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esclavage

  • Le Strip de Lola

    (par Aurélie Dekeyser)

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  • Chantier interdit au public***

    Le soupçon qui pèse sur la presse de manquer d'indépendance stimule la production de reportages en BDwebzine,bd,gratuit,fanzine,zébra,bande-dessinée,critique,claire braud,casterman,btp,sociorama,politiquement correct,esclavage,exploitation,antiracisme ; nous avions fait ici l'éloge de "La Banlieue du 20h" (Casterman), qui explore les coulisses peu reluisantes de la fabrique de l'info sur un sujet dont l'enjeu politique est majeur... incitant à s'interroger sur le rôle du mensonge dans la démocratie moderne.

    Dans la même collection, Sociorama, Claire Braud met son dessin expressif (c'est une qualité requise pour faire du bon reportage-BD) au service d'une enquête sur les conditions de travail dans les bâtiments et travaux publics (BTP). Le terme d'esclavage ne paraît pas ici excessif pour résumer dans quelles conditions les ouvriers noirs et arabes sont triés et dirigés sur les chantiers en France.

    Le travail dans les champs de coton de Louisiane était peut-être plus pénible encore ? ou dans les mines de Mittal actuellement en Ukraine ? sur les chaînes de fabrication des gadgets électroniques destinés aux clients occidentaux en Chine ? On peut toujours établir des nuances et des degrés dans l'esclavage - il y en a. De même il est difficile de situer la limite de l'abus, dans une société où l'éloge du travail et du sacrifice sont quasi-systématiques -de sorte que l'abnégation est parfois volontaire ; certains salariés se tuent à l'ouvrage de leur propre chef.

    On peut déduire de cette enquête de terrain que l'antiracisme en vigueur est surtout une façon de se donner bonne conscience. Le reportage montre que les précautions de langage antiracistes ont cours aussi sur les chantiers, où on ne parle pas de "nègres" ou de "bicots", mais plus gentiment de "boubous" et "d'Arabes" - autrement dit le fait de l'exploitation réelle s'accommode parfaitement de la contrainte du "politiquement correct".

    Le métier de contremaître aujourd'hui n'est sans doute pas une chose aisée , en effet, outre l'aptitude à conduire les travaux et diriger les travailleurs avec la brutalité que les matériaux et les délais imposent, il faut être capable de transgresser la norme tout en feignant de la respecter. Ainsi les Africains sont appréciés sur les chantiers en raison de leur docilité (certaines races sont plus dociles que d'autres, suivant une nomenclature tacite), de leur résistance physique et de leur discipline, mais aussi de leur réticence à appliquer des normes de sécurité trop complexes, qui ont pour effet de retarder les chantiers et de faire perdre de l'argent aux cartels du BTP.

    La BD de Claire Braud est sans doute utile à la veille du chantier pharaonique des Jeux olympiques à Paris, promu à l'aide de tout le savoir-faire "politiquement correct" requis (l'exhibition assez indécente de personnes handicapées, sachant combien pèse la frénésie concurrentielle dans le bilan des accidents du travail et de la route).

    Chantier interdit au public, par Claire Braud, ed. Casterman, 2017.

  • Revue de presse BD (199)

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    + Parution récente d'une petite anthologie de l'humour des esclaves noirs américains, "Le Rire enchaîné" (éd. Anacharsis) ; l'ouvrage est traduit et préfacé par Thierry Beauchamp ; celui-ci précise bien que ces petits contes font partie du folklore des esclaves et non de la propagande abolitionniste ; grâce à ces petites histoires, colportées oralement et mettant le plus souvent en scène l'esclave et son maître, les esclaves oubliaient un instant leur condition servile et pénible.

    Dans sa préface, Th. Beauchamp rappelle aussi ce que fut l'esclavage dans le Sud des Etats-Unis ; ce rappel s'écarte parfois des idées reçues ; ainsi, en raison de leur valeur économique, les esclaves noirs n'étaient pas toujours maltraités par leurs maîtres blancs ; les esclaves noirs représentèrent jusqu'à 14% de la population américaine et contribuèrent à la croissance économique rapide de cette nation.

    On peut d'ailleurs télécharger cette anthologie gratuitement à cette adresse.

    + Né le 5 Juillet 1916 à Paris au domicile de ses fondateurs Jeanne et Maurice Maréchal, "Le Canard enchaîné" a récemment fêté ses cent ans, peu après le décès de Cabu, qui était devenu son dessinateur-phare ; à cette occasion, la bibliothèque du centre Pompidou organise une projection du film "Aux quatre coin-coins du canard" (1986), suivie d'une rencontre avec les journalistes du "Canard" le 5 octobre à 17h (entrée libre).

    + Reportées pour cause de "menace terroriste", les 6e Rencontres internationales des dessinateurs de presse auront finalement lieu bientôt au Mémorial de Caen, du 9 au 11 sept. On peut s'étonner du choix d'un lieu de culte pour la tenue de ce colloque sur le dessin de presse (l'histoire ne se fait pas à coups de célébrations).

    Comme une conférence du politologue Antoine Sfeir figure au programme de ces journées (?), je relève cette formule satirique visant ce journaliste franco-libanais : "Le Sfeir à repasser de Ben Ali".

    + Le latin n'est plus enseigné sérieusement au collège et au lycée depuis plusieurs années déjà, et ne sera bientôt plus su que de quelques spécialistes (si ce n'est déjà le cas) ; une poignée d'universitaires a publié pour tenter d'y remédier une BD, "Murena, Ex Arena et Cruore". Ces latinistes arguent que l'on peut apprendre en s'amusant ; ils s'avancent derrière une jolie formule du poète Lucrèce : "Il est bon d'enduire de miel la coupe amère du savoir."

    L'argument de l'absence d'utilité est souvent employé contre l'enseignement du latin ; l'argument ne vaut guère, car des tas de choses inutiles sont enseignées à l'école (comme l'éducation civique, qui n'a pas valeur d'exemple, les règles du hand-ball et la solution des équations complexes), tandis que des tas de choses utiles n'y sont pas enseignées (comme le dessin, qui permet de mieux voir les choses telles qu'elles sont).

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  • Pétrole ou idées ?

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    Signé LB

  • Soraïa***

    La trêve des éditeurs de BD, qui mettent un peu moins de nouveautés sur le marché en ce moment,webzine,bd,gratuit,fanzine,zébra,bande-dessinée,critique,critik,soraia,maroc,renaud de heyn,islam,forain,belge,rif,cannabis,théologie de la libération,athéisme,croquis,carnet de voyage,grandpapier permet de découvrir des albums qui ne sont plus au rayon « primeurs » des libraires.

    Le Belge Renaud de Heyn, auteur de Soraïa, est versé dans les carnets de voyages qu’il a rapportés des quatre coins du monde et qu’il publie sur le site Grandpapier. Son style, plus proche du croquis, nous éloigne du style académique de la bande-dessinée, parfois un peu trop rhétorique et asservi à la démonstration que la bande-dessinée est « un art comme les autres ». R. de Heyn parvient à accommoder sa technique au récit, qui n’est pas ici de fiction, mais plutôt une sorte de portrait-charge de la société marocaine. Soraïa est en effet une jeune paysanne marocaine vendue comme bonne à une famille bourgeoise citadine, et que son frère veut sauver des griffes de ses nouveaux maîtres. Cette démarche aventureuse pour un jeune paysan qui ne connaît pas les règles s’appliquant au-delà de son village du Rif, où la culture du cannabis est un moyen d’enrichissement plus efficace que l’élevage des chèvres, instruit le lecteur des aspects les moins reluisants de la société marocaine.

    Les représentants d’un islam « intègre » croisés par le jeune paysan au cours de son périple, tirent de cette traite de jeunes filles paysannes (plusieurs dizaines de milliers seraient concernées) un argument de mobilisation contre la corruption des élites marocaines citadines « occidentalisées ». C’est ici un aperçu sur un islam activiste proche des méthodes et arguments de la théologie de la libération marxiste en Amérique du Sud. L’athéisme, qui revêtait dans les mouvements révolutionnaires ouvriers en Europe un aspect contestataire des valeurs bourgeoises, n’a pas de prise sur des consciences paysannes pour qui l’athéisme est au contraire une valeur bourgeoise.

    Cette BD n’est pas sans rappeler la charge plus violente encore de certains artistes contre la traite similaire que subirent de jeunes paysannes issues des provinces françaises au XIXe siècle du fait de la bourgeoisie industrielle (en particulier Forain).

    Le cas des jeunes Africains sans ressources ni emplois qui franchissent la Méditerranée pour vendre leur force de travail à l’étranger n’est pas abordé ici, mais on ne peut s’empêcher de penser que, décidément, l’ère industrielle rime avec esclavage.

    R. de Heyn se contente de rapporter des faits et de les mettre en scène, sans militer dans un sens ou un autre. Sa BD est plus neutre que d’autres, sur le sujet des « révolutions arabes », qui traduisaient une vision occidentale assez manichéenne de ces révolutions, masquant le lien entre les politiques économiques occidentales et maghrébines.

     Il ne faut pas s’étonner du caractère utopique ou religieux des mouvements révolutionnaires, dans la mesure où le plan social, dès qu’on l’étudie de près, apparaît limité à des rapports de domination ou de soumission, plus ou moins consentis par tous.

    Soraïa, Renaud de Heyn, Casterman, 2012.

  • Revue de presse BD (51)

     

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    + L'engouement pour le mariage est "rétro" en diable, comme les illustrations de Jean Jullien, qui rappellent l'affichiste des années 50 Raymond Savignac. Bientôt la moustache et le képi seront de nouveau dans le vent, qui sait ?

    + Le blogueur François Forcadell (Iconovox) râle tous azimuths contre la disparition du dessin de presse ; "(...) le dessin de presse voit éclore une nuée de dessinateurs qui, lorsqu'ils ne plagient pas des graphismes déjà existants, ne s'embarrassent d'aucun talent pour paraître, sans jeu de mot." On ne reprochera pas à Forcadell de râler, mais de se contredire, puisqu'il fait par ailleurs grief à la presse d'être de plus en plus fermée, si ce n'est hostile, au dessin de presse. Le web autorise donc ce que la presse ne permet plus. Le fait des dessinateurs de presse qui dessinent "vaguement" n'est pas nouveau: que je sache, Wolinski ou Charb ne sont pas nés de la dernière pluie.

    Puisque Forcadell suggère la comparaison avec une autre époque, plus riche en dessins de presse et en publications impertinentes, j'observe pour ma part la disparition des gazettes anarchistes ou sans étiquette politique. Cela peut expliquer en partie le désintérêt du public pour ce qui revient à une partie de ping-pong "gauche-droite".

    + D. Pasamonik ose un thème intéressant dans son webzine Actuabd: l'embellissement de la guerre par la bande-dessinée, et cite quelques exemples probants de matériel de propagande. La proposition de Walter Benjamin citée, de "politiser l'art" pour contrecarrer l'esthétique guerrière, en revanche, sonne comme une blague, puisque aucune politique ne peut se passer du soutien des armes. Proclamer la guerre "éthique" revient d'ailleurs exactement au même que la rendre "esthétique"; ces deux notions sont indissociables. De W. Benjamin, je préfère: "Quand les prostituées s'appelleront "travailleuses du sexe", alors le travail sera devenu un esclavage.", opposable au "23 Prostituées" de Chester Brown.

    + Sans doute pour montrer que l'amour est une corrida, les organisateurs du dernier Salon de la BD de Nîmes avaient prévu d'installer leur expo. sur la BD érotique au toril des arènes de la ville.

    + Le dessin de la semaine est aussi de Jean Jullien, extrait du blog tumblr "News of the Times"; il suggère une idée du mariage un peu moins édifiante que la précédente...

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  • J'aime pas la crise***

    On s'étonne parfois à l'étranger du tempérament "râleur" des Français. Non seulement la vie est atroce, webzine,gratuit,zébra,bd,bande-dessinée,caricature,marc large,alévêque,crise économique,critique,kritik,zombi,français,esclavage,aristote,travail,voltaire,hoëbekemais il faudrait faire bonne figure, être content de subir la dictature de la vie, la pire de toutes, puisque toutes les autres en dépendent !?

    Si appliqué aux choses vaines (travail, famille, patrie), l'étranger ne se rend pas compte que cette absence de décalage le prive de l'humour, et qu'il se laisse ainsi complètement instrumentaliser par la vie. Adolescent, j'ai passé quelques semaines dans le Nord de l'Allemagne: c'est dingue comme ils prennent la vie au sérieux dans ces contrées ! C'était la première fois que je voyais des cours de ferme propres.

    L'introduction de l'humour dans les milieux ouvriers, principalement déportés en Asie aujourd'hui, pourrait avoir pour effet de les dissuader de s'adonner à cette tâche pour laquelle l'homme n'est pas fait, comme dit Aristote : le travail (ce qui lui vaut les railleries du Prussien esclavagiste Voltaire).

    C'est ce que j'ai pensé en feuilletant le dernier album de Marc Large: comme l'esclavage est largement délocalisé aujourd'hui, la principale tâche des pays riches étant d'absorber les fruits de la croissance, il faudrait larguer des caisses de cette BD au-dessus des pays où l'esclavage sévit. Ils verraient que la crise n'empêche pas les Français de se marrer. Bien sûr, on est tous conscients que nous devons des tonnes de milliards aux dirigeants des dictatures où la sueur et le sang sont meilleur marché. Peut-être seront-ils ainsi renversés bientôt, à cause du défaut de paiement de nations mieux armées qu'eux ? Leurs têtes coupées, voire pire encore. Mais bon, c'est la vie, et ce n'est pas en lui léchant le cul, ni en faisant les trois 8 qu'on trouvera une solution.

    Le paradoxe de cet album est de mélanger des dessins humoristiques qui prennent le parti de rire de la crise économique, qui n'est jamais que le symptôme du vieillissement d'un système, avec des bafouilles de Christophe Alévêque, qui manquent de sérieux. L'humour est un truc sérieux. Voyez les universités : elles sont remplies ou presque de statisticiens, c'est-à-dire de prévisionnistes, qui ont été les premiers surpris par l'aggravation subite de la crise. Donc pleine de gens pas très sérieux. Tout en étant parfaitement sinistres, comme il vous suffit de vérifier en ouvrant la télé sur la première émission consacrée par de doctes experts à la question économique.

    M. Alévêque prétend que les patrons se servent de l'argument de la crise pour baisser les salaires et rogner les primes. Evidemment, je comprends que le type qui a pris un crédit sur trente ans pour s'acheter un pavillon puisse être emmerdé. Mais, s'il avait eu des instituteurs un peu plus responsables, ils lui auraient enseigné à se méfier des banquiers comme de la peste. C'est donc plutôt un problème d'éducation. La réalité des catastrophes engendrées par la mécanique économique au cours des derniers siècles est bien différente de ce que décrit M. Alévêque. Elle vient bien de la foi inébranlable dans la croissance économique et l'éternel retour du profit.

    "J'aime pas la crise", M. Large et C. Alévêque, éd. Hoëbeke, 2013.

    (Zombi - leloublan@gmx.fr)

     

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