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jean harambat

  • Revue de presse BD (250)

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    + Parution de "Desproges par Desproges", aux éds du Courroux; beau livre avec plein de trucs intéressants dedans, y compris quelques dessins (dont la version "rat" des chats de Siné) (caricature par LB).

    + Un documentaire diffusé par "France 2" (encore quelques jours) expliquewebzine,bd,zébra,fanzine,gratuit,bande-dessinée,actualité,revue,presse,hebdomadaire,novembre,2017,wallace et gromit,aardman,nick park,david wallace,bill sproxton,stop-motion,hollywood,desproges,lb,siné comment les Britanniques Nick Park (Wallace & Gromit), David Wallace et Bill Sproxton ont produit des courts et des longs métrages en utilisant la pâte à modeler et le "stop-motion", et révolutionné l'industrie du dessin-animé... grâce au système D.

    Wallace & Gromit sont aussi célèbres au Royaume-Uni que Astérix & Obélix en France; les productions du studio Aardman ont raflé pas moins de trois oscars à Hollywood.

    Le documentaire est un peu sirupeux (les témoignages des acteurs), cependant il souligne ce paradoxe de l'industrie du divertissement capitaliste : elle se renouvelle contre ses propres règles, et non selon les lois d'un darwinisme social qui fait office de doxa libérale officielle, martelée à longueur d'antenne par de soi-disant "experts économiques".

    On comprend aussi pourquoi la bande-dessinée échappe parfois à la culture de masse industrielle : ses conditions de production laissent un minimum d'indépendance à ses auteurs, tandis que la culture de masse est une oeuvre collective.

    + Dans cette série de petites vidéos produites par "France-Inter", on peut voir une brochette de dessinateurs de BD dessiner (ici, Jean Harambat), et quel outil ils utilisent: plume, feutre fin, feutre-pinceau, etc.

    + L'expo des dessins de Tomi Ungerer à Moulins (Allier), inaugurée dans le cadre de la biennale des illustrateurs, se prolonge jusqu'au 9 janvier. Une centaine de dessins est exposée en provenance du musée Tomi Ungerer de Strasbourg (ville natale d'Ungerer).

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    Illu. en couleur par Tomi Ungerer exposée à Moulins.

  • Ulysse***

    (Les chants du retour)

    Un an après sa parution (oct. 2014), Jean Harambat a reçu le "prix de la BD historique duwebzine,bd,zébra,gratuit,fanzine,bande-dessinée,critique,kritik,ulysse,odyssée,jean harambat,actes-sud, château de Cheverny" pour "Ulysse" ; dans cette adaptation des derniers chants de "L'Odyssée", on voit Ulysse aborder enfin la terre promise d'Ithaque et reconquérir de haute lutte cette île modeste, ainsi que sa place auprès de Pénélope, qui seule ou presque avait attendu le retour du fameux héros à l'intelligence hors du commun, continuant d'y croire malgré tout.

    On peut être surpris de l'attribution d'un prix d'histoire à une BD illustrant un récit mythologique. Cependant le voyage retour d'Ulysse, guidé par la sagesse personnifiée par Athéna, évoque la manière qu'ont certaines religions ou philosophies de l'histoire de faire coïncider la fin du monde avec l'ultime sagesse ou révélation ; que l'on songe seulement à l'importance que revêt la science en Occident, au moins comme leitmotiv. D'ailleurs Achille, le "pendant" d'Ulysse, semble mû par une force plus conventionnelle, et comme dépassée. Le héros de "L'Odyssée" surpasse les héros de "L'Iliade".

    L'auteur de cette adaptation parue chez "Actes-Sud BD", passé par une "khâgne", a déclaré avoir fait le rapprochement entre le retour d'Ulysse et "Le Comte de Monte-Cristo", célèbre roman d'A. Dumas sur le thème de la vengeance. Mais il y a sans doute bien plus qu'une histoire de "come-back" vengeur dans "L'Odyssée" et, disons-le d'emblée, les comparaisons entre la culture antique et la culture bourgeoise moderne, à bien des égards sont abusives.

    La sobriété du dessin de J. Harambat convient bien à une telle adaptation, mieux que n'aurait convenu un dessin académique et virtuose suivant une mode américaine de plus en plus envahissante. Les dessins illustrant les vases grecs d'épisodes de la mythologie, homérique ou non, sont eux-mêmes d'une simplicité presque troublante, compte tenu de l'exigence artistique actuelle d'exhiber son complexe (féminin ou autre).

    La mise en images, fidèle aux chants d'Homère, est entrecoupée d'une sorte d'exégèse en bande-dessinée, tirée de Jean-Pierre Vernant, Jacqueline de Romilly, un historien, un libraire, etc. Et c'est là que le bât blesse, l'initiation à Homère est quelque peu entravée. Le propos frise en effet parfois la pédanterie (F. Hartog) ou la banalité (J. de Romilly).

    Bien que la bande-dessinée soit un art moderne, et "L'Odyssée" l'archétype de la poésie grecque antique, leur réunion dans un album de BD ne doit pas faire oublier le fossé qui sépare Homère de la culture contemporaine. Les ponts jetés par ces universitaires entre Homère et la littérature contemporaine, les rapprochements qu'ils tentent sont assez chimériques... surtout entre Homère et Proust !

    L'angle psychologique pour aborder la mythologie s'avère inepte (Freud a échoué à élucider un tant soit peu les tragédies de Shakespeare de cette façon).

    Autre différence remarquable : les critiques et exégètes modernes commentent abondamment fables et mythes du passé, mais les littérateurs modernes n'en produisent pas eux-mêmes.

    On retrouve donc dans les commentaires insérés entre les chants un travers ou un pli récurrent dans l'analyse universitaire moderne, qui consiste à étudier l'art et la littérature du passé à travers le prisme des valeurs actuelles. Derrière cette méthode, on devine un but ou une fonction religieuse : celle qui consiste à bâtir la légende dorée d'une culture occidentale "héritière de la culture gréco-romaine + judéo-chrétienne". Bien plus pertinentes sont les études (anti-académiques) de Nietzsche, Léopardi, voire Marx et Arendt, qui soulignent le fossé entre l'Antiquité et le monde moderne, au lieu de tout lisser sous la chappe d'une sorte de vernis culturel "bcbg".

    "Ulysse, Les Chants du Retour", par Jean Harambat, Actes-Sud BD, 2014.

  • En même temps que la jeunesse***

    J'étais le moins prédisposé à dire du bien de cette BD sur le rugby : en effet, d'après mon expérience ce sport exige une discipline militaire ennuyeuse et une bonne dose de masochisme. Le sentimentalisme du rugbyman ordinaire, son culte de la boisson et des femmes, rendent la 3e mi-temps pire que tout le reste de la partie.

    J'ai déjà vu des types qui, après avoir fracassé trois mâchoires, démis deux épaules et brisé un nez avec le sentiment du devoir accompli, s'empressaient une fois le match terminé d'envoyer des SMS à leur fiancée, échauffés par ces préliminaires. En un mot, le rugby est un sport républicain. Ceswebzine,bd,zébra,gratuit,fanzine,bande-dessinée,critique,kritik,jean harambat,rugby,en même temps que la jeunesse,actes sud remarques valent d'autant plus au niveau amateur où le manque d'entraînement et de soigneur compétent multiplie la "casse". Cela dit, après cet avertissement, nous pouvons faire l'apologie de la BD de Jean Harambat en ayant la conscience tranquille.

    Celui-ci parvient à tirer de ce sport séquentiel une ode au rugby. Son personnage d'ailier, commis aux débordements de la ligne adverse, voyage aux quatre coins du monde, jouant dans la réserve de clubs argentin, brésilien, africain, espagnol, australien, irlandais... pour la beauté du geste. Le temps de l'exaltation physique est celui de la jeunesse, d'une sensation de liberté pour les hommes, en dépit des codes et règles de ce sport, auxquels la tactique confère un peu de magie. Peu d'hommes savent s'accommoder de la vieillesse - la plupart sont nostalgiques de leur apogée physique. Le Landais Harambat, outre les stades et les vestiaires, les bars, fréquente aussi les librairies, ce qui ajoute un peu de vernis à ses muscles, de douceur à sa poésie inspirée des contacts homosexuels rugueux du rugby. Peut-être aussi, qui sait, un peu de fadeur, car le rugby n'est jamais qu'un ersatz de la guerre, une manière d'assouvir la violence pendant la trêve, aussi légalement que possible.

    Le trait de croquiste, sec et nerveux, à la manière de Beuville, est pour beaucoup dans cette poésie ; la couleur d'imprimerie un peu lourde, sans doute superflue.

    En même temps que la jeunesse, Jean Harambat, Actes-Sud BD, 2011.