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boulet

  • Benalla par-ci par-là

    caricature par LAOUBER

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  • Revue de presse BD (156)

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    Planche sur le thème de "L'épouvantail", par Pablo K.

    + Le récent festival BD-Fil de Lausanne (10-13 septembre) a attiré 30.000 personnes et remis son prix de la meilleure planche, d'une valeur de 4.500 francs (à partager entre les trois premiers), à Pablo K., qui a choisi de représenter l'épouvantail... humain.

    + Les mines graves et les airs doctes étaient de sortie aux "Ve Rencontres internationales du dessin de presse", qui se sont tenues au Mémorial de Caen, comme on peut le voir sur les vidéos diffusées sur Youtube, où même Siné fait grise mine ; "On peut juste regretter qu'il y ait eu plus de discours que de dessins", écrit F. Forcadell sur son blog dédié au dessin de presse. On peut aussi regretter le choix d'un lieu de culte paramilitaire pour servir de cadre à une rencontre autour du dessin satirique. Il est vrai que, si les mots peuvent tuer, les dessins le peuvent aussi, et la frontière entre la satire et le pamphlet militant est vite franchie.

    La vogue des ouvrages et des conférences académiques sur la caricature et le dessin de presse n'est pas forcément bon signe. L'institution scolaire joue avant tout un rôle de ciment social, très différent pour ne pas dire opposé à la satire ; en particulier en France, où son monopole évoque celui du clergé catholique auparavant. Nous le signalons dans "Zébra" cette semaine à propos d'un petit manuel par D. Moncond'huy, prof à l'université de Poitiers "Petite histoire de la caricature de presse en 40 images" : son point de vue de "pédagogue" est assez idéologique ; ainsi l'auteur se contente de faire allusion à l'hostilité de la République, régime essentiellement élitiste, à l'art populaire du dessin de presse. L'histoire de la caricature en France est largement celle d'une confrontation avec l'institution républicaine. L'argument républicain de la garantie de la liberté d'expression par l'Etat prêterait à sourire s'il n'était pas un argument totalitaire.

    + Preuve que le dessin de presse ne se porte pas très bien, "Siné-Mensuel", a décidé de célébrer son quatrième anniversaire avec une série de petites... vidéos.

    + "Mais se touchant le crâne, en criant "J'ai trouvé !",

    La bande au professeur Nimbus est arrivée,

    Qui s'est mise à frapper les cieux d'alignement,

    Chasser les Dieux du Firmament" (...)" A Georges Brassens qui accuse dans "Le Grand Pan est mort" la technoscience d'avoir assassiné la poésie et l'art (comme un écho à Nietzsche), le blogueur-bd Boulet a répliqué par une longue note illustrée.

    Il est certain que la modélisation mathématique du cosmos, depuis la fin du XVIe siècle, a contribué à dévaluer la mythologie, aussi bien païenne que chrétienne, transformant le cosmos en territoire à conquérir. Les défenseurs de la technoscience, comme Boulet, peuvent estimer que persiste, dans la physique quantique, une certaine dose de poésie, à base de trous noirs et de failles spatio-temporelles ; mais cette poésie est à la fois plus élitiste et plus macabre, à l'instar de l'art surréaliste. Les modèles mathématiques, en perpétuelle mutation (la "théorie des cordes", à la mode il y a dix ans, est déjà "has been"), rendent d'ailleurs la tâche des poètes plus difficile.

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    Boulet contre Brassens - dessin extrait du blog de Boulet.

  • Un pt'it burlingue

    Un dessin de Burlingue, tiré des carnets secrets de l'artiste, pour permettre aux lecteurs de Zébra et aux internautes de découvrir ce dessinateur de presse et illustrateur talentueux.

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  • Revue de presse BD (89)

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    + De plus en plus fréquemment, les blogueurs-bd traduisent leurs blogs dans une langue étrangère afin d'élargir leur public. En anglais le plus souvent, mais pas toujours, puisque Boulet donne une version du sien en... coréen. L'occasion de signaler le retour de ZINOCIRCUS, qui propose désormais des strips en anglais.

    + Rien de plus sinistre qu'un enterrement, sauf peut-être un mariage: fort heureusement le Tampographe Sardon, voisin du Père Lachaise, nous narre d'un ton léger sur son blog les funérailles de Cavanna : "Je vois passer beaucoup de gens habillés en noir dans la rue du Repos. On doit enterrer quelqu'un d'important..."

    + Une expo organisée à Grenoble au couvent Sainte-Cécile sur le thème de l'art monstrueux invite à la comparaison entre certains peintres flamands fantastiques et la bande-dessinée franco-belge. Le seul hic, c'est que Jérôme Bosch n'est pas un peintre "fantastique" au sens où l'entend la scolastique moderne; il mérite plutôt d'être qualifié de "réaliste", tout comme H. de Balzac (louangé par K. Marx pour cette raison) ; autrement dit, Jérôme Bosch est à l'opposé d'un peintre onirique comme Salvador Dali, ou d'auteurs comme Moebius ou Hergé.

    Ce type d'expositions thématiques, de plus en plus fréquemment organisées afin d'attirer le chaland, donnent souvent lieu à des amalgames et des confusions. Le conservateur Jean Clair en avait inauguré la mode avec une exposition sur le thème de la "Mélancolie", véritable bric-à-brac mélangeant tout et son contraire, selon le fantasme du metteur en scène;

    + La plateforme internationale de partage de docs Issuu.com permet de se tenir au courant de la production étrangère de fanzines, diffusés de plus en plus souvent de cette façon, tel le n°8 de "Off-Life" (février-mars 2014), fanzine de BD britannique.

    + Sous le titre "La gérontocratie recadrée", Jérôme Briot signe un article dans le magazine gratuit "Zoo" (n°51) où il se félicite de l'éviction du Festival d'Angoulême des vieux briscards de la BD. Ce journaliste leur reproche notamment d'avoir dédaigné le manga, qui selon lui connaissent un succès populaire. C'est ignorer que l'engouement pour la culture de masse japonaise n'a rien de spontané, mais que le terrain a été préparé auparavant par la télé et les dessins-animés japonais, dont le principal mérite était le moindre coût de production. Quand la vogue du manga a commencé, le souci artistique des éditeurs spécialisé dans ce créneau était tellement grand qu'ils n'ont pas jugé utile de payer des traducteurs avant de mettre en rayon des mangas dont les noms des personnages variaient parfois entre la première et la dernière page.

    + Le dessin de la semaine est de Pascal Somon, illustrateur rémois condamné le 7 février à sept mois de prison avec sursis pour plagiat de Tintin (le procureur avait requis de la prison ferme). Il est vrai que le droit de la propriété intellectuelle est "surréaliste", exactement comme l'art d'Hergé, plus proche de la littérature de genre que de l'art.

    L'absurdité de cette décision de justice réclamée par les zozos qui dirigent Moulinsart-SA est qu'elle implique une meilleure protection des droits de parodistes qui souligneraient les préjugés antisémites ou colonialistes véhiculés par Hergé que les auteurs, comme Pascal Somon, souhaitant rendre hommage à Hergé.

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  • Revue de presse BD (87)

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    + On reconnaît dans la parodie ci-dessus du peintre américain Hopper la patte de Willem, qui préside et est exposé au 41e FIBD.

    + Peut-on être antimilitariste et républicain ? C'est la question qui est indirectement posée par l'exposition Tardi et 14-18 au Festival d'Angoulême. "Pensez-vous que le gars qui se prenait des éclats de shrapnel sur la tronche adhérait à ce principe de "sacrifice librement consenti" qu'on a inventé par la suite ? Tardi souligne ainsi le grand écart entre l'enseignement de l'histoire et l'instruction civique, de nature religieuse. "Le Monde", en des termes choisis pour ménager la chèvre et le chou, rappelle que le partenariat entre Tardi et la nébuleuse "Mission du Centenaire" a fait long feu, c'est le cas de le dire. Et le directeur de cette mission, Joseph Zimet, de préciser : "Il est certain que notre vocation n'est pas de faire l'éloge de la désobéissance et des mutineries." La position tranchée de Tardi a le mérite de faire pièce aux thèses plutôt floues de ceux qui prétendent concilier humanisme et "valeurs républicaines".

    Un autre détail attire l'attention dans l'article du "Monde", c'est la précision que Tardi est "artiste" et non "historien", afin de relativiser la portée de son propos. D'une part ce sont les guerres modernes qui sont affaire de spécialistes, et non l'histoire ; d'autre part, il y a des tas d'ouvrages d'histoire rédigés par des artistes à côté desquels l'art du journalisme peut passer pour relativement futile.

    + Est-que les "24h de la BD", qui se tenaient de mercredi-jeudi dernier en marge du Festival d'Angoulême ne seraient pas en train de connaître une dérive sectaire ? Pour les profanes, précisons qu'il s'agit de dessiner vingt-quatre planches de BD en vingt-quatre heures ; jusqu'ici, on peut dire que les limites de la folie ordinaire ne sont pas dépassées, et que tout ça se passe "entre adultes consentants". Certes, mais les organisateurs semblent prendre un malin plaisir à ajouter de nouvelles contraintes à cet exercice. Les quelques six-cent participants cette année devaient en outre intégrer à leur bande quatre-vingt-dix photos de l'albums personnel de Boulet (célèbre blogueur-bd) ; comme dans toute pratique masochiste, on peut craindre l'escalade, et la Milivudes ferait peut-être bien de diligenter une enquête.

    + "Jean-Gédéon court invincible, sur sa peau d'écailles de lézard, le soleil vient et puis repart et sur son crâne parapluie, le nuage déverse sa rage, l'averse, l'éclair et l'orage..." : "The PylGreff Project" de notre complice Philgreff (Zébra n°7) et un pote à lui troubadour, Pyl, combine illustration, musique et blog-bd. Chaque semaine, les deux artistes font fusionner leurs talents. Le duo a déjà publié quatre poèmes-illustrés-en-musique, non pas disponibles dans les bacs, mais sur le blog de l'un ou l'autre.

    + Mécontents de leurs conditions de travail et désireux de se venger, deux sculpteurs sud-africains, André Prinsloo et Ruhan Janse van Vuuren, à qui une statue de Nelson Mandela avait été commandée, ont glissé, non pas une quenelle, mais un petit lapin en bronze impertinent dans l'oreille de Mandela. "Courrier international" ajoute que ce type de vengeance fut pratiqué par Michel-Ange. Certains historiens d'art soupçonnent le même type de procédé dans la fameuse "Ronde de nuit" de Rembrandt. 

    + Lerapideduweb, tel un scout d'agence en quête de nouveaux talents pour poser dans les magazines, est sans cesse en quête de nouveaux blogs-BD ; ce coup-ci il a découvert et recommande "Les folles aventures", qui met en scène un poney plutôt débridé.

    + Huit parlementaires viennent de créer une asso. pour la promo. de la BD, le "cercle Philémon", du nom du célèbre héros platonicien créé par Fred. Si ça se trouve au lieu de députés et sénateurs piquant un petit roupillon en séance, on les verra lire des BD (patriotiques), donnant ainsi une meilleure image de la nation.

    + Le dessin de la semaine est de Joann Sfar ; c'est un euphémisme de dire qu'il compte plusieurs cordes à son arc ; après le roman, dernièrement, voici qu'il fait un détour par le dessin de presse. Fervent supporter de François Hollande au début de son mandat, Sfar s'amuse à le dessiner désormais dans toutes les positions du kamasoutra. Après tout la croissance promise par les élus est surtout une question de désir...

     

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  • Festiblog 2013

    ...ça y est, je viens enfin de terminer d'encrer mon reportage-BD sur le Festiblog 2013 (28-29 sept.), où je me rendais pour la première fois, en curieux.

    - Le festival se tient dans la cour de la mairie du IIIe arrondissement (dont le maire, Pierre Aidenbaum,
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    - L'ambiance du festival est bon enfant et "geek-friendly" ; ce n'est pas mon cas (je n'ai encore jamais envoyé de SMS de ma vie et je préfère les crayons de couleur à Photoshop), donc j'essaie de me faire le plus discret possible pour ne pas me faire repérer trop vite.

     

    - Les longues files pour obtenir des dédicaces font penser aux longues files pour aller communier dans les célébrations eucharistiques. De fait, quelques dessinateurs ont des têtes de curés qui s'ignorent. Je suis curieux d'observer la réaction de F. Dupré-Latour dans cette situation, mais je n'ai pas le courage de faire la queue.

    - Je m'aperçois que des photocopies de dessins de Boulet ont été placardées un peu partout. Il doit être "en résidence", ou quelque chose comme ça. Je déconseille son style "pattes de mouche", surtout à ceux qui bossent surtout sur le web.

     

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    Alors que je m'apprête à repartir, je distingue au loin la silhouette caractéristique de Bastien Vivès qui dédicace à tire-larigo (en plein milieu d'un dimanche ensoleillé !), probablement pour pallier le déficit d'activité sexuelle caractéristique du jeune mâle occidental moderne (cf. M. Houellebecq), et pourquoi les jeux vidéo à base de M-16 et de grosses cylindrées sont aussi faits.

    Ainsi s'achève mon reportage, sur une note un peu pessimiste ; j'espère que Bastien Vivès ne deviendra pas le Bertrand Cantat de la bande-dessinée !

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  • La Colonne****

    La colonne de six-cent tirailleurs africains commandée par les capitaines Voulet et Chanoine s’enfoncewebzine,bd,gratuit,zébra,bande-dessinée,fanzine,critique,kritik,la colonne,dabitch,dumontheuil,voulet,chanoine,lemoine,boulet,venance konan,frantz fanon,colonisation,ingérence,royaume mossi,ouagadougou,niger,tchad,tirailleurs,africains,tarantino,django unchained,syphillis,thomas d'aquin, en territoire tchadien, massacrant, tuant et pillant afin d’étendre le terrain de chasse de la France en Afrique (1899).

    Dabitch et Dumontheuil (Futuropolis) ont choisi de relater en deux tomes cette expédition coloniale où le paroxysme de la bestialité fut atteint ; ce chapitre sanglant fut d’abord éclipsé par l’affaire Dreyfus, avant d’être couvert par l’omerta.

    La colonne infernale, non seulement rasa un village tchadien de 10.000 âmes, violant et décapitant sur son passage, mais sa folie l’a en outre entraînée à sa propre perte et destruction : le manque de témoignages directs a obligé les auteurs, dans un souci d’exactitude, à changer les noms de Voulet et Chanoine en Boulet et Lemoine, non sans humour (en effet, comme le souligne le caricaturiste Gustave Jossot, l’alliance du sabre et du goupillon persiste sous le régime républicain ; la morale chrétienne ayant été fondue pour donner l’éthique républicaine, tel le métal d’une monnaie dévaluée pour frapper la nouvelle). Le vide historique permet au scénariste l’invention, dans un cadre politique et militaire dont les tenants et aboutissants sont connus.

    L’Etat-major a été averti des exactions particulièrement violentes commises par la mission par un de ses officiers subalternes. Voulet et Chanoine avaient du crédit ; ils s’étaient illustrés auparavant dans la conquête du royaume Mossi (Ouagadougou) et du Niger ; et, quand l’ordre fut donné de mettre un terme à leur entreprise de conquistadors sanguinaires, combinant les méthodes de la guerre tribale et celles du combat occidental, pour engendrer le pire, il était trop tard.

    Coïncidence ou pas, cet album paraît au moment où la France redéploie ses troupes en Afrique et envisage de les « projeter » (sic) en Syrie. Il n’est certes pas interdit de faire des parallèles entre l’aube du XXe siècle où se situe l’expédition relatée dans cette BD, et l’aube du XXIe siècle où nous sommes. L’histoire, bien qu’elle semble se répéter, ne vaut que pour les leçons qu’on peut en tirer à présent – sans quoi elle n’est que la recherche du temps perdu.

    On peut penser que ce n’est pas un hasard si l’écrivain ivoirien Venance Konan, auteur de la préface de « La Colonne », cite Frantz Fanon : « L’Europe a fait ce qu’elle devait faire et somme toute elle l’a bien fait. Cessons de l’accuser mais disons-lui fermement qu’elle ne doit plus continuer à faire tant de bruit. Nous n’avons plus à la craindre, cessons de l’envier. Le tiers-monde est aujourd’hui en face de l’Europe comme une masse colossale dont le projet doit être d’essayer de résoudre les problèmes auxquels cette Europe n’a pas su apporter la solution. »

    Les bons sentiments anticolonialistes n’ont en effet pas mis fin au droit d’ingérence occidental, qui fait flèche de tous bois, c’est-à-dire prend pour prétexte les diverses variations sur le thème de la civilisation (on trouve déjà chez saint Thomas d’Aquin au moyen âge une justification théologique de l’ingérence).

    Le parallélisme est frappant entre l’ignorance de la population française métropolitaine au sujet d’opérations militaires menées en son nom, hier comme aujourd’hui. Le citoyen lambda, à qui on reproche souvent son indifférence vis-à-vis de la politique étrangère, en réalité n’est informé des faits que longtemps après qu’ils se sont déroulés, ce qui donne de la part des gouvernements ou des chefs d’Etat plénipotentiaires le sentiment qu’ils se comportent en somnambules ; à propos des questions coloniales ou de politique étrangère, la démocratie semble schizophrène, plus qu’en aucun autre domaine.

    Or le scénario de Dabitch ne tombe pas dans le prêche moralisateur, permettant de se donner bonne conscience à peu de frais ; le piège tendu par certains ouvrages, d’une relecture du passé à l’aune des nécessités éthiques du moment, est évité. Ainsi le « bon noir » n’est pas opposé au « vilain blanc », selon la recette du dernier film, littéralement ordurier, de Q. Tarantino (Django Unchained). Le procédé est non seulement manichéen, mais il empêche autant que le préjugé raciste de s’interroger sur la nature humaine en général, et l’instinct de prédation particulier.

    Quelques mots sur le dessin ; le style de N. Dumontheuil, pas très éloigné de celui de Franquin ou Morris, est particulièrement expressif. Ajoutée à cette expressivité, la colorisation dans des tons soutenus rend très bien l’aspect de violence militaire sadique de l’expédition, à la limite de la jouissance sexuelle. Cela tend presque à confirmer l’hypothèse de la syphilis, par laquelle Chanoine et Voulet, grands consommateurs de femmes, auraient été infectés, et qui n’aurait fait qu’accroître leur férocité.

     La Colonne, par Dabitch et Dumontheuil, Futuropolis, 2013.