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glénat - Page 2

  • Revue de presse BD (215)

     

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    Gag de Mix & Remix extrait de son blog "1er Degré"

    + Le dessinateur de presse helvète Mix & Remix est mort des suites d'un cancer du pancréas. Pratiquant un humour basé sur les dialogues bien plus que sur le dessin, Mix & Remix publiait ses gags et strips dans "L'Hebdo", magazine suisse francophone (Lausanne) dont il était le dessinateur vedette et qui lui rend un hommage spécial. "Courrier international" et "Siné-Hebdo" ont contribué a faire connaître Mix & Remix en France.

    Dans une interview au site "Actuabd" en 2011, Mix disait avoir "horreur de la provocation gratuite" (allusion à "Charlie-Hebdo" ?) et refusait de travailler pour un parti politique quelconque, afin de pouvoir "taper" sur tout le monde. Le pseudo double de Philippe Becquelin était dû à une ancienne collaboration artistique avec sa femme.

    + Alors que la guerre civile menace la République démocratique (sic) du Congo, le premier festival de BD Bilili organisé à Brazzaville vient de s'achever. Il réunissait des dessinateurs camerounais, congolais et français. Ce petit festival paraît bien dérisoire face aux affrontements politiques pour la conquête du pouvoir suprême.

    + "Fécocorico", organe trimestriel de la "Feco France" (association de caricaturistes) consacre un article aux petits albums de dessins cochons tirés à part autrefois sous le manteau par divers caricaturistes : Mose, Siné, Tetsu, Trez... ce type de publication paraît bien démodé aujourd'hui, alors que la pornographie fait désormais partie de la culture des ados, qui en savent (théoriquement) beaucoup plus que leurs parents ou grands-parents. Le plus cocasse est la censure d'un dessin par l'éditeur d'un album licencieux de Siné, Jean-Jacques Pauvert, choqué d'y voir Victor Hugo pratiquant une fellation.

    De la part de certains dessinateurs satiriques, tel Tomi Ungerer, il ne s'agit d'ailleurs pas tant de provoquer ou de choquer que de montrer la part d'ombre de la sexualité (le rapport de soumission et de domination qu'elle implique, par exemple), au contraire du "Kama Sutra", véritable bréviaire religieux en vogue dans les élites indiennes.

    + Encore à lire dans le n° de "Fécocorico" de juillet-août-sept. 2016, un compte rendu de la visite du caricaturiste Robert Rousso au festival de cartoon d'Hastings en Angleterre.

    + La fondation grenobloise Glénat accorde à de jeunes dessinateurs de BD entre (18 et 30 ans) une ou deux bourses d'études de montants variés, allant de 2000 à 15000 euros. Les dossiers comportant quelques planches doivent être envoyés avant le 15 février 2017. L'un des projets devra porter sur le thème de la montagne ; "l'originalité narrative et picturale" du second projet devra apporter "une nouvelle dimension au neuvième art"... rien que ça !

    + De l'exposition dédiée en ce moment par la bibliothèque du Centre Pompidou (et Frédéric Jannin) à Franquin à travers le personnage de Gaston Lagaffe, nous avons récemment rendu compte sur le blog Zébra.

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    Illustration de Franquin pour orner la 4e de couverture des albums de "Gaston Lagaffe".

  • Dickie dans l'Espace****

    Le Gantois Pieter De Poortere a vu son premier recueil de gags traduit par Glénat dès 2010 sous le titre "Le Fils d'Hitler", dix ans après ses débuts dans la presse flamande.webzine,bd,zébra,fanzine,bande-dessinée,gratuit,kritik,critique,gantois,pieter de poortere,dickie,hitler,espace,glénat,boerke

    "Traduit" est un grand mot, puisqu'il s'agit de gags muets d'une page. Bien qu'il ménage le "politiquement correct", De Poortere fait tout de même preuve d'impertinence ; il rogne les cornes dont Hitler est le plus souvent affublé, faisant ainsi figure de "grand Satan", pour en faire un personnage toujours aussi antipathique, mais beaucoup plus familier, un personnage plus trivial encore que le "Dictateur" de Chaplin.

    On comprend pourquoi Glénat n'a pas tardé à publier ensuite plusieurs autres recueils, dont le dernier en date : "Dickie dans l'Espace". En effet les bons auteurs comiques sont rares, concurrencés par l'humour gras ou potache plus "vendeur". De Poortere est très efficace. Il s'appuie sur un dessin minimaliste, mais néanmoins expressif, pour distiller son pessimisme. L'humour de Pieter De Poortere n'est pas facile à caractériser, car il reflète des influences diverses ; on pense à cette devise de S. Maughman : "Ne rien dire qui n'égratigne pas"; De Poortere cherche à provoquer chez le lecteur autre chose qu'un rire gras ou même seulement léger.

    Comme son titre l'indique, le dernier opus exploite le thème de la conquête spatiale, fil conducteur de toute une série de gags. Le choix de ce thème est particulièrement judicieux, plus original que celui d'Hitler, et peut-être plus audacieux car il résume parfaitement l'esprit conquérant moderne, la mystique du progrès frelatée qui le soutient.

    De Poortere ne se prive pas, bien sûr, de jouer avec les codes de littérature et du cinéma de science-fiction, genres ô combien propices aux fantasmes et, donc, à la dérision. Dickie ("Boerke" en flamand), c'est l'anti-Tintin, la ligne claire détournée.

    "Dickie dans l'Espace", par Pieter De Poortere, Glénat, 2016.

  • Une Mystérieuse Mélodie***

    M. Mouse est scénariste pour le cinéma et, à son grand désarroi, son patron lui demande d'écrire un grandwebzine,bd,gratuit,zébra,fanzine,bande-dessinée,kritik,critique,cosey,mickey,glénat,mystérieuse mélodie,william shakespeare,disney,oswald,lapin scénario à la manière de William Shakespeare. Il faudra qu'il y ait des larmes, de l'infamie, des trahisons, et, le pire de tout... de l'amour. Comment Mickey va-t-il s'y prendre, lui qui ne connaît rien de tout cela ?

    Et voilà qu'il tombe sur un manuscrit original du grand homme...

    Au cours de son parcours, qui commence en 1927 (Mickey est créé en 1928 pour remplacer Oswald le lapin chanceux, qui joue aussi un rôle dans l'aventure), Mickey se déplace, cherche et finit par rencontrer certains personnages-clefs qui vont peupler son univers et accompagner les lecteurs dans les films et les bandes-dessinées qui vont être créés ensuite.

    La bande-dessinée de Cosey (qui a repris le personnage de Mickey) commence d'ailleurs par une tragédie, ou par ce qui aurait pu l'être. Un petit chat est sauvé de la noyade, mais c'est une tragi-comédie cinématographique. Et ensuite c'est à une naissance à laquelle nous assistons, celle de l'univers Disney, qui va considérablement évoluer jusqu'à nos jours.

    Et puis le voyage... les voyages à pied, en train, en bateau (jusqu'à Cythère ?).

    Ensuite la quête, celle de Mickey, qui finit par trouver son chemin.

    L'histoire sera-t-elle "un roman à l'eau de rose"... ou "un conte moderne et novateur" ? Peu importe, elle se termine par un rêve. Et elle est servie par une narration efficace et des dialogues inventifs.

    Florent pour Zébra

    Disney - Une mystérieuse mélodie, par Cosey, eds Glénat, 2016.

  • Rimbaud, l'Explorateur maudit***

    D'Arthur Rimbaud nous connaissons tous au moins un poème, le plus souvent appris par coeur au collège ; etwebzine,bd,zébra,gratuit,fanzine,bande-dessinée,kritik,critique,arthur rimbaud,explorateur,maudit,philippe thiraut,thomas verguet,glénat,carjat cette photographie par Carjat du jeune poète génial, devenu le symbole de l'adolescence ; ainsi que quelques bribes de sa biographie ; la relation tumultueuse avec Paul Verlaine, en particulier, est célèbre, avec ses coups de revolver tirés par Verlaine pour y mettre un point final, presque un cliché.

    Certains en savent un peu plus : que Rimbaud a renoncé brusquement et définitivement à la poésie avant de s'expatrier, de voyager un peu partout, en Europe d'abord, puis au-delà de la Méditerranée. « L'air marin brûlera mes poumons, les climats perdus me tanneront. » ("Une Saison en Enfer"). La fin pitoyable d'Arthur Rimbaud dans un hôpital marseillais, torturé par la maladie, implorant par courrier sa mère de lui expédier des bas de contention pour soulager ses varices, est également connue grâce aux éditions scolaires abrégées qui reproduisent parfois ces lettres, très prosaïques mais néanmoins émouvantes.

    "Rimbaud, l'Explorateur maudit", par Philippe Thiraut (scénario) et Thomas Verguet (dessin), publié par Glénat, met en scène un pan moins connu de la brève existence du poète : ses séjours et périples en Afrique, entre 1883 et 1890 environ, motivés par l'appât du gain et l'attrait de l'aventure. L.-F. Céline, qui a quelques points communs avec Rimbaud (l'origine sociale modeste, le goût de la littérature, celui de l'aventure), proposait cette explication au dégoût soudain du jeune poète pour la poésie : il y voyait la volonté d'un jeune garçon d'expérimenter enfin des choses concrètes, de sortir de l'adolescence et ses rêves théoriques. Rimbaud a en effet envisagé cet exil aventureux en Afrique comme un but plus sérieux que les poèmes que le public a retenus. Il ne pouvait pas savoir que cette expédition se solderait par un échec, suivi de la mort.

    Si la mise en couleur de cet album est insipide et fait presque mal aux yeux, en revanche le choix est assez judicieux d'un dessinateur plutôt "académique" pour illustrer ce séjour cauchemardesque de Rimbaud en Afrique. En effet le scénariste a décidé de situer l'épopée de Rimbaud entre rêve et réalité ; on ne distingue pas toujours clairement si ce sont les fantasmes de Rimbaud ou la réalité de ses expéditions qui est décrite ; on pourrait se plaindre d'une telle incertitude, cependant Rimbaud a bel et bien vécu toute sa vie une sorte de rêve éveillé, parfois heureux, souvent cauchemardesque, teinté de mysticisme.

    Le poète se voulait "moderne", à la suite de son maître Baudelaire ; or l'art moderne fait la part belle au rêve. Si Rimbaud a voulu "passer à autre chose", effectuer sa mue de l'adolescence à l'âge adulte, s'il a effectué des comptes-rendus d'exploration et des relevés topographiques publiés par la société de géographie française, il est probable que sa seconde vie reste marquée par l'idéalisme.

    De plus cette BD contribue à défaire la légende dorée d'Arthur Rimbaud, en le montrant comme la plupart des colons français, cherchant à s'enrichir sur le dos de l'Afrique, d'une façon qu'il serait hypocrite de condamner aujourd'hui puisqu'elle persiste bien au-delà de la période de colonisation officielle, de façon plus discrète.

    Rimbaud, l'Explorateur maudit, par Philippe Thiraut et Thomas Verguet, Glénat, 2016.

     

  • Revue de presse BD (185)

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    + Les manifestations contre la loi El Khomri visant à amender le code du travail ont un faux-air de "Mai 68" ; certains regroupements d'étudiants semblent en parodier les slogans et les affiches ; les édudiants de la Sorbonne proposent aussi une "bande-dessinée", quelques croquis pris sur le vif pendant les manifs.

    Mais la désillusion semble l'emporter sur l'illusion désormais ; les militants de gauche ou d'extrême-gauche, majoritaires dans l'animation de ces mouvements, n'ont pas en effet en face d'eux un pouvoir gaulliste "fasciste", comme en 1968, mais les représentants du peuple de gauche qu'ils ont pour certains eux-mêmes élus "inconsciemment". Il y a plus d'un siècle et demi, Karl Marx vitupérait déjà les "sociaux-traîtres", dont les élites industrielles et bancaires ne peuvent se passer pour conduire le peuple à l'abattoir.

    Symbole de cette désillusion, le chanteur Renaud, également chroniqueur à "Charlie-Hebdo", et passé récemment du whisky à l'eau minérale, vient d'annoncer son soutien à... François Fillon. Renaud n'a donc pas assez dessoûlé pour cesser d'espérer complètement.

    + Les feuilletons ou séries, ouvrages de fiction, sont infinis. Anthony Horowitz raconte dans le quotidien "Métro" pourquoi il a accepté de reprendre "Sherlock Holmes", oeuvre-clef de la culture moderne policière : "Quand les héritiers de Conan Doyle m'ont contacté pour écrire un Sherlock Holmes, j'ai d'abord eu des scrupules, parce qu'il y a un certain cynisme dans ce genre de livres : un éditeur propose une grosse avance à un écrivain connu pour pondre un best-seller. Toutefois, les lecteurs adorent ces livres. Alors pourquoi s'en priver ? J'ai lu toutes les histoires de Holmes à l'âge de 17 ans et c'est ce qui a fait de moi un auteur de polars. Alors oui, c'est une entreprise marketing, mais en vérité je n'ai dû mettre qu'une seconde à accepter !" ; un peu plus loin, le scénariste belge Van Hamme raconte comment il a repris "Blake & Mortimer", qui constitue un véritable filon pour les éditions Lombard-Dargaud.

    + "Quand la BD fait des bulles dans le réel" : "La Tribune de Genève" titre ainsi un mauvais papier (2 avril) dédié à la BD de reportage ou d'enquête, à prétention historique, ou encore visant la vulgarisation scientifique. Mauvais papier car la frontière entre la fiction et le réel n'est pas posée : elle reste à définir dans un monde où la fiction, sous forme de spectacles et divertissements divers, joue un rôle politique majeur.

    Mauvais papier car la "Tribune de Genève" ne fait pas la part entre la propagande et la réalité. Il ne suffit pas qu'un livre ou un enseignement se proclame "historique" pour qu'il soit autre chose qu'une fiction déguisée en réalité - tel le "roman national laïc", qui du point de vue historique relève du catéchisme. Il ne faut pas négliger non plus la part de la propagande dans le domaine de la "techno-science", dont les actionnaires sont assez puissants pour imposer une idée avantageuse de la science à laquelle leurs intérêts sont liés. La science-fiction ne s'est pas développée comme un genre distinct de la science académique ou sérieuse, mais elle s'inscrit dans le prolongement de diverses hypothèses et théories scientifiques censées être sérieuses ; c'est bien la preuve que la fiction et la réalité interfèrent.

    Mauvais papier enfin car il présuppose le journalisme et l'information "du côté du réel", ce qui reste à prouver. Rien ne dit que le journalisme n'est pas principalement devenu un acte de censure, à travers la contribution à ce que l'essayiste Hannah Arendt qualifie de "culture de masse", excroissance inquiétante de la culture occidentale, non moins susceptible de véhiculer le fanatisme que les religions les plus fanatiques.

    + L'éditeur de BD Jacques Glénat a été mis en cause entre autres capitaines d'industrie par "Le Monde" dans l'affaire dite des "Panama Papers" ; J. Glénat avait acquis la société offshore Getway S.A., spécialisée dans l'achat de tableaux et de meuble anciens, avant de la revendre et distribuer les tableaux à ses enfants quand les contrôles fiscaux commencèrent de se faire pressants. "Le Monde" fait par ailleurs à l'éditeur une réputation d'"Oncle Picsou" dans ses contrats avec les auteurs ; on regrette que le quotidien n'étaye pas plus cette accusation.

  • Goya***

    Francisco de Goya (1746-1828), peintre de cour, a connu la célébrité grâce à ses portraits de la famillewebzine,bd,gratuit,fanzine,zébra,bande-dessinée,critique,goya,peintre,glénat,olivier bleys,benjamin bozonnet,caprices,prado,quinta del sordo royale et la publication des « Caprices » en 1799, œuvre gravée, satire sociale et politique très violente pour l’époque. Des monstres fantastiques, des sorcières, hantent un grand nombre de planches.

    La BD d’Olivier Bleys et Benjamin Bozonnet choisit de traiter un épisode un peu moins connu de la vie du peintre, celui des « peintures noires » (1819-1823). Goya a perdu sa première femme dans la famine madrilène et épousé la très jeune Léocadia Weiss, de quarante ans sa cadette, récemment séparée de son mari (Goya a 73 ans).

    Le contexte politique en Espagne en 1819 au moment où commence le récit est trouble, propice à la réaction et contraire aux idées libérales (mais néanmoins monarchistes) du peintre. Après la guerre contre Napoléon, la politique menée par le nouveau roi, Ferdinand VII débouche sur un climat insurrectionnel et obscurantiste. Goya vient d’être inquiété pour son tableau, « La Maja nue ».

    Il s’installe alors loin de la vie intellectuelle et brillante de Madrid. Il achète une maison de campagne de deux étages sur les rives du Manzanares à proximité de Madrid, baptisée « La Quinta del Sordo » (la maison du sourd). Le récit en bande-dessinée débute ici.

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  • L'Île aux Femmes**

    La guerre des sexes n'en finit pas ; les cafés-théâtres sont pleins d'humoristes plus ou moins inspirés,webzine,zébra,gratuit,bd,fanzine,bande-dessinée,critique,kritik,ile aux femmes,glénat,zanzim,frédéric Leutelier,hubert,aristophane,lysistrata,riad sattouf,no sex in manhattan,bégaudeau,oubrerie,mâle occidental contemporain,humour qui exploitent à fond le filon des petites turpitudes et des grands espoirs déçus du couple.

    A vrai dire le sujet n'est pas tout à fait neuf, puisque le poète comique Aristophane, plusieurs siècles avant J.-C., faisait déjà rire son public avec une grève du sexe, décidée par les femmes pour faire cesser la guerre menée par leurs maris ("Lysistrata" (411), jouée pendant la guerre du Péloponnèse) - une variation sur le slogan : "Faites l'amour, pas la guerre !".

    La BD n'a pas manqué de s'emparer de ce thème porteur. Commandé par "Libération", Riad Sattouf publia il y a quelques années "No Sex in Manhattan", satire des moeurs sexuelles et amoureuses new-yorkaises, dans laquelle il souligne malignement la ressemblance entre les entretiens d'embauche et les rencards amoureux ("date"), au cours desquels de braves types américains s'évertuent à convaincre des jeunes femmes pleines d'ambition qu'ils constituent un bon placement. On comprend, en filigrane, que la compétition économique est une guerre comme une autre.

    Plus récemment, "Le Mâle Occidental contemporain" (Bégaudeau/Oubrerie) fut un succès de librairie. Les auteurs voulaient montrer le désarroi du jeune bobo parisien "en mal d'amour" (Aristophane est plus direct et ne fait pas usage d'euphémismes), confronté à de jeunes femmes averties sur la valeur des flatteries masculines et moins pressées que naguère de faire leur choix. L'album fit cependant grincer quelques dents, car il montre les jeunes femmes pétries de principes féministes sous un jour un peu... austère.

    "L'Île aux Femmes", engageant par son dessin vif et enlevé (Frédéric Leutelier alias Zanzim), sa mise en couleur itou, laisse présager dès la couverture une fable caustique. Céleste Bombard, un aviateur de la Grande Guerre, au passé de séducteur, fait accidentellement naufrage sur une île exclusivement peuplée de femmes, une sorte de tribu d'Amazones, mais non amputées et toutes plus girondes les unes que les autres. Hélas pour lui, sa déception est à la mesure de son érection quand il constate que ces femmes sont très remontées contre le sexe dit "fort", dont la seule contribution à la perpétuation de l'espèce est respectée une fois l'an. Et encore, ces femmes sévères ont pour coutume d'amputer une jambe de leur étalon afin d'adoucir ses ardeurs. Seule l'habileté de notre otage à cuisiner des petits plats français lui vaut un peu de mansuétude ; puis à réciter des histoires d'amour romantiques. Mais les amateurs (ou amatrices ?) d'humour misogyne en seront pour leur frais. Sans dévoiler la chute, on peut dire que le conte cocasse vire à la fable féministe. Céleste s'amende, et va s'intéresser aux femmes non plus seulement par appétit pour leurs formes et les promesses paradisiaques qu'elles recèlent, mais aussi pour leur âme.

    "L'Île aux Femmes" convaincra surtout les utopistes tenants de l'harmonie entre les sexes. Les autres s'en tiendront sans doute à Aristophane, plus réaliste.

    L'Île aux Femmes, Zanzim, Glénat 2015.