu par F. Boucq.

    + Le musée de la franc-maçonnerie (Grand Orient de France, Paris 9e) consacre à partir du 11 mai une exposition à Léonard de Vinci, vu par le dessinateur Boucq, intitulée "Léonard décodé".

    Pas étonnant que les obsédés de l'équerre et du compas soulignent l'habileté du peintre italien à composer des figures ; mais cette conception "perspectiviste" du dessin est à la fois réductrice et anachronique. On constate que Boucq ne dessine pas comme Léonard ou Michel-Ange.

    Il y a d'autres "mystères" plus intéressants chez Léonard que son habileté technique ou ses machines, comme l'abandon progressif de l'art au profit de la science, ou une spiritualité discrètement dissidente du catholicisme officiel.

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    + Le cas de Courbet, ramené à un con frisé par la critique contemporaine, évoque ceux de Cavanna et "Charlie-Hebdo", réduits de la même façon au caractère pornographique.

    Le bicentenaire de sa naissance à Ornans (Doubs) donne lieu à divers hommages. "Ses tableaux sont des manifestes, la défense des pauvres, la lutte contre l'injustice sont dans son ADN", explique Frédérique Thomas-Maurin, la directrice du musée, qui confesse en rougissant être une "inconditionnelle" de Courbet : "J'avoue, je l'aime bien." (in : "Le Monde", 21-23 avril)

    Communard et ami de Proudhon, Courbet était néanmoins habile à mener sa barque ; les caricaturistes raillaient notamment la signature de Courbet, très distincte et destinée à promouvoir efficacement son oeuvre. La caricature ci-dessus par Nadar, qui vise surtout le "chantre du réalisme", n'a pas omis la fameuse signature. 

  • Joli mois de Mai

    Caricature par LAOUBER

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  • Revue de presse BD (279)

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    Catherine Sinet caricaturée par Jiho.

    + Une partie de la presse satirique française vit sous perfusion de dons (des abonnés). Ironie du sort, le massacre des plus talentueux dessinateurs de "Charlie-Hebdo" a relancé ce titre à l'agonie, placé sous la protection du ministère de l'Intérieur.

    On apprend grâce à cette interview de sa directrice Catherine Sinet dans "L'Humanité", que "Siné Mensuel" survit aussi grâce aux dons des lecteurs (et quelques bonnes ventes au numéro) ; la directrice de "Siné Mensuel" estime à 70.000 euros le coût de fabrication de son mensuel. On regrette que les frais ne soient pas détaillés, pour connaître le coût de la distribution.

    La presse gratuite publicitaire, financée par des groupes industriels, reflète certainement mieux notre époque que les derniers titres de presse satirique, vestiges de l'âge d'or de la presse écrite.

    Autre fait significatif : la presse et les journalistes français furent systématiquement pris pour cible par les rénovateurs de la presse satirique et/ou indépendante dans les années 60 (Siné, Choron, Cavanna...) ; la culture libérale au contraire fait du journaliste un véritable héros, aux côtés du médecin ou du policier (Tintin, bien sûr, mais aussi Superman).

    + La récente disparition de Serge Dassault (né en 1925) n'est pas seulement cellewebzine,bd,zébra,gratuit,bande-dessinée,fanzine,actualité,revue,presse,hebdomadaire,mai,2018,siné-mensuel,charlie-hebdo,l'huma,catherine sinet,siné,satirique,antisémitisme,suddeutsche zeitung,bavarois,dieter hanitzsch,netanyahou,eurovision,chappatte,baudelaire,daumier,hogarth,proust,sainte-beuve,etunwan,thierry murat,bodoï,serge dassault,le figaro,mort d'un industriel de l'aéronautique militaire, mais aussi d'un patron de presse engagé. On imagine que les abonnés du "Figaro" et les nombreux journalistes employés par Dassault sont plongés dans l'affliction, à l'instar des pilotes de chasse.

    A la suite de son père Marcel, Serge comprenait la nécessité pour le président d'une multinationale d'entretenir quelques danseuses : "Le Figaro", mais aussi "Valeurs actuelles" (si l'on peut se permettre de parler ainsi des journaux et des journalistes). Sans le devoir de désinformation, l'histoire du capitalisme ne serait certes pas tout à fait la même.

    Sans sa légendaire franchise, Serge Dassault aurait été "de gauche", car l'argument de la paix est le dernier cri pour vendre des avions de chasse à des puissances étrangères ; c'est bien plus efficace que les vieilles techniques marketing de droite. Mais on ne peut pas avoir toutes les qualités, et Serge Dassault en avait déjà pas mal comme ça.

    + Face à l'accusation d'antisémitisme, le "Süddeutsche Zeitung", groswebzine,bd,zébra,gratuit,bande-dessinée,fanzine,actualité,revue,presse,hebdomadaire,mai,2018,siné-mensuel,charlie-hebdo,l'huma,catherine sinet,siné,satirique,antisémitisme,suddeutsche zeitung,bavarois,dieter hanitzsch,netanyahou,eurovision,chappatte,baudelaire,daumier,hogarth,proust,sainte-beuve,etunwan,thierry murat,bodoï,serge dassault,le figaro,mort, quotidien bavarois, n'a pas tardé à renvoyer son caricaturiste Dieter Hanitzsch (85 ans), auteur d'un dessin (ci-contre) montrant le Premier ministre B. Netanyahou dans la tenue de la gagnante israélienne du très médiatisé concours de l'Eurovision ; le Premier ministre tient un missile dans la main et déclamant le slogan nationaliste israélien : - L'année prochaine à Jérusalem !

    Contrairement à son rédacteur en chef, D. Hanitzsch a refusé de faire des excuses. Il a reçu le soutien du dessinateur Chappatte dans "Le Temps" (29 mai), qui invoque l'affront fait à la liberté d'expression et a interdit au "Süddeutsche Zeitung" de reproduire à l'avenir ses dessins.

    Comme l'intellectuel juif Hajo Meyer le déplorait, la définition de l'antisémite n'est plus désormais "celui qui hait les Juifs", mais "celui que les Juifs haïssent".

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    Jamais la critique d'art n'a eu un statut aussi élevé, au point que l'on ne peut concevoir l'art moderne sans cette dimension critique (rien n'est moins juste que d'associer l'art moderne à la "spontanéité") ; la critique d'art devient même oeuvre d'art à part entière, comme certains fameux poèmes de Baudelaire, bien entendu, mais aussi la prose critique de Sainte-Beuve, qui éclipse bien des littérateurs de son temps, ainsi que Proust dans le sillage de Baudelaire.

    Il ne faut pas oublier le genre parodique, dont Baudelaire fait la promotion à travers Daumier ou Hogarth. L'effort contemporain stérile pour encenser le "9e Art" (expression initialement parodique), répond en grande partie à ce besoin critique, bien que d'une façon qui frise parfois le ridicule. Devenue un art, la critique s'expose aussi à l'académisme.

    Notons que la publication de critiques de bandes dessinées sur des blogs permet aux auteurs critiqués de défendre leur travail, comme Thierry Murat, auteur d'"Etunwan" (Futuropolis), ne se prive pas ici.

    (Ci-contre : silhouette de Baudelaire par Manet).

  • Revue de presse BD (278)

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    Baudelaire par lui-même.

    + Baudelaire aurait-il fait l'apologie de la bande dessinée ? "L'Oeil de Baudelaire" (2016) fait l'objet d'une recension récente dans le webzine Zébra.

    + Un scandale secoue Presstalis, entreprise détentrice du quasi-monopole dewebzine,zébra,gratuit,fanzine,bd,bande-dessinée,actualité,revue,presse,hebdomadaire,mai,2018,presstalis,scandale,anne-marie couderc,mai 68,siné,enragé,autoportrait,baudelaire,andersen,découpage,silhouette,conte,charles dickens,frédéric hojlo,actuabd la distribution des journaux en France. Une enquête comptable vient en effet d'épingler le gaspillage du prestataire de service sous la direction de son ex-PDG Anne-Marie Couderc (mutée à "Air-France").

    Des notes de frais pharaoniques ont en effet été retrouvées - plusieurs centaines de véhicules de fonction ont, par exemple, été mis à la disposition du personnel de Presstalis. Précisons que, sans subventions publiques, Presstalis aurait mis la clef sous la porte depuis longtemps.

    Mais le véritable scandale est ailleurs, dans une organisation de la presse française qui permet à ses actionnaires privés et publics la censure sur de nombreux sujets brûlants.

    Tandis que 99% des éditorialistes professent des idées libérales, leur activité commerciale échappe complètement aux règles de la concurrence. La presse gratuite publicitaire, non seulement traduit la véritable nature du journalisme aujourd'hui, mais elle est l'aboutissement d'une politique concertée... que les slogans libertaires de "Mai 68" n'ont pas fait dévier d'un iota.

    + Le débat autour des "fake-news" est l'occasion de remettre au goût du jour plusieurs observations de Georges Orwell à propos de la culture totalitaire. En effet ce dernier fait de la quête de pouvoir illimitée le moteur du totalitarisme. Or la diffusion de rumeurs ou "fake news" a bien pour principale cause le détournement ou le trucage de l'information à des fins politiques. Les exemples abondent, anciens et beaucoup plus récents. La guerre des mots n'est sans doute pas un phénomène nouveau, mais celle-ci n'a jamais été aussi intense.

    Dans la culture totalitaire, le mot l'emporte sur la réalité qui se cache derrière.

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    Le problème des "fake-news" et du complotisme est un problème secondaire à celui de la culture de masse. Autrement dit, on ne peut pas lutter sérieusement contre le complotisme sans lutter d'abord contre la culture de masse ; celle-ci a pour effet d'entretenir la crédulité des plus jeunes, leur goût sans limite pour le divertissement.

    + Un ouvrage ("Contes découpés", ed. Ion) permet de découvrir un autre facette du talentueux conteur danois Hans Christian Andersen (1805-1875) ; connu dans le monde entier pour ses contes ("Le Vilain petit canard", "La Petite fille aux allumettes", "Les Habits neufs de l'Empereur"...), Andersen l'est moins pour ses papiers découpés, qui révèlent un don pour les arts plastiques ; ces découpages plus ou moins minutieux n'étaient pas faits pour illustrer les récits féériques d'Andersen, mais racontent chacun une petite histoire.

    Le fils de Charles Dickens en a collectionné plusieurs milliers. Un article de Frédéric Hojlo dans "Actuabd" donne plus de détails.

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    Silhouette découpée par Hans Christian Andersen.

  • Revue de presse BD (277)

    + Un titre étonnant dans "L'Obs" dernièrement (11 avril) : "Les boboswebzine,bd,zébra,fanzine,gratuit,bande-dessinée,caricature,actualité,revue,presse,hebdomadaire,mai,2018,l'obs,bobo,jean-yves authier,bretécher,agrippine,boboland,fluide-glacial,nouvel-observateur,philippe dupuy,left,bodoï,killoffer,mai 68,olivier josso,jeanne puchol,gilles rochier,festival d'angoulême n'existent pas", et continuer d'en parler nuit à la société. L'argumentaire est de Jean-Yves Authier, prof de sociologie (Lyon II); venant d'un sociologue, "nuire à la société" est le plus grave péché.

    Etonnant car "Le Nouvel Observateur" a contribué à donner consistance au "bobo", à travers la série de Claire Bretécher, "Agrippine", portrait de la bourgeoisie parisienne par une auteure qui s'agrégea à ce milieu en épousant le prof de droit Guy Carcassonne.

    Après avoir plaidé que le terme de "bobo" est confus (comme si la sociologie ne l'était pas), J.-Y. Authier plaide aussi pour la "gentrification". En réalité la satire des bobos permet de les caractériser assez précisément. On peut ajouter à la BD de Bretécher celle de Dupuy & Berbérian, "Bienvenue à Boboland" (2008), parue en feuilleton dans "Fluide-Glacial" (éd. espagnole ci-contre : 'Benvenido a Bobolandia').

    D'une manière générale, la bourgeoisie est une catégorie ou une classe sociale difficile à définir (contrairement à l'aristocratie ou au prolétariat, par exemple), comme si elle contenait "le sens de l'Histoire". Cependant on peut préciser le sens de "bobo" comme une nouvelle mode bourgeoise, typiquement française ou parisienne. Ce n'est pas un hasard si le terme "bobo" a été inventé par un Américain, David Brooks, observateur étranger.

    Un trait caractéristique des bobos consiste à se prosterner devant la Culture comme un catholique devant le Saint-Sacrement, attribuant ainsi à la culture un pouvoir quasi-miraculeux.

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    Femme par Philippe Dupuy de la main gauche ("Left").

    + Philippe Dupuy (co-auteur de "Boboland") est un dessinateur qui a perdu l'usage de sa main droite et réapprend à dessiner de la gauche. Il publie un recueil de ses dessins maladroits, "Left" ("L'Association"), commenté par le webzine Bodoï.

    On ne saurait réduire le dessin à une question d'habileté manuelle, ni à l'application de règles de perspective. Un bon dessinateur dessine avant tout avec son esprit (comme dirait Baudelaire). Où Picasso se montre un dessinateur exceptionnel, c'est dans sa capacité à éliminer les détails pour se concentrer sur ce qui est signe de force vitale, tandis que les dessinateurs de seconde zone (Giraud-Moebius) en font des tonnes.

     + Le festival d'Angoulême et son partenaire la firme RAJA - "L'art d'emballer" (sic) ont passé commande d'affiches dans l'esprit et le style de "Mai 68" à quelques auteurs de BD : Gilles Rochier, Jeanne Puchol, Olivier Josso...

    L'affiche ci-dessous signée Killoffer est sans doute la plus "anar" ; 50 ans plus tard, "Charlie-Hebdo" n'oserait plus publier un tel dessin.

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  • Revue de presse BD (276)

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    + La République populaire de Chine a offert à la ville (allemande) de Trèves où Karl Marx naquit il y a deux siècles (5 mai 1818) une imposante statue de six mètres de haut à l'effigie du théoricien communiste.

    Ce cadeau n'a pas eu l'heur de plaire à tout le monde, et rien ne dit que Marx lui-même eût agréé ce geste de dévotion. Comble de l'ironie, c'est un éminent représentant de l'oligarchie européenne, le président de la Commission Jean-Claude Juncker, qui a pris la défense de Marx, affirmant que sa pensée fut déformée par les dictatures communistes.

    Plus généralement, on a tort de présenter Marx comme un penseur ou un "philosophe politique", puisque c'est surtout un penseur de la FIN de la politique - un historien; le "Manifeste du parti communiste" est un ouvrage de commande, assez creux, peu représentatif de la critique marxiste.

    Bien entendu, on ne trouvera rien non plus dans Marx pour défendre l'hyper-nationalisme européen dont J.-C. Juncker est le promoteur. Marx est le plus drastique critique de la religion de l'Etat moderne, laïc, soviétique ou européiste (la philosophie et l'art se substituent dans ce cadre à la religion traditionnelle) (cf. "Critique de la philosophie du droit de Hegel").

    L'infortune critique de Marx, à savoir sa récupération partisane, illustre une méthode de la censure moderne, la "statufication" ; elle prouve la persistance de l'élitisme culturel. L'idolâtrie de Marx est le meilleur moyen de le méconnaître.

    + La caricature ci-dessus, de Robert Minor, parue dans un journal de St-Louis (en 1911), transforme K. Marx en agent de "Wall Street" ; tandis que Marx tient sous le bras un bouquin intitulé "Socialisme", on reconnaît les banquiers John D. Rockefeller, J.P. Morgan et John D. Ryan.

    Il est vrai que les Etats-Unis et l'Allemagne, tout en redoutant la propagation du socialisme à l'intérieur de leurs frontières, ont financé discrètement en Allemagne et en Russie ses militants, suivant une méthode machiavélique banale, encore aujourd'hui mise en oeuvre avec les groupes islamiques armés, condamnés d'une part, armés de l'autre.

    Ici Marx est une façon commode pour le caricaturiste de figurer le socialisme révolutionnaire, avant l'avènement de véritables révolutionnaires machiavéliques tels que Lénine ou Trotsky ; néanmoins le rôle politique de Marx est quasiment nul, et il fut un des premiers à démasquer les fausses démocraties qui s'avancent sous la bannière des "Droits de l'Homme".

    + Les amateurs des bandes-dessinées de Christophe ne savent paswebzine,bd,gratuit,fanzine,zébra,bande-dessinée,actualité,revue,presse,hebdomadaire,mai,2018,karl marx,anniversaire,trèves,statue,jean-claude juncker,caricature,robert minor,rockefeller,morgan,ryan,wall-street,topfferiana,antoine sausverd,gorges colomb,famille fenouillard,sapeur camember tous que les aventures d'Artémise et Cunégonde Fenouillard, qui débutèrent à l'occasion de l'Exposition universelle de 1889, se prolongèrent après la guerre de 14-18. Georges Colomb n'avait-il pas déclaré dans une interview pour justifier l'arrêt de ses séries ("Famille Fenouillard", "Sapeur Camember", "Savant Cosinus"...) : - Je ne voulais pas suivre l’exemple de ceux qui tirent soixante-dix moutures du même sac et finissent par faire des horreurs. Je n’ai pas voulu me vider… Je dessine encore, de temps en temps, mais pour moi… ?

    Le webzine "Töpfferiana" (Antoine Sausverd), dédié aux pionniers de la BD, indique la reprise des séries de Christophe en 1937 dans "Paris-Soir". Une seconde expo. universelle fournit le prétexte. Christophe a vieilli les deux péronnelles ; tout juste pubères avant guerre, celles-ci sont désormais deux matrones émancipées de la tutelle de leurs parents.

    A. Sausverd précise que cette résurrection d'Artémise, Cunégonde, leur chien Poc et leur chat Tristapatte, coïncide avec l'arrivée dans les colonnes des journaux de strips de BD plus modernes importés des Etats-Unis, destinés à divertir le jeune public. Les bandes de Christophe étaient accompagnés de textes plus denses n'entrant pas dans des phylactères.