Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

caricatures et caricature

  • Revue de presse BD (177)

    webzine,bd,gratuit,zébra,fanzine,bande-dessinée,actualité,février,2016,revue de presse,caricature,europe,guillaume doizy,ali dilem,caricatures et caricature,nicolas vadot,thierry vissol

    Le "rêve européen", vu de l'étranger, par le caricaturiste Ali Dilem.

    + Encore une tentative de mettre le dessin de presse au service de la propagande européenne. Nous avions déjà cité dans cette revue de presse (n°138) l'effort du technocrate européen Thierry Vissol il y a un an, et de Guillaume Doizy ("Caricatures & Caricature"); Nicolas Vadot récidive avec l'exposition "Ceci n'est pas l'Europe! - 120 caricatures d'actualité", dont ce caricaturiste belge est commissaire (ainsi que vice-président de l'asso. "Cartooning for peace"). N. Vadot se livre à un plaidoyer vibrant pour l'Europe sur le site "Caricatures & Caricature" ; arrêtons-nous sur un seul point : l'Europe aurait un but pacifique, selon N. Vadot, qui présente cette assertion comme une "vérité". Pourtant il n'y a pas besoin d'avoir un esprit satirique très développé pour observer que le principal mobile de la construction européenne, suivant un modèle technocratique, est d'ordre économique - celui-là même qui a conduit les nations européennes à s'affronter dans des guerres totales au XXe siècle pour le partage des ressources coloniales et de territoires à la mesure de leur expansion industrielle. Quelle meilleure preuve que la crise actuelle ? Celle-ci montre que, quand le capitalisme vacille, l'idée européenne chancelle et les leaders populistes n'ont aucun mal à discréditer cette entreprise titanesque. La propagande européenne n'est donc qu'une des facettes de la propagande capitaliste, relevant du pari sur l'avenir le moins scientifique qui soit.

    On peut bien sûr se moquer des détracteurs de l'Europe, les caricaturer (l'Europe n'a certes pas inventé la bureaucratie, qui existait avant elle), cependant l'Europe se prête mieux à la satire, à commencer par son mépris des principes démocratiques, alors même que le mot "démocratie" est sur les lèvres de tous les dirigeants européens.

    "L'idéal européen" n'est pas sans évoquer deux fanatismes religieux modernes, cousins germains : la démocratie-chrétienne et le stalinisme. Chez A. de Tocqueville, l'espoir de progrès placé dans "la démocratie en Amérique" est tempéré par une bonne dose de scepticisme ; Tocqueville se demande ainsi comment l'Amérique pourra s'affranchir du mobile mercantile qui fut la première cause des Etats-Unis.

    + La dernière "Une" de "Charlie-Hebdo" (signée Coco), brocardant le pro-fête Cyril Hanouna, animateur d'une émission quotidienne à succès, "Touche pas à mon poste", dédiée aux "enfants de la télé " ("Direct 8"), a déclenché une controverse dans les médias et sur les réseaux sociaux. On peut y voir une reprise par "Charlie-Hebdo" de la critique de la "société du spectacle" ou du consumérisme. Michel Onfray s'en est pris lui aussi récemment à l'animateur de télé, l'accusant d'être une cause du djihadisme. Cyril Hanouna avait répliqué en accusant Michel Onfray d'islamophobie ; il a préféré répondre à "Charlie-Hebdo" sur le ton de l'humour. On pointe un peu facilement le populisme du doigt, en ce domaine comme en d'autres ; il n'est jamais que le produit d'un élitisme dévoyé.

    + Le dessinateur finlandais Ville Ranta veut devenir français, au-delà de l'aspect purement policier de la nationalité, parce que la France est le pays des caricaturistes. Il décrit dans son blog dessiné le processus de cette métamorphose incertaine. En effet il n'est pas si aisé pour les Français eux-mêmes de savoir qui ils sont. Il leur faut parfois voyager à l'étranger pour le découvrir. Un précédent peut nous éclairer, celui du philosophe F. Nietzsche, qui répudia sa culture et ses origines allemandes pour "devenir Français ou Italien", admiratif de la faculté de jouir de ces deux peuples, qu'il n'accorde pas aux Allemands, plus féminins et tourmentés, ayant le goût des choses macabres, tristes et romantiques - on dirait "gothiques" aujourd'hui. F. Nietzsche définit les Français et les Italiens comme étant réactionnaires, et les Allemands modernes. Le poète Baudelaire, au contraire, bien que Français, exprima son dégoût des Français, qu'il trouvait trop "voltairiens", ce qualificatif décrivant un manque de spiritualité.

    La "liberté d'expression" est-elle un principe français ? Les Français sont sans doute trop pragmatiques pour croire la liberté possible sur le plan politique. En revanche les Français sont plus individualistes que d'autres peuples, et acceptent moins bien que l'Etat ou ses représentants leur disent ce qu'il faut penser.

    webzine,bd,gratuit,zébra,fanzine,bande-dessinée,actualité,février,2016,revue de presse,caricature,europe,guillaume doizy,ali dilem,caricatures et caricature,nicolas vadot,thierry vissol

    La Tour Montparnasse, croquis tiré du blog de Ville Ranta. 

  • Revue de presse BD (151)

     Extraits de la revue de presse illustrée publiée chaque semaine en intégralité dans l'hebdo Zébra.webzine,bd,zébra,gratuit,fanzine,bande-dessinée,actualité,revue de presse,hebdomadaire,mai,2015,delcourt,jacques martin,hergé,tintin,van melkebeke,nietzsche,louvain-la-neuve,raymond leblanc,musée,actuabd,vice.com,gonzo,tristram,auch,gailliot,martigny,guillaume musso,valérie trierweiler,katherine pancol,daech,iran,shoah,atena farghadani,bernard bouton,féco,caricatures et caricature,guillaume doisy,le rire,clément vautel,steinlein,forain

    (Portrait de J. Van Melkebeke, par Hergé in : "Le Secret de la Licorne")

    + En Belgique ou en France, comme aux Etats-Unis, des académies de BD ouvrent afin de former de nouveaux auteurs ; par exemple l’année dernière en plein Paris, à l’initiative de l’éditeur G. Delcourt. La bande-dessinée y est enseignée comme un art à part entière, et par conséquent des cours d’histoire de la BD sont dispensés, en plus de la technique.

    On peut recommander à ces étudiants la lecture de cette interview en ligne de Jacques Martin (2001), auteur de la série à succès « Alix » (une vingtaine de millions d’albums vendus au total). Nul n’incarne mieux que cette saga située dans l’Antiquité romaine l’ambition du « Journal de Tintin » de proposer aux enfants et adolescents des lectures divertissantes « de qualité » - quoi que certains intellectuels de gauche ont, par le passé, reproché à J. Martin de véhiculer, à l’instar de Nietzsche, un discours réactionnaire en exaltant l’Antiquité romaine à travers la saga d’Alix le gallo-romain. Fondée ou non, cette polémique illustre au moins l’enjeu culturel de la BD et les efforts de divers partis pour se l’approprier.

    Mais surtout J. Martin a longtemps collaboré étroitement avec Hergé, représentant avec lui de la « ligne claire ». Le témoignage de J. Martin est éclairant sur le procédé de fabrication de « Tintin ». Quelques anecdotes racontées par J. Martin montrent que « Tintin » est une œuvre moins personnelle qu’on ne le croit. J. Martin raconte ainsi comment le public à imposé à Hergé le personnage provisoire du capitaine Haddock, dont il a fallu atténuer certains traits de caractère afin de le rendre plus sympathique.

    Mais aussi J. Martin rappelle le rôle discret mais important de Jacques Van Melkebeke dans l’écriture des scénarios de Hergé ou E.P. Jacobs. Paradoxalement, la discrétion de Van Melkebeke, par ailleurs peintre, est due au fait qu’il ne prenait pas très au sérieux la bande-dessinée belge.

    Enfin, même si le fait est plus connu, J. Martin raconte que Hergé a désiré se débarrasser de Tintin, dont le succès entravait la curiosité de Hergé pour d’autres formes d’expression artistiques.

    On retrouve peut-être plus la touche personnelle de Hergé dans son ingéniosité à adapter les ressorts du dessin-animé au support papier, facilitant ainsi la lecture des albums de Tintin par ses jeunes lecteurs.

    Cette conception collective de « Tintin », mi-artisanale, mi-industrielle, est sans doute la clef de l’explication du succès de l’œuvre attribuée pour des raisons de commodité à Hergé, succès bien plus large que celui d’autres formes d’art contemporain plus élitistes, mais tombés plus vite en désuétude.

    Lire la suite