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FANZINE ZEBRA BANDE-DESSINEE ET CARICATURE

  • Stalag IIB**

    Jacques Tardi s’est attelé à la tâche ardue de rendre intéressants les souvenirs d’un ancien combattant,fanzine,zébra,bd,bande-dessinée,critique,kritik,jacques tardi,stalag iib,zombi,critique,kritik,drôle de guerre,char,céline,shakespeare,homère,casterman,xavier guibert,guerre d'alan,gi son propre père, enrôlé dans un régiment de char français en 40. Comme l’auteur se plaint lui-même d’avoir subi, enfant, les radotages plein d’amertume de son paternel, le moins qu’on puisse dire est qu’il avait conscience du défi qu’il se lançait… et qu’il n'est pas parvenu à relever.

    Dans «Stalag IIB», l’auteur s’est en outre représenté, en train d’accoucher son père au fil des pages de ses souvenirs d’un passé pénible, jouant de l'effet de voyage dans le temps permis par la fiction, qui permet de "repasser les plats", au contraire de l'Histoire. L’idée est originale et intrigante au départ, mais on peut prendre ensuite le déroulé de ce dialogue entre un père en tenue de soldat et un fils en tenue d'écolier, pour une sorte de règlement de compte psychanalytique, où le décor historique n’est plus qu’un prétexte.

    A mon sens, le lien du sang gâche la peinture d'histoire. Dans le même genre, l’accouchement d’un ancien GI américain par Emmanuel Guibert («La guerre d’Alan») était mieux réussi, le témoignage plus intéressant car plus large.

    La haine des Boches du père de Tardi, par exemple, était-elle représentative du sentiment populaire, des types embringués malgré eux dans une aventure dont le plan général de concurrence entre nations industrielles les dépassait? Ou bien cette haine n'était que le moyen que le père de Tardi avait trouvé pour se galvaniser contre l’atmosphère délétère des camps de prisonniers, comme d’autres choisissaient la belote, ou le souvenir émue d'une fiancée.

    On ne peut s’empêcher, d'ailleurs, quand on a lu Céline et ces deux romans complémentaires que sont «Le Voyage» et «Mort à Crédit», de comparer. Et de conclure que Tardi est loin d'atteindre la dimension historique du diptyque de Céline, qui trouve dans la folie guerrière nationaliste la force de témoigner contre elle, et de dissuader les milieux populaires de gober les grands plans de paix internationaux. L’expérience militaire du père de Tardi et l’antimilitarisme de son fils Jacques se confrontent, mais ne sortent pas renforcés l’un de l’autre. On pourra dire de Jacques Tardi qu'il a les mains pures parce qu'il n'a pas de mains. De son père qu'il est un salaud et un con, mais qu'il ne faisait qu'obéir à l'injonction sanguinaire du pouvoir républicain. Tandis que Céline a mis un terme à l'art républicain: il s'est vengé de la civilisation et de l'élite. L'art républicain en principe continue; mais plus personne de sincère ne continue d'y croire. Les auteurs de BD se torchent avec la légion d'honneur.

    La partie de «Stalag IIB» la plus réussie est le préambule où les Tardi narrent ensemble «la drôle de guerre», défaite éclair de l’armée française face aux troupes allemandes, prompte mais suffisamment longue pour permettre à Tardi-père d’éviscérer à coups de canons quelques-uns de ces Boches qu’il exécrait, avant d’être fait prisonnier.

    Stalag IIB - Jacques Tardi - Casterman - 194p.

    (Zombi - leloublan@gmx.fr)

  • Chat s'arrête !?

    Le Chat de Philippe Geluck commente la décision de son maître de cesser dorénavant de le dessiner :

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    (Une parodie de Zombi pour les éditions Zébra - pas de produits dérivés prévus pour l'instant.)


  • Revue de presse BD (37)

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    + La case ci-dessus est extraite du prochain album de Blutch. Je ne suis pas le seul, loin s'en faut, à avoir été déçu par son dernier album ("Pour en finir avec le cinéma"). Blutch incarna presque à lui seul le renouveau de la BD française. Je ne pige pas pourquoi il s'astreint à des formats d'albums longs, alors que ce qu'il fait de mieux n'est pas éloigné de l'art de Gus Bofa. Il me semble qu'un des problèmes auquel est confronté ce type d'auteur n'est pas directement de son fait: c'est que la presse française est une des pires. En Angleterre, aux Etats-Unis, voire en Allemagne (!), on saurait mieux tirer parti d'un tel talent. Le Français, qui est, de toutes les espèces, la plus individualiste (impossible à gouverner ou faire marcher au pas, selon certains experts), est confronté à la presse la plus uniforme, calquée sur les brasseries parisiennes qui servent du steack-frites tous les jours. C'est encore dans "Fluide-Glacial" que Blutch était le mieux.

    + Le magazine culturel branché "Chronic'art" va publier incessamment une sorte de hors-série dédié à la BD, baptisé "Kaboom". Ce titre évoque plutôt une chaîne de télé pour adulescents, ou des yahourts enrichis en tonus, mais bon, je ne suis pas directeur marketing... Le premier n° de Kaboom fait sa couverture sur Chris Ware, auteur de comics cubiste de plus en plus stricte obédience, dont on peut tâter le talent ici.

    + "Turkey Comix", primé à Angoulême il y a quelques années est un luxueux fanzine de BD publié par la petite maison The Hoochie-Coochie. Il fête ses (un peu plus de) dix ans, et sera mis à l'honneur lors du prochain festival d'Angoulême.

    + Le Chat de Philippe Geluck (le pote de Siné et de Michel Drucker) prend sa retraite; ces gags d'une case ne paraîtront plus dans la grande presse belge, dont ils s'efforcèrent pendant des lustres de relever le niveau des ventes. Cela dit les chats sont assez imprévisibles...

    + Je crois avoir omis de signaler jusqu'ici que le blog (en anglais) de Will Schofield, "50watts", est une mine en ce qui concerne les reproductions d'illustrations anciennes ou récentes.

    (par Zombi - leloublan@gmx.fr)

  • Humbug

    - Retrouvez les gags ("humbug") de Wschinski traduits de l'allemand dans Zébra.

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    (Wschinski a un humour très jeune d'esprit ; généralement les vieux aiment moins plaisanter au sujet de la mort ; tant qu'à faire, les personnes âgées aiment encore mieux se payer la tête des jeunes en les enrôlant dans des émissions de téléréalité. Comme quoi, à chaque âge son humour...)

     

     

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  • La semaine de Zombi

    Mercredi : on peut rire de tout, avec un terroriste comme avec un commando antiterroriste... à moins d'être snob ou pris en otage.

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  • Le Roi Oscar****

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    Les vastes étendues glacées du Nord-Est du Groenland sont des territoires où l’on ne s’attend guère à rencontrer l’humour, mais plutôt la génuflexion la plus stricte, compte tenu de la rigueur des éléments sous cette latitude extrême.

    Le Danois Jorn Riel, avec ses contes drolatiques basés sur l’infini ridicule de l’existence humaine, prouverait presque le contraire si ses trappeurs scandinaves exilés au Groenland riaient vraiment. Mais n’est-ce pas plutôt le lecteur qui sourit à leurs dépends ? Une part du rire, dit Baudelaire, vient du fait qu’autrui, par sa dégringolade, nous fait éprouver le sentiment d’être en position supérieure.

    Certes, il y a de quoi se réjouir de ne pas devoir faire la conversation au «Roi Oscar», vulgaire cochon, jusqu’à s’en éprendre, comme Vieux-Niels et Halvor dans leur chalet coupé du monde par le blizzard, tandis qu'on dispose en France de «tout ce qu’il faut», et bien plus, pour nourrir les sentiments. Jorn Riel ne se limite d’ailleurs pas au rire gras; l’immensité blanche et glaciale de l’Arctique, cet auteur nous la montre comme un alcool fort, auquel nul homme, fût-ce Danois, ne résiste bien longtemps.

    Autant dire qu’il fallait pas mal de talent de la part de Gwen de Bonneval et Hervé Tanquerelle pour traduire fidèlement en BD ces quelques contes ironiques. Le comique de situation est seulement une question de technique pour l’auteur de BD et son scénariste: une question de la bonne case au bon moment. Mais pour l’humour noir, il faut un peu plus que de l’encre de cette couleur, comme la rareté des réussites dans ce domaine témoigne.

    Les amateurs d’œuvres originales, portés souvent eux-mêmes à se croire des spécimens «uniques», ont tendance -par principe- à dénigrer l’adaptation en BD de chefs-d’oeuvres de la littérature. Cette espèce de puritanisme fait oublier que les œuvres d’art les plus indémodables ont une existence autonome de leurs auteurs. Plus utilement, on fera le tri entre les ouvrages littéraires qui se prêtent à la traduction, et ceux qui n’y sont pas, ou peu, propices, comme les ouvrages de style.

    En ce qui concerne le dessin d’H. Tanquerelle, il m’a fait penser à de nombreux dessinateurs aussi variés que Gus Bofa, Dimitri, Blutch, Crumb, et on ne peut pas dire qu’il soit original lui non plus, mais justement placé entre le grotesque et le réalisme, comme l’exigent les contes de Jorn Riel.

    Ed. Sarbacane, 2011 (deux tomes parus, un 3e en cours).

    (Zombi - leloublan@gmx.fr - critiques 2012)