(Une par Zombi)
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Fanzine n°95 - Novembre 2021
Chers Lecteurs,- depuis fin 2015 le fanzine de BD & caricature Zébra est expédié aux abonnés chaque mois.Vous pouvez lire le précédent numéro en téléchargeant le fichier PDF dans votre navigateur (octobre 2021).Les lecteurs qui souhaitent s'abonner pour nous soutenir peuvent nous envoyer un chèque de 25 euros pour contribuer aux frais de fabrication. Correspondance : zebralefanzine@gmail.com -
Revue de presse BD (418)
- La revue de presse hebdomadaire est consultable en ligne sur Getrevue.
- On peut s'abonner à cette formule gratuitement et recevoir la revue de presse directement dans sa boîte e-mail.
- Au programme cette semaine : 1-Alesha Stupin caricature Putin ; 2-Les effets de manches de Richard Malka ; 3-Le "Mai 68" de J. Tardi et D. Grange ; 4-Sainte Greta Thunberg par Zombi...
Caricature par Alesha Stupin.
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Revue de presse BD (377)
Déjà défenseur de la veuve et de l'orphelin, Lucky-Luke l'est aussi des noirs dans "Un Cow-boy dans le coton", par Achdé & Jul.
+ Une pleine page accordée au bédéaste Jul dans "Le Monde - Campus" (17 novembre) pour parler de sa scolarité et de ses études. Fils de profs, Jul est bardé de diplômes mais n'a pas enseigné longtemps, par dégoût, dit-il, des rapports hiérarchiques.
Son passage par l'Ecole alsacienne lui a permis de découvrir que "son racisme antiriches n'était pas entièrement fondé et qu'il y en avait même de sympas." Jul ne va pas jusqu'à préciser s'il est encore plus sympa depuis qu'il est devenu riche.
Tous ces diplômes expliquent peut-être son humour intello., plein de références à une culture assez délimitée socialement. L'humour de Goscinny & Morris dans "Lucky Luke" était plutôt le fruit de l'observation sociale (dégoût des hommes pour le mariage, duplicité des avocats, poltronnerie des élus locaux...) renforcée par la lecture de Mark Twain et d'autres témoins de l'Amérique en construction.
Détournement par Gabriela Manzoni.
+ La dernière grosse production politiquement correcte de Jul & Achdé, "Un Cow-boy dans le coton", fait écho au célèbre roman de Margaret Mitchell qui a la guerre de Sécession et ses prémices pour cadre : "Autant en emporte le Vent" ("Gone with the wind", 1936). Cet ouvrage a récemment été déclaré infâme et raciste par la police de la pensée.
Disons d'emblée que si la police de la pensée avait une quelconque cohérence littéraire, on pourrait procéder devant la bibliothèque nationale de France au plus grand autodafé de tous les temps. Très peu d'auteurs s'accordent en effet parfaitement avec les décrets de la police de la pensée en 2020 ; même chez le très lisse Proust, on trouve des piques contre le fléau de la presse quotidienne et les journalistes (traits empruntés à Balzac et Baudelaire, mais on pourrait au moins inculper Proust pour "recel").
Comme le fait observer George Orwell, le but de la police de la pensée est l'incitation à la haine, de sorte que la culture totalitaire a pour seule fonction de satisfaire le besoin de défoulement.
Bien entendu les planteurs de coton "sudistes" décrits par M. Mitchell sont "paternalistes" puisque les planteurs de coton sudistes se montraient souvent tels. Les industriels nordistes par la suite ont pu se comporter ainsi avec leurs ouvriers, noirs ou blancs, et l'écrire dans un roman ne serait pas infamant pour la classe ouvrière.
De même l'auteure s'est inspirée pour le personnage principal (Scarlett O'Hara) de sa grand-mère féministe. Que ce personnage déplaise à telle ou telle féministe autoproclamée n'est pas un motif de censure valable. Ce portrait traduit bien la réalité du pouvoir croissant des femmes dans la société nord-américaine de plus en plus industrielle.
De plus, contrairement à "Tintin au Congo", "Autant en emporte le Vent" n'est pas un ouvrage de propagande, un plaidoyer "pro domo" pour l'esclavagisme. Le roman ne dissimule pas que la victoire des Etats du Nord sur ceux du Sud est avant tout une victoire économique. Quel historien prétendra le contraire ? Le roman ne cache pas non plus, ce qui est moins net dans la fameuse adaptation cinématographique, la sclérose de la petite aristocratie sudiste dont M. Mitchell était issue.
Encore un mérite de "Autant en emporte le Vent" : on ne devine pas le sexe de son auteur, qui importe peu.
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Fanzine n°85 - Novembre 2020
(Une par L'Enigmatique LB)
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Revue de presse BD (376)
Le père de Riad Sattouf : un mélange d'arrogance française républicaine futuriste et de frustration arabe.
+ Privé de séances de dédicace à l'occasion de la sortie du cinquième tome de "L'Arabe du Futur", Riad Sattouf a confié au "Figaro" (5 nov.) son amour de la France, son système éducatif et son réseau de vente de livres.
R. Sattouf aime beaucoup lire parce que, dit-il : "J'ai grandi dans un petit village syrien à l'atmosphère très rigoureuse. J'y suis resté huit ans. Jamais, dans ce village, je n'ai vu quelqu'un lire de livre. Si je suis là aujourd'hui, c'est parce que ma grand-mère bretonne m'a envoyé des Tintin par la Poste.
- Dans mon village, en Syrie, ajoute-t-il, les élèves étaient dressés. En France, au contraire, la mission des profs consiste à les éduquer (...)."
Sur l'éducation "made in France", R. Sattouf a d'ailleurs produit lui-même quelques albums assez éclairants ("Retour au collège") et des chroniques pendant 10 ans à "Charlie-Hebdo" ("La Vie secrète des Jeunes").
+ Le Tampographe Sardon, contrairement à R. Sattouf, a vite délaissé la BD "trop technique" à son goût. Le détournement de tampons administratifs est devenu sa spécialité. Il l'exerce dans une échoppe non loin du cimetière du Père Lachaise, en marge des valeurs républicaines par conséquent, ce qui explique peut-être que ses jugements sur le genre humain soient rarement optimistes.
Flammarion publie ses chroniques ("Le Tampographe, chroniques de la rue du Repos").
+ Disparu cette semaine, le caricaturiste Pierre de Barrigue de Montvallon, alias Piem, s'était fait connaître comme Cabu d'un large public grâce à la télévision ("Le Petit Rapporteur") et à sa longévité. Le site Actualitté, outre des détails biographiques et bibliographiques donne un aperçu de son humour dans une vidéo de l'Ina (1979).
+ En raison de la dictature sanitaire, les fétichistes du "livre-objet" se trouvent sevrés "manu militari". Ils peuvent néanmoins se rabattre sur les puces en ligne, à l'instar de notre collaborateur LB, qui vient de faire l'acquisition pour quelques euros d'un "tiré-à-part" des meilleures caricatures de Mose (dont l'extrait ci-dessus).
+ Donald Trump est un vrai sportif : il ne s'avouera jamais vaincu ! A se demander s'il n'est pas dopé comme tous nos champions !?
Caricature par LB (à lire aussi dans l'hebdo "Marianne")
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Revue de presse BD (375)
Après avoir dessiné cette caricature prêtant à B. Netanyahou les traits d'un porc pour fustiger sa politique xénophobe, le caricaturiste Avi Katz a été limogé du "Jerusalem Post" qui l'employait (2018).
+ Au cours de la campagne de Donald Trump et Joe Biden, les militants des deux camps ont souvent fait référence à Georges Orwell, s'accusant mutuellement de "totalitarisme".
Mais, à l'appui des "faits alternatifs" ou du mensonge totalitaire, Orwell dénonce sans ambiguïté la propagande des partis politiques toujours plus envahissante, l'art engagé et la presse.
L'essayiste anglais a précisé sa pensée à propos de la mort ou l'étiolement de la littérature dans le contexte totalitaire :
"Dans les milieux "cultivés", la doctrine de l'art pour l'art se ramenait en fait à une abolition glorifiée de la signification. La littérature était censée s'occuper uniquement de jongleries verbales. Juger un livre sur son sujet était un péché irrémissible, et le seul fait de s'apercevoir qu'il y avait un sujet une faute de goût.
Vers 1928, l'un des trois dessins humoristiques véritablement drôles parus dans le "Punch" depuis la Grande Guerre montrait un jeune freluquet faisant part à sa tante de son intention d'"écrire" : "Et qu'as-tu l'intention d'écrire ? demande la tante. - Ma chère tante, répond le jeune homme d'un ton d'infini mépris, on n'écrit pas sur quelque chose, on écrit, c'est tout." ("Dans le ventre de la baleine", 1941)
Une de "Charlie-Hebdo" avant que cet hebdo ne devienne un supplément illustré au quotidien bobo "Libération".
+ Déconstruisons la légende dorée "laïque et républicaine" autour des caricatures et la liberté d'expression, à partir de l'enseignement dispensé par "France-info" (Th. Snégaroff) :
- Dire la caricature "laïque & républicaine", selon le catéchisme de l'Education nationale, c'est oublier que les cibles privilégiées de "Hara-Kiri"-"Charlie-Hebdo" : l'armée, la police, les profs, les médias... sont des institutions-piliers de la République. Le contenu de la religion n'est pas tant la cible de la caricature française que le clergé, au sens large incluant le personnel judiciaire.
La caricature est une "tradition française & républicaine"... à ce détail près que les premiers républicains répondent et imitent la presse anglaise monarchiste qui souligne les méthodes terroristes de la première République française.
A rebours de "France-Info", on pourrait démontrer que l'antisémitisme, en l'occurrence l'antidreyfusisme, est typiquement républicain. Satirique, Paul Valéry écrivait que : "Si Dreyfus n'avait pas été Juif, il aurait été le plus antidreyfusard.", soulignant ainsi l'attachement de Dreyfus aux valeurs républicaines martiales, patriotiques et xénophobes.
Rappelons au passage que la "Une" de "Hara-Kiri", selon le témoignage de ses auteurs, ne visait pas de Gaulle mais la presse française, particulièrement servile.
- Liberté de la presse française ? Mieux vaut entendre ça que d'être sourd !
+ Encore une expo. ajournée pour cause de paranoïa nationale (aux Archives nationales à Paris), sobrement intitulée : "La Police des Lumières". Le rapport entre la philosophie des Lumières et la police n'est pas très clair...
On apprend dans cette présentation que l'idée du policier "gardien de la paix" ne date pas du XXe siècle totalitaire mais du XVIIe siècle.
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Revue de presse BD (336)
+ Claudine Desmarteau dans "Libé" (26 nov.) fait découvrir l'illustrateur (belge) Benoît Jacques à travers une interview où l'artiste explique comment et pourquoi sa carrière s'articule autour du fanzine et de l'auto-édition. L'exigence de Benoît Jacques n'est pas sans rappeler celle de Gus Bofa.
- Le succès fait presque autant peur que l’échec. On peut être tout à coup dépossédé de son fonctionnement personnel, et se retrouver à courir on ne sait plus très bien après quoi.
Benoît Jacques explique ici que la liberté de création n'a rien d'évident au sein d'une culture dont l'étiquette libérale ne trompe pas grand-monde. Rares sont en effet les éditeurs qui ne poursuivent pas un but mercantile.
Portrait de Camus par Yann Moix pour "La Règle du Jeu"
+ Le romancier et animateur télé Yann Moix, après la divulgation par son frère de son activité de "caricaturiste antisémite", s'est livré à une confession publique filmée de ce péché de jeunesse, à laquelle on décerne sans hésiter le Premier prix de tartuferie de l'année 2019.
Y. Moix est bien décidé à s'appliquer la recette publicitaire enseignée en école de commerce : "Peu importe que l'on parle de Moix en mal, tant qu'on parle de Moix".
La caricature n'est pas toujours un simple exutoire à une frustration sexuelle adolescente, suivant la description par Moix de son cas personnel : les exemples de caricaturistes "de sang-froid" ne manquent pas.
+ Le prix Wolinski-"Le Point" 2019 a été remis à "Le Loup" par Jean-Marc Rochette. L'année précédente il avait été remis à une BD-cul par Bastien Vivès.
On peut s'étonner de l'association du nom de Wolinski à "Le Point", organe de presse dédié à la promotion du pacte atlantique en France.
Lorsque G. Wolinski avait penché du côté de l'impérialisme russe opposé, il avait reçu une volée de bois vert de la part de ses confrères.