Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

kritik - Page 24

  • Kritik 2012

    Petit bilan des bouquins lus en 2012 (et non forcément parus cette année) et critiqués par Zombi pour Zébra (réclamations et insultes de fans à adresser à leloublan@gmx.fr) :

    fanzine,bd,zébra,bande-dessinée,kritik,critique,2012,illustration,ted rall,afghanistan,guerre d'alan,guibert,bastien vivès,famille,guerre,hydrie,presl,conversion,atrabile,boîte à bulles,aufray,une scène dans l'ombre,goncourt

    L'Hydrie - Nicolas Presl (5/5) (pour ceux qui aiment Picasso et l'Antiquité)
     

     

     

     

     

     

     

    fanzine,bd,zébra,bande-dessinée,kritik,critique,2012,illustration,ted rall,afghanistan,guerre d'alan,guibert,bastien vivès,famille,guerre,hydrie,presl,conversion,atrabile,boîte à bulles,aufray,une scène dans l'ombre,goncourt

    Passage afghan - Ted Rall (5/5) (pour ceux qui veulent savoir ce que les médias ne disent pas)

     

     

     

     

     

     

    fanzine,bd,zébra,bande-dessinée,kritik,critique,2012,illustration,ted rall,afghanistan,guerre d'alan,guibert,bastien vivès,famille,guerre,hydrie,presl,conversion,atrabile,boîte à bulles,aufray,une scène dans l'ombre,goncourt

    Gus Bofa - Emmanuel Pollaud-Dulian (4/5) (pour ceux qui croient que les illustrateurs ne travaillent que sur commande)

     

     

     

     

     

     

    fanzine,bd,zébra,bande-dessinée,kritik,critique,2012,illustration,ted rall,afghanistan,guerre d'alan,guibert,bastien vivès,famille,guerre,hydrie,presl,conversion,atrabile,boîte à bulles,aufray,une scène dans l'ombre,goncourt

     

    La Famille - Bastien Vivès (4/5) (Pour ceux qui croient que la famille est un long fleuve tranquille) 

     

     

     

     

     

    fanzine,bd,zébra,bande-dessinée,kritik,critique,2012,illustration,ted rall,afghanistan,guerre d'alan,guibert,bastien vivès,famille,guerre,hydrie,presl,conversion,atrabile,boîte à bulles,aufray,une scène dans l'ombre,goncourt

    Une Scène dans l'Ombre - Nicolas Auffray (3/5) (pour ceux qui se demandent comment on peut bosser pour pas d'argent)

     

     

     

     

     

     

    fanzine,bd,zébra,bande-dessinée,kritik,critique,2012,illustration,ted rall,afghanistan,guerre d'alan,guibert,bastien vivès,famille,guerre,hydrie,presl,conversion,atrabile,boîte à bulles,aufray,une scène dans l'ombre,goncourt

    La Guerre - Bastien Vivès (3/5) (pour les poilus et les épilées qui croient que c'était "la der des ders") 

     

     

     

     

     

     

    fanzine,bd,zébra,bande-dessinée,kritik,critique,2012,illustration,ted rall,afghanistan,guerre d'alan,guibert,bastien vivès,famille,guerre,hydrie,presl,conversion,atrabile,boîte à bulles,aufray,une scène dans l'ombre,goncourt

    En route pour le Goncourt - Kierzkowski & Ephrem (3/5) (pour ceux qui aiment se moquer des prix)
     
     
     
     
     
     
     
     
     
    fanzine,bd,zébra,bande-dessinée,kritik,critique,2012,illustration,ted rall,afghanistan,guerre d'alan,guibert,bastien vivès,famille,guerre,hydrie,presl,conversion,atrabile,boîte à bulles,aufray,une scène dans l'ombre,goncourt
    La Conversion - Matthias Gnehm (3/5) (pour ceux qui croient seulement dans la vie, et les autres)
     
     
     
     
     
     
     
     
     
     
     
    fanzine,bd,zébra,bande-dessinée,kritik,critique,2012,illustration,ted rall,afghanistan,guerre d'alan,guibert,bastien vivès,famille,guerre,hydrie,presl,conversion,atrabile,boîte à bulles,aufray,une scène dans l'ombre,goncourt
     
     Alexandre Pompidou - Cornette, Frissen & Witko (3/5) (pour ceux que l'art pompidolien laisse sur leur faim)
     
     
     
     
     
     
     
     
     
     
    fanzine,bd,zébra,bande-dessinée,kritik,critique,2012,illustration,ted rall,afghanistan,guerre d'alan,guibert,bastien vivès,famille,guerre,hydrie,presl,conversion,atrabile,boîte à bulles,aufray,une scène dans l'ombre,goncourt
    Thoreau, La Vie sublime - Dan & Leroy (3/5) (pour ceux qui voient l'homme comme la pire des ordures)
     
     
     
     
     
     
     
     
     
     
     
     
    fanzine,bd,zébra,bande-dessinée,kritik,critique,2012,illustration,ted rall,afghanistan,guerre d'alan,guibert,bastien vivès,famille,guerre,hydrie,presl,conversion,atrabile,boîte à bulles,aufray,une scène dans l'ombre,goncourt
    L'Exilé du Kalevala - Ville Ranta (3/5) (pour ceux qui n'ont pas les moyens de voyager)

     

     

     

     

     

     

    fanzine,bd,zébra,bande-dessinée,kritik,critique,2012,illustration,ted rall,afghanistan,guerre d'alan,guibert,bastien vivès,famille,guerre,hydrie,presl,conversion,atrabile,boîte à bulles,aufray,une scène dans l'ombre,goncourt

    Pablo Picasso - Clément Oubrerie (3/5) (pour ceux pour qui Pablo Picasso est un monstre sacré)
     
     
     
     
     
     
     
     
     
     
     
     
    fanzine,bd,zébra,bande-dessinée,kritik,critique,2012,illustration,ted rall,afghanistan,guerre d'alan,guibert,bastien vivès,famille,guerre,hydrie,presl,conversion,atrabile,boîte à bulles,aufray,une scène dans l'ombre,goncourt
    L'Histoire de Sayo - Masi & Wanatabé (3/5) (pour ceux qui croient que les mangas ne causent que d'histoires de touche-pipi)
     
     
     
     
     
     
     
     
     
     
     
    fanzine,bd,zébra,bande-dessinée,kritik,critique,2012,illustration,ted rall,afghanistan,guerre d'alan,guibert,bastien vivès,famille,guerre,hydrie,presl,conversion,atrabile,boîte à bulles,aufray,une scène dans l'ombre,goncourt

     La Guerre d'Alan - Xavier Guibert (3/5) (pour ceux qui ont été dispensés de service militaire)

     

     

     

     

     

     

    fanzine,bd,zébra,bande-dessinée,kritik,critique,2012,illustration,ted rall,afghanistan,guerre d'alan,guibert,bastien vivès,famille,guerre,hydrie,presl,conversion,atrabile,boîte à bulles,aufray,une scène dans l'ombre,goncourt

    Blast 3 - Manu Larcenet - (2/5) (pour ceux qui n'ont pas lu "Le Chat Noir" d'Edgar Poe)

     

     

     

     





    fanzine,bd,zébra,bande-dessinée,kritik,critique,2012,illustration,ted rall,afghanistan,guerre d'alan,guibert,bastien vivès,famille,guerre,hydrie,presl,conversion,atrabile,boîte à bulles,aufray,une scène dans l'ombre,goncourt
    Gringos Locos - Schwartz & Yann (1/5) (pour les inconditionnels de l'école de BD franco-belge - et encore...)
     
     
     
     
     
     






    fanzine,bd,zébra,bande-dessinée,kritik,critique,2012,illustration,ted rall,afghanistan,guerre d'alan,guibert,bastien vivès,famille,guerre,hydrie,presl,conversion,atrabile,boîte à bulles,aufray,une scène dans l'ombre,goncourt
    Vingt-Trois Prostituées - Chester Brown (1/5) (pour ceux qui ont une copine canadienne)
     
     
     
     
     
     
     
     
     
     
     
     
    fanzine,bd,zébra,bande-dessinée,kritik,critique,2012,illustration,ted rall,afghanistan,guerre d'alan,guibert,bastien vivès,famille,guerre,hydrie,presl,conversion,atrabile,boîte à bulles,aufray,une scène dans l'ombre,goncourt
    Pour en finir avec le cinéma - Blutch (2/5) (pour ceux qui hésitent encore entre le cinéma et la BD)
     
     
     
     
     
     
     
     
     
     
     
     
    fanzine,bd,zébra,bande-dessinée,kritik,critique,2012,illustration,ted rall,afghanistan,guerre d'alan,guibert,bastien vivès,famille,guerre,hydrie,presl,conversion,atrabile,boîte à bulles,aufray,une scène dans l'ombre,goncourtChroniques de Jérusalem - Guy Delisle (2/5) (pour ceux qui n'aiment pas les bastons entre les Juifs et les Arabes)
  • La Guerre***

    Comme on sait, rien de tel qu’une bonne guerre pour sortir de la crise et remettre l’économie sur les fanzine,bd,zébra,bande-dessinée,illustration,kritik,critique,guerre,shampoing,bastien vivès,chat noir,girly,adam,eve,hecrails. La recette a maintes fois fait ses preuves. Si on n’enseigne pas ça à HEC, bien sûr, c’est pour pas flanquer les pétoches aux jeunes officiers.

    Eh, admettez au moins que si personne ne veut faire le job salissant de soldat, il profite à tout le monde, comme celui de croque-mort, de boueux, de maton, de pute ou de dealer, que personne veut faire, mais sans lesquels le monde ne tournerait pas rond.

     Sur le plan social, comme dans la fourmilière, personne n’est innocent, mais chacun est utile, à sa place et en son temps. Même Andres Breivik ! Bon, le mec en a fait un peu des tonnes, il faut admettre, mais il a semé la terreur comme pas deux, et ça, la terreur, c’est un ingrédient in-dis-pen-sable à la vie sociale, autant que le ciment pour le maçon, ou la pierre d’angle pour l’architecte. C’est pour ça que dans la fable, Adam et Eve, juste après avoir fondé la société, ils se mettent à flipper ; Adam, alors qu’il aurait dû larguer Eve, après le coup qu’elle lui a fait, il reste quand même avec elle pour se réchauffer…

     Donc la frousse pousse autant à faire la guerre qu’elle en dissuade ; un vrai traquenard ! Exactement sur le même modèle que tous les autres pièges à c. : la famille, l’amour, les jeux vidéos, etc. «La Guerre» est la suite logique des précédentes satires de Vivès. Je dis «logique», bien que Vivès donne plutôt l’impression de pondre ses bouquins en dilettante, par-dessus la jambe ; un peu comme un démineur qui doit se mettre dans la tête qu’il manipule une boîte de chocolat et non un vieil obus, pour ne pas sucrer les fraises.

     Un gag que j’aime bien, c’est celui où deux gonzesses «girly» boivent un pot en terrasse, bavassant de tout et de rien –d’amour-, et tout d’un coup les Ruskovs rappliquent, sans crier gare ils buttent tout le monde. Bon, moi je crois les Ricains ou les Casques Bleus encore plus dangereux que les Ruskovs, mais peu importe, c’est toujours comme ça que ça se passe : la guerre rapplique toujours sans prévenir, et c’est toujours ceux qui causent de tout et de rien en terrasse – d’amour-, qui sont les plus étonnés par le «blitz».

    D’ailleurs la guerre, c’est plus fort que l’amour, comme dirait le vieil Homère. Même l’argent ne procure pas autant d’émotions que la guerre. Et quand Achille paraît, avec tous ses super-pouvoirs, même les gonzesses qui jusque-là en tenaient pour l’amour, elles sont au diapason.

    Zombi (leloublan@gmx.fr)

    La Guerre, par B. Vivès, éd. Shampooing-Delcourt, 2012.

    NB : Dans le dernier n° de Zébra, je tente de montrer l’importance du «Chat Noir» dans la genèse de la BD; ce n’est que par un de ces reculs de l’histoire, dont les politiciens sont coutumiers, que les Belges ont fait de la BD un outil de propagande institutionnelle ou personnellle (autrement dit «roman graphique»). Précisément, l’art de Vivès en témoigne ; pratiquement on pourrait dire que Vivès fait de la BD, comme si l’école belge n’avait jamais existé.

  • Blast 3 - Tête la première**

    Quelques tares font qu’on ne me prend pas encore au sérieux, comme critique-bd : -d’abord je n’ai fanzine,bd,zébra,bande-dessinée,critique,kritik,blast,manu larcenet,edgar poe,chat noir,david lynch,maus,spiegelmanpas lu «Maus», d’Art Spiegelman ; quand j’ai essayé, je me suis perdu dans toutes les souris au bout de trois pages, j'ai perdu le fil… Et puis je n’ai pas lu non plus «Blast», de Manu Larcenet. Enfin, disons que je viens juste de combler cette lacune : mes préventions venaient du «Retour à la terre», dont l’humour ne m’avait pas plus emballé que ça, naguère.

    Les fans de Larcenet me pardonneront, j’espère, mais j’ai commencé direct par «Blast 3». Et, première bonne nouvelle, on peut très bien commencer directement par «Blast 3», ce qui veut dire que le scénario est assez malin. Pas autant que David Lynch, qui fait des films sans queue ni tête, pour qu’on aille les voir plusieurs fois et doubler ainsi le nombre des entrées, mais malin quand même.

    Le rapport avec Lynch, c’est que ce «Blast» me paraît un pur produit de la culture américaine, bien que Larcenet soit d'origine isséenne. Bien sûr, les Américains ne sont pas les inventeurs de ce type de personnage à la fois sympathique et dangereux, ni plus ni moins malade que le psy qui prétend le soigner (les flics aussi parfois sont sympas), mais ils ont exploité le filon dans des films, des séries, des romans, jusqu’à la dernière pépite. L’astuce de Larcenet est de choisir le plus brave type qui soit, en apparence, pas une femme d’une grande beauté ni Jack Nicholson, mais monsieur-tout-le-monde, le fan de BD-type (si je continue comme ça, je vais me faire dépecer-vif). Vu le carton en librairie de "Blast", Manu Larcenet pourrait aussi bien se retrouver bientôt à la tête d’une armée de "serial killers" sympas.

    Mais, même ça, n’est pas très original : c’est l’invention d’Edgar Poe, dans un de ses meilleurs contes : "Le Chat Noir". Je ne dis pas ça pour dénoncer, mais plutôt pour défendre certaines adaptations d'œuvres littéraires en BD, parfois dénigrées inutilement, pour de mauvaises raisons. Donc, pour ce qui est de l’imagination, «Blast» ne va pas chercher très loin. Question dessin, je trouve Larcenet beaucoup trop esthétisant, cherchant à imiter le cinéma, hormis certaines pages plus crues et mieux réussies. Je crois que l’effet aurait été meilleur si on avait senti que le dessinateur ne maîtrisait pas tout, lui aussi, complètement. C’est plus un dessin de psychiatre que d'assassin ambigü, autrement dit. Question habileté, en revanche, je donne 20/20 à Manu Larcenet : c’est le crime parfait cette série. Le casse de l'année. Il est bon, de temps en temps, que les criminels prennent leur revanche sur les psychiatres.

    (Zombi)

    Blast 3 - Tête la première - Dargaud, 2012 - 22 €

    PS : Si Manu Larcenet veut faire un truc dans «Zébra», je peux lui dénicher un petit conte du XIXe de derrière les fagots qu’il ne connaît pas (pour ceux qui l’ignorent, tout le cinéma américain parlant est emprunté aux contes du XIXe siècle).

     

    fanzine,bd,zébra,bande-dessinée,critique,kritik,blast,manu larcenet,caricature,edgar poe,chat noir,david lynch,maus,spiegelman



  • La Conversion***

    Une consoeur critique a imaginé pour ranger son blog une sous-rubrique facétieuse : "BD-qu'elle-est-bien-fanzine,bd,zébra,bande-dessinée,critique,kritik,matthias gnehm,conversion,suisse,atrabilepour-se-suicider". Sans hésiter, je place "La Conversion" de Matthias Gnehm sur cette étagère, tant l'atmosphère peinte par celui-ci renverse les clichés sur la Suisse, ses chalets mignons et ses paturages verdoyants. En Suisse, le mélodrame-BD de M. Gnehm se déroule et s'achève - mal, comme les histoires d'amour en général... ou de religion.

    Cette étiquette macabre est, bien sûr, pour plaisanter, là où on discerne plutôt l'effort pour faire de la BD avec d'autres ingrédients que les bons sentiments, après des lustres de pralines franco-belges.

    "C'était dans le village qui, autrefois, il y a vingt-cinq ans, était considéré par beaucoup comme le plus laid de tout le pays. (...) Seul celui qui avait grandi ici pouvait voir des choses qui demeuraient invisibles au reste du monde. (...) Quand il n'y avait pas de brouillard. Car lorsqu'il y avait du brouillard, il était alors si épais et si persistant, que les autochtones se retiraient dans leurs mondes intérieurs. Et certains se rendaient alors dans cette église étonnamment élégante construite dans les années trente."

    Le propos n'est pas ici contre ou pour la religion : c'est tellement facile de dénoncer le fanatisme de son voisin ! Plus subtilement, M. Gnehm montre le lien étroit entre le sentiment amoureux et la religion. Kurt, l'ado. au centre de cette intrigue mi-sentimentale, mi-religieuse, sorte de Roméo prépubère, va se détacher des opinions athées maternelles pour se rapprocher des convictions religieuses bizarres de Patrizia, dont il est tombé amoureux. Seule la folie de cette dernière mettra un terme à la "conversion" de Kurt.

    Le rapprochement du désir, de la folie et de la religion n'est, certes, pas franchement nouveau en littérature, mais il est assez bien amené dans cette BD, peu moralisatrice. D'ailleurs, comme c'est le truc de base des sociétés mercantiles de stimuler le désir du citoyen lambda, si l'observation n'est pas franchement nouvelle, il n'est pas non plus démodé ou inutile de rappeler que la foi ou les convictions éthiques - non seulement l'érotisme -, ont un caractère "oedipien" ou incestueux.

    Ed. Atrabile, 2011.

    NB : Et toujours cette présentation chic et puritaine des éds. Atrabile (sans pagination), que je n'aime pas.

    Zombi

     

  • Une Scène dans l'Ombre***

    fanzine,bd,zébra,kritik,bande-dessinée,nicolas auffray,afp,rennes,chez jérôme comix,alphagraph,olivier josso,laure del pino

    Correspondant de l'AFP à Rennes au début des années 90, Nicolas Auffray y découvre le microcosme des fanzines de BD bretons et leurs auteurs.

    D'abord surpris, comme le gamin qui découvre en soulevant un gros galet à la plage une myriade de petites bestioles -puis fasciné, ainsi qu'il l'avoue sans ambages : "Comment peut-on faire quotidiennement de la bande-dessinée depuis une quinzaine d'années sans en gagner sa vie ?" -N. Auffray vient de publier "Une Scène dans l'ombre", livre-enquête sur le milieu "underground" des "fanzineux" rennais (éds. Goater).

    Plus "underground", tu meurs ! Pour un peu on taxerait "L'Association" de parisianisme, en comparaison. J'exagère à peine : en effet, le sort des fanzines rennais est lié à la dèche assumée de leurs auteurs (tandis que le succès médiatique de Marjane Satrapi a propulsé "l'Association"). N. Auffray fait bien le distinguo, et souligne l'indépendance, pour ne pas dire l'entêtement de ces jeunes Bretons à rester les seuls maîtres à bord de leurs frêles publications.

    Les scrupules de N. Auffray sont à la fois la qualité et le défaut de son ouvrage. D'abord le scrupule consiste dans le grand respect des protagonistes de cette aventure, qu'on devine presque tous écorchés-vifs, et fabriquant des fanzines comme une seconde peau, pour se donner une raison sociale moins floue que celle qui leur a été commise d'office. Sans doute ce scrupule s'imposait pour obtenir un bouquin, non pas voyeuriste, mais suffisamment précis pour être palpitant (bien que je déteste les choses existentielles, dont il est beaucoup question dans ce livre et ces fanzines, je n'ai pas eu de mal à le lire).

    L'enquêteur ne laisse aucun aspect sous silence et leur consacre à chacun un chapitre : du rôle de la fac d'art plastique (Rennes est un des plus gros campus de France), jusqu'à l'échec du festival "Périscopages", tentative d'organiser à Rennes un festival de BD indépendante, en passant par l'appui de la librairie "Alphagraph" et son fanzine hébergé "Chez Jérôme Comix" ; sans oublier le patronage de Laure Del Pino et Olivier Josso, plus ou moins décrits comme les Bonnie & Clyde de la BD underground.

    En revanche, N. Auffray, ne répond pas, ou peu, à la question assez lancinante qu'il pose au début : pourquoi ? A quoi bon une telle dépense d'énergie, pour un rapport aussi faible, assortie d'une volonté aussi farouche d'indépendance ? Ceux qui, comme moi, préfèrent les réponses aux questions, resteront sur leur faim.

    Zombi


  • Au Chat noir

    Je m'en voudrais de ne pas signaler, au musée de Montmartre actuellement, une expo. dédiée au "Chat noir", célèbre cabaret parisien (doublé d'un journal satirique), fondé par le peintre Rodolphe Salis (1881). Le cabaret draina jusqu'à la Butte tout ce que le Quartier latin comptait alors d'artistes ou d'anarchistes, anciens membres du club des "Hydropathes" ou des "Hirsutes".

    Je m'en voudrais, à cause de l'admiration sans bornes que j'ai pour Alphonse Allais (que je situe au-dessus de ce que tout le XXe siècle a donné ensuite comme poètes ou philosophes, même L.-F. Céline ; je dispose de quelques arguments solides, mais pas assez de place pour les étaler ici...)

    D'ailleurs l'influence du "Chat noir" sur l'art français est, aussi, largement sous-estimée. Pourtant, la rupture de Céline avec le style académique a été préparée par les auteurs de ce cabaret ; la rupture de Picasso lui doit plus encore. Ce qui a nui à la réputation publique de la clique de Salis et Allais n'est autre que leur modeste fantaisie ; le surréalisme d'Alphonse Allais ne se prend pas au sérieux : il est donc inutilisable par les instituteurs ou les conservateurs (de musée), qui réclament l'onction.

    fanzine,zébra,bande-dessinée,illustration,kritik,chat noir,cabaret,rodolphe salis,montmartre,butte,alphonse allais,adolphe willette,picasso,apollinaire,céline,académisme,henry somm,caran d'ache,daumier,humour,politique

    - Adolphe Willette (1857-1926), présenté aujourd'hui, avant d'aborder Henry Somm et Caran d'Ache une autre fois, est un peintre converti à la caricature de moeurs/politique. Willette ne révolutionne pas le dessin, comme on peut le constater, contrairement à Daumier auparavant. Willette se contente d'en perpétuer l'humour. Celui-ci va de la plus légère gaudriole aux sujets les plus graves, voire tragiques ; et il n'épargne aucun milieu, même si le bourgeois constitue une cible de choix. Cette palette, la plus large, est une des marques de fabrique du "Chat Noir".

    fanzine,zébra,bande-dessinée,illustration,kritik,chat noir,cabaret,rodolphe salis,montmartre,butte,alphonse allais,adolphe willette,picasso,apollinaire,céline,académisme,henry somm,caran d'ache,daumier,humour,politique

    fanzine,zébra,bande-dessinée,illustration,kritik,chat noir,cabaret,rodolphe salis,montmartre,butte,alphonse allais,adolphe willette,picasso,apollinaire,céline,académisme,henry somm,caran d'ache,daumier,humour,politique

  • En route pour le Goncourt***

     

    fanzine,bd,bande-dessinée,zébra,kritik,jean-françois kierkzowski,mathieu ephrem,goncourt,fernand divoire,stratégie littéraire


    Cette petite BD sarcastique publiée par les éditions Cornélius, bien que d’un humour inégal, contribue à la tradition bien française (ou britannique) qui consiste à tourner en dérision les écrivains, les philosophes ou les littérateurs en général.

    Devenu "professionnel" désormais, l’écrivain est une cible d’autant plus facile pour l’humoriste. En effet ce ne sont pas les moins prudents des écrivains qui prétendent se limiter au divertissement, car le métier d’écrivain "sérieux" est parmi les plus excentriques. On trouvera une raison sociale à la prostitution plus facilement qu’à la littérature professionnelle.

    Les strips de J.-F. Kierzkowski et Mathieu Ephrem mettent en scène un quidam (comme vous et moi) qui veut devenir écrivain, et vise conséquemment le prix Goncourt, et exploitent tous les ressorts comiques d’une telle vocation. Cette BD m’a fait penser à un petit traité tout aussi humoristique de Fernand Divoire, un manuel de stratégie littéraire (réédité par les Mille-et-une-Nuits) qui fournit tous les conseils utiles sur les moyens de parvenir en littérature : comment paraître original ; comment éliminer la concurrence ; comment amadouer les critiques littéraires professionnels, etc., fournis par un fin connaisseur des milieux littéraires parisiens.

    Kierzkowski et Ephrem ont adapté leurs plaisanteries au nouveau média internet, qui permet démocratiquement à chaque Français de nourrir les ambitions littéraires réservées autrefois aux seuls bohêmes parisiens. Les moyens sont là, il ne manque plus que la formule magique...

     

    fanzine,bd,bande-dessinée,zébra,kritik,jean-françois kierkzowski,mathieu ephrem,goncourt,fernand divoire,stratégie littéraire


    Ed. Cornélius, 2011.