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Revue de presse BD (144)

 Extraits de la revue de presse illustrée publiée chaque semaine en intégralité dans l'hebdo Zébra.

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Wilhelm Busch, auteur de Max & Moritz, est né de l'autre côté du Rhin en Basse-Saxe, la même année que "notre" Gustave Doré (1832) avec qui il possède quelques points communs. Le ton et le style de Busch ne sont pas sans rappeler quelques auteurs français, tel Jules Renard ou Christophe (dont les personnages de "Plick et Plock" ne sont pas avares de farces cruelles et saugrenues à l'instar de Max et Moritz) ; comme Tomi Ungerer bien plus tard, W. Busch n'est pas un pédagogue. Contrairement à G. Doré qui choisit avec opportunisme d'illustrer des "classiques" de la littérature (et perdit peut-être sa force dans cet exercice), W. Busch illustre sa propre poésie modeste et sardonique.

C'est un lieu commun de dire que W. Busch est un précurseur de la bande-dessinée ; plus intéressant de remarquer son influence sur les comics américains

+ Le chroniqueur artistique du "Monde", Philippe Dagen, n'hésite pas à faire du peintre sévillan Diego Velasquez (1599-1660), exposé à Paris jusqu'au 13 juillet, l'un des trois plus grands peintres de l'art occidental, avec Picasso et Rembrandt. Une sélection étonnante, dans la mesure où elle unit trois artistes dont les motivations sont très différentes. Le chef de file de l'impressionnisme, le peintre Manet, précède "Le Monde" dans le dithyrambe du maître espagnol Vélasquez ; après un séjour à Madrid (1865), enthousiaste il le dit "le plus grand peintre qu'il y ait jamais eu", dans une lettre à Baudelaire, éloge probablement dû à la maîtrise technique du maître espagnol, et à son art de la composition. Baudelaire, justement, est l'auteur d'une célèbre sélection de peintres, opérée à travers le fameux poème "Les Phares" (in : "Les Fleurs du Mal", 1861), dans lequel il consacre une strophe à chacun des grands maîtres qu'il estime le plus : Rubens, Leonard, Rembrandt, Michel-Ange, Puget, Watteau, Goya et Delacroix. Son oeil exercé lui permet sans doute d'accoler à chacun d'entre eux une métaphore judicieuse (Rubens-oreiller de chair fraîche ; Puget-colères de boxeurs ; Goya-foetus qu'on fait cuire ; Rembrandt-triste hôpital tout rempli de murmures), mais son choix est également plus poétique que critique, en partie destiné à hisser son ami Delacroix au rang des plus grands. Aux dires de Baudelaire, le sens et le jugement artistiques de Delacroix n'avaient pas d'égal parmi ses contemporains ; au point que la critique d'art de Baudelaire est une retranscription assez fidèle du regard de Delacroix sur l'art. On constate que Vélasquez ne figure pas parmi les phares ; Baudelaire lui accorde cependant par ailleurs d'être l'auteur de portraits "spirituels et vivants" (1859).

Guillaume Kientz, commissaire de l'exposition Vélasquez, justifie l'absence des "Ménines", la plus célèbre composition du maître andalou ainsi : "On ne déplace pas une cathédrale".

+ "L'amendement Charb", à l'initiative de sénateurs communistes, et baptisé ainsi en hommage au rédacteur en chef de "Charlie-Hebdo", a été entériné le 2 avril ; le texte vise, plus largement, à mettre sous tutelle l'AFP, entreprise au bord de la faillite mais néanmoins rouage essentiel de la presse française. Le législateur répond à l'inquiétude concernant une activité en très forte récession, puisque la distribution quotidienne de titres de presse a chuté d'un quart au cours des dernières années. Fréquemment invoquée, la concurrence de l'Internet est une bonne excuse à la lâcheté éditoriale ambiante. L'amendement Charb offre une ristourne de 50% à  66% aux particuliers et aux entreprises effectuant des dons plafonnés à 1000 euros en faveur de petites entreprises de presse d'information politique ou générale (les fondations reconnues d'utilité publique peuvent d'ores et déjà recevoir des dons défiscalisés à hauteur de 75 %) ; l'amendement crée en outre le statut d'entreprise solidaire de presse d'information, pour venir en aide à certains titres de presse désargentés.

+ Joann Sfar est un touche-à-tout, une sorte de "peloteur d'art". De mémoire, Romain Gary, Platon, Georges Brassens, François Hollande, Serge Gainsbourg, "Le Petit Prince", l'ont inspiré. L'éclectisme de son choix semble indiquer qu'il est de ces auteurs qui, comme Proust, nous parlent d'eux à travers leurs passions successives pour tel ou tel. Il y a une manière chez Proust de consommer l'art, comme un paroissien consomme des hosties, qui représentent une sorte d'aliment mystique. Dernièrement J. Sfar s'est intéressé à P. Bonnard, célèbre peintre de baignoires. La baignoire est tout un symbole, car parfois l'homme moderne se noie dans un verre d'eau.

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