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ouvrier

  • Trait d'esprit (XXII)

    par MARC SCHMITT

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  • Revue de presse BD (304)

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    Dessin par Th. Soulcié dans "Télérama" (ancien lauréat du Trophée Presse-Citron).

    + Les festivals autour de la caricature et de l'humour sont nombreux où les professionnels s'auto-congratulent plus ou moins et vendent leurs bouquins aux amateurs du genre. Le Trophée "Presse-Citron" est plus original, qui est décerné chaque année à un caricaturiste débutant par un jury nombreux composé des meilleurs dessinateurs français (assorti d'un prix de 800 euros).

    Cette expo-concours est organisée par les étudiants de l'école Estienne (de graphisme) dans le cadre d'une semaine du dessin de presse à la BNF (25 mars) ; on peut ajouter qu'elle est organisée dans l'indifférence de la presse écrite, qui semble se désintéresser de cet événement, tandis que la plupart des lauréats des concours de BD voient leurs planches publiées dans les journaux ?

    Les dessinateurs doivent expédier leurs dessins aux organisateurs avant le 15 mars - règlement complet sur le site dédié.

    + Les auteurs de BD se plaignent depuis quelques années des conditions de plus en plus difficiles dans lesquelles ils exercent leur métier, le fisc a en outre récemment augmenté leur taux d'imposition. Pourtant on ne les a pas vu manifester parmi les Gilets jaunes ; peut-être parce que beaucoup sont écologistes et ne possèdent pas d'automobile ?

    Cependant le scénariste de BD François Bégaudeau fait parler de son essai intitulé "Histoire de ta bêtise" (éd.webzine,bd,zébra,fanzine,gratuit,bande-dessinée,actualité,revue,presse,hebdomadaire,février,2019,presse-citron,bnf,estienne,caricature,trophée,thibaut soulcié,gilets jaunes,françois bégaudeau,bourgeoisie,populisme,élitisme,marx,rodolphe urbs,portrait,10point15 Pauvert). Issu d'un milieu modeste, Bégaudeau croit reconnaître le mépris bourgeois dans l'hostilité médiatique aux Gilets jaunes.

    La bourgeoisie s'est fait beaucoup d'ennemis ; non seulement le prolétariat communiste mais aussi les milieux artistiques, dont l'industrialisation heurtait la sensibilité. On peut considérer la télévision comme le symbole du triomphe de la culture bourgeoise.

    N'ayant pas lu ce Bégaudeau, on se contentera de commenter ici sa remarque judicieuse selon laquelle le "populisme" n'existe pas, c'est-à-dire que ce terme est vide de sens (1'35'').

    Cette remarque mène au constat plus général de l'hyper-élitisme de la bourgeoisie, que d'autres observations confirment. Autrement dit, l'appartenance à un milieu social modeste ou pauvre est devenue plus "honteuse" qu'elle n'était sous l'Ancien régime.

    Cet hyper-élitisme, admis souvent dans les milieux populaires eux-mêmes du fait qu'ils sont astreints à la scolarité obligatoire, est présenté de façon positive à travers la "méritocratie". Si l'on examine de près cette notion de mérite et d'effort, on s'aperçoit qu'elle est très vague. Le prestige de l'argent a remplacé celui de la naissance.

    La critique par Marx de l'élitisme bourgeois conserve toute son actualité. Elle démontre que la religion de l'Etat moderne est la religion monothéiste des élites bourgeoises occidentales et le Travail son Saint-Sacrement.

    Sous un angle très différent de Nietzsche (réactionnaire), Marx souligne l'irrationalité et le mysticisme de la culture bourgeoise, à l'encontre des slogans de la bourgeoisie qui se veut "séculière & rationnelle".

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    + "J'étais issu d'une famille et d'un milieu "petit bourgeois" où les gens voulaient mourir pour le peuple mais surtout pas vivre avec."

    Le webzine "10point15" dresse le portrait du caricaturiste-libraire Rodolphe Urbs ("Canard Enchaîné", "Marianne", "Sud-Ouest"...).

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    + "L'Histoire des mots n'est pas qu'un jeu de forces subconscientes." : Maurice Tournier, chercheur au CNRS, explore dans un long article paru en 1984 le symbolisme de la couleur jaune.

    Si la traîtrise des "Jaunes" au mouvement révolutionnaire "rouge" est bien connue, qui remonte au XIXe siècle, M. Tournier nous apprend que l'infamie liée à la couleur jaune est bien plus ancienne... en Occident (et dans l'islam). A contrario en Orient le jaune a une connotation divine.

    Avant les révoltes et révolutions ouvrières sanglantes de l'ère industrielle, la couleur jaune eut une connotation péjorative dans le domaine religieux ; ou bien encore elle a pu être teintée de racisme, aux Etats-Unis ou en Europe, en lien avec le fameux "péril jaune", ancêtre de la paranoïa du "grand remplacement".

    L'origine exacte de cette horreur du jaune reste incertaine. Le satanisme est associé dans les Ecritures chrétiennes aux couleurs qui sont une altération de la couleur rouge : pourpre, écarlate, violet, orange..., non au jaune.

    Quoi qu'il en soit, le pouvoir de suggestion des couleurs est très fort et a perduré à travers les siècles.

    Le Maillot jaune du meilleur coureur du Tour de France n'est pas la seule exception à cette tendance. L'illustration ci-dessus représente le roi Henri VIII d'Angleterre et sa deuxième femme Anne Boleyn. La chronique du temps rapporte que le couple fêta en jaune, symbole de la joie, la mort de Catherine, première femme (sur six "régulières") du roi.

  • Ouvrier***

    (Mémoires sous l’Occupation, vol. 1)

    Je reprochais récemment au dernier album de Tardi d’après son père, cet antihéros, le mélange deswebzine,bd,gratuit,zébra,fanzine,bande-dessinée,critique,kritik,ouvrier,occupation,bruno loth,jacques tardi,collaboration,louis-ferdinand céline,front populaire,guerre,résistance,bordeaux genres («Moi, René Tardi»). Il n’est pas interdit, comme Louis-Ferdinand Céline, de mêler le drame personnel à la peinture d’histoire, bien au contraire. Mais le drame, Céline l’a vécu, et le péché atroce qu’il a commis, de partir à la guerre la fleur au fusil, et tout ce qui s'ensuit à quoi la légalité n'enlève rien, il s’en accuse d’abord au premier chef ; ça permet à ses meilleurs romans de ne pas verser dans la morale édifiante, voire d’atteindre l’humour humble du cocu qui sait qu’il est cocu et s’en moque autant que possible (Les soldats sont des cocus qui reviennent avec des blessures plus profondes que les blessures d’amour).

    Le drame de Tardi Jr est seulement d’avoir eu un père, ancien prisonnier de guerre aigri et radoteur, s’accusant d’un péché bien différent: celui d’avoir connu la défaite.

    Céline est d’ailleurs un auteur pleinement populaire, et non populiste. Il n’accuse pas seulement les élites «judéo-maçonniques» et cléricales du péché de la Grande Guerre, mais aussi les prolos et les paysans, les employés de son rang, de se laisser conduire systématiquement au néant par le joueur de flûte –de préférer le bar-PMU à l’histoire.

    De populisme on ne trouve pas trace non plus, ou presque pas, dans la BD-témoignage de Bruno Loth d’après son père, et donc pas le «pathos» psychologique sur la relation père-fils. «Mon père avait entre 20 et 25 ans, c’est un témoin direct, et ses souvenirs d’homme ordinaire m’apparaissent aujourd’hui comme une véritable aventure.» C’est assez malin, plutôt que de s’inventer un drame, de tirer de celui, réel, vécu par son père, matière au récit. Mais l’auteur exagère un peu, car ce n’est pas exactement ici un récit d’aventure.

    Jacques Loth, illustré par son fils, nous narre les conditions de la collaboration forcée des ouvriers des chantiers navals de Bordeaux, ô combien stratégiques en temps de guerre. La résistance? Bien peu s’y risquent. Jeunes, sans famille, jugés inconséquents par leurs parents le plus souvent. Travail et nécessité de gagner sa croûte, bien que l’Allemagne porte ces valeurs au pinacle, font loi bien au-delà des frontières de ce pays, et notamment parmi les ouvriers qui, pour ainsi dire, n’en connaissent pas d’autres. La résistance est un luxe. On s’étonne de l’ampleur des représailles, après qu'un officier allemand a été abattu. Lorsqu’un de ses potes est fusillé, Jacques est stupéfait, lui qui est si doux, au point que sa fiancée le largue en cinq sec, si gentil qu’il ne ferait pas de mal à un Allemand. Tout l’intérêt de ce témoignage réside dans la douceur du personnage, selon moi, qui promène un regard étonné parmi ses contemporains plus vifs, occupés dans tous les sens du terme, et rend donc un témoignage moins militant ou moins passionné de cet épisode d’Occupation.

    Le défaut est, a contrario, d’une vision un peu idyllique du monde ouvrier, lisant des bandes-dessinées et partant jouer aux trappeurs l’été au bord de l’eau (au cours du Front populaire), tels des boy-scouts. Pour un peu on pourrait penser que, «si tous les ouvriers du monde se donnaient la main, ce serait la fête à l’humanité, etc., etc .»… suggestion qui aurait certainement fait ricaner Céline, comme les images d’Epinal stalinienne. On sent peu la dureté de la mécanique, imprimée le plus souvent sur l'ouvrier.

    De même on peut supposer que le jeune homme Céline, plutôt agité, s’il avait connu l’Occupation et non joué les héros en 14-18 précédemment, se serait lancé dans quelque coup de résistance saignant, contrairement au héros de la BD. Pourquoi ? Eh bien pour connaître l’aventure, pardi, celle que le destin dicte d’en-haut aux hommes, et contre laquelle ceux qui préfèrent cultiver leur jardin ou astiquer leur moto ne peuvent rien.

    Ouvrier, par Bruno Loth, éd. La Boîte à Bulles, 2012.

    (par Zombi - leloublan@gmx.fr)