par LB
sarkozy - Page 4
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Superbagout
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Revue de presse BD (127)
Larges extraits de la revue de presse de la semaine pour ceux qui préfèrent les bons vieux liens traditionnels au webzine hebdo -mieux illustré- que nous publions chaque jeudi. Prochaine revue de presse le jeudi 11 déc.
+ Dans le dernier "Fecocorico" (octobre-novembre), organe bimestriel de la Feco-France (association de dessinateurs de presse) disponible en ligne, les amateurs de dessin de presse peuvent découvrir les coulisses du métier et le compte-rendus des festivals les plus récents. Sur le thème du "retour de Sarkozy", ce n° rajeunira en outre de quelques années les anciens adeptes du TSS ("tout sauf Sarkozy").
Mention spéciale à l'article consacré à l'expo Bosc au musée Tomi Ungerer, ainsi qu'à un papier très fouillé (illustré de plusieurs exemples), sur l'importance des fables de La Fontaine, source d'inspiration récurrente pour les dessinateurs de presse français. "Le mérite de la fable est double : elle suscite le rire en même temps qu'elle donne une leçon de prudence." L'auteur de l'article (JMB) suggère que cette définition du fabuliste Phèdre peut s'appliquer à l'art de la caricature aussi. Comment ne pas approuver cette ligne de conduite ? D'autant plus que, par les temps qui courent, la politique a pris l'habitude de promettre bien plus qu'elle ne peut tenir, faisant ainsi courir à ceux qui s'y fient un risque accru.
Quelques mots cependant pour récuser le mauvais procès fait aux caricaturistes qui, travaillant gratuitement, contribueraient ainsi à aggraver les menaces qui pèsent sur le métier de caricaturiste. Ce procès ressemble au reproche fait parfois aux jeunes auteurs de blogs-BD par des professionnels de la BD, d'accepter des pactes léonins. C'est une façon de nier que le marasme de la presse française est d'abord imputable à ceux, rédacteurs en chef et "sponsors", qui l'ont faite telle qu'elle est. En ce qui concerne le dessin de presse et la caricature, la politisation excessive de la presse a dangereusement rapproché la caricature de la propagande politique, assez loin du motif évoqué plus haut de faire rire et d'inciter à la prudence.
+ Fils et petit-fils d'officiers, Gustave Blanchot alias Gus Bofa (1883-1968) fut guéri de cet atavisme en prenant part au conflit mondial de 14-18 comme simple fantassin, y écopant de sévères blessures. Deux expos, l'une à Reims, l'autre à Paris (mairie du XVIIe) évoquent l'art teinté de cynisme ou de désespoir de Bofa. Sur certains points, Bofa diffère de Céline, non moins décillé par la guerre. En effet les sarcasmes de Bofa à l'endroit des médecins qui trouvent dans les champs de bataille un terrain propice à leurs expériences mi-sadiques, mi-scientifiques, font plutôt penser à Cendrars, également sévère avec cette corporation. A L.-F. Céline il fut permis, en raison de son passé militaire glorieux, d'étudier la médecine ; la correspondance de l'écrivain montre qu'il a foi dans la médecine, ce qui est une marque de positivisme.
L'éditeur Cornélius a publié un recueil des dessins de Bofa visant les "toubibs", dont cette interview d'E. Pollaud-Dulian au magazine BD "Casemate" (!) rend compte.
+ Si ce n'est "immense", comme l'écrit "En Vue", le magazine des bibliothèques de Paris, à propos de l'écrivain Georges Simenon, mais du moins prolifique, le père du commissaire Maigret a été illustré par Loustal, dessinateur chevronné. Certains critiques n'hésitent plus à dégainer le superlatif comme dans certains polars trop musclés on défouraille à qui mieux mieux ; tandis que chez Simenon, au contraire, vice et crime sont tout ce qu'il y a de plus banals, comme la poussière sur les meubles ou les taches sur les vêtements. La bibliothèque des littératures policières (Bilipo, Paris Ve) propose une exposition de 70 dessins couleur et n&b de Loustal autour de Simenon (-28 février 2015) pour permettre de mieux connaître ces deux auteurs dont le rapprochement n'est pas évident.
+ Beaucoup de bruit pour rien autour de l'Américain Chris Ware qui publie un album de bd-gigogne, une sorte de joujou pour intellos façon Rubik's Cube, s'attirant ainsi les éloges de quelques snobs, fascinés de longue date par les ouvrages de rhétorique pure.
Le blog-BD du "Monde", "Les Petits Miquets", a récemment interviewé Chris Ware. Celui-ci avoue plier son existence à une forme de déterminisme abstrait. Il exprime ce déterminisme dans un art qui procède d'une sorte de construction froide et millimétrée, vaguement ludique. C. Ware ne semble pas vouloir se révolter contre ce déterminisme, mais au contraire s'enfermer dans ces cases et cette rhétorique sécurisantes bien qu'ennuyeux. Pas d'humour non plus chez Chris Ware, comme dans les films de Jacques Tati, dont l'ironie s'exerce au détriment de l'architecture moderne, créant une brèche dans le système de représentation officiel de la réalité. Pas d'humour, sauf peut-être quand C. Ware conclut que son livre-jouet, lui, au moins, n'a pas besoin de piles pour marcher.
+ Le site belge Actuabd propose une interview de Jean-Luc Fromental, éditeur chez Denoël-Graphic, de Robert Crumb notamment, ou encore Alison Bechdel et Posy Simmonds (Gemma Bovery). Chargé il y a quelques années de créer un label BD au sein d'une maison d'édition ignorant jusqu'ici ce genre, cet éditeur évoque l'intrusion de la bande-dessinée comme une forme de genre littéraire nouveau dans des maisons d'édition généralistes. L'interviewé utilise une expression pour décrire la concurrence accrue des romans graphiques, il dit que la bande-dessinée est en train de "poldériser" le roman. Si l'interview nous fait visiter l'arrière-cuisine éditoriale, en revanche il ne creuse pas le phénomène. S'agit-il d'un phénomène de mode ? La vogue du roman graphique est-elle due aux difficultés croissantes des lecteurs à se concentrer sur une littérature plus ardue ? La formation au dessin de certains auteurs de romans graphiques leur permet-elle de voir et décrire les choses d'une façon alternative ?
+ Bien décidés à manifester leur mécontentement lors de la 42e édition du Festival d'Angoulême, les auteurs de BD mécontents d'une augmentation de leurs cotisations-retraite jugée excessive ont détourné l'affiche du festival (signée Bill Watterson), rebaptisé festival de la bande décimée.
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Caricature Nabilla
La Semaine de Suzette Zombi. Jeudi : le moins qu'on puisse dire, c'est que Nabilla rompt avec une tradition de féministes issues de la grande bourgeoisie, comme Simone de Beauvoir ou Elisabeth Badinter, lisant Hegel et n'ayant pas tout à fait réglé leur "complexe d'Ophélie". Avec Nabilla, la guerre des sexes sera sanglante ou ne sera pas.
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De Sarko à Corto
La semaine de Suzette Zombi. Jeudi : Après le grand retour de Sarko, celui de Corto Maltese est annoncé pour bientôt. Corto fut un des premier héros de BD à jouer sur son physique pour attirer à lui les lectrices, et ça ne m'étonnerait pas que Carla Bruni ait goûté les aventures du marin cosmopolite - c'est sans doute plus son genre que Tintin.
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La semaine de Zombi
Jeudi : Qu'est-ce qui peut stopper le "hollande-bashing" hormis le retour du "tout-sauf-sarkozy" ?
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Revue de presse BD (97)
+ On se souvient que Jean Sarkozy avait intenté par l'intermédiaire de la LICRA un procès au dessinateur de presse Siné pour antisémitisme (2008) ; l'affaire s'était terminée par l'éviction de ce dernier de "Charlie-Hebdo" et la fondation du titre concurrent "Siné-Hebdo". Dernièrement, en étalant son goût pour la caricature politique, qu'il pratique pour divertir sa femme Jessica, Jean Sarkozy a mis Joann Sfar dans l'embarras en le citant comme son modèle ; polygraphe, J. Sfar a en effet publié récemment une série de dessins de presse dans le genre gaulois et taquin, moquant le président Hollande. J. Sfar a répondu comme il se doit à son admirateur sur le ton de l'humour. Hélas, à ce jour, Jean Sarkozy n'a pas encore publié de caricature de son père.
+ Des autoportraits de George Bush Jr, ex-président des Etats-Unis, dans sa salle-de-bain avaient été divulgués sur le web à son insu. Dans une exposition officielle, intitulée "L'art du leadership", le politicien à la retraite expose quelques portraits des grands de ce monde, dont N. Sarkozy, V. Poutine, J. Chirac ou Silvio Berlusconi. Je sais bien qu'il ne faut pas décourager les novices, mais A. Hitler était plutôt plus doué comme peintre.
+ L'initiative du dessinateur de presse Berth d'organiser une expo sur le thème de la liberté et du féminisme autour de "L'Origine du Monde" est surprenante. En effet, si le peintre Gustave Courbet était ami avec G. Proudhon et partageait ses idées, les toiles érotiques de celui-ci en revanche étaient des oeuvres alimentaires. Courbet a peint des scènes pornographiques et lesbiennes, afin de permettre à leur riche commanditaire le diplomate turc Kahlil Bey de se rincer l'oeil. Le slogan américain de la "libération sexuelle" n'est pas très proudhonien.
+ "La direction du Grand Hyatt de Hong Kong devra peut-être former son personnel à faire la différence entre un chef d'oeuvre et une croûte. Des employés de ce grand hôtel sont soupçonnés d'avoir malencontreusement jeté une toile de plusieurs millions de dollars.", ironise le "Nouvel Observateur". Cependant, comme ce sont de richissimes collectionneurs qui ont fixé le prix de l'oeuvre du peintre chinois Cui Ruzhuo, on peut se demander comment de modestes employés de ménage pourraient avoir conscience de sa valeur ?
Montagne neigeuse, de Cui Ruzhuo
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Revue de presse BD (96)
+ Tomasz Kowalski (ci-dessus - sans titre) a remporté cette année le prix du dessin 2014 décerné par la (riche) fondation F. et D. Guerlain, au cours de la dernière semaine du dessin.
+ Billet humoristique de F. Forcadell sur le thème : quel dessinateur en Une du "Figaro" ? Le dessinateur de BD Blutch y donna naguère quelques dessins d'humour allemand ou américain. F. Forcadell ne mentionne pas Cabu, pourtant très bon connaisseur des tics de gauche, et qui nous dit cette semaine que Valls = Sarkozy, ce qui signifie peut-être que "Le Figaro" n'est pas tout à fait un journal d'opposition. Quoi qu'il en soit, un dessinateur de presse "de gauche" ou "de droite" est forcément borgne, une sorte de cyclope.
+ "Les Petits Miquets" est un nouveau blog-bd publié par LeMonde.fr ; on peut y retrouver Y. Frémion, qui signe un article sur l'humoriste argentin Copi. Moins convaincant, un article signé Cédric Piétralunga fait l'éloge de "Lastman", la série de mangas made in France produite par Casterman et Bastien Vivès & ses potes. Les détracteurs du manga y sont ainsi traités de "bien-pensants", cela même alors que la culture japonaise est la plus moderne du monde, c'est-à-dire la plus conformiste.
+ Le grand mufti d'Arabie saoudite, c'est-à-dire l'équivalent de notre ministre de l'Intérieur et du culte, a mis à l'index une BD, "Les 99", précédemment recommandée par Obama, et dont les (super-)héros sont de confession musulmane, afin de satisfaire les besoins de la communauté musulmane américaine en fictions édifiantes (pléonasme). "Les 99" sont accusés par le grand mufti d'être l'oeuvre du diable et, à son crédit, on note que le fait de censure a été immédiatement rapporté par le quotidien américain The Daily... Beast. De façon moins anecdotique, on remarque que la religion n'est qu'un prétexte, dans les deux cas, pour ou contre "Les 99", afin de dissimuler des intérêts nationaux sonnants et trébuchants. Le caractère providentiel de ces super-héros, qu'ils soient au service du culte ou d'un Etat laïc, en est une preuve supplémentaire. Il est étonnant de constater que la culture grecque antique est moins dévote que la culture de masse américaine. Du point de vue français, le progrès de cette culture providentielle marque un recul inquiétant de l'individualisme.
+ En même temps que la presse française est au bord de la faillite, on cause beaucoup du dessin de presse et de la caricature, notamment à travers divers concours, comme celui ouvert à tous jusqu'au 28 mai, et intitulé suivant une métaphore militaire étonnante "fantassins de la démocratie".
+ Le dessin de la semaine est une gouache de Burlingue, qui expose ses nouveautés à l'atelier RG (Paris 9e) jusqu'au 18 avril. On peut y voir notamment une paire de chimères jouant au badminton, neuf spidermans et pas mal de jocondes, des vaches qui rient, mais encore St-Michel terrassant l'UMP, ou bien des portraits de Leibnitz et Braque... On ne sera pas surpris, sachant que Burlingue, ex-galeriste passé "de l'autre côté", reconnaît pèle-mêle l'influence de Topor, Saul Steinberg, Beckett, Allais, Tomi Ungerer.