Julian Assange (croquis d'audience)
+ "En 2020, Georges Orwell ne manquerait pas d'inspiration." confiait récemment le romancier et essayiste Julian Barnes à la "Revue des deux Mondes" (déc.-janv.).
Le cas Julian Assange est un cas inspirant. La demande d'extradition des Etats-Unis, examinée le 6 janvier par un tribunal londonien, a été rejetée au motif hypocrite que la mauvaise santé du prévenu empêche cette extradition ; dans le même temps, le tribunal a condamné les méthodes d'investigation d'Assange. A travers Wikileaks, celui-ci révéla les méthodes peu reluisantes du Pacte atlantique lors des guerres d'invasion de l'Irak (2004-2009) et de l'Afghanistan. La demande d'extradition des USA vise avant tout à faire du cas Assange un exemple dissuasif.
Julian Assange croupit dans une prison britannique depuis plus d'un an, où il subit des sévices (privation de soins appropriés) ; il est désormais seul ou presque, comme Winston Smith dans "1984" après avoir osé affronter un monstre froid portant le masque de la démocratie. Assange a péché comme Winston Smith par naïveté. C'est un des points les plus satiriques de "1984" que la mise en cause par Orwell de sa propre naïveté, sa foi dans une "Fraternité" représentant un idéal révolutionnaire. Big Brother capture ainsi Winston Smith par où celui-ci croyait pouvoir s'opposer à Big Brother ; de même la foi de Julian Assange dans une démocratie transparente et honnête a fini par le jeter dans les bras de Poutine (exactement comme Soljénitsyne s'était donné aux Américains).
Caricature par Chappatte parue dans "Le Temps" de Genève (avril 2019)
- A noter que le caricaturiste international Chappatte préfère souligner la collusion d'Assange avec Poutine. Cependant les titres qui emploient le caricaturiste installé aux Etats-Unis sont tous "atlantistes".
+ Plutôt incongru de voir la série "XIII", par W. Vance et J. Van Hamme, en Une d'une revue d'Histoire ("Historia-BD" n°5). Cette BD, dont le scénario est recopié sur un film de série B américain n'est pas plus "historique" que le dernier "Lucky-Luke" par Jul.
La série "XIII" baigne dans une ambiance "complotiste", comme une bonne partie du cinéma et des jeux vidéos américains, ce qui s'explique en grande partie parce que la police secrète est très développée aux Etats-Unis, comme dans le bloc soviétique ennemi. Concurrents, les Etats-Unis et l'URSS ne constituent pas moins des cultures analogues, faisant notamment un usage immodéré de la propagande et de la désinformation.
Le chapitre : "La presse, un quatrième pouvoir au service de la Démocratie." claque comme un slogan. Certes la presse est un peu plus indépendante aux Etats-Unis qu'elle n'est en France, mais elle opère pour le compte des deux grands partis qui se succèdent au pouvoir, l'alternance créant l'illusion de la démocratie.
Caricature par Reno & Melaka
+ Peu de journalistes ou "d'experts de la politique des Etats-Unis" ont fait le rapprochement entre la manifestation des partisans de Donald Trump à Washington, incapables de digérer leur défaite dans les urnes, et les manifestations de Gilets jaunes qui avaient mis le président Macron en posture difficile, le poussant à se retrancher dans le palais de l'Elysée, entouré des forces de police, prêt à décoller.
Pourtant l'électorat de D. Trump est largement composé d'Américains écoeurés par la classe politique et les médias, ulcérés par le krach de 2008 et ses conséquences.
Comme ou pouvait s'y attendre, D. Trump s'est vite désolidarisé de ses partisans les plus téméraires, dont la répression par les forces de l'ordre a fait plusieurs morts.