La Semaine de Zombi. Mardi.
sarkozy - Page 2
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Caricature Nicolas Sarkozy
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Les Rapetou
par l'Enigmatique LB (à suivre aussi dans "Siné-Mensuel")
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Revue de presse BD (238)
Illu. de Fanny Michaelis, exposée à la Maison de la culture d'Amiens.
+ Paradoxe : tandis qu'elle est en cours de reconnaissance officielle, la BD traverse une crise économique ; l'effet pervers des recettes technico-commerciales appliquées à la BD commence à se faire sentir. Cette situation évoque celle des étudiants qui sortent de l'université bardés de diplômes, mais ne parviennent cependant pas à trouver un emploi.
Deuxième incohérence : alors qu'il est de bon ton de vanter la BD comme "un art à part entière", simultanément le fait pour un auteur de "sortir des cases", c'est-à-dire de la syntaxe propre à la BD, est présenté comme la panacée par les mêmes thuriféraires.
Ainsi la Maison de la culture d'Amiens propose, du 3 juin au 15 octobre, une expo. intitulée "Hors Cases, le 9e art contemporain", présentant les créations de neuf bédéastes européens (F. Michaelis, L. Debeurme, L. Mattotti, S. Blanquet...)
L'histoire de l'art ou de la littérature montre que l'obsession du style et des questions stylistiques est proche de la mort de l'art. La BD ne serait-elle pas un "art fantôme" ?
+ Le prix de la BD "décloisonnée" (sic) a été remis à la revue "Topo" (destinée aux moins de 20 ans) par les organisateurs du Festival "Lyon-BD" à venir (9 juin). La jeune revue bimestrielle "Topo" (2016) traite des questions d'actualité en BD. Chacun de ses exemplaires se vend entre 8.000 et 10.000 ex.
Son rédacteur en chef Franck Bourgeron dévoile sa stratégie éditoriale : "S’adresser directement aux ados supposerait de passer par les réseaux qu’ils maîtrisent, ce qui n’est pas forcément notre cas. Par défaut, nous visons donc plutôt les prescripteurs, autrement dit leurs parents, avec le risque de faire passer Topo comme un outil pédagogique, donc ennuyeux."
Cette stratégie part d'un préjugé : les sujets sérieux n'intéressent pas les ados ; pourtant, quand on voit le nombre d'adultes qui s'adonnent au jeu ou au calcul politique, il semble qu'il y a là une idée préconçue.
De plus l'industrialisation croissante de la presse, son organisation monopolistique pose un problème qui n'est pas abordé de front par F. Bourgeron : dans quelle mesure une entreprise de presse indépendante n'est pas condamnée par avance par les modalités économiques qui lui sont imposées ?
! La convention des Nations unies sur la lutte contre la désertification (Cnuld) organise un concours international de dessins de presse (date de clôture, le 12 juin) doté de 1000 euros ; thème : "Désertification des terres et climat : l'Europe et le monde face aux ultimes frontières."
+ Dans "Le Journal des Présidents", recueil de caricatures de Cabu paru chez Michel Lafon, Philippe Val s'emploie à redorer l'image de de Gaulle écornée par les dessins de Cabu. Cabu, qui défendit son ami P. Val en raison de ses efforts pour maintenir "Charlie-Hebdo" à flots, aurait-il approuvé une telle réhabilitation ? Celle-ci n'est pas exclusive, puisqu'elle s'étend à N. Sarkozy.
Il n'est pas inutile de rappeler ici les explications du Pr Choron, qui imagina la fameuse "Une" antigaulliste qui valut à "Hara-Kiri" d'être censuré par le ministère de l'Intérieur. Cette "Une" ("Bal tragique à Colombey : 1 mort") n'était pas si antigaulliste, puisqu'il s'agissait avant tout de souligner la flagornerie des principaux éditorialistes de la presse française et la servilité de leur office. En effet, le décès dans sa retraite de Colombey-les-deux-Eglises de l'ex-chef de l'Etat constituait un non-événement.
La rupture entre le "Charlie-Hebdo" du Pr Choron et Cavanna et celui de Val et Cabu n'est donc pas tant au sujet du culte rendu à la figure paternaliste de de Gaulle qu'à propos de la presse française, méprisée par le Pr Choron et Cavanna, tandis que P. Val aspirait au contraire à la reconnaissance de ses pairs journalistes.
+ Les bibliophiles parisiens connaissent bien le square Georges Brassens à Paris (M°Vanves/Convention), où se tient un marché du livre ancien et d'occasion, suppléant les faibles stocks des libraires qui travaillent désormais à "flux tendu".
Waner, qui publie des dessins dans "Zébra" et "Siné-Mensuel", y vendra ses originaux en compagnie de quelques confrères (Pakman, Lardon...) les 17 et 18 juin prochains.
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Caricature Pénélope Fillon
La Semaine de Suzette Zombi. Lundi : Quand on s'appelle Pénélope et qu'on veut faire croire qu'on bosse, la moindre des choses c'est de prendre un pseudo.
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Revue de presse BD (204)
+ Difficile d'échapper à Tintin en ce moment ; quelques dessins originaux de Hergé datant des années 1940 -des cartes de voeux- ont été mis en vente aux enchères. La carte ci-dessus montrant Tintin se rendant à la messe de minuit est un des rares exemples où Tintin "assume son catholicisme". On sait que Hergé reçut une éducation catholique, avant de travailler au "XXe Siècle" sous les ordres de l'abbé Wallez, ecclésiastique féru des méthodes modernes de propagande ; cependant Hergé s'éloigna peu à peu au cours de sa carrière des principes qu'on lui avait inculqués dans sa jeunesse. Par ailleurs on sait l'influence sur Hergé du scoutisme, qui enseigne à ses jeunes adeptes le respect de la nature.
Les influences diverses et contradictions de Hergé ont déteint sur ses BD.
+ Classé parmi les auteurs dessinant "à la manière de Hergé", le scénariste et dessinateur de BD Ted Benoît est décédé fin septembre. Ted Benoît (Thierry Benoît à l'état civil) était peu connu du grand public, travaillant surtout pour la publicité, avant de reprendre en 1996 la série à succès "Blake et Mortimer" créée par Edgar Jacobs. Pour justifier cette reprise, T. Benoît affirmait : "Contrairement à Hergé, dont l'oeuvre est une “comédie humaine” très personnelle qui, sans lui, n'aurait aucun sens, Jacobs appartient à la grande tradition feuilletonesque. (...)"
C'est inexact ; Hergé s'est efforcé de faire passer "Tintin" pour une oeuvre "personnelle", mais on sait grâce aux témoignages de proches collaborateurs que Hergé a subi diverses influences très nettes, tant sur le plan du dessin que du scénario. Hergé a beaucoup travaillé à polir ses BD, les redessinant méticuleusement, ce qui donne une impression d'homogénéité trompeuse.
+ Le dessinateur Charlie Schlingo était aux antipodes de Hergé, du moins pour ce qui est de la notoriété. Ironiquement, Frédéric Potet, le spécialiste de la BD au "Monde" parle de "ligne crade" pour qualifier le style de Schlingo. C'est un peu exagéré, car Schlingo était aussi très influencé par le savoir-faire américain en matière de BD.
+ Dans une interview donnée mi-septembre à Médiapart, la caricaturiste Coco affirme ne pas avoir changé sa manière de dessiner depuis le massacre de ses confrères de "Charlie-Hebdo". On lit dans cette interview une pique contre Plantu, ainsi que quelques déclarations un peu chauvines : "Je crois que beaucoup de pays nous envient la laïcité" (rien ne prouve que l'on comprend à l'étranger ce que certains Français appellent "laïcité", thème de longs prêches aussi ennuyeux qu'édifiants).
Mais la remarque la plus intéressante est le point de vue de Coco selon lequel la caricature ne doit pas dépasser les limites assignées par la loi (et par conséquent la police, en charge de l'exécution des lois). Les caricaturistes seraient donc, en France, les seules personnes respectueuses des lois ? Que penserait-on d'un caricaturiste britannique qui dirait : - Je suis prêt à me moquer de tout, sauf de la reine. Ou encore d'un caricaturiste marocain qui dirait : - On peut rire de tout... dans les limites assignées par la charia.
+ La "Une" de "Libération" aujourd'hui nous montre l'ex-président et actuel candidat N. Sarkozy dans le costume d'Astérix, le personnage de Goscinny et Uderzo, escorté d'Eric Zemmour en Idéfix. R. Goscinny avait un certain nombre de points communs avec N. Sarkozy ; on se souvient d'ailleurs que Anne Goscinny a fait récemment partie d'un comité de soutien au président déchu. Jean-Marie Le Pen est surnommé dans son camp "le menhir", ce qui rappelle un autre personnage d'Uderzo.
"Libération" titre sur l'effort de la droite pour "refaire l'histoire". Mais la droite et Eric Zemmour ne font en cela qu'imiter les idéologues de gauche, qui ont produit et continuent de produire leur propre version du roman national. Que l'on songe, par exemple, à l'extraordinaire opération de blanchiment du terrorisme révolutionnaire par les intellectuels de gauche au cours de la seconde moitié du XXe siècle : cette entreprise négationniste était indispensable pour fonder la mythomanie du "progrès social". Un autre moyen de mesurer à quel point la gauche baigne dans la fiction, c'est de mesurer la distance qui la sépare de Marx (conscient dès le début de l'hypocrisie des "Droits de l'Homme").
La question est de savoir pourquoi la droite éprouve actuellement à son tour le besoin de produire une version cultuelle de l'histoire de France, au niveau de la bande-dessinée pour les gosses ? La réponse est simple : parce que la gauche se ramène désormais à un point de vue intellectuel et élitiste. Les élites intellectuelles sont fascinées par des fictions et des mécanismes encore plus abstraits, telles que les institutions technocratiques européennes, qui fonctionneraient parfaitement bien si l'homme était un robot.
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Caricature Nicolas Sarkozy
par l'Enigmatique LB
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Prêts à tout
par Naumasq