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kritik - Page 9

  • Mitterrand, un jeune homme de droite**

    Une biographie de François Mitterrand, voilà qui illustre les nouvelles prétentions dewebzine,bd,zébra,gratuit,bande-dessinée,fanzine,kritik,critique,mitterrand,jeune homme de droite,richelle,rébéna,rue de sèvres la BD à prendre place au rayon adulte.

    Le sous-titre est fait pour surprendre ceux qui ignorent que l'ancien président de la République venait d'un milieu bourgeois et conservateur. "Réactionnaire" serait plus juste pour qualifier le jeune Mitterrand, dont la jeunesse est retracée à partir de la fin de ses études jusqu'à la fin de la seconde guerre mondiale. En effet, la "droite" est devenue le parti des industriels et des banquiers au cours des dernières décennies - le parti de l'argent ; tandis que le jeune F. Mitterrand n'était pas entièrement dénué d'idéalisme. Le rêve que caressait François Mitterrand de devenir un écrivain reconnu illustre aussi la facette romantique du personnage.

    La BD de Richelle et Rébéna (Eds "Rue de Sèvres") met bien au jour ce qui a pu conduire F. Mitterrand à devenir le monarque de gauche que l'on sait - probablement le plus "royal" des présidents de la Ve République, qui fut surnommé le "sphinx" (et fit construire une pyramide).

    Les idées réacs de Mitterrand, liées à son goût pour la littérature, l'inclinaient peu à la fois moderne dans la démocratie (et dans la modernité tout court), en même temps qu'elles renfermaient cet idéalisme et ce vernis culturel propre à séduire "le peuple de gauche". Cet idéalisme se traduisit aussi par la passion de Mitterrand, encore étudiant, pour une jeune femme de quinze ans, qu'il voulut épouser sans attendre.

    Mais l'ennui est le sentiment qui prévaut. Il s'empare vite du lecteur qui se fait la réflexion que, décidément, la vie politique moderne et ses acteurs manquent de relief. Un animal hénaurme domine désormais - l'Etat, si pesant qu'il écrase tout. Louis XIV pouvait encore croire tenir l'Etat entre ses mains, mais désormais l'éléphant l'emporte sur le cornac. Seules les guerres, dans les temps modernes, alors que l'organisation de l'Etat est momentanément chancelante, permettent à des personnalités politiques de s'épanouir et briller, le plus souvent de façon sinistre. En temps de paix, des hommes en costard-cravate gèrent les affaires courantes ; malgré son air de danseur de tango argentin romantique, F. Mitterrand faisait partie de ces gestionnaires (et le savait sans doute).

    On peine donc à s'intéresser aux ressorts d'un si petit mécanisme, à un personnage aussi secondaire de l'histoire, et les auteurs s'enlisent, scénario et dessin, dans ce sujet.

  • Ulysse***

    (Les chants du retour)

    Un an après sa parution (oct. 2014), Jean Harambat a reçu le "prix de la BD historique duwebzine,bd,zébra,gratuit,fanzine,bande-dessinée,critique,kritik,ulysse,odyssée,jean harambat,actes-sud, château de Cheverny" pour "Ulysse" ; dans cette adaptation des derniers chants de "L'Odyssée", on voit Ulysse aborder enfin la terre promise d'Ithaque et reconquérir de haute lutte cette île modeste, ainsi que sa place auprès de Pénélope, qui seule ou presque avait attendu le retour du fameux héros à l'intelligence hors du commun, continuant d'y croire malgré tout.

    On peut être surpris de l'attribution d'un prix d'histoire à une BD illustrant un récit mythologique. Cependant le voyage retour d'Ulysse, guidé par la sagesse personnifiée par Athéna, évoque la manière qu'ont certaines religions ou philosophies de l'histoire de faire coïncider la fin du monde avec l'ultime sagesse ou révélation ; que l'on songe seulement à l'importance que revêt la science en Occident, au moins comme leitmotiv. D'ailleurs Achille, le "pendant" d'Ulysse, semble mû par une force plus conventionnelle, et comme dépassée. Le héros de "L'Odyssée" surpasse les héros de "L'Iliade".

    L'auteur de cette adaptation parue chez "Actes-Sud BD", passé par une "khâgne", a déclaré avoir fait le rapprochement entre le retour d'Ulysse et "Le Comte de Monte-Cristo", célèbre roman d'A. Dumas sur le thème de la vengeance. Mais il y a sans doute bien plus qu'une histoire de "come-back" vengeur dans "L'Odyssée" et, disons-le d'emblée, les comparaisons entre la culture antique et la culture bourgeoise moderne, à bien des égards sont abusives.

    La sobriété du dessin de J. Harambat convient bien à une telle adaptation, mieux que n'aurait convenu un dessin académique et virtuose suivant une mode américaine de plus en plus envahissante. Les dessins illustrant les vases grecs d'épisodes de la mythologie, homérique ou non, sont eux-mêmes d'une simplicité presque troublante, compte tenu de l'exigence artistique actuelle d'exhiber son complexe (féminin ou autre).

    La mise en images, fidèle aux chants d'Homère, est entrecoupée d'une sorte d'exégèse en bande-dessinée, tirée de Jean-Pierre Vernant, Jacqueline de Romilly, un historien, un libraire, etc. Et c'est là que le bât blesse, l'initiation à Homère est quelque peu entravée. Le propos frise en effet parfois la pédanterie (F. Hartog) ou la banalité (J. de Romilly).

    Bien que la bande-dessinée soit un art moderne, et "L'Odyssée" l'archétype de la poésie grecque antique, leur réunion dans un album de BD ne doit pas faire oublier le fossé qui sépare Homère de la culture contemporaine. Les ponts jetés par ces universitaires entre Homère et la littérature contemporaine, les rapprochements qu'ils tentent sont assez chimériques... surtout entre Homère et Proust !

    L'angle psychologique pour aborder la mythologie s'avère inepte (Freud a échoué à élucider un tant soit peu les tragédies de Shakespeare de cette façon).

    Autre différence remarquable : les critiques et exégètes modernes commentent abondamment fables et mythes du passé, mais les littérateurs modernes n'en produisent pas eux-mêmes.

    On retrouve donc dans les commentaires insérés entre les chants un travers ou un pli récurrent dans l'analyse universitaire moderne, qui consiste à étudier l'art et la littérature du passé à travers le prisme des valeurs actuelles. Derrière cette méthode, on devine un but ou une fonction religieuse : celle qui consiste à bâtir la légende dorée d'une culture occidentale "héritière de la culture gréco-romaine + judéo-chrétienne". Bien plus pertinentes sont les études (anti-académiques) de Nietzsche, Léopardi, voire Marx et Arendt, qui soulignent le fossé entre l'Antiquité et le monde moderne, au lieu de tout lisser sous la chappe d'une sorte de vernis culturel "bcbg".

    "Ulysse, Les Chants du Retour", par Jean Harambat, Actes-Sud BD, 2014.

  • Petite histoire de la caricature

    ...de presse en 40 images

    Cette «petite histoire de la caricature de presse», par un prof de la fac de Poitiers, s’emploie à fournirwebzine,bd,gratuit,zébra,fanzine,bande-dessinée,kritik,critique,caricature,moncond'huy,poitiers,folio,satirique quelque notion de cet art aux lycéens et enseignants. L’affaire «Charlie-Hebdo» a en effet braqué les projecteurs sur ce genre en voie de disparition, depuis que la presse est devenue "une affaire de publicité".

    Mais il est difficile de ne pas se montrer critique, voire sarcastique, à l’égard d’un tel ouvrage... scolaire. La satire, enseignée à l’école ? Quel paradoxe ! L’auteur de ce petit manuel, Dominique Moncond’huy, note que l’anticléricalisme fut un des thèmes de prédilection de la presse satirique ; or il y a beau temps que l’institution scolaire s’est substituée à l’Eglise, et que les instituteurs et les profs ont remplacé les curés, suivant la remarque de Péguy ou Marx. L'école et l'université, les professeurs, doivent redevenir une cible de la satire.

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  • L'Île aux Femmes**

    La guerre des sexes n'en finit pas ; les cafés-théâtres sont pleins d'humoristes plus ou moins inspirés,webzine,zébra,gratuit,bd,fanzine,bande-dessinée,critique,kritik,ile aux femmes,glénat,zanzim,frédéric Leutelier,hubert,aristophane,lysistrata,riad sattouf,no sex in manhattan,bégaudeau,oubrerie,mâle occidental contemporain,humour qui exploitent à fond le filon des petites turpitudes et des grands espoirs déçus du couple.

    A vrai dire le sujet n'est pas tout à fait neuf, puisque le poète comique Aristophane, plusieurs siècles avant J.-C., faisait déjà rire son public avec une grève du sexe, décidée par les femmes pour faire cesser la guerre menée par leurs maris ("Lysistrata" (411), jouée pendant la guerre du Péloponnèse) - une variation sur le slogan : "Faites l'amour, pas la guerre !".

    La BD n'a pas manqué de s'emparer de ce thème porteur. Commandé par "Libération", Riad Sattouf publia il y a quelques années "No Sex in Manhattan", satire des moeurs sexuelles et amoureuses new-yorkaises, dans laquelle il souligne malignement la ressemblance entre les entretiens d'embauche et les rencards amoureux ("date"), au cours desquels de braves types américains s'évertuent à convaincre des jeunes femmes pleines d'ambition qu'ils constituent un bon placement. On comprend, en filigrane, que la compétition économique est une guerre comme une autre.

    Plus récemment, "Le Mâle Occidental contemporain" (Bégaudeau/Oubrerie) fut un succès de librairie. Les auteurs voulaient montrer le désarroi du jeune bobo parisien "en mal d'amour" (Aristophane est plus direct et ne fait pas usage d'euphémismes), confronté à de jeunes femmes averties sur la valeur des flatteries masculines et moins pressées que naguère de faire leur choix. L'album fit cependant grincer quelques dents, car il montre les jeunes femmes pétries de principes féministes sous un jour un peu... austère.

    "L'Île aux Femmes", engageant par son dessin vif et enlevé (Frédéric Leutelier alias Zanzim), sa mise en couleur itou, laisse présager dès la couverture une fable caustique. Céleste Bombard, un aviateur de la Grande Guerre, au passé de séducteur, fait accidentellement naufrage sur une île exclusivement peuplée de femmes, une sorte de tribu d'Amazones, mais non amputées et toutes plus girondes les unes que les autres. Hélas pour lui, sa déception est à la mesure de son érection quand il constate que ces femmes sont très remontées contre le sexe dit "fort", dont la seule contribution à la perpétuation de l'espèce est respectée une fois l'an. Et encore, ces femmes sévères ont pour coutume d'amputer une jambe de leur étalon afin d'adoucir ses ardeurs. Seule l'habileté de notre otage à cuisiner des petits plats français lui vaut un peu de mansuétude ; puis à réciter des histoires d'amour romantiques. Mais les amateurs (ou amatrices ?) d'humour misogyne en seront pour leur frais. Sans dévoiler la chute, on peut dire que le conte cocasse vire à la fable féministe. Céleste s'amende, et va s'intéresser aux femmes non plus seulement par appétit pour leurs formes et les promesses paradisiaques qu'elles recèlent, mais aussi pour leur âme.

    "L'Île aux Femmes" convaincra surtout les utopistes tenants de l'harmonie entre les sexes. Les autres s'en tiendront sans doute à Aristophane, plus réaliste.

    L'Île aux Femmes, Zanzim, Glénat 2015.

     

  • Le Caravage*

    Milo Manara compte pas mal d’admirateurs parmi les adolescents adeptes des pratiqueswebzine,bd,zébra,gratuit,fanzine,bande-dessinée,critique,kritik,milo manara,le caravage,hugo pratt,giuseppe bergman,poussin,stendhal,ruskin,tintoret,rembrandt,picasso masturbatoires. Il a en effet bâti sa carrière sur son habileté à dessiner des femmes nues, sous toutes les coutures, dans des bandes-dessinées érotico-pornographiques sans cesse rééditées. Parfois Manara ajoute une pointe d’humour à son propos égrillard.. Avant M. Houellebecq, il a suggéré de façon ironique que le tourisme sexuel est la première motivation des Occidentaux qui voyagent dans les pays du tiers-monde, sous divers prétextes—l’aventure, une cause humanitaire, etc.  (cf. « Giuseppe Bergman »), se moquant au passage de son ami Hugo Pratt, globe-trotteur invétéré qui avait « une femme dans chaque port ».

    C’est une tâche bien différente que lui a confié Glénat, de mettre la vie du peintre et propagandiste catholique Caravage en scène, et le résultat est, il faut bien dire, un ratage complet.

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  • Les Ménines****

    La bande-dessinée « Les Ménines » paraît en parallèle de l’exposition « Velasquez » qui se tient auwebzine,bd,zébra,gratuit,fanzine,bande-dessinée,kritik,critique,les ménines,vélasquez,futuropolis,santiago garcia,javier olivares,habsbourg,antonio vallejo,picasso,goya,dali,josé ribera,rubens,titien,flaminia triumfi,vénus au miroir,les ménines Grand Palais jusqu’au 23 août 2015.

    C’est un excellent complément qui permet de bien comprendre l’itinéraire assez peu connu de Vélasquez sans tomber dans l’anecdotique. Le scénario de Santiago Garcia parvient à conjuguer rythme, vérité historique et sauts à travers le temps, tout en proposant une réflexion sur le rôle du peintre et la trace qu’il laisse.

    Le « peintre des peintres » (dixit Manet quelques siècles plus tard), naît en 1599  et trace son sillon, conscient de son talent et indépendant des modèles traditionnels de l’époque. Il deviendra le grand maître espagnol de la peinture baroque, éclipsant tous ses concurrents. Aujourd’hui on compte à peine une centaine d’œuvres de sa main pour plus de 40 ans de carrière.

    On y voit sa formation à Séville auprès de Pacheco, peintre local et futur beau-père. Sont vantés son sens du volume, proche de la sculpture et sa capacité à rendre le réel et les matières. Des bodegons (natures mortes) aux portraits, il parvient, tel Apelle*, à faire croire à ses contemporains qu’ils se trouvent dans la même pièce que les modèles de ses tableaux. Ces qualités lui valent les faveurs de la monarchie.

    Grâce à l’entremise du puissant premier ministre, le comte-duc d’Olivares, compatriote sévillan, il endosse diverses charges protocolaires et parvient à réaliser son rêve, devenir chevalier de l’ordre de Saint-Jacques, la plus prestigieuse distinction en Espagne.

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  • La Révolution Pilote**

    Muni d’une thèse - le magazine « Pilote » a révolutionné la BD – Eric Aeschimann est allé interviewerwebzine,bd,zébra,gratuit,fanzine,bande-dessinée,kritik,critique,révolution,éric aeschimann,nicoby,rené goscinny,pilote,dargaud,fred,claire brétécher,druillet,gotlib,mai 68 les « anciens combattants » du magazine dirigé par feu René Goscinny, escorté par Nicoby, dessinateur chargé d’illustrer ces rencontres, le plus souvent dans le cadre de l’atelier du dessinateur prié de convoquer ses souvenirs de l’époque.

    L’épisode de la rébellion contre Goscinny, qui sonna le glas de « Pilote » en vexant durablement son talentueux mais susceptible rédacteur en chef, est au centre de ces conversations. En effet, si Dargaud n’accepta pas la démission de Goscinny après une réunion où ses employés lui réclamèrent des changements dans ses méthodes de direction (la nomination d’un directeur artistique), celui-ci nourrit dès lors une rancune tenace à l’égard de ceux qui l’avaient accusé. Ainsi, pour cette raison, Goscinny refusa toujours de se rendre au festival d’Angoulême.

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