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2016 - Page 9

  • Oedipe-roi des cons

    La Semaine de Zombi. Mercredi : l'algorithme du site de rencontres tarifées en ligne est très performant ; dans le fond le couple n'est rien d'autre chose qu'un problème de robinet.

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  • Caricature Saint-Valentin

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  • Revue de presse BD (177)

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    Le "rêve européen", vu de l'étranger, par le caricaturiste Ali Dilem.

    + Encore une tentative de mettre le dessin de presse au service de la propagande européenne. Nous avions déjà cité dans cette revue de presse (n°138) l'effort du technocrate européen Thierry Vissol il y a un an, et de Guillaume Doizy ("Caricatures & Caricature"); Nicolas Vadot récidive avec l'exposition "Ceci n'est pas l'Europe! - 120 caricatures d'actualité", dont ce caricaturiste belge est commissaire (ainsi que vice-président de l'asso. "Cartooning for peace"). N. Vadot se livre à un plaidoyer vibrant pour l'Europe sur le site "Caricatures & Caricature" ; arrêtons-nous sur un seul point : l'Europe aurait un but pacifique, selon N. Vadot, qui présente cette assertion comme une "vérité". Pourtant il n'y a pas besoin d'avoir un esprit satirique très développé pour observer que le principal mobile de la construction européenne, suivant un modèle technocratique, est d'ordre économique - celui-là même qui a conduit les nations européennes à s'affronter dans des guerres totales au XXe siècle pour le partage des ressources coloniales et de territoires à la mesure de leur expansion industrielle. Quelle meilleure preuve que la crise actuelle ? Celle-ci montre que, quand le capitalisme vacille, l'idée européenne chancelle et les leaders populistes n'ont aucun mal à discréditer cette entreprise titanesque. La propagande européenne n'est donc qu'une des facettes de la propagande capitaliste, relevant du pari sur l'avenir le moins scientifique qui soit.

    On peut bien sûr se moquer des détracteurs de l'Europe, les caricaturer (l'Europe n'a certes pas inventé la bureaucratie, qui existait avant elle), cependant l'Europe se prête mieux à la satire, à commencer par son mépris des principes démocratiques, alors même que le mot "démocratie" est sur les lèvres de tous les dirigeants européens.

    "L'idéal européen" n'est pas sans évoquer deux fanatismes religieux modernes, cousins germains : la démocratie-chrétienne et le stalinisme. Chez A. de Tocqueville, l'espoir de progrès placé dans "la démocratie en Amérique" est tempéré par une bonne dose de scepticisme ; Tocqueville se demande ainsi comment l'Amérique pourra s'affranchir du mobile mercantile qui fut la première cause des Etats-Unis.

    + La dernière "Une" de "Charlie-Hebdo" (signée Coco), brocardant le pro-fête Cyril Hanouna, animateur d'une émission quotidienne à succès, "Touche pas à mon poste", dédiée aux "enfants de la télé " ("Direct 8"), a déclenché une controverse dans les médias et sur les réseaux sociaux. On peut y voir une reprise par "Charlie-Hebdo" de la critique de la "société du spectacle" ou du consumérisme. Michel Onfray s'en est pris lui aussi récemment à l'animateur de télé, l'accusant d'être une cause du djihadisme. Cyril Hanouna avait répliqué en accusant Michel Onfray d'islamophobie ; il a préféré répondre à "Charlie-Hebdo" sur le ton de l'humour. On pointe un peu facilement le populisme du doigt, en ce domaine comme en d'autres ; il n'est jamais que le produit d'un élitisme dévoyé.

    + Le dessinateur finlandais Ville Ranta veut devenir français, au-delà de l'aspect purement policier de la nationalité, parce que la France est le pays des caricaturistes. Il décrit dans son blog dessiné le processus de cette métamorphose incertaine. En effet il n'est pas si aisé pour les Français eux-mêmes de savoir qui ils sont. Il leur faut parfois voyager à l'étranger pour le découvrir. Un précédent peut nous éclairer, celui du philosophe F. Nietzsche, qui répudia sa culture et ses origines allemandes pour "devenir Français ou Italien", admiratif de la faculté de jouir de ces deux peuples, qu'il n'accorde pas aux Allemands, plus féminins et tourmentés, ayant le goût des choses macabres, tristes et romantiques - on dirait "gothiques" aujourd'hui. F. Nietzsche définit les Français et les Italiens comme étant réactionnaires, et les Allemands modernes. Le poète Baudelaire, au contraire, bien que Français, exprima son dégoût des Français, qu'il trouvait trop "voltairiens", ce qualificatif décrivant un manque de spiritualité.

    La "liberté d'expression" est-elle un principe français ? Les Français sont sans doute trop pragmatiques pour croire la liberté possible sur le plan politique. En revanche les Français sont plus individualistes que d'autres peuples, et acceptent moins bien que l'Etat ou ses représentants leur disent ce qu'il faut penser.

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    La Tour Montparnasse, croquis tiré du blog de Ville Ranta. 

  • Revue de presse BD (176)

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    Illustration de couverture par Rémy Mattei

    + Le fanzine lyonnais "Laurence 666" a reçu le prix du fanzine (alias "BD alternative") au récent festival-off d'Angoulême. Un ami luthérien me souffle : - Vu le titre, c'est sûrement un fanzine catholique. Le nombre 666, "de la bête", est un nombre mythique et énigmatique que le lecteur de l'évangile (apocalypse : XIII, 18) est incité à déchiffrer. Certains on pensé qu'il désignait Néron, le pape (les luthériens), Napoléon, Hitler, etc. D'autres, au contraire, qu'il ne désigne pas un individu en particulier, mais, de façon générique, la nature de l'antéchrist dont l'avènement marque la fin des temps.

    + Le quotidien "20 Minutes" explique dans un petit reportage que le développement de nouvelles technologies, dont internet, n'a pas entraîné la disparition des petits journaux amateurs, dits fanzines. Cela dit les fanzines de BD, comme la grosse presse, sont concurrencés par internet. Il n'y a plus de fanzine BD aujourd'hui, tirant et vendant plusieurs milliers d'exemplaires comme dans les années 80 (fanzine "PLG").

    + La ministre de la Culture Fleur Pellerin n'a toujours pas le temps de lire apparemment (et son entourage non plus) ; en effet, à l'issue du récent festival de la BD d'Angoulême, elle a décidé de faire chevalier des arts et lettres une brochette d'auteurs de BD, dont une majorité de femmes, parmi lesquels le franco-syrien Riad Sattouf : or ce dernier explique dans sa BD, "L'Arabe du Futur", succès de librairie, que les dictatures arabe (Syrie-Hafez el Assad) et d'Afrique (Libye-Kadhafi) s'efforçaient d'imiter le modèle républicain français laïc. La BD de Riad Sattouf contredit donc le propos officiel en vogue sur la république française, modèle de liberté.

    + Plusieurs auteures ont refusé d'accepter cette "médaille en chocolat" (Tanxxx, Julie Maroh, Aurélie Neyret et Chloé Cruchaudet) et exprimé sur leurs blogs respectifs leur mécontentement de servir d'alibi féministe à un gouvernement que sa politique économique et sociale a coupé d'une partie de son électorat idéaliste.

    + Tandis que les représentants de l'appareil d'Etat brandissent le drapeau de la liberté d'expression d'un côté, ils font passer des mesures d'exception visant à la réduire d'autre part. Mardi 2 février, le Sénat a renforcé une disposition gouvernementale visant à condamner pénalement la simple lecture (!) de sites internet faisant l'apologie du terrorisme. L'ineptie de ce décret, sans doute inapplicable, fait penser à la prohibition de la littérature communiste ou marxiste aux Etats-Unis.

    A ce propos il faut dire que la censure indirecte a prouvé au cours des dernières siècles qu'elle était beaucoup plus efficace que la censure directe, qui a le don d'exciter la curiosité, en particulier des plus jeunes. Le moyen de censure le plus efficace aujourd'hui est sans doute le divertissement. L'essayiste britannique G. Orwell, récupéré aujourd'hui par les esprits les plus conventionnels (Natacha Polony), a souligné à quel point l'argument démocratique pouvait servir de paravent au totalitarisme ("La Ferme des Animaux") ; on retrouve cet argument démocratique dans la limite de l'ordre public que certains prétendent assigner à la liberté d'expression. Enfin, puisqu'il est question du "terrorisme", rappelons que la République française repose culturellement, à l'instar d'autres régimes totalitaires, sur l'apologie de la terreur révolutionnaire.

    Nous proposons dans Zébra cette semaine une critique du recueil de dessins et affiches de Mai 68 paru chez Michel Lafon (2008) ; cet album commenté par les dessinateurs de "Hara-Kiri" montre que les revendications des rebelles de Mai 68 sont toujours d'actualité.

    + Le caricaturiste et auteur de BD Maëster ("Soeur Marie-Thérèse des Batignolles") a subi récemment un accident vasculaire cérébral. Hémiplégique, il peut néanmoins dessiner de nouveau et donne des nouvelles à ses lecteurs sur son blog depuis son centre de rééducation.

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    Autocaricature de Maëster après l'AVC.

  • Revue de presse BD (175)

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    + Tout ce tintouin féministe autour du festival d'Angoulême pour finalement remettre le Grand prix du festival... à Hermann Huppen ("Comanche", "Bernard Prince", "Jérémiah"...), dessinateur à la réputation de vieux bougon réac, dont les BD sont peuplées de femmes sexy à moitié dénudées !

    Le dessin nerveux et vivant de Hermann "sauve" des scénarios plutôt indigents. Les dessinateurs caractériels ont plutôt intérêt à être aussi de bons scénaristes. Un petit bémol tout de même à propos du machisme d'Hermann : son personnage de Comanche est une cow-girl qui mène à la trique une bande de garçons vachers ; en matière de tempérament et d'indépendance, Comanche n'a pas grand-chose à envier aux "femens" russes.

    + Morris, Goscinny, Jijé : les auteurs de l'âge d'or de la BD se moquaient déjà en leur temps des sociologues et philosophes qui glosaient sur la BD. Les vannes ne sont sans doute pas près de se refermer ; ainsi sur "France-Culture", "radio marchand de sable", un certain Tristan Garcia s'efforçait dernièrement (27 janvier) de ne pas donner de réponse aux questions simples suivantes : 1/Pourquoi la BD franco-belge est faite pour les garçons ? Autant se demander pourquoi le foot féminin est peu développé.

    2/et pourquoi la BD franco-belge n'est pas sexuellement explicite ? Réponse : l'aventure est une façon de sublimer la sexualité ; le coït proprement dit ou les attouchements sexuels ne constituent pas un sujet littéraire d'une manière générale (par chance la littérature s'élève un peu au-dessus de la biologie et de la médecine).

    Les héros de la mythologie grecque sont confrontés pour leur part à la sexualité, de façon plus ou moins symbolique. Mais la mythologie ne vise pas (seulement) à divertir les enfants comme "Tintin & Milou" ; de plus, si la mythologie grecque n'évite pas la sexualité, elle la rapproche du néant et de la mort dans diverses fables. Loin d'être un motif d'accomplissement du héros, la sexualité représente souvent un obstacle (Les Sirènes, Circé...), de sorte que la mythologie antique n'est pas un récit d'aventure, comme souvent les BD.

    C'est donc exactement l'inverse de ce que prétend Tristan Garcia qui est vrai : il y a une connotation sexuelle dans "Tintin" et les romans d'aventure en général (rien n'est plus connoté sexuellement que la littérature puritaine) ; c'est ce qui fait de la BD belge une sous-littérature le plus souvent. L'indigence des scénarios de Hermann évoquée plus haut vient justement de ce que leur connotation sexuelle est un peu trop évidente.

    + Le 43e FIBD consacre une expo. à "L'Art de Morris", à l'occasion des 70 ans de Lucky-Luke ; Zébra vous propose de réviser votre Morris à l'aide d'un petit quiz ; l'hebdo gratuit publicitaire "A Nous Paris" a interviewé Stéphane Beaujean, commissaire de l'expo. ; extraits : "Nous le savons aujourd'hui, la reconnaissance artistique passe par la reconnaissance des musées et du marché de l'art qui vous donne une cote et confirme votre valeur" [?] ; "Nous avons pu obtenir les planches en noir et blanc, mais beaucoup d'autres, en couleurs, sont restées hors de notre portée. Un mystère entoure encore son oeuvre." "(...) Autant dire que je craignais un refus. Mais sa veuve et ses nièces ont accepté de faire une entorse aux volontés de Morris pour monter l'expo. Elles ont compris que l'époque avait changé, que les réticences de Morris venaient d'un autre temps [moins mercantile ?]"

    + Consécutivement à la lecture du bouquin consacré par Denis Robert à "Charlie-Hebdo", "Mohicans", un blogueur (Frédéric Chambe) a rédigé un billet intitulé : "Mon adieu à Charlie" ; l'inflexion éditoriale de "Charlie-Hebdo" sous la direction de Philippe Val est intéressante à noter, car elle explique en partie pourquoi "Charlie-Hebdo" est devenu un symbole national, alors qu'il fut conçu à l'origine comme un symbole ANTInational.

    En revanche il est injuste d'attaquer Cabu et Val sur le point de l'argent et des bénéfices engrangés par "Charlie-Hebdo". Tandis que la presse et les journalistes sont "arrosés" par les industriels et les partis politiques à qui ils servent de porte-voix, Cabu et Val étaient de rares exemples de journalistes indépendants. Peut-on reprocher à Cabu, qui a commencé de travailler tôt, et n'a jamais cessé de travailler d'arrache-pied, d'avoir accumulé un pécule ? De même la fidélité de Cabu à P. Val n'a rien d'une mystérieuse naïveté. Il faut pour faire vivre une petite entreprise de presse indépendante des qualités que Cabu n'avait pas, et il était reconnaissant à P. Val de jouer ce rôle de gérant.

  • Revue de presse BD (174)

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    Image extraite de la série débile "Pr Moustache", diffusée par "Arte".

    + Comme je le disais la semaine dernière, en matière de féminisme les hommes en font parfois un peu trop. Ainsi, pour voler au secours des auteures de BD opprimées, Yan Lindingre ("Fluide Glacial") a cru opportun de créer le prix "Couilles au cul", destiné à récompenser au prochain festival d'Angoulême une auteure pour son courage. Ce n'est même pas un gag : un sculpteur, Denis Hilt, a été chargé d'exécuter le trophée saugrenu (même pas une sculptrice). Comme c'était à prévoir, la réaction des ligues de vertu féministe à cet hommage a été rien moins qu'unanime.

    + Après pas mal de tergiversations et un "mea culpa" de son directeur F. Bondoux, le FIBD a désigné trois auteurs parmi lesquels sera désigné le gagnant du "grand prix" de la foire internationale : Hermann, Alan Moore et Claire Wendling. Le premier, Hermann, est un auteur actif depuis longtemps et réputé pour son dessin énergique, inspiré des comics américains ; cependant le dessin d'Hermann n'a jamais été mis au service d'un scénario mémorable ; le britannique Alan Moore revendique un propos et une BD destinés aux adultes, mais il ne s'élève guère au-dessus du niveau puéril des comics américains et d'un érotisme racoleur ; quant à Claire Wendling... ce n'est pas vraiment une auteure de BD.

    + La chaîne franco-allemande "Arte" diffuse depuis quelques semaines le "Pr Moustache", un petit dessin-animé de vulgarisation scientifique, dessiné par Marion Montaigne (et lu par François Morel). Ce feuilleton, qui se veut désopilant, est complètement débile ; mais avant de dire pourquoi, disons deux mots des obstacles auxquels se heurte la "vulgarisation scientifique".

    L'histoire de la science est négligée dans l'enseignement scolaire ; celui-ci se situe souvent au niveau de la légende dorée - le récit de la pomme de Newton, par exemple, donnée pour cause de l'intuition géniale du savant anglais. De ce point de vue, l'effort de vulgarisation et de démystification paraît donc justifié. Néanmoins les difficultés sont nombreuses : la science actuelle est faite de raisonnements et de démonstrations imbriqués les uns dans les autres, à la manière de poupées russes ou d'un film dont il faudrait comprendre le sens global en n'ayant vu seulement quelques images.

    De surcroît la science actuelle est en perpétuel mouvement ; dominante encore il y a une quinzaine d'années, la théorie physique dite "des cordes" est déjà en train de se démoder. De même la théorie du "Big-bang" ne fait plus l'unanimité depuis quelques années - ses nombreuses lacunes ont ouvert de nouvelles voies de recherche. Cette instabilité rend la tâche du vulgarisateur ardue. Ajoutons encore un dernier obstacle - les lois mathématiques sont paradoxales et heurtent le sens commun ; comment expliquer que les lois de la gravitation de s'appliquent pas aux "composants" des particules élémentaires, électrons, protons et neutrons ? La loi de gravitation de Newton elle-même est loin de permettre tous les calculs. Les suiveurs de Newton (le Français d'Alembert) ont dû lui appliquer bon nombre de correctifs complexes.

    Toutes ces complications font apparaître la science contemporaine comme un langage d'initiés. L'initiation évoque plutôt la religion, mais on aurait tort de sous-estimer les rapports étroits que la religion et la science entretiennent depuis toujours. D'ailleurs le concept de "science laïque", défendu par certains vulgarisateurs français (C. Allègre) ne pèse pas lourd scientifiquement.

    Le feuilleton de Marion Montaigne est débile car il contribue à fait passer la technologie pour la science fondamentale ; le propos de Marion Montaigne est entièrement dépourvu de recul critique ; il présente les dernières données de la science comme sûres, alors que ce ne sont que des hypothèses. Le cas du boson de Higgs est significatif : 4 milliards d'euros ont été dépensés au bas mot afin de construire un accélérateur de particules géant (Large Hadron Collider) ; quelques années après sa mise en service et une panne ayant entraîné un surcoût, le Cern (Organisation européenne pour la recherche nucléaire) a annoncé la "très forte probabilité" d'avoir découvert ce qu'il cherchait : le fameux boson de Higgs. Une jolie histoire... dont les tenants et aboutissants sont difficile à saisir pour le grand public, voire les instances politiques qui valident l'allocation de crédits.

    De plus nous vivons une ère technologique et industrielle aux implications politiques considérables. Ladite "science physique fondamentale" actuelle est-elle si fondamentale que ça, ou un ensemble de démonstrations théoriques brillantes destinées à servir d'alibi à l'industrie ? Compte tenu des milliards brassés et de l'enjeu politique, ne pas se montrer un minimum circonspect, c'est faire preuve d'une grande foi et non d'esprit critique.

    Les régimes totalitaires sont des régimes technocratiques, et l'incitation à la méfiance vis-à-vis du jargon scientifique ou intellectuel est le fait de tous les essayistes qui ont étudié la dérive totalitaire de l'Occident : Orwell, Bernanos, Hannah Arendt, Simone Weil, pour n'en citer que quelques-uns. Contre la physique quantique, cette dernière écrivait : "la formule de Planck, faite d'une constante dont on n'imagine pas la provenance et d'un nombre qui ne correspond à aucune probabilité, N'A AUCUN RAPPORT AVEC AUCUNE PENSEE." ; ou encore ceci : "Les quantas d'énergie sont contraires à la raison." ("Réflexions à propos de la théorie des quantas")

    + Le 21 janvier est l'occasion pour de nombreux internautes de célébrer sur les réseaux sociaux la mort de deux despotes : Louis XVI (1793) et Lénine (1924). Curieusement, certains qui regrettent le premier vantent la monarchie comme un obstacle au capitalisme et à la mondialisation ; en réalité, la monarchie française a précédé les Républiques bourgeoises dans la voie du capitalisme. Les historiens qui étudient le capitalisme situent ses débuts au XVIIe siècle, voire au moyen-âge. Le culte de Lénine relève lui aussi de l'idéologie ; le révolutionnaire russe finit par reconnaître son échec (dans des écrits publiés à titre posthume) et compara le régime soviétique à celui de Louis XIV, qui fit accomplir à la France le même progrès technique et politique brutal.

    + Pour la quatrième année consécutive, le fanzine Zébra concourt au prix du fanzine ("BD alternative") d'Angoulême, avec 28 autres petites publications venues du monde entier (Taïwan, Japon, Espagne, Ukraine, Allemagne, Russie, etc.). L'année dernière le fanzine "Dérive urbaine" (Paris) s'était vu décerner le prix, et son rédac-chef Boris Hurtel avait répondu à une petite interview pour présenter "Dérive urbaine".

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    Couverture du fanzine "Maidan" n°1 dans le style soviétique (concours fanzines du FIBD)

     

  • Meilleurs voeux de Lola !

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    (par Aurélie Dekeyser)