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guerre - Page 10

  • Revue de presse BD (65)

     

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    Mathurin soldat, par Maadiar

    + On se souvient que Georges Brassens avait le béguin pour la guerre de 14-18 plutôt que pour la guerre de Syrie. Maadiar aussi, apparemment, dont je prends l'excellent feuilleton "Mathurin soldat" en cours de route à l'épisode n°7. Toujours sur le blog de Maadiar, on peut découvrir ce qu'est un "loubok" de sexe féminin ; une sorte de métaphore aryenne de la guerre, je suppose ?

    + La rentrée littéraire est toujours un fléau pour ceux qui détestent la littérature scolaire. Je ne vous emmerderai donc pas avec ce phénomène culturel... sauf pour signaler la rentrée littéraire de Zep, qui a caricaturé Yann Moix en Titeuf du PEF (paysage éditorial français). 

    + Une expression revient souvent dans le milieu de l'auto-édition, c'est "façonné à la main" ; par exemple dans cet article de Maël Rannou dédié au fanzine "Cumulonimbus". Michel Houellebecq fournit dans son roman philosophique "Plateforme" une explication de l'engouement de l'homme moderne pour le "fait main" : l'homme moderne ne serait plus qu'une personne virtuelle, un peu comme un fantôme, à qui ne resterait plus que le pouvoir de causer et d'écouter de la musique, ayant délégué le pouvoir d'agir à plus vifs que lui. Façonner, et en façonnant toucher, palper, humer, donnerait à l'homme moderne l'impression d'exister.

    + J'en profite pour signaler deux manifs autour du DIY prochainement : l'une à Lille (21-22 sept.), l'autre à la bibliothèque M. Duras (fin octobre).

    + Si j'ai bien compris les dernières théories sur le 9e art, l'avenir est dans une sorte de synthèse de la BD et du jeu vidéo, un peu comme ça. Après l'académisme en art, voici la haute fidélité et le pixel en guise de crucifix. En même temps le type s'appelle Boulet, c'est donc normal qu'il soit obsédé par la chute des graves.

    + L'illustration de la semaine est signée Rachel Deville (Petite idole), auteur de "L'Heure du Loup" publié par L'Apocalypse.

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    Zombi (leloublan@gmx.fr)


  • Demain, Demain****

    Nanterre, Bidonville de La Folie (1962-66)

    Cette BD est un reportage rétrospectif sur l’un des aspects les moins glorieux des «Trente webzine,gratuit,bd,zébra,bande-dessinée,fanzine,critique,kritik,demain,laurent maffre,actes-sud bd,guerre,algérie,immigration,fln,eldorado,la folie,nanterre,btp,rue de la garenneGlorieuses» : le bidonville de Nanterre, où fut entassée dans des cabanes insalubres, une main-d’œuvre d’origine algérienne employée dans le BTP. Dans ce campement précaire, dit «La Folie», rue de la Garenne, environ 1500 ouvriers célibataires et 300 familles s’établirent au début des années 60.

    Ce reportage a le mérite d’aborder la question de l’immigration d’une manière que les débats politiques empêchent, versant systématiquement dans le registre émotionnel ou sentimental pour des raisons électorales. D’une certaine façon, la condition des immigrés s’est aggravée par rapport aux années 60, en raison du défoulement hystérique et des fantasmes dont cette catégorie de la population est l’objet.

    Les différentes facettes du problème sont abordées sans fausse pudeur : cette main-d’œuvre algérienne est à la fois victime de sa propre bêtise et de son appât du gain ; elle franchit le cap en croyant que la France est une sorte d’Eldorado pour tous, où les richesses sont également réparties ; et l’industrie du BTP, avide d’une main-d’œuvre corvéable, est la première bénéficiaire de cette duperie. L’ambition familiale traditionnelle fait le jeu de l’industrie moderne, pratiquement sur le modèle de la conscription militaire et sa tactique sous-jacente.

    L’accent n’est donc pas tant sur les brutalités policières, occasionnelles, que sur un système économique qui, dans ces années, ne connaît pas encore les ratés qu’il connaîtra dès le début des années 70. On devine que la mesure de «regroupement familial», derrière l’apparence humaniste ou compassionnelle, ne l’est pas seulement, mais aussi une mesure profitable en termes d’encadrement d’une population d’ouvriers pauvres, dont la tendance à se tenir à carreau est redoublée du fait de la charge de famille (et les salaires touchés sont dépensés en France). Le cas de figure du regroupement familial est typique de la manière publicitaire dont les politiques libérales endossent les habits de l’humanisme.

    La guerre d’Algérie, dont le bilan très lourd (200.000 morts du côté algérien) ne sera connu que plus tard, place bien sûr «La Folie» de Nanterre en état d’ébullition. La manifestation du 17 octobre 1961 est, là encore, évoquée avec pudeur, du point de vue d’ouvriers pauvres qui n’avaient pas grand-chose à gagner à obéir aux ordres du FLN, ne pouvant se payer le luxe d’être « idéalistes ». On voit ici à quel point le sentimentalisme (ici le sentiment nationaliste pro-Algérie) imprime à l’homme le mouvement le plus erratique.

    Je fais sans doute un compte-rendu quelque peu « anarchisant » de cette BD, mais il ne me paraît pas inexact de dire que ce reportage dessiné est assez exemplaire du témoignage dont il est difficile de tirer une conclusion idéologique quelconque, au service de tel ou tel parti. Cette quasi-absence de parti pris ou d’engagement est assez rare à l’heure où la lecture de la presse est devenue aussi enthousiasmante que celle du GPS, puisqu’elle consiste à fournir des coordonnées idéologiques ou identitaires au lecteur afin de le conforter.

     

    « Demain, Demain », Laurent Maffre, Actes-Sud BD, 2012.

  • Revue de presse BD (51)

     

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    + L'engouement pour le mariage est "rétro" en diable, comme les illustrations de Jean Jullien, qui rappellent l'affichiste des années 50 Raymond Savignac. Bientôt la moustache et le képi seront de nouveau dans le vent, qui sait ?

    + Le blogueur François Forcadell (Iconovox) râle tous azimuths contre la disparition du dessin de presse ; "(...) le dessin de presse voit éclore une nuée de dessinateurs qui, lorsqu'ils ne plagient pas des graphismes déjà existants, ne s'embarrassent d'aucun talent pour paraître, sans jeu de mot." On ne reprochera pas à Forcadell de râler, mais de se contredire, puisqu'il fait par ailleurs grief à la presse d'être de plus en plus fermée, si ce n'est hostile, au dessin de presse. Le web autorise donc ce que la presse ne permet plus. Le fait des dessinateurs de presse qui dessinent "vaguement" n'est pas nouveau: que je sache, Wolinski ou Charb ne sont pas nés de la dernière pluie.

    Puisque Forcadell suggère la comparaison avec une autre époque, plus riche en dessins de presse et en publications impertinentes, j'observe pour ma part la disparition des gazettes anarchistes ou sans étiquette politique. Cela peut expliquer en partie le désintérêt du public pour ce qui revient à une partie de ping-pong "gauche-droite".

    + D. Pasamonik ose un thème intéressant dans son webzine Actuabd: l'embellissement de la guerre par la bande-dessinée, et cite quelques exemples probants de matériel de propagande. La proposition de Walter Benjamin citée, de "politiser l'art" pour contrecarrer l'esthétique guerrière, en revanche, sonne comme une blague, puisque aucune politique ne peut se passer du soutien des armes. Proclamer la guerre "éthique" revient d'ailleurs exactement au même que la rendre "esthétique"; ces deux notions sont indissociables. De W. Benjamin, je préfère: "Quand les prostituées s'appelleront "travailleuses du sexe", alors le travail sera devenu un esclavage.", opposable au "23 Prostituées" de Chester Brown.

    + Sans doute pour montrer que l'amour est une corrida, les organisateurs du dernier Salon de la BD de Nîmes avaient prévu d'installer leur expo. sur la BD érotique au toril des arènes de la ville.

    + Le dessin de la semaine est aussi de Jean Jullien, extrait du blog tumblr "News of the Times"; il suggère une idée du mariage un peu moins édifiante que la précédente...

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  • Ouvrier***

    (Mémoires sous l’Occupation, vol. 1)

    Je reprochais récemment au dernier album de Tardi d’après son père, cet antihéros, le mélange deswebzine,bd,gratuit,zébra,fanzine,bande-dessinée,critique,kritik,ouvrier,occupation,bruno loth,jacques tardi,collaboration,louis-ferdinand céline,front populaire,guerre,résistance,bordeaux genres («Moi, René Tardi»). Il n’est pas interdit, comme Louis-Ferdinand Céline, de mêler le drame personnel à la peinture d’histoire, bien au contraire. Mais le drame, Céline l’a vécu, et le péché atroce qu’il a commis, de partir à la guerre la fleur au fusil, et tout ce qui s'ensuit à quoi la légalité n'enlève rien, il s’en accuse d’abord au premier chef ; ça permet à ses meilleurs romans de ne pas verser dans la morale édifiante, voire d’atteindre l’humour humble du cocu qui sait qu’il est cocu et s’en moque autant que possible (Les soldats sont des cocus qui reviennent avec des blessures plus profondes que les blessures d’amour).

    Le drame de Tardi Jr est seulement d’avoir eu un père, ancien prisonnier de guerre aigri et radoteur, s’accusant d’un péché bien différent: celui d’avoir connu la défaite.

    Céline est d’ailleurs un auteur pleinement populaire, et non populiste. Il n’accuse pas seulement les élites «judéo-maçonniques» et cléricales du péché de la Grande Guerre, mais aussi les prolos et les paysans, les employés de son rang, de se laisser conduire systématiquement au néant par le joueur de flûte –de préférer le bar-PMU à l’histoire.

    De populisme on ne trouve pas trace non plus, ou presque pas, dans la BD-témoignage de Bruno Loth d’après son père, et donc pas le «pathos» psychologique sur la relation père-fils. «Mon père avait entre 20 et 25 ans, c’est un témoin direct, et ses souvenirs d’homme ordinaire m’apparaissent aujourd’hui comme une véritable aventure.» C’est assez malin, plutôt que de s’inventer un drame, de tirer de celui, réel, vécu par son père, matière au récit. Mais l’auteur exagère un peu, car ce n’est pas exactement ici un récit d’aventure.

    Jacques Loth, illustré par son fils, nous narre les conditions de la collaboration forcée des ouvriers des chantiers navals de Bordeaux, ô combien stratégiques en temps de guerre. La résistance? Bien peu s’y risquent. Jeunes, sans famille, jugés inconséquents par leurs parents le plus souvent. Travail et nécessité de gagner sa croûte, bien que l’Allemagne porte ces valeurs au pinacle, font loi bien au-delà des frontières de ce pays, et notamment parmi les ouvriers qui, pour ainsi dire, n’en connaissent pas d’autres. La résistance est un luxe. On s’étonne de l’ampleur des représailles, après qu'un officier allemand a été abattu. Lorsqu’un de ses potes est fusillé, Jacques est stupéfait, lui qui est si doux, au point que sa fiancée le largue en cinq sec, si gentil qu’il ne ferait pas de mal à un Allemand. Tout l’intérêt de ce témoignage réside dans la douceur du personnage, selon moi, qui promène un regard étonné parmi ses contemporains plus vifs, occupés dans tous les sens du terme, et rend donc un témoignage moins militant ou moins passionné de cet épisode d’Occupation.

    Le défaut est, a contrario, d’une vision un peu idyllique du monde ouvrier, lisant des bandes-dessinées et partant jouer aux trappeurs l’été au bord de l’eau (au cours du Front populaire), tels des boy-scouts. Pour un peu on pourrait penser que, «si tous les ouvriers du monde se donnaient la main, ce serait la fête à l’humanité, etc., etc .»… suggestion qui aurait certainement fait ricaner Céline, comme les images d’Epinal stalinienne. On sent peu la dureté de la mécanique, imprimée le plus souvent sur l'ouvrier.

    De même on peut supposer que le jeune homme Céline, plutôt agité, s’il avait connu l’Occupation et non joué les héros en 14-18 précédemment, se serait lancé dans quelque coup de résistance saignant, contrairement au héros de la BD. Pourquoi ? Eh bien pour connaître l’aventure, pardi, celle que le destin dicte d’en-haut aux hommes, et contre laquelle ceux qui préfèrent cultiver leur jardin ou astiquer leur moto ne peuvent rien.

    Ouvrier, par Bruno Loth, éd. La Boîte à Bulles, 2012.

    (par Zombi - leloublan@gmx.fr)

  • Kritik 2012

    Petit bilan des bouquins lus en 2012 (et non forcément parus cette année) et critiqués par Zombi pour Zébra (réclamations et insultes de fans à adresser à leloublan@gmx.fr) :

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    L'Hydrie - Nicolas Presl (5/5) (pour ceux qui aiment Picasso et l'Antiquité)
     

     

     

     

     

     

     

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    Passage afghan - Ted Rall (5/5) (pour ceux qui veulent savoir ce que les médias ne disent pas)

     

     

     

     

     

     

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    Gus Bofa - Emmanuel Pollaud-Dulian (4/5) (pour ceux qui croient que les illustrateurs ne travaillent que sur commande)

     

     

     

     

     

     

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    La Famille - Bastien Vivès (4/5) (Pour ceux qui croient que la famille est un long fleuve tranquille) 

     

     

     

     

     

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    Une Scène dans l'Ombre - Nicolas Auffray (3/5) (pour ceux qui se demandent comment on peut bosser pour pas d'argent)

     

     

     

     

     

     

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    La Guerre - Bastien Vivès (3/5) (pour les poilus et les épilées qui croient que c'était "la der des ders") 

     

     

     

     

     

     

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    En route pour le Goncourt - Kierzkowski & Ephrem (3/5) (pour ceux qui aiment se moquer des prix)
     
     
     
     
     
     
     
     
     
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    La Conversion - Matthias Gnehm (3/5) (pour ceux qui croient seulement dans la vie, et les autres)
     
     
     
     
     
     
     
     
     
     
     
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     Alexandre Pompidou - Cornette, Frissen & Witko (3/5) (pour ceux que l'art pompidolien laisse sur leur faim)
     
     
     
     
     
     
     
     
     
     
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    Thoreau, La Vie sublime - Dan & Leroy (3/5) (pour ceux qui voient l'homme comme la pire des ordures)
     
     
     
     
     
     
     
     
     
     
     
     
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    L'Exilé du Kalevala - Ville Ranta (3/5) (pour ceux qui n'ont pas les moyens de voyager)

     

     

     

     

     

     

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    Pablo Picasso - Clément Oubrerie (3/5) (pour ceux pour qui Pablo Picasso est un monstre sacré)
     
     
     
     
     
     
     
     
     
     
     
     
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    L'Histoire de Sayo - Masi & Wanatabé (3/5) (pour ceux qui croient que les mangas ne causent que d'histoires de touche-pipi)
     
     
     
     
     
     
     
     
     
     
     
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     La Guerre d'Alan - Xavier Guibert (3/5) (pour ceux qui ont été dispensés de service militaire)

     

     

     

     

     

     

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    Blast 3 - Manu Larcenet - (2/5) (pour ceux qui n'ont pas lu "Le Chat Noir" d'Edgar Poe)

     

     

     

     





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    Gringos Locos - Schwartz & Yann (1/5) (pour les inconditionnels de l'école de BD franco-belge - et encore...)
     
     
     
     
     
     






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    Vingt-Trois Prostituées - Chester Brown (1/5) (pour ceux qui ont une copine canadienne)
     
     
     
     
     
     
     
     
     
     
     
     
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    Pour en finir avec le cinéma - Blutch (2/5) (pour ceux qui hésitent encore entre le cinéma et la BD)
     
     
     
     
     
     
     
     
     
     
     
     
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  • Caricature Bastien Vivès

    La guerre, par Bastien Vivès...

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  • La Guerre***

    Comme on sait, rien de tel qu’une bonne guerre pour sortir de la crise et remettre l’économie sur les fanzine,bd,zébra,bande-dessinée,illustration,kritik,critique,guerre,shampoing,bastien vivès,chat noir,girly,adam,eve,hecrails. La recette a maintes fois fait ses preuves. Si on n’enseigne pas ça à HEC, bien sûr, c’est pour pas flanquer les pétoches aux jeunes officiers.

    Eh, admettez au moins que si personne ne veut faire le job salissant de soldat, il profite à tout le monde, comme celui de croque-mort, de boueux, de maton, de pute ou de dealer, que personne veut faire, mais sans lesquels le monde ne tournerait pas rond.

     Sur le plan social, comme dans la fourmilière, personne n’est innocent, mais chacun est utile, à sa place et en son temps. Même Andres Breivik ! Bon, le mec en a fait un peu des tonnes, il faut admettre, mais il a semé la terreur comme pas deux, et ça, la terreur, c’est un ingrédient in-dis-pen-sable à la vie sociale, autant que le ciment pour le maçon, ou la pierre d’angle pour l’architecte. C’est pour ça que dans la fable, Adam et Eve, juste après avoir fondé la société, ils se mettent à flipper ; Adam, alors qu’il aurait dû larguer Eve, après le coup qu’elle lui a fait, il reste quand même avec elle pour se réchauffer…

     Donc la frousse pousse autant à faire la guerre qu’elle en dissuade ; un vrai traquenard ! Exactement sur le même modèle que tous les autres pièges à c. : la famille, l’amour, les jeux vidéos, etc. «La Guerre» est la suite logique des précédentes satires de Vivès. Je dis «logique», bien que Vivès donne plutôt l’impression de pondre ses bouquins en dilettante, par-dessus la jambe ; un peu comme un démineur qui doit se mettre dans la tête qu’il manipule une boîte de chocolat et non un vieil obus, pour ne pas sucrer les fraises.

     Un gag que j’aime bien, c’est celui où deux gonzesses «girly» boivent un pot en terrasse, bavassant de tout et de rien –d’amour-, et tout d’un coup les Ruskovs rappliquent, sans crier gare ils buttent tout le monde. Bon, moi je crois les Ricains ou les Casques Bleus encore plus dangereux que les Ruskovs, mais peu importe, c’est toujours comme ça que ça se passe : la guerre rapplique toujours sans prévenir, et c’est toujours ceux qui causent de tout et de rien en terrasse – d’amour-, qui sont les plus étonnés par le «blitz».

    D’ailleurs la guerre, c’est plus fort que l’amour, comme dirait le vieil Homère. Même l’argent ne procure pas autant d’émotions que la guerre. Et quand Achille paraît, avec tous ses super-pouvoirs, même les gonzesses qui jusque-là en tenaient pour l’amour, elles sont au diapason.

    Zombi (leloublan@gmx.fr)

    La Guerre, par B. Vivès, éd. Shampooing-Delcourt, 2012.

    NB : Dans le dernier n° de Zébra, je tente de montrer l’importance du «Chat Noir» dans la genèse de la BD; ce n’est que par un de ces reculs de l’histoire, dont les politiciens sont coutumiers, que les Belges ont fait de la BD un outil de propagande institutionnelle ou personnellle (autrement dit «roman graphique»). Précisément, l’art de Vivès en témoigne ; pratiquement on pourrait dire que Vivès fait de la BD, comme si l’école belge n’avait jamais existé.