Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

spiegelman

  • C'est la Jungle***

    L'édition française de "C'est la Jungle" de Harvey Kurtzman, cofondateur du magazine "Mad", tenu pourwebzine,bd,zébra,caricature,fanzine,bande-dessinée,critique,harvey kurtzman,jungle,wombat,gotlib,fluide-glacial,wolinski,spiegelman le principal organe de la contre-culture américaine, a surtout une valeur documentaire.

    Pour deux raisons : d'abord, sorti de son contexte américain, l’humour de Kurtzman perd beaucoup de sa spontanéité ; en France, Gotlib et « Fluide-Glacial » ont largement exploité le filon de la dérision façon H. Kurtzman, en l’adaptant au public français.

    D’autre part, la culture de masse n’est pas en France un phénomène de la même ampleur qu’aux Etats-Unis. L’américanisation de la culture française est en cours depuis plus d’un demi-siècle, mais elle s’est heurtée à la résistance d’une partie des élites intellectuelles, pour de plus ou moins bonnes raisons, dont la meilleure est l’hostilité à l’égard de ce qui relève du pur divertissement.

    L’humour de Kurtzman fonctionne à plein quand il s’agit de montrer les rouages et brocarder les codes d’une culture qui semble concourir à l’abrutissement du public et mobiliser le citoyen américain contre tout ce qui n’est pas de son goût.

     « C’est la Jungle » se compose de plusieurs chapitres, ciblant chacun un genre ou un thème de la culture de masse, tel que le western ou le polar ; le western selon Kurtzman ressemble plus à "Lucky Luke" qu’à John Wayne (bien que Lucky-Luke ne soit pas une simple parodie de western, car Goscinny y a injecté une dose de réalisme).

    Kurtzman a travaillé pour la presse : il connaît les recettes et les coulisses du journalisme et lève le voile sur cette cuisine peu avouable dans l’un des chapitres.

    L’album est préfacé par Art Spiegelman et précédé d’une vieille interview de Kurtzman par Wolinski, qui décrit un Kurtzman à la retraite, quelque peu amer.

    Kurtzman avait largement contribué à développer Mad, dont il était rédacteur en chef, mais en fut évincé à la suite d’un différend avec son propriétaire. Les albums de BD produits par Kurtzman ne rencontrèrent que peu de succès. D’où la conclusion que le public américain est peu réceptif à la contre-culture… à moins que "Hara-Kiri"/"Charlie-Hebdo" n’ait bénéficié en France de circonstances un peu plus favorables, ou encore que son équipe rédactionnelle se soit entêtée un peu plus.

    (Ce site publie un large extrait de "C'est la Jungle")

    "C'est la Jungle", par Harvey Kurtzman, ed. française Wombat 2017.

  • Blast 3 - Tête la première**

    Quelques tares font qu’on ne me prend pas encore au sérieux, comme critique-bd : -d’abord je n’ai fanzine,bd,zébra,bande-dessinée,critique,kritik,blast,manu larcenet,edgar poe,chat noir,david lynch,maus,spiegelmanpas lu «Maus», d’Art Spiegelman ; quand j’ai essayé, je me suis perdu dans toutes les souris au bout de trois pages, j'ai perdu le fil… Et puis je n’ai pas lu non plus «Blast», de Manu Larcenet. Enfin, disons que je viens juste de combler cette lacune : mes préventions venaient du «Retour à la terre», dont l’humour ne m’avait pas plus emballé que ça, naguère.

    Les fans de Larcenet me pardonneront, j’espère, mais j’ai commencé direct par «Blast 3». Et, première bonne nouvelle, on peut très bien commencer directement par «Blast 3», ce qui veut dire que le scénario est assez malin. Pas autant que David Lynch, qui fait des films sans queue ni tête, pour qu’on aille les voir plusieurs fois et doubler ainsi le nombre des entrées, mais malin quand même.

    Le rapport avec Lynch, c’est que ce «Blast» me paraît un pur produit de la culture américaine, bien que Larcenet soit d'origine isséenne. Bien sûr, les Américains ne sont pas les inventeurs de ce type de personnage à la fois sympathique et dangereux, ni plus ni moins malade que le psy qui prétend le soigner (les flics aussi parfois sont sympas), mais ils ont exploité le filon dans des films, des séries, des romans, jusqu’à la dernière pépite. L’astuce de Larcenet est de choisir le plus brave type qui soit, en apparence, pas une femme d’une grande beauté ni Jack Nicholson, mais monsieur-tout-le-monde, le fan de BD-type (si je continue comme ça, je vais me faire dépecer-vif). Vu le carton en librairie de "Blast", Manu Larcenet pourrait aussi bien se retrouver bientôt à la tête d’une armée de "serial killers" sympas.

    Mais, même ça, n’est pas très original : c’est l’invention d’Edgar Poe, dans un de ses meilleurs contes : "Le Chat Noir". Je ne dis pas ça pour dénoncer, mais plutôt pour défendre certaines adaptations d'œuvres littéraires en BD, parfois dénigrées inutilement, pour de mauvaises raisons. Donc, pour ce qui est de l’imagination, «Blast» ne va pas chercher très loin. Question dessin, je trouve Larcenet beaucoup trop esthétisant, cherchant à imiter le cinéma, hormis certaines pages plus crues et mieux réussies. Je crois que l’effet aurait été meilleur si on avait senti que le dessinateur ne maîtrisait pas tout, lui aussi, complètement. C’est plus un dessin de psychiatre que d'assassin ambigü, autrement dit. Question habileté, en revanche, je donne 20/20 à Manu Larcenet : c’est le crime parfait cette série. Le casse de l'année. Il est bon, de temps en temps, que les criminels prennent leur revanche sur les psychiatres.

    (Zombi)

    Blast 3 - Tête la première - Dargaud, 2012 - 22 €

    PS : Si Manu Larcenet veut faire un truc dans «Zébra», je peux lui dénicher un petit conte du XIXe de derrière les fagots qu’il ne connaît pas (pour ceux qui l’ignorent, tout le cinéma américain parlant est emprunté aux contes du XIXe siècle).

     

    fanzine,bd,zébra,bande-dessinée,critique,kritik,blast,manu larcenet,caricature,edgar poe,chat noir,david lynch,maus,spiegelman