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  • Réduction de têtes

    ...littéraires (pour faire de la place dans ma bibliothèque).

    En 2013, si vous voulez faire le portrait de figures vivantes,

    mieux vaut choisir des morts.

    Antistyle

    Cette semaine, deux marginaux :

     

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    (La semaine prochaine : Léopardi & Aristote)

    par Antistyle


  • Stevenson, le pirate intérieur****

    Le duo Follet et Rodolphe se sort avec habileté du piège de la biographie en BD d’un artiste illustre. En webzine,bd,zébra,gratuit,fanzine,bande-dessinée,critique,kritik,robert louis stevenson,pirate,rené follet,rodolphe,aire libre,dupuis,jack london,aventure,aventurier,evelyn waugh,fanny osbourne,écossais,ile au trésor,proust,samoa,cévennes,mers du sud,biographie,harmattaneffet, parmi les écrivains, rares sont ceux qui, à l’instar d’un Jack London ou d’un Evelyn Waugh, ont mené une vie trépidante. Bien qu’il ait beaucoup voyagé, Robert-Louis Stevenson (1850-1894) est assez éloigné du type de l’aventurier; il n’a pas mené une vie haletante, pleine de pittoresques, voire rocambolesques épisodes, aisés à mettre en images.

    «Haletant», Stevenson l’était au sens propre depuis son plus jeune âge, fréquemment cloué au lit en raison d’une affection pulmonaire grave. Cette maladie constituait un obstacle rédhibitoire à une vie menée tambour battant, sans port d’attache; Fanny Osbourne, américaine épousée en 1880 et de dix ans son aînée, joua ce rôle auprès de l’écrivain. Même le métier embrassé traditionnellement par les hommes de sa famille, d’ingénieur en charge de la construction de phares, Robert-Louis ne pouvait l’assumer, tant physiquement qu’en raison de l’exaltation de son âme.

    Cette biographie en BD se devait donc de trouver le moyen de faire ressortir la matière impalpable du rêve, dont Stevenson s’est nourri et a alimenté ses lecteurs. En couverture, ce « pirate intérieur » bat pavillon d’un défi relevé avec succès. Follet et Rodolphe parviennent à souligner le besoin rempli par la fiction ou le fantasme, c’est-à-dire un type d’imagination très particulier, chez un homme opprimé, contraint à la passivité, en l’occurrence par la maladie. Ce phénomène psychologique est mis en exergue par le portrait brillamment esquissé de Stevenson comme un rêveur éveillé, servi par la mise en couleur impressionniste de R. Follet, qui souligne le caractère organique du rêve.

    Bien que sa littérature exprime des goûts beaucoup moins casaniers que ceux de Proust, ce qui permit à Stevenson de connaître un large succès public avec «L’Ile aux Trésors», le romancier écossais n’est guère éloigné d’une forme de recherche du temps perdu, ou de recherche de l’espace perdu, plus exactement.

    Le succès rencontré par ses ouvrages permit à Stevenson de voyager, non seulement à travers les Cévennes avec un âne, mais jusque aux mers du Sud, jetant l’ancre définitivement dans les Samoa, épuisé comme après chacun de ses voyages. Cette fameuse randonnée à travers les Cévennes peut faire douter de la mauvaise santé de Stevenson, surtout ceux qui l’ont effectuée, avec ou sans âne. Le cas n’est pourtant pas si rare de personnes fragiles, qui connaissent néanmoins des périodes de rédemption leur permettant d’accomplir de rudes efforts physiques. F. Nietzsche est un autre cas célèbre de métabolisme en dents de scie, dont la quête de puissance et l’aspiration artistique prennent racine dans la maladie.

    Enfin, le scénario évite le côté trop didactique par où pèche généralement ce genre d’ouvrage, en distillant quelques citations de Stevenson bien choisies, au compte-goutte. « Oh ! Vous savez… l’aventure, il n’est pas besoin d’aller au bout du monde pour la vivre… Elle peut simplement être en nous !... On se bat souvent contre soi-même… A l’intérieur de soi… contre son éducation. Contre l’idée que les autres ont de nous ; contre un destin tout tracé, contre un corps qui obéit mal ou une santé défaillante. », réplique Stevenson à un journaliste qui l’interroge sur le but de son voyage au long cours.

    Cet ouvrage se classe parmi les rares réussites du genre plutôt risqué de la biographie en BD.

    NB : Rodolphe est aussi l’auteur d’une biographie de Stevenson parue chez l’Harmattan et signe la préface d’une nouvelle édition de «L’Ile au Trésor» illustrée par R. Follet.

     

    Stevenson, le pirate intérieur, Follet & Rodolphe, Dupuis-Aire libre, 2013.

  • Poing d'ignorance

    Dessin tiré du carnet de croquis de Louise Asherson :

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  • Papier n°1**

    En cette rentrée, plusieurs nouveaux magazines de BD ont fait leur apparition en librairie : « La Revue webzine,bd,gratuit,zébra,fanzine,bande-dessinée,critique,kritik,papier,publication,revue,magazine,yannick lejeune,delcourt,lewis trondheim,bastien vivès,florence dupré-latour,jérôme anfré,numérique,révolution,association,mon lapin,manga,la revue dessinée,fétichisme,livre de la jungle,zoophiledessinée », « Mon Lapin », « Aaargh », et « Papier ». Cette dernière publication est la plus paradoxale – comme un symptôme du malaise actuel dans la BD, écartelée en tous sens.

    Paradoxale, parce que « Papier » ne serait qu’une compilation de planches produites par différents auteurs plus ou moins talentueux (au nombre desquels Bastien Vivès, Jérôme Anfré ou Florence Dupré-Latour), sans un petit édito des directeurs de la publication, seul élément de nature à nous éclairer sur le but de cet assemblage d’auteurs. Et que dit cet édito ? C’est une sorte de manifeste nostalgique de Lewis Trondheim, qui déclare sa flamme au papier, quand le « tout numérique », tel un golem, s’apprête à engloutir tous les petits métiers d’antan. La sincérité de ce fétichisme un peu mou est douteuse - d’abord parce que « Papier » est maquetté au format « cheap » manga, noir et blanc, assez peu adapté à la plupart des contributions.

     Paradoxale surtout parce que, sans la Toile, la plupart des auteurs publiés dans « Papier » ne se seraient pas fait connaître aussi vite, s’imposant pour ainsi dire aux éditeurs. Depuis une dizaine d’années, internet joue le rôle des fanzines-BD naguère, de promotion de nouveaux talents, qui désormais peuvent s’auto-promouvoir plus facilement. Le luxueux fanzine « Lapin » de « L’Association » a lui aussi, de ce fait, perdu sa raison sociale (« Lapin », qui, pour le coup, était vraiment fabriqué par un -ou une ?- fétichiste amoureux du détail). Au moins en ce qui concerne la BD, la « révolution numérique » n’est pas surtout d’ordre technologique. Internet va au moins autant à l’encontre de l’esprit de système qu’il ne le conforte.

    On a donc l’impression que L. Trondheim et son associé Yannick Lejeune se sont saisi du premier prétexte venu. Vivès donne une parodie du «Livre de la Jungle» (je m’attendais à un truc un peu plus « zoophile ») ; Florence Dupré-Latour continue de se venger de sa famille bourgeoise lyonnaise, s’exposant ainsi à un droit de réponse, comme le romancier Jean-Louis Fournier récemment après avoir bafoué sa fille.

    Si le contenu n’est donc pas trop mal, le contenant laisse à désirer ; c’est bien sûr presque toujours le cas des jeunes revues ou gazettes, mais L. Trondheim, en principe, n’est pas né de la dernière pluie.

     

    On peut donc regretter que B. Vivès ou/et F. Dupré-Latour, à l’humour plus caustique et moins potache que celui de Trondheim, n’aient pas pris la direction de « Papier ».

    Papier, sept. 2013, Delcourt, 9 euros.

  • Humbug

    Retrouvez chaque semaine un gag de W.Schinski traduit de l'allemand dans Zébra : 

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    ...W.Schinski publie aussi dans nos colonnes son premier webcomic (feuilleton-BD), un polar intitulé G-1759 (A suivre).

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  • Revue de presse BD (68)

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    Caricature tirée du blog "Politburo", par Pochep ("Mauvais Esprit" & "Fluide Glacial")

    + Le 9e Festiblog a lieu ce week-end dans le IIIe arr. de Paris (28-29 sept.), sur le thème des jeux vidéos. Il est parrainé par les blogueurs-BD Leslie Plée & Bastien Vivès. Programme complet sur le site du festival. Parfois décrié par la corporation, le Festiblog connaît un succès grandissant et peut se targuer d'apporter à la BD française du sang neuf. L'éditeur Lewis Trondheim, ainsi, n'a pas hésité à puiser dans ce vivier pour sa nouvelle revue "Papier" (sic). Le Festiblog finira-t-il par détrôner le festival d'Angoulême ?

    + Une initiative prête à sourire, celle d'un des parrains du Festiblog, le site "lesdedidaces.com", moteur de recherche qui permet de traquer les praticiens de ce type d'exercice rituel, à mi-chemin entre le vaudou et la guérison des écrouelles. A l'ère glaciale de l'art numérique, les chasseurs de dédicaces sont presque les derniers humanoïdes à accorder de la valeur à un petit dessin.

    + A Paris (XVIIIe arr.), le vendredi 27 sept. de 20h00 à 22h00, l'équipe du fanzine "Rien à Voir" propose un show de performances autour de la BD (à l'association Art-exprim).

    + La mémoire de René Goscinny vient d'être honorée à Varsovie (Goscinny était d'une famille juive polonaise) ; en présence de sa fille, presque aussi incontournable et inconsolable que la veuve Hergé, un buste en bronze a été dévoilé, comme on peut le voir sur cette petite vidéo (pas très BD, le buste).

    + Le regain d'intérêt pour les cours de morphologie d'après le modèle vivant (ils furent institués sous Louis XV dans les villes de province afin d'y détecter les jeunes dessinateurs les plus habiles), s'explique notamment par le besoin des concepteurs de jeux vidéos en morphologistes, capables de créer des personnages modélisables en 3D. Ce professeur a trouvé une façon plutôt originale de faire cours.

    + La sortie du nouvel album du nouveau groupe de Bertrand Cantat (Détroit) a été déprogrammée. Elle devait intervenir lors de la "Journée internationale de la violence faite aux femmes" (25 novembre). Ainsi le marketing et le féminisme font bon ménage.

    + Le dessin de la semaine est une planche de Grégoire Carlé, pour un projet en cours (Philoctète) :

     

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  • Palmer en Bretagne**

    J’avoue n’être pas un inconditionnel de Pétillon en général. Son comique est un peu le comique dewebzine,bd,gratuit,fanzine,zébra,bande-dessinée,palmer,pétillon,bretagne,alexandre pompidou,cornette,frissen,witko,jean d'ormesson,krach,comique,art moderne,feydeau,comique de situation,corse,enquête corse,dargaud,nietzsche,nietzschéen,bhl situation de Feydeau, appliqué au personnel politique.

    Avec sa BD satirique sur la Corse («L’Enquête corse»), Pétillon s’est hissé au sommet de son art, s’élevant du niveau du comique de situation à celui, un cran au-dessus, du comique géographique. Il faut dire que la Corse est une source majeure de comique en politique, et non seulement une cause de terrorisme (je pense ici surtout à Napoléon).

    Une source de comique, car la Corse semble faire un doigt d’honneur au progrès social, et indiquer que ce dernier ne mettra jamais fin aux instincts les plus archaïques, capables de résister indéfiniment à tous les arguments du progrès. L’orgueil autarcique corse et l’arrogance de la fonction publique moderne, placés côte-à-côte, forment un duo cocasse. Le mérite de Pétillon fut d’avoir repéré cette situation.

    On ne trouve rien de tout ça dans «Palmer en Bretagne» ; pas d’exploration de l’âme bretonne (si féminine et pleine de sympathie pour la mort et ses légendes). Le titre est trompeur. Le séjour du détective emblématique de Pétillon dans le Finistère n’est qu’un prétexte. Prétexte à une vague intrigue policière, doublée d’une satire de l’art moderne et de ses acteurs/actionnaires. Une satire un peu facile. Sur le même sujet, «Alexandre Pompidou - Lard Moderne», de Cornette, Frissen & Witko, était un pamphlet plus corrosif et malicieux, ajoutant à l’observation de l’escroquerie des galeristes et de la bêtise des collectionneurs, l’observation des mœurs hystériques des milieux bobos passionnés d’art contemporain et le fonctionnement délirant des écoles d’art.

    Dès le début de la crise mondiale, Jean d’Ormesson claironnait de sa voix fluette sur les plateaux télé à qui voulait l’entendre, que le krach des valeurs boursières entraînerait un krach de l’art. Aussi académique soit d’Ormesson, il a conscience de la solidarité des valeurs modernes entre elles, et que les formes de l’art moderne épousent essentiellement celles du patrimoine moderne, dont la complexité s’est accrue. Pétillon brode son intrigue autour de ce stade intermédiaire du krach, où la décote se fait seulement sentir au niveau des assurances.

    Certains magazines spécialisés font valoir que les critiques à l’égard de l’art moderne sont de plus en plus nourries ; il serait plus juste d’observer que l’argument de la modernité n’a jamais vraiment convaincu en France, en dehors de cercles intellectuels restreints, «liés» à des idéologies aujourd’hui périmées et à l’appui des pouvoirs public.

    Du point de vue artistique, il faut dire que la France est assez "nietzschéenne". La force émotionnelle de l’art moderne est, en effet, essentiellement d’ordre rhétorique, c’est-à-dire religieux. Or, non seulement les Français ont tendance à n’attribuer aux mots qu’une valeur relative, mais bien souvent, à l’instar de Nietzsche, une puissance émotionnelle de second ordre.

     

    Palmer en Bretagne, R. Pétillon, Dargaud 2013.