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critique - Page 43

  • Les Couloirs de l'Entretemps

    Des plus poétiques à celles, argotiques, qui scandalisent les institutrices, ce ne sont pas 
    fanzine,bd,zébra,bande-dessinée,illustration,kritik,critique,françois bourgeon,les couloirs de l'entretemps,science-fiction,jodorowski,raëlles manières de dire l’entre-jambe féminin qui manquent dans le lexique, croyez-moi… ou si vous ne me croyez pas, rendez-vous à la Bibliothèque nationale.

    Mais là, je dois dire… il fallait au moins s’appeler François Bourgeon pour en trouver une pareille : «Les Couloirs de L’Entretemps».

    En voyant ce titre, j’ai failli m’étrangler (de rire); dans le domaine de la pédanterie science-fictionnesque, voilà les mages Jodorowski + Raël battus! Imaginez un peu: «Madame, serait-ce un effet de votre bonté de me montrer votre... couloir de l'entretemps ? Ou bien serait-ce porter atteinte à votre analogie avec la Vierge Marie ??» Non mais, enfin, avec des bites pareilles, la BD n'est pas sortie de son trou!

    Je ne l’ai reprise (ma respiration) qu’en parcourant cette BD de culs féminins, dessinés avec un amour à peine croyable… celui qu’un nourrisson n'éprouve pas pour les roberts –pardon, les «astéroïdes jumeaux»-, de sa mère.

    fanzine,bd,zébra,bande-dessinée,illustration,kritik,critique,françois bourgeon,les couloirs de l'entretemps,science-fiction,jodorowski,raëlQuand j’étais gamin, ayant déjà cessé de téter mon pouce vers treize ans, François Bourgeon était connu pour un roman historique en BD, campé dans le genre de XVIIIe siècle que les gens aiment regarder par-dessus leur épaule pour se donner un air avant-gardiste. Moins critique qu’aujourd’hui, je ne savais alors qu’en penser...

    Et si toute la science-fiction se résumait à ce trou noir, en définitive ? Dans ce cas, au lieu de tourner autour du pot, la BD de genre pourrait se résumer à une case unique : une couverture primo-avrilesque de François Bourgeon.

    (par Zombi - leloublan@gmx.fr)

    Les Couloirs de l'Entretemps, François Bourgeon & Lacroix, éd. 12BIS.

     

  • Kritik 2012

    Petit bilan des bouquins lus en 2012 (et non forcément parus cette année) et critiqués par Zombi pour Zébra (réclamations et insultes de fans à adresser à leloublan@gmx.fr) :

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    L'Hydrie - Nicolas Presl (5/5) (pour ceux qui aiment Picasso et l'Antiquité)
     

     

     

     

     

     

     

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    Passage afghan - Ted Rall (5/5) (pour ceux qui veulent savoir ce que les médias ne disent pas)

     

     

     

     

     

     

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    Gus Bofa - Emmanuel Pollaud-Dulian (4/5) (pour ceux qui croient que les illustrateurs ne travaillent que sur commande)

     

     

     

     

     

     

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    La Famille - Bastien Vivès (4/5) (Pour ceux qui croient que la famille est un long fleuve tranquille) 

     

     

     

     

     

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    Une Scène dans l'Ombre - Nicolas Auffray (3/5) (pour ceux qui se demandent comment on peut bosser pour pas d'argent)

     

     

     

     

     

     

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    La Guerre - Bastien Vivès (3/5) (pour les poilus et les épilées qui croient que c'était "la der des ders") 

     

     

     

     

     

     

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    En route pour le Goncourt - Kierzkowski & Ephrem (3/5) (pour ceux qui aiment se moquer des prix)
     
     
     
     
     
     
     
     
     
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    La Conversion - Matthias Gnehm (3/5) (pour ceux qui croient seulement dans la vie, et les autres)
     
     
     
     
     
     
     
     
     
     
     
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     Alexandre Pompidou - Cornette, Frissen & Witko (3/5) (pour ceux que l'art pompidolien laisse sur leur faim)
     
     
     
     
     
     
     
     
     
     
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    Thoreau, La Vie sublime - Dan & Leroy (3/5) (pour ceux qui voient l'homme comme la pire des ordures)
     
     
     
     
     
     
     
     
     
     
     
     
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    L'Exilé du Kalevala - Ville Ranta (3/5) (pour ceux qui n'ont pas les moyens de voyager)

     

     

     

     

     

     

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    Pablo Picasso - Clément Oubrerie (3/5) (pour ceux pour qui Pablo Picasso est un monstre sacré)
     
     
     
     
     
     
     
     
     
     
     
     
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    L'Histoire de Sayo - Masi & Wanatabé (3/5) (pour ceux qui croient que les mangas ne causent que d'histoires de touche-pipi)
     
     
     
     
     
     
     
     
     
     
     
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     La Guerre d'Alan - Xavier Guibert (3/5) (pour ceux qui ont été dispensés de service militaire)

     

     

     

     

     

     

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    Blast 3 - Manu Larcenet - (2/5) (pour ceux qui n'ont pas lu "Le Chat Noir" d'Edgar Poe)

     

     

     

     





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    Gringos Locos - Schwartz & Yann (1/5) (pour les inconditionnels de l'école de BD franco-belge - et encore...)
     
     
     
     
     
     






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    Vingt-Trois Prostituées - Chester Brown (1/5) (pour ceux qui ont une copine canadienne)
     
     
     
     
     
     
     
     
     
     
     
     
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    Pour en finir avec le cinéma - Blutch (2/5) (pour ceux qui hésitent encore entre le cinéma et la BD)
     
     
     
     
     
     
     
     
     
     
     
     
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  • La Guerre***

    Comme on sait, rien de tel qu’une bonne guerre pour sortir de la crise et remettre l’économie sur les fanzine,bd,zébra,bande-dessinée,illustration,kritik,critique,guerre,shampoing,bastien vivès,chat noir,girly,adam,eve,hecrails. La recette a maintes fois fait ses preuves. Si on n’enseigne pas ça à HEC, bien sûr, c’est pour pas flanquer les pétoches aux jeunes officiers.

    Eh, admettez au moins que si personne ne veut faire le job salissant de soldat, il profite à tout le monde, comme celui de croque-mort, de boueux, de maton, de pute ou de dealer, que personne veut faire, mais sans lesquels le monde ne tournerait pas rond.

     Sur le plan social, comme dans la fourmilière, personne n’est innocent, mais chacun est utile, à sa place et en son temps. Même Andres Breivik ! Bon, le mec en a fait un peu des tonnes, il faut admettre, mais il a semé la terreur comme pas deux, et ça, la terreur, c’est un ingrédient in-dis-pen-sable à la vie sociale, autant que le ciment pour le maçon, ou la pierre d’angle pour l’architecte. C’est pour ça que dans la fable, Adam et Eve, juste après avoir fondé la société, ils se mettent à flipper ; Adam, alors qu’il aurait dû larguer Eve, après le coup qu’elle lui a fait, il reste quand même avec elle pour se réchauffer…

     Donc la frousse pousse autant à faire la guerre qu’elle en dissuade ; un vrai traquenard ! Exactement sur le même modèle que tous les autres pièges à c. : la famille, l’amour, les jeux vidéos, etc. «La Guerre» est la suite logique des précédentes satires de Vivès. Je dis «logique», bien que Vivès donne plutôt l’impression de pondre ses bouquins en dilettante, par-dessus la jambe ; un peu comme un démineur qui doit se mettre dans la tête qu’il manipule une boîte de chocolat et non un vieil obus, pour ne pas sucrer les fraises.

     Un gag que j’aime bien, c’est celui où deux gonzesses «girly» boivent un pot en terrasse, bavassant de tout et de rien –d’amour-, et tout d’un coup les Ruskovs rappliquent, sans crier gare ils buttent tout le monde. Bon, moi je crois les Ricains ou les Casques Bleus encore plus dangereux que les Ruskovs, mais peu importe, c’est toujours comme ça que ça se passe : la guerre rapplique toujours sans prévenir, et c’est toujours ceux qui causent de tout et de rien en terrasse – d’amour-, qui sont les plus étonnés par le «blitz».

    D’ailleurs la guerre, c’est plus fort que l’amour, comme dirait le vieil Homère. Même l’argent ne procure pas autant d’émotions que la guerre. Et quand Achille paraît, avec tous ses super-pouvoirs, même les gonzesses qui jusque-là en tenaient pour l’amour, elles sont au diapason.

    Zombi (leloublan@gmx.fr)

    La Guerre, par B. Vivès, éd. Shampooing-Delcourt, 2012.

    NB : Dans le dernier n° de Zébra, je tente de montrer l’importance du «Chat Noir» dans la genèse de la BD; ce n’est que par un de ces reculs de l’histoire, dont les politiciens sont coutumiers, que les Belges ont fait de la BD un outil de propagande institutionnelle ou personnellle (autrement dit «roman graphique»). Précisément, l’art de Vivès en témoigne ; pratiquement on pourrait dire que Vivès fait de la BD, comme si l’école belge n’avait jamais existé.

  • Blast 3 - Tête la première**

    Quelques tares font qu’on ne me prend pas encore au sérieux, comme critique-bd : -d’abord je n’ai fanzine,bd,zébra,bande-dessinée,critique,kritik,blast,manu larcenet,edgar poe,chat noir,david lynch,maus,spiegelmanpas lu «Maus», d’Art Spiegelman ; quand j’ai essayé, je me suis perdu dans toutes les souris au bout de trois pages, j'ai perdu le fil… Et puis je n’ai pas lu non plus «Blast», de Manu Larcenet. Enfin, disons que je viens juste de combler cette lacune : mes préventions venaient du «Retour à la terre», dont l’humour ne m’avait pas plus emballé que ça, naguère.

    Les fans de Larcenet me pardonneront, j’espère, mais j’ai commencé direct par «Blast 3». Et, première bonne nouvelle, on peut très bien commencer directement par «Blast 3», ce qui veut dire que le scénario est assez malin. Pas autant que David Lynch, qui fait des films sans queue ni tête, pour qu’on aille les voir plusieurs fois et doubler ainsi le nombre des entrées, mais malin quand même.

    Le rapport avec Lynch, c’est que ce «Blast» me paraît un pur produit de la culture américaine, bien que Larcenet soit d'origine isséenne. Bien sûr, les Américains ne sont pas les inventeurs de ce type de personnage à la fois sympathique et dangereux, ni plus ni moins malade que le psy qui prétend le soigner (les flics aussi parfois sont sympas), mais ils ont exploité le filon dans des films, des séries, des romans, jusqu’à la dernière pépite. L’astuce de Larcenet est de choisir le plus brave type qui soit, en apparence, pas une femme d’une grande beauté ni Jack Nicholson, mais monsieur-tout-le-monde, le fan de BD-type (si je continue comme ça, je vais me faire dépecer-vif). Vu le carton en librairie de "Blast", Manu Larcenet pourrait aussi bien se retrouver bientôt à la tête d’une armée de "serial killers" sympas.

    Mais, même ça, n’est pas très original : c’est l’invention d’Edgar Poe, dans un de ses meilleurs contes : "Le Chat Noir". Je ne dis pas ça pour dénoncer, mais plutôt pour défendre certaines adaptations d'œuvres littéraires en BD, parfois dénigrées inutilement, pour de mauvaises raisons. Donc, pour ce qui est de l’imagination, «Blast» ne va pas chercher très loin. Question dessin, je trouve Larcenet beaucoup trop esthétisant, cherchant à imiter le cinéma, hormis certaines pages plus crues et mieux réussies. Je crois que l’effet aurait été meilleur si on avait senti que le dessinateur ne maîtrisait pas tout, lui aussi, complètement. C’est plus un dessin de psychiatre que d'assassin ambigü, autrement dit. Question habileté, en revanche, je donne 20/20 à Manu Larcenet : c’est le crime parfait cette série. Le casse de l'année. Il est bon, de temps en temps, que les criminels prennent leur revanche sur les psychiatres.

    (Zombi)

    Blast 3 - Tête la première - Dargaud, 2012 - 22 €

    PS : Si Manu Larcenet veut faire un truc dans «Zébra», je peux lui dénicher un petit conte du XIXe de derrière les fagots qu’il ne connaît pas (pour ceux qui l’ignorent, tout le cinéma américain parlant est emprunté aux contes du XIXe siècle).

     

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  • 23 Prostituées*

    Je suis un peu surpris que la philosophie du Canadien Chester Brown, qui suggère plus ou moins la fanzine,bd,zébra,critique,chester brown,23 prostituées,canada,cornélius,michel houellebecq,plateforme,riad sattouf,no sex in manhattanréouverture des maisons closes (encore le modèle allemand), ait autant d'écho, et que les éditions Cornélius aient jugé bon d'importer d'Outre-Atlantique "23 Prostituées", réouvrant un débat un peu éculé dans la communauté bédéphile.

    Peut-être s'agit-il de la part de Chester Brown d'une provocation visant la culture américaine hyper-féministe ? A tout prendre, le bouquin de M. Houellebecq traitant de l'organisation du tourisme sexuel en Thaïlande par les "tour-operators" m'avait paru plus provocateur et contemporain, tenant mieux compte de l'internationalisation du commerce ("Plateforme")...

    Tout au plus le mérite de Chester Brown est de rappeler que le commerce moderne, contrairement aux slogans publicitaires, ne repose pas sur la satisfaction du plaisir, mais sur l'entretien de la frustration.

    "23 Prostituées" se présente aussi comme un reportage. Qu'y apprend-on ? D'abord, que le titre de l'ouvrage a été censuré par l'éditeur canadien. Ensuite que la fréquentation des hôtels de passe est un sport de riches, puisque notre essayiste prévoit d'y consacrer plusieurs milliers de dollars par an, à raison d'une passe tous les quinze jours (la bédéphilie est une perversion qui coûte beaucoup moins cher), c'est-à-dire, ajoute M. Brown, à peu près le même tarif que pour sortir sa "régulière" (au Canada) ; + quelques conseils sur la manière d'aborder une prostituée quand on est timide. M. Brown voudrait nous dégoûter des Canadiennes en plein hiver, il ne s'y prendrait pas autrement !

     Allez, puisque le conseil nous est donné de "positiver" en période de crise, je propose l'alternative de "No Sex in Manhattan", par Riad Sattouf. Celui-ci y décrit des rapports amoureux dans le monde moderne le plus avancé, alignés sur les rapports professionnels (rencards galants = entretiens d'embauche ; chômage = chasteté, etc.). Cela nous rappelle que la division du travail est fondée sur la division entre les sexes, et que les sociétés n'évoluent pas.

    Sur ce, je vous souhaite bien du plaisir quand même en 2013.

    "23 Prostituées", éd. Cornélius, 2012.

    Zombi

  • La Conversion***

    Une consoeur critique a imaginé pour ranger son blog une sous-rubrique facétieuse : "BD-qu'elle-est-bien-fanzine,bd,zébra,bande-dessinée,critique,kritik,matthias gnehm,conversion,suisse,atrabilepour-se-suicider". Sans hésiter, je place "La Conversion" de Matthias Gnehm sur cette étagère, tant l'atmosphère peinte par celui-ci renverse les clichés sur la Suisse, ses chalets mignons et ses paturages verdoyants. En Suisse, le mélodrame-BD de M. Gnehm se déroule et s'achève - mal, comme les histoires d'amour en général... ou de religion.

    Cette étiquette macabre est, bien sûr, pour plaisanter, là où on discerne plutôt l'effort pour faire de la BD avec d'autres ingrédients que les bons sentiments, après des lustres de pralines franco-belges.

    "C'était dans le village qui, autrefois, il y a vingt-cinq ans, était considéré par beaucoup comme le plus laid de tout le pays. (...) Seul celui qui avait grandi ici pouvait voir des choses qui demeuraient invisibles au reste du monde. (...) Quand il n'y avait pas de brouillard. Car lorsqu'il y avait du brouillard, il était alors si épais et si persistant, que les autochtones se retiraient dans leurs mondes intérieurs. Et certains se rendaient alors dans cette église étonnamment élégante construite dans les années trente."

    Le propos n'est pas ici contre ou pour la religion : c'est tellement facile de dénoncer le fanatisme de son voisin ! Plus subtilement, M. Gnehm montre le lien étroit entre le sentiment amoureux et la religion. Kurt, l'ado. au centre de cette intrigue mi-sentimentale, mi-religieuse, sorte de Roméo prépubère, va se détacher des opinions athées maternelles pour se rapprocher des convictions religieuses bizarres de Patrizia, dont il est tombé amoureux. Seule la folie de cette dernière mettra un terme à la "conversion" de Kurt.

    Le rapprochement du désir, de la folie et de la religion n'est, certes, pas franchement nouveau en littérature, mais il est assez bien amené dans cette BD, peu moralisatrice. D'ailleurs, comme c'est le truc de base des sociétés mercantiles de stimuler le désir du citoyen lambda, si l'observation n'est pas franchement nouvelle, il n'est pas non plus démodé ou inutile de rappeler que la foi ou les convictions éthiques - non seulement l'érotisme -, ont un caractère "oedipien" ou incestueux.

    Ed. Atrabile, 2011.

    NB : Et toujours cette présentation chic et puritaine des éds. Atrabile (sans pagination), que je n'aime pas.

    Zombi

     

  • L'Hydrie*****

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    L'hydrie est un grand vase grec orné de figures mythologiques. En principe destinée à recevoir de l'eau, une hydrie sert de dénouement à l'intrigue de la BD muette de Nicolas Presl, située dans la Grèce antique.

    Cet ancien tailleur de pierre reconnaît sa dette vis-à-vis de Picasso, dont les amateurs savent qu'il s'est lui-même inspiré de l'art grec pour la déformation de ses figures (qui permettent d'exhiber plus sur une surface plane, vase ou tableau, que l'angle de vue ne permet de voir). 

    Mon intérêt pour la mythologie et les peintures de vases, le sens exceptionnel de la forme des artistes qui les incisaient, peut faire soupçonner une critique partiale. Mais le propos de "L'Hydrie" de Nicolas Presl n'est pas vraiment homérique ou tragique ; il serait plutôt romain, presque "existentialiste" : l'amour, la guerre, le coït, l'avortement, la religion, la famille, la trahison, la gloire, sont mis en scène dans cette BD - toutes les passions en quoi l'homme reflète la nature et ses rythmes apparemment immuables, d'où viennent plaisir et douleur. A la limite, on pourrait presque traduire la BD de Presl comme un pamphlet contre la culture, c'est-à-dire contre le discours par lequel l'homme parvient à se convaincre qu'il a, au cours des millénaires, évolué "en bien".

    Ou encore c'est un éloge de la nature, en comparaison de laquelle l'homme paraît un bien pâle imitateur, encore plus grotesque quand il aime s'attribuer le premier rôle dans la conduite du monde, le coït, la religion, la guerre, l'art, etc.

    (Ed. Atrabile, 2011, 230 p.)

    - Aparté : sur la manière des éds. Atrabile de publier ce genre de bouquin, je m'interroge : pourquoi 230 p. N&B à 22 euros, quand "L'Hydrie" aurait pu être ramenée à trois fois moins de pages, et son prix divisé par deux ? ça donne l'impression d'une BD produite pour les bibliothèques municipales...

     

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