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marion montaigne

  • Dans la combi de T. Pesquet*

    Marion Montaigne a fait à Thomas Pesquet la bobine d'un parfait crétin. Et pour cause ! Cet ancien pilote dewebzine,bd,zébra,gratuit,fanzine,bande-dessinée,thomas pesquet,marion montaigne,dargaud,tintin,lune,sciences et vie,critique,kritik ligne qui rêvait d'exploits astronautiques depuis l'enfance s'est porté volontaire pour servir de cobaye à l'industrie aérospatiale et être "envoyé dans l'espace".

    La BD décrit en détail les conséquences néfastes pour l'organisme d'un séjour en apesanteur, qui se résument à un vieillissement accéléré. A cela s'ajoutent des tests psychiques et physiques souvent humiliants, que le cobaye français passe avec succès... et un masochisme inébranlable.

    On n'est pas forcé de trouver ces expérimentations amusantes : elles sont le corollaire d'expériences plus cruelles encore menées sur des animaux.

    Si l'on souhaite dissuader ses gamins de faire don de leur corps à la "science" -en réalité l'industrie-, on peut leur faire lire "Dans la combi de Pesquet" ; en dévoilant l'envers du décors, son auteur nous montre un Th. Pesquet plus proche du "geek" que de l'aventurier. "Tintin sur la Lune" était sûrement plus persuasif.

    M. Montaigne ne dissimule pas ou mal le côté ennuyeux du job de cosmonaute ; elle tire à la ligne : il lui faut plus de dix pages pour donner un aperçu des tests psychotechniques subis par les candidats à la mise en orbite. Franchement, qui peut bien s'intéresser à l'angle de sortie du tube de la pâte à dentifrice en état d'apesanteur ?

    Que la passion maniaque de Marion Montaigne pour les gadgets technologiques fasse l'objet d'une publication en feuilleton dans "Sciences & Vie Junior", passe encore, mais un gros album de près de cent pages, c'est un peu dur à digérer !

    - Coïncidence amusante, le fameux homonyme de Marion Montaigne s'est employé dans ses "Essais" à démontrer l'inutilité de la science ; or "Dans la combi de Pesquet" aboutit à peu près au même résultat, de dégoûter le lecteur de la science...

    Dans la combi de Th. Pesquet, par Marion Montaigne, éd. Dargaud, 2017.

  • Revue de presse BD (263)

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    + Les ayant-droits de Hergé sont peu soucieux de mettre en avant le catholicisme du père de Tintin, car celui-ci constitue un obstacle à la reconnaissance de Hergé comme artiste. Avec son essai "Hergé, le diable et le bon dieu" (Desclée de Brouwer), Bob Garcia n'hésite pas à mettre les pieds dans le plat.

    On sait que Georges Rémi a reçu une éducation catholique et qu'il a eu pour mentor un ecclésiastique, l'abbé Wallez, résolu à exploiter la bande-dessinée comme moyen de propagande. Pour autant, "Tintin" a-t-il un lien avec le catholicisme ? La propagande par l'image est sans doute une caractéristique catholique, mais les aventures de Tintin & Milou sont loin d'être une illustration ou une défense de la foi catholique comme la peinture de Tintoret ou du Caravage.

    Tintin illustre plutôt le patriotisme belge, à la fois anticommuniste, antiaméricain et colonialiste (occultant le pillage du Congo par les entrepreneurs belges); la religion catholique n'est qu'un aspect secondaire de ce patriotisme. Les convictions religieuses de Hergé semblent avoir évolué au fil du temps ; plus persistants furent ses principes écologistes, appris chez les boy-scouts, qui le marquèrent plus que telle ou telle idéologie.

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    Tête de chouette par François Martinet

    + La bibliothèque virtuelle de la biodiversité (Biodiversity Heritage Library) a mis en ligne (Flickr) plus d'un million de dessins, croquis et photographies représentant la faune ou la flore. Les illustrateurs et auteurs de bande-dessinée qui travaillent souvent à partir d'une documentation pourront puiser dans ce stock d'images exceptionnel (cf. ci-dessus).

    "On vit dans un monde où le réel est en concurrence avec l’opinion à tous les niveaux." déclare Philippe Val dans "Le Coq des Bruyères", où il est interviewé par Agathe André (ex-journaliste à "Charlie-Hebdo").

    Sur ce point l'ancien rédacteur en chef de "Charlie-Hebdo" fait preuve de lucidité, bien qu'il faut ajouter que le gouvernement par l'opinion, la rumeur et les "fake-news", est largement orchestré par les médias et les élites politiques...

    De plus, en entrant avec "Charlie-Hebdo" dans le jeu politique, P. Val s'est exposé à des polémiques violentes et des insultes qui sont monnaie courante sur ce terrain.

    Pour le reste, Philippe Val est plus proche de l'incantation et du cours d'éducation civique que de la satire. La liberté d'expression est enseignée dans l'école républicaine (y compris dans l'enseignement privé, soumis à un programme commun) quasiment comme... un dogme ; quelques affaires judiciaires récentes illustrent cette situation ubuesque. Or l'étatisme à la française, peut-être sans équivalent dans le monde, non seulement est un moyen de censure (il rend le contrôle de la presse et des médias audio-visuels plus facile, par exemple), mais il est aussi sans doute le produit d'une certaine censure.

    On peut se demander si cet étatisme n'est pas la cause de l'engouement non moins extraordinaire des Français pour l'internet, c'est-à-dire un média alternatif, souvent perçu et décrit comme une menace par les représentants de l'ordre public républicain.

    NB : le "Coq des Bruyères" est une publication satirique en ligne fondée en 2006 par Patrick Font, ex-partenaire de scène de Philippe Val.

    + La bande-dessinée didactique a le vent en poupe, mais elle s'avère souvent un moyen de propagande. Nous reviendrons sur le cas de Marion Montaigne, qui assimile la technique à la science dans ses BD et ses dessins-animés humoristiques de vulgarisation. Le label de la science est ainsi accordé à des découvertes ou inventions qui ne souvent que le fruit de tâtonnements hasardeux.

    Dans cette BD en ligne, il s'agit d'élucider de façon pseudo-scientifique le "terrorisme individuel" ; traduisez : le terrorisme qui ne trouve pas sa motivation dans une fatwa, dont les exemples ne manquent pas dans l'actualité récente.

    En résumé : l'individualisme est suspect a priori, et seul un certificat médical lui fournira une excuse valable. On est plus près ici du scénario d'une série américaine jouant sur la peur que du propos didactique.

    Le caractère distinctif du terrorisme en réalité n'est pas sa violence, qui focalise l'attention, c'est sa violence assumée. Il existe une violence sociale, voire institutionnelle, quantitativement beaucoup plus meurtrière, mais en revanche presque taboue, ou considérée comme un "dommage collatéral", qui ne soulève pas ou peu d'indignation.

    Le fait d'assumer la violence de la part des terroristes, comme de la minimiser de la part des institutions, ce sont là deux surtout deux stratégies différentes.

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  • Revue de presse BD (174)

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    Image extraite de la série débile "Pr Moustache", diffusée par "Arte".

    + Comme je le disais la semaine dernière, en matière de féminisme les hommes en font parfois un peu trop. Ainsi, pour voler au secours des auteures de BD opprimées, Yan Lindingre ("Fluide Glacial") a cru opportun de créer le prix "Couilles au cul", destiné à récompenser au prochain festival d'Angoulême une auteure pour son courage. Ce n'est même pas un gag : un sculpteur, Denis Hilt, a été chargé d'exécuter le trophée saugrenu (même pas une sculptrice). Comme c'était à prévoir, la réaction des ligues de vertu féministe à cet hommage a été rien moins qu'unanime.

    + Après pas mal de tergiversations et un "mea culpa" de son directeur F. Bondoux, le FIBD a désigné trois auteurs parmi lesquels sera désigné le gagnant du "grand prix" de la foire internationale : Hermann, Alan Moore et Claire Wendling. Le premier, Hermann, est un auteur actif depuis longtemps et réputé pour son dessin énergique, inspiré des comics américains ; cependant le dessin d'Hermann n'a jamais été mis au service d'un scénario mémorable ; le britannique Alan Moore revendique un propos et une BD destinés aux adultes, mais il ne s'élève guère au-dessus du niveau puéril des comics américains et d'un érotisme racoleur ; quant à Claire Wendling... ce n'est pas vraiment une auteure de BD.

    + La chaîne franco-allemande "Arte" diffuse depuis quelques semaines le "Pr Moustache", un petit dessin-animé de vulgarisation scientifique, dessiné par Marion Montaigne (et lu par François Morel). Ce feuilleton, qui se veut désopilant, est complètement débile ; mais avant de dire pourquoi, disons deux mots des obstacles auxquels se heurte la "vulgarisation scientifique".

    L'histoire de la science est négligée dans l'enseignement scolaire ; celui-ci se situe souvent au niveau de la légende dorée - le récit de la pomme de Newton, par exemple, donnée pour cause de l'intuition géniale du savant anglais. De ce point de vue, l'effort de vulgarisation et de démystification paraît donc justifié. Néanmoins les difficultés sont nombreuses : la science actuelle est faite de raisonnements et de démonstrations imbriqués les uns dans les autres, à la manière de poupées russes ou d'un film dont il faudrait comprendre le sens global en n'ayant vu seulement quelques images.

    De surcroît la science actuelle est en perpétuel mouvement ; dominante encore il y a une quinzaine d'années, la théorie physique dite "des cordes" est déjà en train de se démoder. De même la théorie du "Big-bang" ne fait plus l'unanimité depuis quelques années - ses nombreuses lacunes ont ouvert de nouvelles voies de recherche. Cette instabilité rend la tâche du vulgarisateur ardue. Ajoutons encore un dernier obstacle - les lois mathématiques sont paradoxales et heurtent le sens commun ; comment expliquer que les lois de la gravitation de s'appliquent pas aux "composants" des particules élémentaires, électrons, protons et neutrons ? La loi de gravitation de Newton elle-même est loin de permettre tous les calculs. Les suiveurs de Newton (le Français d'Alembert) ont dû lui appliquer bon nombre de correctifs complexes.

    Toutes ces complications font apparaître la science contemporaine comme un langage d'initiés. L'initiation évoque plutôt la religion, mais on aurait tort de sous-estimer les rapports étroits que la religion et la science entretiennent depuis toujours. D'ailleurs le concept de "science laïque", défendu par certains vulgarisateurs français (C. Allègre) ne pèse pas lourd scientifiquement.

    Le feuilleton de Marion Montaigne est débile car il contribue à fait passer la technologie pour la science fondamentale ; le propos de Marion Montaigne est entièrement dépourvu de recul critique ; il présente les dernières données de la science comme sûres, alors que ce ne sont que des hypothèses. Le cas du boson de Higgs est significatif : 4 milliards d'euros ont été dépensés au bas mot afin de construire un accélérateur de particules géant (Large Hadron Collider) ; quelques années après sa mise en service et une panne ayant entraîné un surcoût, le Cern (Organisation européenne pour la recherche nucléaire) a annoncé la "très forte probabilité" d'avoir découvert ce qu'il cherchait : le fameux boson de Higgs. Une jolie histoire... dont les tenants et aboutissants sont difficile à saisir pour le grand public, voire les instances politiques qui valident l'allocation de crédits.

    De plus nous vivons une ère technologique et industrielle aux implications politiques considérables. Ladite "science physique fondamentale" actuelle est-elle si fondamentale que ça, ou un ensemble de démonstrations théoriques brillantes destinées à servir d'alibi à l'industrie ? Compte tenu des milliards brassés et de l'enjeu politique, ne pas se montrer un minimum circonspect, c'est faire preuve d'une grande foi et non d'esprit critique.

    Les régimes totalitaires sont des régimes technocratiques, et l'incitation à la méfiance vis-à-vis du jargon scientifique ou intellectuel est le fait de tous les essayistes qui ont étudié la dérive totalitaire de l'Occident : Orwell, Bernanos, Hannah Arendt, Simone Weil, pour n'en citer que quelques-uns. Contre la physique quantique, cette dernière écrivait : "la formule de Planck, faite d'une constante dont on n'imagine pas la provenance et d'un nombre qui ne correspond à aucune probabilité, N'A AUCUN RAPPORT AVEC AUCUNE PENSEE." ; ou encore ceci : "Les quantas d'énergie sont contraires à la raison." ("Réflexions à propos de la théorie des quantas")

    + Le 21 janvier est l'occasion pour de nombreux internautes de célébrer sur les réseaux sociaux la mort de deux despotes : Louis XVI (1793) et Lénine (1924). Curieusement, certains qui regrettent le premier vantent la monarchie comme un obstacle au capitalisme et à la mondialisation ; en réalité, la monarchie française a précédé les Républiques bourgeoises dans la voie du capitalisme. Les historiens qui étudient le capitalisme situent ses débuts au XVIIe siècle, voire au moyen-âge. Le culte de Lénine relève lui aussi de l'idéologie ; le révolutionnaire russe finit par reconnaître son échec (dans des écrits publiés à titre posthume) et compara le régime soviétique à celui de Louis XIV, qui fit accomplir à la France le même progrès technique et politique brutal.

    + Pour la quatrième année consécutive, le fanzine Zébra concourt au prix du fanzine ("BD alternative") d'Angoulême, avec 28 autres petites publications venues du monde entier (Taïwan, Japon, Espagne, Ukraine, Allemagne, Russie, etc.). L'année dernière le fanzine "Dérive urbaine" (Paris) s'était vu décerner le prix, et son rédac-chef Boris Hurtel avait répondu à une petite interview pour présenter "Dérive urbaine".

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    Couverture du fanzine "Maidan" n°1 dans le style soviétique (concours fanzines du FIBD)

     

  • Pub Hebdo Zébra #7

    L'hebdo BD Zébra #7 est en cours de bouclage...

    Dans la revue de presse BD/culture, nous reviendrons notamment sur "L'Emission dessinée" de la semaine dernière, qui donnait la parole à de nombreux auteurs-dessinateurs de BD "indé".

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    - A lire aussi notre débat : les super-héros sont-ils plutôt fachistes, nazis ou réacs ?

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