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l'association - Page 2

  • La Nuit du Capricorne***

    Le capricorne dessiné sur la couverture indique d’emblée le ton kafkaïen de cette BD de Grégoire webzine,gratuit,bd,zébra,bd,bande-dessinée,kritik,critique,la nuit du capricorne,l'association,grégoire carlé,voltaire,kafka,kafkaïen,métamorphose,rousseau,autofiction,biographie,adolescence,labyrinthe,sphinx,énigme,dédale,oedipeCarlé, publiée par L’Association.

    Il est vrai que l’adolescence est l’âge où, pour beaucoup, la sensation d’être éphémère est la plus intense. Autour de dix-sept ans, l’adolescent est comme un acrobate évoluant sans filet. Tout peut arriver à cet âge, les plus belles prouesses poétiques comme le pire : être écrasé comme un moucheron en un instant par la tapette géante du destin : slash ! Aucun principe de précaution ne peut rien contre ça. Hasard et mort sont la providence des adolescents modernes.

    Cette période de métamorphose est une sorte de «no man’s land» ou de terrain vague ; G. Carlé le fait bien sentir, à l’aide d’un dessin difforme fantastique, qui permet à son flash back sur cet épisode crucial de sa vie d’éviter la platitude.

    C’est le risque de l’autofiction, puisque en société tout le monde feint de se passionner pour autrui, mais que chacun ne s’intéresse vraiment qu’à soi. Il faut éviter de tomber dans une sorte de pornographie de l’âme à l’attention d’un public de voyeurs trop émotifs pour mater des corps. Et Voltaire, Rousseau ou Céline, chacun de ces maîtres du genre a un truc pour éviter ça.

    Son truc, à G. Carlé, est de suggérer pourquoi le terrain vague de l’adolescence fascine, malgré ses contours indéfinissables et ses relents macabres. L’existence, après la mue, semble aussi palpitante qu’un horaire de chemin de fer ; tout semble joué d’avance : l’heure de départ, le parcours du train jusqu’au butoir, et le défilement morne d’un paysage qu’on n’a même pas le temps d’admirer. L’existence paraît ainsi à l’adolescent en train de muer, et plus encore parfois à l’adulte blanchi sous le harnais. L’adolescence a plus de charme que ce programme.

    « Il paraît que dans son labyrinthe, Dédale fit en sorte, non pas que l’on ne puisse pas, mais que l’on ne veuille pas en sortir. »

    Ici, on pense encore à Kafka, à l’avilissement que les arcanes oppressants de la technocratie lui font subir. En effet, le monde moderne se présente comme une devinette, à la manière du Sphinx devant Œdipe - une devinette qui laisse penser que le tour de force du monde moderne est de ne pas se laisser percer à jour.

     

    La Nuit du Capricorne, Grégoire Carlé, L’Association, 2013.

    Zombi (leloublan@gmx.fr)

  • Revue de presse BD (49)

    Spécial mythes et cultures

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    + Pionnier du "Hollande bashing" (j'avais commencé avant même qu'il ne soit élu par les quelques Français qui votent encore, sous l'influence de la pub ou des réseaux sociaux), je publie cette semaine une anthologie chez 8p.cx, plateforme d'édition de mini-comics gratuits inventée par des Belges. Les Français se sont tellement moqué des Belges et de leur goût invétéré pour le commerce, que lorsque ceux-ci font quelque chose de gratuit, il nous faut les soutenir.

    Le western ci-dessus par DVD-DVD est aussi publié chez 8 pages comics.

    + Chaque fois dans l'histoire que la culture de l'élite est remise en cause et les explications ou non-explications du monde qu'elle fournit semblent sonner creux aux oreilles des citoyens, la mythologie revient au premier plan, et non seulement sous la révolution française. En particulier les mythologies juive et grecque, selon lesquelles l'intellectualisme ne fait que traduire une forme de déterminisme artistique et la mort de l'imagination. Suite au petit quiz élitiste de cette semaine dans le blog Zébra, je signale ce recensement exhaustif des ouvrages de BD inspirés par le monde antique, effectué par l'Université de Grenoble.

    + Les schtroumpfs sont-ils misogynes ? On est habitué à ce que les universitaires racontent à peu près n'importe quoi sur la bande-dessinée, comme sur l'art en général, dans un langage sophistiqué destiné à ébaubir le chaland. Est-ce le cas du "Petit livre bleu" d'Antoine Bueno, chargé de mission au Sénat et de cours à Sciences-po ? Je n'ai pas (encore) lu cet essai, mais il est possible qu'il contienne un fond de vérité, contrairement à beaucoup d'ouvrages d'experts consacrés à la BD.

    Mais, au préalable, il faut se demander pourquoi la franc-maçonnerie est misogyne, c'est-à-dire qu'elle refusa strictement le droit aux femmes de participer à ses conclaves, avant de céder quelque peu à la mode ; puisque même un non-initié peut reconnaître dans les schtroumpfs certaines références maçonniques (bonnet phrygien, sang bleu, maisons-champignons (!). On peut reconnaître aussi facilement de telles références que dans le "Livre de Jungle" de Rudyard Kipling, destiné à l'initiation des petits garçons. Il faut aussi saisir la fonction érotique ou sexuelle de cette misogynie inspirée du paganisme antique, qui était une culture de vie, ou un culte de la fertilité. Il s'agit ici d'une misogynie qui n'a rien à voir avec la misogynie juive, puisqu'elle est "sociale" (tandis que la misogynie des mythes juifs attribuée à Moïse est "antisociale").

    + Choc des cultures : je constate que les auteurs de comics yankees ont non seulement un "Hall of Fame", c'est-à-dire une sorte de "nirvana" pour auteurs de BD, mais en plus un processus de nomination pour y accéder, presque aussi alambiqué que le "Livre des morts". C'est pas très malin comme religion : on voit trop bien qui tire les ficelles. Parfois, le jury va jusqu'à accorder la faveur à un étranger de pouvoir y postuler. Cette année à Jacques Tardi, peut-être parce qu'il a refusé la légion d'honneur française ? C'est dingue ce que ce peuple peut accorder d'importance à l'au-delà ! on dirait qu'il ne vit que pour ça...

    + Avec plus ou moins de bonheur, "L'Association", petite maison d'édition de BD, s'inspire d'un symbolisme satanique à la mode au XIXe siècle pour sigler ses bouquins. Avec plus ou moins de bonheur, c'est-à-dire que c'est plus ou moins réussi ; ci-dessous, la carte postale-galerie de portraits des pères fondateurs de "L'Association" est hautement suggestive.

    A part ça, j'attends impatiemment de dénicher le "Satan trismégiste" de Pacôme Thiellement et Killoffer pour pouvoir en faire la critique. Cela dit il y a peu de chance que ce bouquin me convainque que le meilleur allié du diable n'est pas l'évêque de Rome, étant donné que je suis un grand fan des BD de Lucas Cranac'h et d'Albrecht Dürer.

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  • Revue de presse BD (40)

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    (Narcisse en habit de moine se mirant dans une fontaine - expo. à la BNF)

    + Il ne fait aucun doute que le mariage gay est le comble de "l'amour courtois", autrement dit "chevaleresque". Mais en est-il de même pour la BD, comme le suggère le Rapide du Web ? Si c'est le cas, le pape a bien fait de démissionner. Lui qui voulait revenir au moyen âge ne s'était pas aperçu que nous y sommes toujours.

    + Les cas d'identification de blogueuses-BD à des renards se multiplient ; d'abord il y a eu Pénélope Bagieu, maintenant c'est Anne Montel. Lapins, poulets, perdreaux, je vous conseille de passer votre chemin ! Et même les loups, dont les contes nous disent qu'ils ne font pas le poids face aux renards. Que fait la psychanalyse ?

    + A l'exemple de Carlos Ghosn, les PDG des grosses maisons d'édition cèderont-ils une partie de leur rémunération pour montrer de la solidarité vis-à-vis de leurs employés dans la dèche? En attendant, de plus en plus de dessinateurs mettent en vente leurs dessins sur leurs blogs. C'est le cas du plus indépendant des dessinateurs de BD indépendante, le Yankee Ted Rall, premier à avoir osé soulever la couverture médiatique recouvrant les opérations militaires en Afghanistan. Il met une planche originale en vente sur e-bay.

    + Joann Sfar sème à tous vents... Déjà dessinateur de BD, scénariste de BD, cinéaste, conseiller éditorial, journaliste à "Télérama", par-dessus le marché il publiera bientôt... un roman ; et Philippe Val va lui octroyer bientôt une émission de radio sur "France-Inter" ; comme l'emblème de "L'Association", petite maison où Sfar débuta, est une hydre, on peut s'interroger : -Est-ce que Sfar ne risque pas d'attraper LES melons ?

    + Le dernier numéro de "Fluide Glacial", confié à une nouvelle rédaction (Yan Lindingre et Vincent Solé), fait la satire du "shopping"; en période de crise, c'est quasiment un crime de lèse-majesté.

    Non seulement cette publication n'a pas mis en place un quota de dessinatrices, mais "Fluide" s'en bat les couilles du "shopping" ! Ne faudrait-il pas mettre ces lascars au pas, comme tous les autres ?

    + Interdit de Festival d'Angoulême "in" (pas d'accréditation), le journaliste bruxellois Didier Pasamonik est parvenu habilement à monopoliser "l'after", grâce à une interview de la ministre de la Culture française, Aurélie Filippetti, qui pensait sans doute que tous les journalistes belges sont aussi niais que Spirou et Fantasio.

    D. Pasamonik revient cette semaine sur cette affaire, qu'il qualifie de disproportionnée... dans un dossier en trois parties. Il publie d'abord les chiffres des ventes 2012 de BD, qui montrent une hausse des profits. Il suggère ensuite de ne pas tout mélanger, les auteurs de BD exerçant souvent des métiers très différents.

    Sur le second point, on ne peut que l'approuver: le FIBD est un vaste fourre-tout, peut-être sympathique (?), mais qui porte préjudice, selon moi, aux auteurs de BD et éditeurs réellement indépendants, en les faisant passer pour les parasites d'un système commercial dont ils bénéficient peu. Sur le premier point, en revanche, la publication des résultats, il est de notoriété publique que les résultats affichés par les grands éditeurs, comme la presse d'ailleurs, sont toujours truqués et n'ont aucune fiabilité. Elle ne prouve pas la bonne santé de ce secteur para-industriel. On peut même penser que la production industrielle de BD a connu ces dernières années une sorte de "bulle spéculative", et que les petits éditeurs de BD indépendants imaginatifs ont mieux résisté à la crise et y résisteront mieux. Un "krach" de la BD traditionnelle ne serait pas une énorme surprise. Sur le plan éditorial, elle donne depuis pas mal d'années des signes d'essoufflement.

    + Le dessin de la semaine est de Lucrèce Andreae; il tressaille, éructe et susurre comme Paganini. Il nous rappelle que le "speed-dating" a fait place en matière d'amour aux mélos traditionnels, de même que le "fast-food" a remplacé la cuisine bourgeoise.

    (Zombi - leloublan@gmx.fr)

  • Au Travail

    Non seulement Olivier Josso a dessiné la couverture de Zébra n°2, initié les 3/4 des membres de Zébra à la bande-dessinée (avec un tact qui pourrait faire passer la peau de chamois pour du papier de verre) ; Mais encore O. Josso signe un nouvel album, AU TRAVAIL, incessamment dans les bacs des libraires (L'Association).

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  • La Guerre d'Alan***

    (Critique BD parue dans Zébra n°1)

                    Emmanuel Guibert raconte en bd les souvenirs de guerre d’un certain Alan Cope, obscur bidasse au sein d’un régiment de blindés yankee.

                    « Drôle de guerre », vu qu’Alan débarque en 1945 en pleine débâcle des Schleus : du coup les Yankees s’enfoncent comme dans du beurre, à qui arrivera le plus vite à Berlin, des Soviets ou de l’Oncle Sam.critique,bd,fanzine,zébra,emmanuel guibert,alan cope,l'association,bd

                    Détail amusant, on dirait que Guibert dessine avec du plomb, comme un vitrier, ce qui pour une histoire de trouffions et de canons tombe plutôt bien.

                      Un type ordinaire, Alan, jeune engagé inexpérimenté. C’est ce qui fait l’intérêt du récit ; car le jeu de la guerre et du hasard, cette espèce de gigantesque partie de poker à l’échelle de l’Europe dans laquelle Alan se retrouve embringué, tout ce ziggourat machiavélique va finir par le questionner.

                    Comme quoi les types ordinaires sont parfois moins cons que les héros, qui vont à la guerre se faire dégommer sans se douter de rien, quasi sans raison, pour la beauté du geste alors qu’il n’y a personne pour le filmer.

                    Tout ça a déjà été dit par d’autres anciens combattants, y compris le silencieux encouragement au sacrifice de parents restés à l’arrière, qui fait frémir. Soit. Disons que le mérite d’Alan, c’est de n’avoir pas eu besoin de se prendre des tonnes d’acier au coin de la gueule, ni vu le champ d’honneur parsemé de cadavres, de nous faire sentir la mort avec son confident-illustrateur Guibert « à l’économie ».

    Zébra

    (L’Association, 2009, 300 p., 38 euros)