NOUVEAU MODèLE DANS LA BOUTIQUE ZéBRA
(imprimé avec un motif inspiré du caricaturiste anarchiste/antirépublicain Gustave Jossot)
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NOUVEAU MODèLE DANS LA BOUTIQUE ZéBRA
(imprimé avec un motif inspiré du caricaturiste anarchiste/antirépublicain Gustave Jossot)
Parmi les parutions récentes, les contributeurs du fanzine Zébra ont aimé :
Waner
+ VARIATIONS (Blutch, ed. Dargaud, 2017): La couverture en couleur est magnifique et représente un portrait en couleur d'Obélix (crayons, pastels). L'album est composé d'une planche par page (non recto-verso) en noir et blanc. Chaque page représente le souvenir de Blutch d'une de ses planches de BD francophones préférées, en vrac : Morris, Giraud, Greg, Guido Crépax, Lambil, Hergé... Ce sont des variations de planches célèbres réalisées sans copier ou recopier, il réinterprète avec son langage graphique ses souvenirs de lectures endiablées. Un pur bonheur pour les amoureux d'images non formatées et pour les fans (dont je fais partie) de Blutch.
Zombi
+ LA PETITE COURONNE (G. Rochier, ed. 6 pieds-sous-terre, 2017): La banlieue vue de la banlieue et non des médias ; la banlieue en proie à cette religion ultra-moderne qu'est la drogue.
+ D'UNE APOCALYPSE A L'AUTRE (Lionel Richard, réédition revue et corrigée Aden Belgique, 2016): Lumière sur une page méconnue en France de l'histoire de l'art moderne : l'expressionnisme allemand, tentative des anarchistes de s'approprier cet instrument de la puissance publique que l'on nomme "art".
L'Enigmatique LB
+ OURS BRUN, BLANC, NOIR (éd. La Pastèque, à paraître février 2018): J'attends avec impatience le prochain livre de Pascal Girard.
+ FANTE BUKOWSKI (Noah Van Sciver, ed. L'Employé du moi, 2017): J'aimerais qu'on m'offre ce livre à Noël.
(22 oct. 1921-29 oct. 1981)
Petit feuilleton historique estival
Sur Ravachol et les anarchistes
A travers son Journal, le peintre belge Henry de Groux (1866-1930) est un témoin de premier plan, quoique méconnu, de l'art de son temps.
Praticien exigeant, admirateur d'Eugène Delacroix comme Baudelaire, de Groux se montre le plus souvent sévère avec ses contemporains. Son engagement total au service de l'art et son amitié avec le pamphlétaire Léon Bloy le tiendront à l'écart des circuits officiels de l'art ; l'artiste belge, à demi-marginal, parviendra non sans difficultés à vivre de sa peinture.
Extrait de son Journal (Eds Kimé) :
23 Avril 1892 : Conversation sur Ravachol et les anarchistes qui "continuent". Illusion grave de leur prestige.
En présence de la parfaite exécrabilité du monde bourgeois, il est évident que leurs théories sont faites pour séduire, et même qu'elles séduisent, mais je dois avouer que tous les croyants de ces "temps nouveaux" qu'il m'a été donné d'observer d'un peu près, la plupart de ces farouches libertaires sans Dieu ni maître autre que leur orgueil de brute et leur surmuflisme n'étaient que des pleutres et de plus ou moins transcendants voyous.
Passe encore pour les dynamiteurs russes qui sautent avec leurs victimes. Ceux-là ont du moins de la crânerie et l'échange qu'ils font de leurs peaux contre celles des autres est relativement équitable. Ils font figure de justiciers.
Mais que penser de ces drôles qui se sauvent dès qu'ils ont placé au petit bonheur une boîte à sardines sous une porte cochère, laquelle en éclatant ne tue jamais que ceux qu'ils ne voulaient pas viser...
- Des innocents ?
- Il n'y a pas d'innocent, me disait l'un d'eux !
Dans tous les cas, c'est le "saint" du jour.
- "Bien qu'Henry de Groux soit un inclassable, sa pensée s'inscrit manifestement dans le courant de subversion qui, de Baudelaire à Huysmans en passant par Villiers de l'Isle-Adam, se caractérise par la remise en cause de la société bourgeoise et de ses valeurs, comme, à l'opposé, des idéologies sociales du XIXe siècle.", précise Th. Schlesser dans sa préface au Journal de de Groux.
- H. de Groux n'est pas issu d'une famille aristocratique (son père était artiste-peintre), mais l'aristocratie (qu'il rapproche de l'art) est la voie qu'il choisit pour échapper à la vie et aux conventions bourgeoises.
- Illustration ci-dessus représentant l'arrestation de Ravachol (par Flavio Costantini).
Journal d'un anarchiste cambrioleur
Qu'ils soient chrétiens, ou au contraire athées, les penseurs anarchistes ont toujours dénoncé le caractère arbitraire de la propriété, suivant la formule lapidaire célèbre : - La propriété, c'est le vol !
Plus qu'une biographie circonstanciée, Vincent et Gaël Henry avec "Alexandre Jacob, Journal d'un anarchiste cambrioleur", paru en 2016 chez Sarbacane, proposent d'aborder le thème de l'anarchie et de ses limites à travers le récit des tribulations d'Alexandre Marius Jacob (1879-1954).
Le Marseillais Alexandre Jacob, en effet, fut un authentique cambrioleur, aussi rusé qu'habile, n'hésitant cependant pas à faire feu sur les représentants de l'ordre public ; certes, Alexandre Jacob mit à profit ses procès pour dénoncer l'exploitation dont les milieux ouvriers étaient victimes ; certes, le butin de ses cambriolages servit à financer des publications anarchistes désintéressées... mais les bourgeois aussi ont leurs "bonnes oeuvres", qui les rachètent à leurs propres yeux et aux yeux du monde.
Le vol est, bien sûr, une première limite de l'anarchie telle qu'Alexandre Jacob l'envisage ; une limite comparable à l'usage du terrorisme : cambriolage et terrorisme justifient en effet les moyens de répression mis en oeuvre par l'Etat bourgeois autant qu'ils servent à le combattre.
Cette limite est facile à cerner ; les origines modestes d'Alexandre Jacob constituent-elles une excuse ? Non, car son goût pour l'aventure, pour l'indépendance, son tempérament audacieux, l'ont probablement poussé dans cette voie, plus que la nécessité. Les origines modestes d'Alexandre expliquent plutôt pourquoi il est devenu un marginal, pourquoi il a fui sa condition, sans pour autant la trahir en s'embourgeoisant. Alexandre Jacob n'était pas né pour être esclave, mais il s'est refusé à faire partie de l'espèce des maîtres, en quoi sa ruse et son audace auraient pu l'aider à se transformer.
- Ce qui oppose l'anarchie au socialisme est peut-être plus difficile à cerner aujourd'hui ?
L'anarchie souligne l'iniquité sociale, la férocité de l'espèce humaine ; en prétendant que l'on peut remédier à cette férocité légalement, le socialisme s'avère un nouvel opium du peuple, succédant ainsi aux religions inclinant à l'optimisme, à la passivité et à la confiance dans l'Etat. Le socialiste revendique son appartenance à l'espèce humaine, tandis que l'anarchiste, lui, est un individualiste.
Comme la propriété demeure, et que les moyens mis en oeuvre pour la protéger de la convoitise de ceux qui ne possèdent rien n'ont jamais été aussi sophistiqués et puissants, l'iniquité, qui est le point de départ de l'anarchie, est toujours aussi forte. Quant à l'utopie socialiste, sa promesse de lendemains qui chantent finit par paraître un mirage à ses paroissiens les plus dévots.
Les auteurs de cette BD (basée principalement sur un ouvrage de Jean-Marc Delpech) soulignent à juste titre que l'anarchie joue un rôle crucial dans les temps modernes, aussi difficile soit-il à cerner précisément. Le socialisme, qui est selon K. Marx la meilleure ruse inventée par la bourgeoisie afin de contenir l'anarchisme - le socialisme est-il une digue solide, à l'épreuve du temps ? On serait tenté de croire, si on examine la presse française, aussi muette aujourd'hui qu'elle fut éloquente au XIXe siècle, que l'anarchie est morte. Mais, a contrario, l'avenir du monde n'a jamais paru aussi incertain.
Alexandre Jacob, Journal d'un anarchiste cambrioleur, par Vincent Henry et Gaël Henry, Eds Sarbacane, 2016.
Portrait G. Brassens par Zombi
- Le magazine "L'Eléphant", dédié à la "culture générale", propose dans son dernier numéro un dossier sur Georges Brassens (1921-1981) ; sa biographe Clémentine Deroudille, auteur en 2011 de "Brassens, le libertaire de la chanson", y est interviewée :
- Brassens entretient aussi un rapport très ambigu à la religion et à la foi catholique... - Un rapport plus qu'ambigu, même ! Il n'en parlait jamais, sauf qu'on a retrouvé des notes, des crucifix, la Bible, dont il connaissait des passages par coeur. Il se disait anticlérical, mais il avait les Evangiles sous l'oreiller. Il y a plein de choses très contradictoires.
Contradictoire ? Voire... L'anticléricalisme du Christ ne le conduisit-il pas à être jugé et condamné à mort par le clergé de son temps ? Le philosophe réac Nietzsche vitupérait d'ailleurs l'anarchie et le christianisme en même temps : "L'anarchiste et le chrétien ont une seule et même origine."
- A l'occasion d'une expo autour de Dali (à l'Espace Dali), le magazine "Beaux-Arts" (novembre 2016) a interviewé Joann Sfar, qualifié de "très prolifique auteur de bande-dessinée".
J. Sfar est aussi très bavard ; on apprend pêle-mêle dans cette interview que cet auteur de BD fut "réac" à ses débuts, préférant le dessin figuratif à la peinture abstraite (la peinture de Dali prouve que cette opposition n'a pas beaucoup de sens) ; Sfar raconte qu'il aime non seulement Dali, mais aussi Chagall et Wim Delvoye ; en revanche, il trouve Bonnard morbide ; il écoute Franck Zappa en dessinant ; il vient d'accepter d'être prof aux Beaux-Arts de Paris (Ensba).
Le même numéro de "Beaux-Arts" s'interroge sur l'opportunité de réhabiliter le peintre Bernard Buffet (1928-1999), actuellement exposé au Musée d'art moderne. Parfois qualifié de "kitsch" ou d'artiste mondain, Bernard Buffet était moins apprécié en France qu'au Japon. Salvador Dali le surnomma surnommé "Bernard Buffet froid" ; comme Dali lui-même a souhaité que son corps soit congelé après sa mort, on peut se demander si l'art contemporain n'est pas un cortège de cadavres exquis ?
+ Le musée Jacquemart-André propose une exposition intitulée "Rembrandt intime" (jusqu'au mois de janvier), autour de trois tableaux de la collection de ce musée parisien (VIIIe), augmentée de nombreux prêts. Ce titre est un poncif, car la peinture des peintres du Nord de l'Europe est la plupart du temps plus "intimiste" que celle des peintres méridionaux (soumis à des contraintes climatiques différentes). Les commissaires de l'expo ont souhaité mettre en lumière les différents procédés techniques du peintre.
La peinture de Rembrandt est exemplaire de l'idéal moderne dans la mesure où le peintre, sa biographie, son itinéraire personnel, passent avant son art. Ainsi, le critère ancien de la beauté ne compte guère dans l'oeuvre de Rembrandt, agité par des préoccupations plus littéraires. C'est peut-être parce que Rembrandt pose un regard clinique sur les corps de ses modèles que Baudelaire a comparé son art à "un triste hôpital rempli de murmures" ?
L'historien d'art Jan Blanc a rédigé il y a quelques années un ouvrage didactique très clair ("Dans l'atelier de Rembrandt", Citadelles & Mazenod) qui permet de comprendre la technique de Rembrandt et de se familiariser avec les méthodes en vigueur dans sa petite académie (source de revenus non négligeable).
+ Le chanteur-compositeur américain Bob Dylan s'est vu décerner le prix Nobel de littérature en Suède, ce qui a déclenché des concerts d'approbation, quelques sifflets, et l'indifférence du principal intéressé. Ce prix littéraire est surtout connu en France pour avoir été refusé par Jean-Paul Sartre.
(Dessin de Micaël)
+ Sur le thème du couple moderne, la dessinatrice belge Aurélie William-Levaux n'apporte sans doute pas une contribution décisive avec "Sisyphe, les joies du couple" (Atrabile). Il faut dire que W. Shakespeare a épuisé le thème de la manipulation amoureuse dans "Roméo & Juliette". Mais la manière d'Aurélie William-Levaux, transposant son dessin en broderies, confère à ses illustrations un je-ne-sais-quoi de sinistre ou de macabre, qui rend parfaitement le négatif des clichés sur le couple.
+ Le chanteur Renaud a choisi d'arborer sur son "perfecto" (blouson de motard) la pucelle (insigne métallique) de la préfecture de police de Paris, emblème plus original que la banale "croix de fer", médaille militaire du Reich allemand, prisée par les chanteurs de rock. On peut voir sur le blog de la préfecture de police que Renaud porte aussi l'insigne de l'ordre des Chevaliers du Saint-Esprit, un des ordres monarchiques les plus anciens, dissout depuis belle lurette (?). Renaud explique qu'il a changé et n'est plus un "bouffeur de flics" ; cependant quand il déclare que "la police a changé", on n'est pas obligé de croire le chanteur ; un petit conte humoristique d'Alphonse Allais, publié en 1902 ("La Science au service de la Police"), démontre au contraire la belle constance des méthodes de la préfecture de police en matière de répression à travers les âges.
+ Témoignage enregistré par Yassine (association Articho) de A. Baumann et X. Lambours, les deux photographes agréés par "Hara-Kiri", surnommés "mes deux couilles" par le Pr Choron, à l'occasion de la publication de "Dans le Ventre de Hara-Kiri". Ces deux photographes fournissaient des paquets de photos aux dessinateurs de "Charlie-Hebdo" et au Pr Choron qui les complétaient avec des légendes comiques. Baumann et Lambours ont également photographié Gébé, Choron, Cavanna, Reiser, Wolinski, sous toutes les coutures, organes génitaux compris.
+ L'Enigmatique LB, contributeur régulier du fanzine Zébra, a donné une interview au magazine spécialisé dans le graphisme "Etapes", après sa victoire au trophée "Presse-Citron" 2016.
+ On ne pense pas forcément au métro parisien pour s'exercer à dessiner ; certains en profitent pourtant pour croquer les passagers qui prennent la pose gratuitement dans un décors intestinal évocateur de la condition humaine moderne. Qu'ils soient novices ou plus talentueux, comme Laurent Bailly (ci-dessous), la RATP leur rend hommage dans une exposition au siège social (jusqu'à fin septembre).