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  • Dessiner le quotidien***

    La Hollande au Siècle d'orwebzine,bd,zébra,fanzine,gratuit,bande-dessinée,dessin,hollandais,quotidien

     

    Quelquefois les catalogues d'exposition font regretter de ne pas s'être déplacé pour admirer les «oeuvres originales», expression qui prend tout son sens s’agissant des dessins hollandais du XVIIe siècle (conservés et exposés récemment au musée du Louvre). On sait l'importance du dessin pour les amateurs d'art éclairés, mais on ne la comprend pas toujours : l’économie de moyens permet d’approcher le cœur de l’artiste.

    Ces scènes de genre ont été divisées en scènes de la vie quotidienne à la campagne, ou en ville ; certains dessins illustrent aussi de façon précise des métiers ou des techniques disparus.

    Quelques scènes ont une tonalité satirique et montrent les travers de la société.

    Des causes religieuses sont parfois invoquées pour distinguer cette petite peinture intimiste hollandaise, discrète, de la grande peinture italienne brillante. Il est vrai que certains théologiens ou pasteurs réformateurs protestèrent contre la grande peinture italienne, cautionnée par l'Eglise catholique et prisée de riches commanditaires désireux d'en mettre plein la vue.

    Cependant il ne faut pas sous-estimer l'argument climatique de Montesquieu, plus concret ; celui-ci souligne les contraintes matérielles qui pèsent sur l'art et les artistes, différentes suivant les pays ou les régions (on ne peut pas peindre à fresque dans les pays humides).

    La nature, toujours épanouie en Grèce ou en Italie, a plus d'influence sur l'art qu'elle n'a en Hollande ou en Allemagne où on a tout le loisir de se pencher sur la psychologie et les relations humaines.

    Si l'art hollandais est plus psychologique, plus littéraire que l'art italien, il n'en repose pas moins sur le dessin et la capacité que les Hollandais ont en commun avec leurs confrères italiens de dessiner des figures qui paraissent vivantes. La méthode de l'apprentissage du dessin d'après le modèle vivant était alors encore vivace dans toute l'Europe.

    Un grand maître du dessin, tel Rembrandt, côtoie ici de moins grands, comme Maes ou Dusart, voire de petits maîtres inconnus comme Th, Matham ou J. van de Velde.

    Dessiner le quotidien - La Hollande au Siècle d'or, catalogue sous la direction d'E. Brugerolles et O. Savatier-Sjöholm, éd. Lienart, 2017.

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    Scène de taverne (par Adriaen Van Ostade)

  • Revue de presse BD (207)

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    Portrait G. Brassens par Zombi

    - Le magazine "L'Eléphant", dédié à la "culture générale", propose dans son dernier numéro un dossier sur Georges Brassens (1921-1981) ; sa biographe Clémentine Deroudille, auteur en 2011 de "Brassens, le libertaire de la chanson", y est interviewée :

    - Brassens entretient aussi un rapport très ambigu à la religion et à la foi catholique... - Un rapport plus qu'ambigu, même ! Il n'en parlait jamais, sauf qu'on a retrouvé des notes, des crucifix, la Bible, dont il connaissait des passages par coeur. Il se disait anticlérical, mais il avait les Evangiles sous l'oreiller. Il y a plein de choses très contradictoires.

    Contradictoire ? Voire... L'anticléricalisme du Christ ne le conduisit-il pas à être jugé et condamné à mort par le clergé de son temps ? Le philosophe réac Nietzsche vitupérait d'ailleurs l'anarchie et le christianisme en même temps : "L'anarchiste et le chrétien ont une seule et même origine."

    - A l'occasion d'une expo autour de Dali (à l'Espace Dali), le magazine "Beaux-Arts" (novembre 2016) a interviewé Joann Sfar, qualifié de "très prolifique auteur de bande-dessinée".

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    J. Sfar est aussi très bavard ; on apprend pêle-mêle dans cette interview que cet auteur de BD fut "réac" à ses débuts, préférant le dessin figuratif à la peinture abstraite (la peinture de Dali prouve que cette opposition n'a pas beaucoup de sens) ; Sfar raconte qu'il aime non seulement Dali, mais aussi Chagall et Wim Delvoye ; en revanche, il trouve Bonnard morbide ; il écoute Franck Zappa en dessinant ; il vient d'accepter d'être prof aux Beaux-Arts de Paris (Ensba).

    Le même numéro de "Beaux-Arts" s'interroge sur l'opportunité de réhabiliter le peintre Bernard Buffet (1928-1999), actuellement exposé au Musée d'art moderne. Parfois qualifié de "kitsch" ou d'artiste mondain, Bernard Buffet était moins apprécié en France qu'au Japon. Salvador Dali le surnomma surnommé "Bernard Buffet froid" ; comme Dali lui-même a souhaité que son corps soit congelé après sa mort, on peut se demander si l'art contemporain n'est pas un cortège de cadavres exquis ?

    + Le musée Jacquemart-André propose une exposition intitulée "Rembrandt intime" (jusqu'au mois de janvier), autour de trois tableaux de la collection de ce musée parisien (VIIIe), augmentée de nombreux prêts. Ce titre est un poncif, car la peinture des peintres du Nord de l'Europe est la plupart du temps plus "intimiste" que celle des peintres méridionaux (soumis à des contraintes climatiques différentes). Les commissaires de l'expo ont souhaité mettre en lumière les différents procédés techniques du peintre.

    La peinture de Rembrandt est exemplaire de l'idéal moderne dans la mesure où le peintre, sa biographie, son itinéraire personnel, passent avant son art. Ainsi, le critère ancien de la beauté ne compte guère dans l'oeuvre de Rembrandt, agité par des préoccupations plus littéraires. C'est peut-être parce que Rembrandt pose un regard clinique sur les corps de ses modèles que Baudelaire a comparé son art à "un triste hôpital rempli de murmures" ?

    L'historien d'art Jan Blanc a rédigé il y a quelques années un ouvrage didactique très clair ("Dans l'atelier de Rembrandt", Citadelles & Mazenod) qui permet de comprendre la technique de Rembrandt et de se familiariser avec les méthodes en vigueur dans sa petite académie (source de revenus non négligeable).

    + Le chanteur-compositeur américain Bob Dylan s'est vu décerner le prix Nobel de littérature en Suède, ce qui a déclenché des concerts d'approbation, quelques sifflets, et l'indifférence du principal intéressé. Ce prix littéraire est surtout connu en France pour avoir été refusé par Jean-Paul Sartre.

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    (Dessin de Micaël)

  • Revue de presse BD (182)

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    Le chef d'entreprise, par Georges Grosz (1893-1959)

    + "Quand le philosophe Max Horkheimer, un des fondateurs de l'école de Francfort, demanda à Georges Grosz de s'impliquer dans la fondation d'une nouvelle démocratie sociale, il refusa en invoquant le caractère artistique de son travail. Il ne voulait pas illustrer la ligne politique d'un parti, même démocratique. Avec cette réponse, Grosz sortait l'art de la société, mais il voulait surtout indiquer son opposition radicale à toute forme de propagande par l'image." In : "L'art et l'histoire de la caricature" ; cet ouvrage de Laurent Baridon et Martial Guédron (éds Citadelles & Mazenod) est un des rares traitant de l'histoire de la caricature disponibles. Abondamment illustré, ce volume est inégal sur le fond. Les chapitres traitant de la caricature contemporaine et de son déclin, en particulier, sont faibles, négligeant les principales modalités de la censure de la presse et de l'art depuis la Libération.

    + Sur son blog, François Forcadell mentionne l'échec d'une vente aux enchères de dessins de presse (5 mars). En dépit de la présence dans le catalogue de dessins de Cabu, Effel, Loup, Bellus, Morez, Piem, Siné, Tetsu, les enchères n'ont pas dépassé quelques centaines d'euros par dessin, bien loin des montants atteints par des planches originales de BD lors de ventes récentes.

    Plusieurs explications possibles, hormis l'incompétence des organisateurs de cette vente, qui n'est pas à exclure : - le public du dessin de presse est de plus en plus restreint, tandis que celui de la bande-dessinée s'est élargi. Les acquéreurs de planches originales à prix fort achètent du rêve, un morceau de madeleine de Proust ; la satire ne joue pas sur ce registre fétichiste, et les amateurs de dessins de presse sont les mieux placés pour le savoir. D'une certaine façon il est logique que le dessin de presse ne participe pas au phénomène de spéculation surréaliste auquel on assiste.

    + Parmi les collectionneurs fétichistes, certains ont plus de flair que d'autres, comme Bertrand Gautier qui a acquis aux Etats-Unis au mois de septembre dernier un Rembrandt pour quelques centaines d'euros (revendu 870.000 dollars), ayant reconnu la main du maître sous une couche de vernis jauni. Il s'agit d'une oeuvre de jeunesse de Rembrandt, faisant partie d'une série illustrant le thème des cinq sens (en l'occurrence le "Patient évanoui" ou l'Odorat).

    + Le musée des arts décoratifs de Paris organise en ce moment l'exposition "De la caricature à l'affiche" ; hier comme aujourd'hui, nombreux sont les caricaturistes qui ont été contraints pour subsister de dessiner des réclames, ce qui revient à concilier deux activités, satire et propagande, les plus antagonistes ; la publicité façonne désormais les moeurs du plus grand nombre ; c'est la religion qui compte le plus d'adeptes.

    Au XIXe siècle, le grand écart était sans doute moins grand qu'il n'est aujourd'hui, en particulier depuis la Libération, en raison de la mainmise croissante des industriels sur la presse depuis ce temps.

    + Le Comité canadien pour la liberté de la presse organise son 16e Concours de dessin "editorial", sur le thème du droit d'être oublié (par Google). Ce comité suggère que la protection de la vie privée pourrait être un prétexte de censure gouvernementale d'Internet. Le prix est doté de 2000 dollars canadiens, et les dessins peuvent être envoyés jusqu'au 1er avril.

  • Le Caravage*

    Milo Manara compte pas mal d’admirateurs parmi les adolescents adeptes des pratiqueswebzine,bd,zébra,gratuit,fanzine,bande-dessinée,critique,kritik,milo manara,le caravage,hugo pratt,giuseppe bergman,poussin,stendhal,ruskin,tintoret,rembrandt,picasso masturbatoires. Il a en effet bâti sa carrière sur son habileté à dessiner des femmes nues, sous toutes les coutures, dans des bandes-dessinées érotico-pornographiques sans cesse rééditées. Parfois Manara ajoute une pointe d’humour à son propos égrillard.. Avant M. Houellebecq, il a suggéré de façon ironique que le tourisme sexuel est la première motivation des Occidentaux qui voyagent dans les pays du tiers-monde, sous divers prétextes—l’aventure, une cause humanitaire, etc.  (cf. « Giuseppe Bergman »), se moquant au passage de son ami Hugo Pratt, globe-trotteur invétéré qui avait « une femme dans chaque port ».

    C’est une tâche bien différente que lui a confié Glénat, de mettre la vie du peintre et propagandiste catholique Caravage en scène, et le résultat est, il faut bien dire, un ratage complet.

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  • Revue de presse BD (144)

     Extraits de la revue de presse illustrée publiée chaque semaine en intégralité dans l'hebdo Zébra.

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    Wilhelm Busch, auteur de Max & Moritz, est né de l'autre côté du Rhin en Basse-Saxe, la même année que "notre" Gustave Doré (1832) avec qui il possède quelques points communs. Le ton et le style de Busch ne sont pas sans rappeler quelques auteurs français, tel Jules Renard ou Christophe (dont les personnages de "Plick et Plock" ne sont pas avares de farces cruelles et saugrenues à l'instar de Max et Moritz) ; comme Tomi Ungerer bien plus tard, W. Busch n'est pas un pédagogue. Contrairement à G. Doré qui choisit avec opportunisme d'illustrer des "classiques" de la littérature (et perdit peut-être sa force dans cet exercice), W. Busch illustre sa propre poésie modeste et sardonique.

    C'est un lieu commun de dire que W. Busch est un précurseur de la bande-dessinée ; plus intéressant de remarquer son influence sur les comics américains

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  • Culturisme

    Aujourd’hui le Caravage (Michelangelo Merisi - 1571-1610) est en bonne place dans le Top 50 des
    webzine,bd,gratuit,bande-dessinée,zébra,illustration,peinture,le caravage,culturisme,peinture,poussin,tintoret,rembrandt,baudelaire,stendhal,clair-obscurs,laideur,pélerins d'emmaüsmeilleurs peintres -les "phares", comme dit Baudelaire. Mais ça n’a pas toujours été le cas. Le peintre français Nicolas Poussin (1594-1665) s’est montré parmi les plus durs, considérant le Caravage comme un peintre instinctif ou intuitif -c’est-à-dire un incapable aux yeux de Poussin, animé par un idéal élevé de la peinture, tendant plutôt vers la haute maîtrise. Stendhal note que le Caravage contribua à faire advenir le règne de la laideur en peinture, ce qui n’est guère plus élogieux.

    De la vie du Caravage, on ne sait presque rien: le meurtre commis par lui au cours d’une rixe est le point de départ de la légende dorée. Si le peintre a sans doute appartenu à l’un de ces partis d’Eglise ésotériques, mélangeant les symboles de la franc-maçonnerie et ceux de la religion chrétienne, il est probable qu’il y a joué un rôle secondaire, de simple propagandiste. Aucun artiste n’échappait à ces luttes d’influence au sein de l’Eglise en ce temps-là. Ces éléments ne permettent pas mieux de comprendre la peinture du Caravage.

    Si l’on peut trouver Poussin excessivement sévère à l'égard de son confrère, il n’en reste pas moins vrai qu’il y a un aspect bâclé dans la peinture du Caravage, tant du point de vue formel que celui des sujets traités. On est loin de la ferveur de Rembrandt, ou même du Tintoret, les poussant à illustrer des thèmes religieux bibliques sous un angle propre à inciter le spectateur à entrer dans le sujet, et à dépasser l’aspect purement décoratif de la peinture. Rembrandt néglige aussi la beauté (au sens platonicien), mais dans un but spirituel bien précis.

    On insiste parfois sur l’aspect marquant du clair-obscur, mais sa principale fonction est, dans les toiles de grand format, de permettre de les contempler à distance respectable en créant l’illusion du relief.

    Afin de travailler plus vite, contrairement à beaucoup de peintres, Le Caravage s’abstenait de croquis et dessins préparatoires sur des feuilles séparées. Il esquissait directement sur la toile, avant d’appliquer la peinture. C’est un des critères de Poussin pour le dénigrer: l’absence de recherche, et donc de méditation savante.

    Deux "savants" italiens ont récemment défrayé la chronique en annonçant la découverte d’une liasse de dessins de la main du Caravage, alors qu’on ne lui en connaissait aucun. Mais ce coup médiatique a fait long feu. Les savants ont rapidement été suspectés d’être des escrocs, et l’authentification de la liasse en question beaucoup plus difficile qu’ils l'avaient annoncé. Il n’est pas contestable, ni contesté, que le Caravage a reçu un solide enseignement académique auprès d’un maître. On ne saurait dessiner comme Le Caravage, qui plus est sur de grands formats, sans s’être exercé sérieusement au dessin. Les études peuvent dater de son apprentissage ; ou bien être un reliquat de l’atelier de son maître, de sa main et celles de divers élèves ?

    (Il est possible que le goût et l'habitude du cinéma explique la cote actuelle du Caravage. Nombre de ses toiles ont l'aspect caractéristique de ce repas partagé par Jésus-Christ avec les pélerins d'Emmaüs: à la fois spectaculaire, plein de détails pittoresques par lesquels l'oeil est attiré et où le peintre montre sa virtuosité de façon ostentatoire - on pourrait presque dire aussi une mise en scène du musée Grévin, avec ses mannequins de cire qui paraissent vivants.)