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FANZINE ZEBRA BANDE-DESSINEE ET CARICATURE

  • Histoire de dessiner

    Ceux qui ont raté comme moi l’exposition consacrée à Raphaël au Louvre pourront se consoler à l'aide du site du Louvre consacré au fonds des dessins. Cet outil formidable contribua il y a quelques années à me convertir à l’internet. Des dizaines de milliers de dessins ont été scannés et mis en ligne à la disposition du public.

    Le moteur de recherche est d’un maniement qui pourrait être plus simple, mais au bout de quelques minutes d’entraînement, il vous sera possible d’accéder aux dessins suivant l’angle que vous désirez : suivant l’auteur, bien entendu, mais aussi l’école ; vous pouvez encore choisir un thème ou un mot-clef précis : «lion», par exemple, si vous cherchez des exemples d’études de lion, du moyen-âge au XXe siècle. 334 dessins sont ainsi classés sous le nom Raffaelo Santi (Raphaël).

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    Sainte Marie-Madeleine lisant à plat ventre (Jules Romain)

    L’expo de la super star Raphaël aurait été l’occasion de redécouvrir un artiste passé de mode, élève de Raphaël, dont le nom a perdu une partie de son lustre au profit de nouvelles «têtes d’affiche» : Giulio Pippi/Romano (1492/99-1546), autrement dit "Jules Romain", dans la forme francisée, en usage du temps de Baudelaire : «(…)Car une grande peinture vénitienne jure moins à côté d’un Jules Romain, que quelques-uns de nos tableaux, non pas des plus mauvais, à côté les uns des autres.»

    En effet, bon nombre d’œuvres exposées étaient de la main de Jules Romain. Après avoir dit le plus grand bien du site de l’inventaire du département des arts graphiques, je n’en dirai pas autant du service de communication du Louvre, qui prend plus ou moins le chaland pour un crétin en mettant un (superbe) portrait de Raphaël, et le nom de ce peintre en avant, quand par ailleurs de dignes conservateurs répètent dans la presse et les médias leur souci de «pédagogie» vis-à-vis du public; sans compter les expos à thèmes, de plus en plus fréquentes, comme il y a des parcs «à thèmes» (la mélancolie, crime et châtiment, les bohémiens, etc.).

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    Triomphe de Scipion et sacrifice d'éléphants (Jules Romain)

    Il ne faut pas avoir honte de s’intéresser au dessin ancien. Le dessin est indémodable, et l’engouement pour celui-ci n’a jamais faibli depuis la fin du XIIIe siècle en Europe, époque où le papier se répandit. Le développement de l’imprimerie, puis de la presse, a joué en sa faveur, tandis que d’autres arts d’apparat, comme la peinture, ont beaucoup moins bien résisté au bouleversement des mœurs et des institutions en Europe. Moins esthétique et bluffant que la peinture, le dessin est également beaucoup moins codifié. La distance entre les époques et le fossé entre les classes sociales est moins grand.  D’ailleurs, s’ils n’avaient été soumis à la nécessité d’épater la galerie, certains artistes du XXe siècle auraient sans doute pu se contenter de carrières de dessinateurs, tel Dali ou Picasso, dont on ne peut pas dire que la technique des couleurs soit bouleversante.

    Pas peu fier de son talent, Picasso s’est vanté d’avoir très jeune su dessiner aussi bien que Raphaël. Si le propos du maître espagnol n’est pas loin du "concours de bite", il témoigne du prestige de Raphaël à travers les siècles. Mais ce sont plutôt les dessins de la maturité de Picasso qui témoignent d’une liberté de trait et d’une simplicité proche de Raphaël ou Jules Romain.

    (par Zombi)

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    (Groupe de pêcheurs - copie d'après Jules Romain)


  • Les Bidochon sauvent la planète***

    Je vais encore me faire traiter d’hérétique, mais tant pis : je préfère Binet à Reiser. Je sais que Reiserfanzine,bd,bande-dessinée,zébra,critique,kritik,bidochons,reiser,brétécher,sociologue,binet,charb,st germain-des-prés,bobos est mort jeune, mais ce n’est pas une raison. Chez Reiser, dans le tas, il y a trop de blagues centrées sur le cul, si je peux m’exprimer ainsi.  C'est un genre un peu trop facile ; il n’y a pas beaucoup d’efforts à faire pour rendre un plan cul comique; la position scabreuse est en elle-même grotesque. Voyez le lion, noble et fier animal bouffeur de zèbres, pas le genre à laisser sa femme tenir la culotte comme la hyène: eh bien même le lion, dans cette posture, a tendance à déchoir. C’est beaucoup plus difficile de parler sérieusement de cul, comme dans «36 Nuances de grey».

    D’ailleurs Claire Brétécher me paraît moins digne que Binet du titre de «meilleure sociologue de France», qu’un de ses éminents confrères lui décerna. Je lis parfois à propos des Bidochon : «Pas mal, mais Binet ne se renouvelle pas assez.» Eh, vous en connaissez beaucoup, vous, des comiques qui se renouvellent ? Charb ?

    Non, Brétécher connaît à fond le milieu bobo parisien, dont l’influence culturelle s’étend sans doute bien au-delà de St-Germain-des-Prés, mais elle ne déborde pas tellement ce périmètre.

    Le couple et les gadgets technologiques permettent de parler de la France moderne tout entière : le thème est «transversal» (j’ignore si c’est le terme exact). Couple + gadgets technologiques, c'est là l'essentiel des valeurs modernes, la religion commune.

    Dans son dernier album, Binet parle d’écologie, et ceux qui croient comme moi que l’écologie n’est qu’un gadget de plus vont se taper sur les cuisses (un gadget, c’est-à-dire un truc dont certaines personnes ne peuvent absolument pas se passer, mais dont l’efficacité reste à prouver). Binet s'amuse à confronter le discours beauf habituel de M. et Mme Bidochon à celui de leurs fréquentations écolos: et la partie n’est pas gagnée d’avance...

    Que pourrait faire Binet de mieux pour se renouveller ? Un album sur les «gays» ?... quand ils seront mariés.

    Ed. Fluide Glacial, 2012, 10 €

    (par Zombi - leloublan@gmx.fr)

  • Chaud derrière !

    Illustration tirée du carnet de croquis de Louise Asherson :

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  • Angoulême 2013 : Sélection officielle du Prix de la BD alternative

    C'est le 32ème prix de la bande dessinée alternative à Angoulème cette année. 

    Dans la sélection officielle, des zines dans toutes les langues et tous les formats, dont un qu'il en a des belles rayures. 

    SelectOfficielle.jpg

     

    Ca se passe du 31 janvier au 3 février, et il y a d'autres choses dans ce festival qui sont très bien aussi. 

     

     

  • Vie des Cavernes (14)

    Voici la séquence hebdomadaire, six pieds sous terre, par David Roche (cliquez dans le menu à droite pour lire les épisodes précédents) :

     

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  • Sans titre

    Dessin (sans titre) d'Aissam en hommage au fanzine "Zébra" et aux profs de l'atelier Gauthey pour l'avoir encouragé à s'exprimer à son tour artistiquement :

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  • D'Air pur et d'Eau fraîche****

    Voici un petit "western de pionniers" brutal et sauvage comme je les aime, non par goût de la brutalité fanzine,bd,zébra,bande-dessinée,critique,kritik,d'air pur et d'eau fraiche,pero,boîte à bulles,western,nietzsche,bernanos,thoreau,fourier,tocqueville,pionnier,trappeur,charybde,scylla,ulysse,homèreet de la sauvagerie, mais par goût du réalisme.

    Le malaise social moderne, imputable à l’esclavage industriel et à la mécanisation des rapports sociaux, a suscité en réaction tout un art et une philosophie pour tenter de contrecarrer les effets de l’oppression. Ces réactions sont aussi variées que contradictoires entre elles, puisqu’on peut regrouper sous ce motif aussi bien Nietzsche que Bernanos, mais encore Tocqueville, Fourier, Thoreau, l’écologisme, etc.

    Chacun a une idée différente des causes de l’oppression moderne et des remèdes à y apporter. Si Nietzsche et Bernanos s’accordent sur le mépris du libéralisme et de la démocratie, en revanche ils s’opposent sur le christianisme ; Nietzsche l'accuse d'être responsable du libéralisme et de la démocratie, tandis que Bernanos voit le système technocratique moderne comme un mouvement néo-païen, tel que le nazisme se vanta d'être.

    Plus rares sont les penseurs ou les artistes qui, également préoccupés par l’oppression ou la décadence,  observent que la société, du coït le plus primitif jusqu’aux œuvres d’art les plus sophistiquées ou grandiloquentes, ne fait somme toute que refléter la nature ou l’imiter. Sur ce point, les nostalgiques du bonheur antique – citons Nietzsche encore une fois – n’ont sans doute pas tort d’observer que l’imitation était plus consciente dans l’Antiquité, et par conséquent plus respectueuse et mieux maîtrisée. La démocratie est un exemple concret d’abstraction juridique ou d’invention pure, sans rapport avec le déterminisme des choses naturelles, le rapport de force biologique permanent. A cet égard, la concurrence économique libérale est, certes, une formule plus bestiale, mais moins artificieuse. On devine que la démocratie répond surtout au besoin de l’élite de promettre aux opprimés de la terre des lendemains meilleurs.

     Et c’est là où je voulais en venir, après une parenthèse dont on me pardonnera, je l’espère, la longueur et les références un peu pompeuses. Car sous le titre de cette BD, «D’air pur et d’eau fraîche», dont on comprend l’ironie après quelques pages seulement, se cache le petit récit bien rythmé, sans paroles, de l’existence d’un jeune trappeur dans le Grand Ouest américain ; trappeur, donc prédateur, mais en fait lui-même en proie à toutes les sortes de dangers naturels ou mystiques, balloté de Charybde en Scylla, s’écorchant sur l’une, avant, à peine cautérisé, de se faire dévorer un membre par l’autre. Victime de bout en bout, de la nature sauvage qui le consume à petit feu d’une part, et de la société d'autre part, qui ne fait que rajouter un peu d’huile sur le feu. Notre trappeur se démmerde comme il peut ; il ignore le chenal, contrairement à Ulysse, doté par Homère du super-pouvoir de la sagesse.

    Les imprudents qui se nourrissent d’espoir risquent de bouder ce western en noir et blanc de Pero, entièrement dépourvu de cet ingrédient (celui qu’on retrouve au fond, tout au fond du vase de Pandore) ; ou bien encore, séduits par le dessin, simple et proche du croquis, ils le prendront pour un récit réaliste, du temps révolu de la fondation de l’Amérique, où les hommes se dévoraient entre eux, dans un cadre naturel aussi somptueux que terrible. Ils auraient tort. Le désespoir est essentiel à l’homme. La preuve, sans le désespoir, l’humour n’existerait pas : il n’y aurait que la morale ou la politique. Sans le désespoir, il n’y a qu’à se branler sur une toile et c’est de l’art.

    Pero, éds. Boîte à Bulles, 2012, 14€

    (par Zombi - leloublan@gmx.fr)