par Naumasq
histoire - Page 3
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L'Histoire revisitée par le luxe
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Revue de presse BD (204)
+ Difficile d'échapper à Tintin en ce moment ; quelques dessins originaux de Hergé datant des années 1940 -des cartes de voeux- ont été mis en vente aux enchères. La carte ci-dessus montrant Tintin se rendant à la messe de minuit est un des rares exemples où Tintin "assume son catholicisme". On sait que Hergé reçut une éducation catholique, avant de travailler au "XXe Siècle" sous les ordres de l'abbé Wallez, ecclésiastique féru des méthodes modernes de propagande ; cependant Hergé s'éloigna peu à peu au cours de sa carrière des principes qu'on lui avait inculqués dans sa jeunesse. Par ailleurs on sait l'influence sur Hergé du scoutisme, qui enseigne à ses jeunes adeptes le respect de la nature.
Les influences diverses et contradictions de Hergé ont déteint sur ses BD.
+ Classé parmi les auteurs dessinant "à la manière de Hergé", le scénariste et dessinateur de BD Ted Benoît est décédé fin septembre. Ted Benoît (Thierry Benoît à l'état civil) était peu connu du grand public, travaillant surtout pour la publicité, avant de reprendre en 1996 la série à succès "Blake et Mortimer" créée par Edgar Jacobs. Pour justifier cette reprise, T. Benoît affirmait : "Contrairement à Hergé, dont l'oeuvre est une “comédie humaine” très personnelle qui, sans lui, n'aurait aucun sens, Jacobs appartient à la grande tradition feuilletonesque. (...)"
C'est inexact ; Hergé s'est efforcé de faire passer "Tintin" pour une oeuvre "personnelle", mais on sait grâce aux témoignages de proches collaborateurs que Hergé a subi diverses influences très nettes, tant sur le plan du dessin que du scénario. Hergé a beaucoup travaillé à polir ses BD, les redessinant méticuleusement, ce qui donne une impression d'homogénéité trompeuse.
+ Le dessinateur Charlie Schlingo était aux antipodes de Hergé, du moins pour ce qui est de la notoriété. Ironiquement, Frédéric Potet, le spécialiste de la BD au "Monde" parle de "ligne crade" pour qualifier le style de Schlingo. C'est un peu exagéré, car Schlingo était aussi très influencé par le savoir-faire américain en matière de BD.
+ Dans une interview donnée mi-septembre à Médiapart, la caricaturiste Coco affirme ne pas avoir changé sa manière de dessiner depuis le massacre de ses confrères de "Charlie-Hebdo". On lit dans cette interview une pique contre Plantu, ainsi que quelques déclarations un peu chauvines : "Je crois que beaucoup de pays nous envient la laïcité" (rien ne prouve que l'on comprend à l'étranger ce que certains Français appellent "laïcité", thème de longs prêches aussi ennuyeux qu'édifiants).
Mais la remarque la plus intéressante est le point de vue de Coco selon lequel la caricature ne doit pas dépasser les limites assignées par la loi (et par conséquent la police, en charge de l'exécution des lois). Les caricaturistes seraient donc, en France, les seules personnes respectueuses des lois ? Que penserait-on d'un caricaturiste britannique qui dirait : - Je suis prêt à me moquer de tout, sauf de la reine. Ou encore d'un caricaturiste marocain qui dirait : - On peut rire de tout... dans les limites assignées par la charia.
+ La "Une" de "Libération" aujourd'hui nous montre l'ex-président et actuel candidat N. Sarkozy dans le costume d'Astérix, le personnage de Goscinny et Uderzo, escorté d'Eric Zemmour en Idéfix. R. Goscinny avait un certain nombre de points communs avec N. Sarkozy ; on se souvient d'ailleurs que Anne Goscinny a fait récemment partie d'un comité de soutien au président déchu. Jean-Marie Le Pen est surnommé dans son camp "le menhir", ce qui rappelle un autre personnage d'Uderzo.
"Libération" titre sur l'effort de la droite pour "refaire l'histoire". Mais la droite et Eric Zemmour ne font en cela qu'imiter les idéologues de gauche, qui ont produit et continuent de produire leur propre version du roman national. Que l'on songe, par exemple, à l'extraordinaire opération de blanchiment du terrorisme révolutionnaire par les intellectuels de gauche au cours de la seconde moitié du XXe siècle : cette entreprise négationniste était indispensable pour fonder la mythomanie du "progrès social". Un autre moyen de mesurer à quel point la gauche baigne dans la fiction, c'est de mesurer la distance qui la sépare de Marx (conscient dès le début de l'hypocrisie des "Droits de l'Homme").
La question est de savoir pourquoi la droite éprouve actuellement à son tour le besoin de produire une version cultuelle de l'histoire de France, au niveau de la bande-dessinée pour les gosses ? La réponse est simple : parce que la gauche se ramène désormais à un point de vue intellectuel et élitiste. Les élites intellectuelles sont fascinées par des fictions et des mécanismes encore plus abstraits, telles que les institutions technocratiques européennes, qui fonctionneraient parfaitement bien si l'homme était un robot.
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Malentendu
Ah, croire que quelqu'un est comme ci, alors qu'il est comme ça. Prendre des vessies pour des lanternes, et inversement des lanternes pour des vessies (to think the moon is made of green cheese).
Tous ces faux-semblants faisant que le moine pourrait passer pour un dépravé sans son habit, et inversement un politicien pour un chic type dans son costume sur mesure.
Or sans illusion, point d'illumination. Point de déception non plus, mais vivre dans une lucidité dénuée de tout artifice, ce serait comme dire à un enfant que le père Noël n'existe pas, ou à des amoureux que la passion ça ne dure pas éternellement. Un peu triste, non ? Car n'est-ce pas agréable quand, tout à coup, un inconnu vous offre des leurres ?!? Naumasq
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Réduction de tête
...littéraire pour faire de la place dans ma bibliothèque.
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Réduction de tête
...littéraire (pour faire de la place dans ma bibliothèque).
par Antistyle
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Revue de presse BD (90)
+ En dehors de quelques ringards, qui n'a pas son super-héros aujourd'hui, super-flic ou... super-papa ? Ce sticker ironique géant de Maupal a été placardé dans les rues de Rome ; quant au magazine "Rolling Stone", qui a placé le pape François en couverture d'un récent numéro, il a sans doute voulu faire un jeu de mots sur le successeur de Pierre qui roule.
+ Culture : les terroristes sont décidément des gens comme tout le monde, puisque le tueur de militants gauchistes norvégien Anders Breivik, entre autres exigences, a réclamé le dernier modèle de console de jeu Playstation et l'autorisation de jouer à des jeux pour adultes (il entend par là des jeux interdits aux moins de 16 ans). Beaucoup de mères de famille doivent faire face à de telles exigences de la part de leurs gamins.
+ Petit reportage vidéo de près d'une heure à travers l'Europe francophone sur le petit monde des fanzines artisanaux - par Francis Vadillo.
+ Si vous souhaitez publier des dessins dans le "New-Yorker", ou tout simplement comprendre l'humour new-yorkais, il est peut-être préférable de visionner cette vidéo dans laquelle Bob Mankoff explique comment il choisit quelques dessins parmi les milliers adressés chaque semaine à la rédaction.
+ Le dessin de la semaine est de Gustave Doré (1832-1883), exposé en ce moment au musée d'Orsay jusqu'au 11 mai. Messieurs les commissaires de l'exposition font allusion à "l'influence certaine" de Gustave Doré sur la bande-dessinée ; on peut même dire que Gustave Doré n'a jamais été aussi bon que comme auteur de BD ("Histoire de la sainte Russie"), où il est moins virtuose que dans certaines de ses illustrations les plus connues, et c'est tant mieux.
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Les bourgeoisies en France**
Du XVIe au milieu du XIXe siècle
Cette thèse universitaire, présentée comme un essai, aborde une question essentielle pour comprendre l’art occidental : celle de la bourgeoisie. Si c’est surtout la « culture de masse » la plus récente qui arbore les signes distinctifs de la bourgeoisie (l’aspect industriel est significatif), comme on peut le supposer le processus y conduisant fut progressif.
De plus, tout en imprimant de plus en plus sa marque sur la production artistique à mesure de sa montée en puissance au cours des derniers siècles, la bourgeoisie est tenue en opprobre par les artistes, de façon presque systématique, leur attitude allant de la franche hostilité au mépris. A tel point que, dans la recherche d’une définition ou d’une élucidation de la notion complexe de bourgeoisie, objet principal de la recherche de Laurent Coste, on pourrait qualifier la bourgeoisie de façon lapidaire comme « l’ennemie des artistes ». Y compris lorsqu’un artiste présente tous les attributs de la bourgeoisie, il n’est pas rare qu’il se défende d’être un bourgeois.
On peut citer l’exemple de la presse anarchiste ou libertaire du XIXe siècle, qui abrita de nombreux dessinateurs satiriques (précurseurs de la bande-dessinée), auteurs de charges contre la bourgeoisie – ses mœurs, son tempérament industrieux, son pouvoir de domination – d’une véhémence comparable au marxisme. L. Coste se contente de citer quelques critiques, comme celle de Victor Hugo : «On a voulu, à tort, faire de la bourgeoisie une classe. La bourgeoisie est tout simplement la portion contentée du peuple. (…) La bourgeoisie est l’intérêt arrivé à satisfaction.» Cette remarque de V. Hugo sur la «satisfaction» de la bourgeoisie indique que c’est, au minimum, l’absence d’idéal qui lui est reproché.
En préambule de son ouvrage, Laurent Coste souligne la difficulté du sujet ; non seulement sur le plan méthodologique (les statistiques sont un outil dont la portée scientifique est assez limitée), mais aussi en raison des nombreuses polémiques autour de la question de la bourgeoisie, dont celle de la Révolution française de 1789 et son héritage, revendiqué par les historiens bourgeois libéraux (Guizot). (...)