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comique

  • Palmer en Bretagne**

    J’avoue n’être pas un inconditionnel de Pétillon en général. Son comique est un peu le comique dewebzine,bd,gratuit,fanzine,zébra,bande-dessinée,palmer,pétillon,bretagne,alexandre pompidou,cornette,frissen,witko,jean d'ormesson,krach,comique,art moderne,feydeau,comique de situation,corse,enquête corse,dargaud,nietzsche,nietzschéen,bhl situation de Feydeau, appliqué au personnel politique.

    Avec sa BD satirique sur la Corse («L’Enquête corse»), Pétillon s’est hissé au sommet de son art, s’élevant du niveau du comique de situation à celui, un cran au-dessus, du comique géographique. Il faut dire que la Corse est une source majeure de comique en politique, et non seulement une cause de terrorisme (je pense ici surtout à Napoléon).

    Une source de comique, car la Corse semble faire un doigt d’honneur au progrès social, et indiquer que ce dernier ne mettra jamais fin aux instincts les plus archaïques, capables de résister indéfiniment à tous les arguments du progrès. L’orgueil autarcique corse et l’arrogance de la fonction publique moderne, placés côte-à-côte, forment un duo cocasse. Le mérite de Pétillon fut d’avoir repéré cette situation.

    On ne trouve rien de tout ça dans «Palmer en Bretagne» ; pas d’exploration de l’âme bretonne (si féminine et pleine de sympathie pour la mort et ses légendes). Le titre est trompeur. Le séjour du détective emblématique de Pétillon dans le Finistère n’est qu’un prétexte. Prétexte à une vague intrigue policière, doublée d’une satire de l’art moderne et de ses acteurs/actionnaires. Une satire un peu facile. Sur le même sujet, «Alexandre Pompidou - Lard Moderne», de Cornette, Frissen & Witko, était un pamphlet plus corrosif et malicieux, ajoutant à l’observation de l’escroquerie des galeristes et de la bêtise des collectionneurs, l’observation des mœurs hystériques des milieux bobos passionnés d’art contemporain et le fonctionnement délirant des écoles d’art.

    Dès le début de la crise mondiale, Jean d’Ormesson claironnait de sa voix fluette sur les plateaux télé à qui voulait l’entendre, que le krach des valeurs boursières entraînerait un krach de l’art. Aussi académique soit d’Ormesson, il a conscience de la solidarité des valeurs modernes entre elles, et que les formes de l’art moderne épousent essentiellement celles du patrimoine moderne, dont la complexité s’est accrue. Pétillon brode son intrigue autour de ce stade intermédiaire du krach, où la décote se fait seulement sentir au niveau des assurances.

    Certains magazines spécialisés font valoir que les critiques à l’égard de l’art moderne sont de plus en plus nourries ; il serait plus juste d’observer que l’argument de la modernité n’a jamais vraiment convaincu en France, en dehors de cercles intellectuels restreints, «liés» à des idéologies aujourd’hui périmées et à l’appui des pouvoirs public.

    Du point de vue artistique, il faut dire que la France est assez "nietzschéenne". La force émotionnelle de l’art moderne est, en effet, essentiellement d’ordre rhétorique, c’est-à-dire religieux. Or, non seulement les Français ont tendance à n’attribuer aux mots qu’une valeur relative, mais bien souvent, à l’instar de Nietzsche, une puissance émotionnelle de second ordre.

     

    Palmer en Bretagne, R. Pétillon, Dargaud 2013.

  • Cow-Boy Henk**

    L’humour de Kamagurka ne résiste pas au format long qu’il s’est imposé dans ce «Cow-Boy Henk», webzine,bd,gratuit,fanzine,bande-dessinée,zébra,critique,cow-boy henk,kritik,kamagurka,herr seele,fremok,camus,meursault,absurde,molière,étranger,comique,humour,aryen,football,flamand,poker,scapin,avareluxueusement édité chez Frémok. Ses vignettes  ou ses strips publiés ici ou là sont des clins-d’œil qui pointent légèrement l’absurdité de l’existence, tandis que j’ai les paupières lourdes après trois pages du «Cow-Boy», en dépit de ses couleurs vives, ou à cause d’elles.

    De la même façon, le court roman de Camus récemment adapté par Ferrandez, «L’Etranger», qui tire de l’absurdité de la condition humaine une humeur froide, à la limite du suicide, aurait versé s’il s’était étiré sur des centaines de pages, dans le récit mélancolique ennuyeux.

    Les pédagogues ou les enseignants prétendent parfois que non, non, Camus n’incite pas au suicide, mais c’est probablement pour pouvoir se justifier de l’enseigner aux jeunes lycéens. Le héros de Camus, Meursault, fait bien l’expérience du meurtre, un peu par hasard, mais aussi parce que, privée de sens à ses yeux, la vie humaine perd le prix que lui accorde la morale publique : celle d’autrui, la sienne. Le principal mérite de Camus est de mettre en lumière le relais de la religion traditionnelle par l’idéologie socialiste, dont la principale fonction est de donner un sens à peu près crédible à l’existence.

    La mort ou le coma (éthylique) dans lequel sont plongées les idéologies socialistes à leur tour, après les religions traditionnelles, nous vaut peut-être d’ailleurs ce regain de littérature ou d’art plus ou moins cocasse, fondé sur l’absurde. Les grands auteurs comiques puisent déjà leur faculté de faire rire des paradoxes et des conséquences auxquels s’exposent les hommes qui s’efforcent de vivre sans penser à rien d’autre : les hommes à qui la volonté seule fait office de colonne vertébrale. Si l’on veut bien relire Molière, on verra que les portraits qu’il brosse sont tous de types sociaux dans ce cas, non seulement l’Avare ou Scapin. On peut songer aussi au parti que Molière aurait tiré de l’affaire Strauss-Kahn : certainement une comédie plutôt qu’un drame.

    Mais l’absurdité peut aussi prendre la forme du divertissement, en particulier dans les sociétés oisives, et il me semble que c’est le travers dans lequel, par la répétition des gags, Kamagurka tombe. Ainsi, rien de plus absurde qu’un match de football, ou un tournoi de poker, avec ses gagnants et ses perdants, parfaitement conformes en cela à l’existence, et compensant par la multiplication des règles l’absence de sens.

    Il est vrai que Kamagurka ne dissimule rien, dans sa BD, de la contention sexuelle explosive qui pousse le grand supporter blond aryen à s’adonner à ce type de spectacle, faute de pouvoir déployer autrement (en temps de paix) son énergie. J’aurais préféré qu’il brocardât plutôt les intellectuels qui se masturbent sur le football ou le rubgy.

    Zombi (leloublan@gmx.fr)

     Cow-Boy Henk, Kamagurka et Herr Seele, Fremok, 2013 (pour l’édition française traduite du flamand)

  • La semaine de Zombi

    Mercredi : le spectacle de la politique italienne devrait dissuader les derniers qui s'obstinent à prendre la politique au sérieux. Tous les politiciens transalpins sont des personnages de la commedia dell'arte.

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