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kritik - Page 20

  • L'Etranger***

    Nombre d’écrivains ont tiré de l’absurdité de l’existence, résumée par Shakespeare dans la fameuse webzine,bd,gratuit,zébra,fanzine,bande-dessinée,critique,camus,l'étranger,gallimard,kritik,jacques ferrandez,algérie,shakespeare,hamlet,houellebecq,meursaulttirade de Hamlet («To be or not to be»), matière à des pièces ou des morceaux comiques. L’absurdité de la condition humaine est bien le sujet de «L’Etranger» de Camus, que Jacques Ferrandez vient d’adapter en BD, mais c’est un constat sec, sans humour, presque animal.

    Meursault, le jeune héros de Camus, tue un Arabe, le lendemain des obsèques de sa mère, moitié par réflexe de défense, moitié par hasard. Son manque de foi étonne et indispose ses juges, qui le condamnent à mort. Meursault, en effet, ne gobe ni l’amour, ni l’ambition professionnelle, ni la religion, ni le mariage, ni l’amitié, rien de tout ce qui excite ses contemporains. Comment s’offusquerait-il de sa condamnation, puisque vivre, en définitive, c’est pour mourir ? L’imperméabilité de Meursault à l’espoir surprend même son confesseur, venu pour le sauver in extremis, et que les condamnés à mort on habitué à plus de crédulité. Meursault avoue bien un peu de crainte devant le couperet, mais pas assez pour changer brusquement sa disposition d’esprit.

    Le roman, quand il parut, choqua les apôtres du socialisme par son athéisme. Il est vrai que je me suis toujours demandé quelle philosophie ou quel humanisme on peut bien déduire des romans de Camus ?

    Cela dit, Camus paraît désormais plus moderne que le socialisme ; la société de consommation a triomphé en quelques décennies des envolées lyriques des derniers poètes socialistes ; s’il reste bien encore quelques militants, qui proposent tantôt de s’indigner, tantôt de protéger la couche d’ozone, ce sont eux qui sont devenus des étrangers, quasiment isolés dans un océan d’indifférence. Le monde est devenu camusien, c’est-à-dire plus ou moins épicurien, cherchant dans les petits plaisirs culinaires ou érotiques de l’existence, si ce n’est un but, du moins un mode de vie. Il y a bien eu le grand projet d’Europe unie contre la guerre, il y a quelques années, mais on peut se demander aujourd’hui qui a vraiment cru sincèrement dans ce machin, hormis quelques technocrates ? Puisque la politique consiste à gouverner au centre, n’est-il pas raisonnable que chacun, pour toute direction, choisisse celle indiquée par son nombril ? Ainsi Meursault, centré sur lui-même, se rattache à la vie. Il est «amoral», parce que la vie est physique d’abord, avant d’être bonne ou mauvaise.

    L’adaptation de Ferrandez est fidèle au roman de Camus ; assez plate, mais la platitude est voulue par Camus. Le dessin coloré et chatoyant fait paraître l’Algérie où évolue notre antihéros, une sorte de paradis infernal, puisque sans réponses aux questions que l’homme ne peut s’empêcher de se poser.  Cette ignorance de l’homme, ou sa conformité à ce qui le détermine, Camus ne l’envisage même pas comme le principal forceps vers la tombe ; peut-être se débarrasser de l’espoir socialiste a-t-il pompé toutes ses forces ? Camus, comme Houellebecq, a un côté lézard.

    Le problème avec littérature épicurienne, c’est qu’elle vaut rarement un bon verre de vin blanc frais quand il fait chaud.

    L’Etranger, Jacques Ferrandez d’après Camus, Gallimard, coll. Fétiche (!) 2013.

  • Journal d'un Corps**

    Il s’agit ici de la réédition chez Futuropolis-Gallimard d’un bouquin de Daniel Pennac, illustré par Manuwebzine,bd,gratuit,zébra,bande-dessinée,fanzine,critique,kritik,journal,corps,manu larcenet,daniel pennac,gallimard,futuropolis,médecine,lucrèce,michel-ange Larcenet.

    La crise économique m’a presque rendu végétarien, ce qui est peut-être la meilleure solution pour vivre plus vieux que l’économie capitaliste, assez comparable à une boulimie de viande. Mais ce n’est pas la raison pour laquelle je ne suis pas aussi enthousiaste que la plupart des critiques à propos de ce gros bouquin.

    Pennac part en gros de l’idée, qui a pu être défendue comme une véritable religion par certain savant médecin français de renom, que nous sommes entièrement déterminés par nos organes et notre corps. Des êtres de chair en combustion, point à la ligne. L’âme ne serait qu’une façon de donner du style à notre corps, de le «customiser» comme disent et font aujourd’hui beaucoup (la moindre sous -préfecture possède aujourd’hui son artisan-tatoueur), et de sympathiser avec autrui pour l’amener à différents types de rapports.

    Les médecins, les chirurgiens surtout, et les gastro-entérologues aussi, qui plongent les mains dans le cambouis humain toute la journée, sont souvent athées pour la raison que leur besogne les convainc que l’âme finit par faire «pschiitt». Cela rehausse énormément la valeur culturelle d’une entrecôte ou d’un ris de veau (où va ma préférence). Dans le même sens, beaucoup d’hommes perdent, avec l’usage de leur organe préféré, le goût de la vie. Je pourrais citer quelques écrivains très prisés des femmes dans ce cas ; mais j’ai un meilleur exemple : celui d’un écrivain britannique porté sur la bonne chère qui, condamné au dentier par l’âge, commença dès lors de trouver le temps long : il ne pouvait plus manger que de la soupe. Peut-être le supplément d’âme des femmes leur permet-elle de vivre au-delà de l’espérance que procure le corps ? Et, dans ce cas, l’athéisme n’est pas une bonne thérapie.

    Le corps exprime tout, et D. Pennac le fait donc parler des diverses émotions qu’il peut ressentir, et qui se ramènent toutes au plaisir et à la douleur, au partage desquels la société est consacrée, d’une façon aussi inégalitaire que les corps peuvent l’être entre eux, suivant le hasard ou la condition. L’égalitarisme est certainement un animisme, qui défie la biologie.

    La prose de D. Pennac est assez poétique, voire même humoristique, ce qui nous sort un tantinet du déterminisme, car c’est une chose assez inexplicable que l’humour, du point de vue de la médecine. Surtout l’humour de Molière. Je ne parle pas de l’humour qui réconforte, comme un verre de pinard.

    C’est l’excès d’anthropologie qui me dérange un peu chez Pennac et Larcenet. D’ailleurs il est difficile de déguster leur pavé, autrement que par petits morceaux.

    Dans le même genre, convaincu de la bouillie humaine et du retour à la terre définitif de celle-ci, je conseille plutôt le poète Lucrèce. S’il n’y croit pas, Lucrèce est persuadé de l’utilité de l’âme et de la religion dans le peuple, pour des raisons de stabilité politique. A quoi bon vivre si on se sent frustré, ce qui est généralement le ressenti de l’homme du peuple qui besogne toute la journée, à se faire mal ? D’où l’utilité de croire et de faire croire dans les mondes parallèles. Même agréable, la rêverie traduit toujours une frustration du corps. Donc Lucrèce, plutôt que dans la chair humaine, va chercher dans les grands corps constitués de la mère nature -rivières, forêts, montagnes, météorites, astres- le motif d’une poésie plus pure et quasiment ultime.

    Pour ce qui est du style de Larcenet, je ne l’apprécie guère. Je le trouve trop chiadé à mon goût, un peu comme ces femmes ou ces hommes qui, si je peux laisser parler mon corps, mettent trop de maquillage. Le dessin de Michel-Ange, à tout prendre, me semble mieux adapté au discours de Pennac, néanmoins la foi de Michel-Ange dans les hautes sphères. Il n’y a pas beaucoup de place pour l’âme ou la personnalité, en effet, dans l’art de Michel-Ange, guère apprécié pour cette raison des dévôts, qui décidèrent vite de le rhabiller, tant sa vitalité corporelle paraissait indécentes aux champions de la mort lente ou de la vie vertueuse.

    Maintenant je dois m’arrêter là, puisqu’il paraît que les grandes douleurs sont muettes, et que seuls les petits plaisirs sont bavards.

    (Zombi - leloublan@hotmail.com)

    Journal d’un corps, D. Pennac et M. Larcenet, Futuropolis-Gallimard, 2013.

  • Dans l'atelier de Fournier***

    Je ne pensais pas dépasser les trois premières pages de ce panégyrique en BD de Jean-Claude Fournier par Joub et Nicoby. Dessinateur breton,

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    D’abord parce qu’étant gosse, Spirou était la dernière chose à laquelle je m’intéressais en BD. Je ne voyais que la monstrueuse ingéniosité du dessin de Franquin, imité par Jean-Claude Fournier (idéal esthétique de la famille Dupuis). J’étais trop jeune pour comprendre à quel point cette laideur est le reflet du temps, bien plus que le style dopé à l’ecstasy de Hergé; j'étais encore moins capable de cerner que Gaston Lagaffe incarne l’homme moderne, peu résolu à des tâches aussi vaines qu’ingrates, et qui se résument presque toutes à la recherche du temps perdu (ce rapprochement du bricolage et de l'existentialisme fait de Franquin un précurseur de Houellebecq).

    Le questionnement autour de la mélancolie du dessinateur de BD est un peu incongru ; on peut se demander plutôt à quelle sorte de réalité se raccrochent les auteurs de BD ? Par quoi ou pourquoi ils tiennent à la vie ? Question valable pour tous les professionnels qui produisent des choses impalpables, d’ailleurs, tant l’homme a besoin de palper pour vivre et se sentir vivant.

    De plus je n’ai pas aimé «Gringos Locos», sur le trio Jijé, Morris et Franquin, tentative similaire à celle de Joub et Nicoby. A cause de son côté «vintage» belgicain.

    La gageure de faire la bio d’un auteur de BD en BD est remportée au contraire par Joub et Nicoby. Au-delà du personnage de Fournier, presque aussi truculent que Jijé, et à qui il ne manque que d’être catholique pour être tout à fait baroque, un éclairage intéressant est apporté sur la bande-dessinée franco-belge et ses méthodes révolues.

    Certains auteurs de BD le font parfois observer, au détour d’une interview : la bande-dessinée est un art moins conventionnel ou psychorigide que le cinéma ; ce dernier consiste essentiellement à mettre les nouvelles technologies industrielle au service du divertissement de masse ; tandis que l’industrie de la BD laisse une part assez large à artisanat, très astucieusement accordée par ses producteurs. La BD n’est pas moins moderne que le cinéma, mais c’est une autre modernité, circonscrite à la Belgique et au public enfantin, tandis que le cinéma joue un rôle de propagande à l’échelle nationale, voire continentale. Et puis les acteurs de cinéma ignorent qu’ils n’existent pas, ou que leur vie est un mensonge ; tandis que les personnages de BD le savent, eux.

    A travers les différentes séquences de la carrière de Fournier, promu grâce à Franquin, par ailleurs pressé de se débarrasser du «groom» Spirou, ses biographes nous permettent de comprendre la méthode belge, qui oscille entre la recherche de profit, le souci de ne rien diffuser de politiquement incorrect - et enfin, dernier point qui fait toute la différence : la confiance accordée aux dessinateurs et aux scénaristes. Confiance typiquement wallonne ou bruxelloise, qui consiste dans le respect du travail artisanal. De là dérive presque exclusivement la reconnaissance dont bénéficièrent les auteurs de BD en Europe. Les bourgeois Dupuis veulent entretenir avec leurs artistes les rapports que Jules II entretenait avec Michel-Ange, ou plus exactement les bourgeois d'Amsterdam avec Rembrandt, qui tînt d'ailleurs un atelier dont celui de Jijé (Joseph Gillain) fut presque le décalque. Et non les traiter en simples employés besogneux, conscients que ce type de rapport est une nette plus-value.

    Le caractère pompeux et institutionnel de la culture, en France, ne l’aurait pas permis. La méthode française pour contrôler les artistes, c’est d’en faire des fonctionnaires. La méthode belge est beaucoup plus habile: elle consiste à laisser croire aux auteurs qu’ils sont libres, et, de fait, les presser un peu plus, tout en leur accordant une marge de manœuvre plus grande, ce à quoi les artistes tiennent d'abord, avant la sécurité de l’emploi.

    Une question cependant à laquelle le bouquin ne répond pas, et qu'on peut de poser, c'est de savoir si Franquin n'a pas tout orchestré de la reprise de "Spirou" par Fournier, de a à z ? Au contraire, affirme Jean-Claude Fournier, qui se décrit comme un type naïf et sincère, Franquin lui aurait déconseillé d'accepter la reprise d'une série aussi pesante. Mais Franquin savait très bien que Fournier ne pourrait pas refuser l'offre de Dupuis.

    Dans l'atelier de Fournier, par Joub et Nicoby, Dupuis, 2013.

  • Blackface Banjo***

    Encore un, Frantz Duchazeau, dont le style paraît directement inspiré de Gus Bofa. Ajoutez-y le récitatifwebzine,gratuit,bd,zébra,fanzine,bande-dessinée,critique,blackface banjo,frantz duchazeau,gus bofa,kritik,cinéma,buster keaton,charlie chaplin saccadé façon cinéma muet de Charlie Chaplin ou Buster Keaton, sa naïveté rafraîchissante, et vous aurez une idée du bouquin.

    L’intrigue virevolte autour d’un brave petit nègre doué pour le banjo et la danse, malgré sa jambe de bois, ou plutôt grâce à elle, qui lui permet de faire la toupie et d’épater les spectateurs des petites troupes de spectacle ambulant qui l’embauchent. Que les nègres se ridiculisent ainsi dans des spectacles burlesques pour les blancs ne plaît pas à tout le monde, et il y a du grabuge.

    Un propos un peu ténu tout de même (trop de planches ?), que le brio du trait de Frantz Duchazeau fait oublier. Peut-être est-on ici à cheval entre le dessin-animé et la BD, et quelque chose ne passe pas en BD du comique séquentiel propre aux meilleurs cartoons ou films muets, et qui est lié à la rapidité de défilement des images ?

    Blackface Banjo, Frantz Duchazeau, éd. Sarbacane, 2013.

  • Last Man*

    "Délicieusement régressif": voilà l'argument publicitaire qui tourne en boucle pour fourguer le dernier webzine,bd,gratuit,zébra,bande-dessinée,fanzine,critique,kritik,last man,bastien vivès,castermanalbum façon manga de Bastien Vivès, emballé dans une pochette surprise. La BD au niveau de la branlette, quoi. Ceux qui font un effort pour, au contraire, la tirer de l'infantilisme, apprécieront... En parlant d'infantilisme, il vaut mieux se méfier des adultes que des gosses eux-mêmes.

    Quand B. Vivès déballe ses perversions sexuelles -gros nibards consolateurs ou transsexuels bien membrés-, dans des interviews à "Télérama" ou sur son blog, on se marre plutôt. Mais qu'il se lance dans la BD japonaise régressive, à son âge, c'est plutôt dommage (non explicite, pour ne pas choquer les mères de famille).

    D'autant plus dommage que Vivès a su faire preuve d'un humour grinçant sur les moeurs modernes dans "La Famille", "La Guerre""Les Jeux vidéos" ou "La Bande-dessinée".

    D'ailleurs Vivès & co. font un gros effort plastique pour améliorer le niveau de la production japonaise qui leur sert de modèle... production précisément bâclée pour en diminuer le coût. On se demande ce que l'éditeur, Casterman, a dans le citron !? Quel intérêt d'imiter les mangakas qui fabriquent des BD, selon les méthodes japonaises ou de Taylor ?

    Vivès s'est sans doute accordé une récré avec ses potes. Déjà, "La Grande odalisque", avec Ruppert et Malot, ne volait pas très haut. Il serait peut-être temps de siffler la fin de la récré...

    Last Man (tome 1), Casterman, 2013. Plus cher que la branlette.

  • Crève Saucisse***

    Carré d’agneau et partie à quatre : Rabaté et Hureau ont échafaudé sur ce thème un thriller ragoûtant.webzine,bd,gratuit,zébra,bande-dessinée,fanzine,critique,kritik,crève saucisse,simon hureau,rabaté,boucher,charles fourier,thriller,gil jourdan,tableau analytique du cocuage

    Doublement alléchant : un des deux couples «d’amis» exerce la profession de boucher. La boucherie est-elle, à l’instar de la chirurgie, le laboratoire du crime, ainsi que certains esprits impertinents l'envisagent ? A vous de trancher. Mais, la prochaine fois que vous observerez un cuisiner japonais découper des sushis, réfléchissez à ce que je viens de dire: tant de passion, mise dans un geste aussi futile, n’est-il pas, pour le moins, suspect ? Le crime parfait est d'ailleurs le plus social, car il requiert beaucoup d’habileté, et une sorte de «conscience professionnelle».

    Ce qui choque l'opinion dans l'assassinat, ce n’est pas tant l'élimination physique que la méthode employée. Une majorité de gosses croupit en prison, par manque d'expérience.

    Pourfendeur du couple bourgeois ou moderne, Charles Fourier (1772-1837) propose une théorie du quatuor ou du carré amoureux plus que convaincante, pour peu qu’on accepte d’observer la vie telle qu’elle est, et non à travers le prisme religieux mis en place au moyen-âge par l’Eglise pour l’amélioration du confort des femmes. Tableau analytique du cocuage (pas moins de 76 variétés !), élucidation des désirs croisés occultes entre «paires d’amis»: pas étonnant que les putains de Paris aient élu Fourier leur philosophe de cœur, tant ces dames sont, sur le sujet de l’amour bourgeois, entièrement déniaisées.

    Dans le quatuor de Rabaté, le cocu «objectif» est le maillon faible. Il cède à la la passion. Fourier aurait dit : - il est, des quatre, le seul qui ne voit pas son profit. Pourtant il en a un nécessairement, et le verra mieux à la fin de l'histoire, une fois tout gâché. Tout est, dans les institutions bourgeoises, réductible au profit. Mais certains ne le voient pas: leurs sentiments les en empêchent.

    Le "thriller" déçoit cependant. Il est, comme on dit, un peu trop «téléphoné». L’idée que l’assassin trouve la recette de son crime dans une bande-dessinée (Gil Jourdan), clin d’œil amusant, enlève peut-être un peu de crédibilité à l’intrigue, bien que l’hypothèse ne soit pas improbable. J’ai regretté que la boucherie ne soit pas plus mise en avant, sans forcément aller jusqu’à faire servir par la bouchère des morceaux choisis de son amant (hypothèse non moins probable).

    En tout cas, grâce à cette BD, on comprend pourquoi les bouchers ont sur les femmes un effet bœuf, bien plus que les auteurs de bandes-dessinées.

    Crève Saucisse, S. Hureau & Rabaté, éd. Futuropolis, 2013.

     

  • BD finlandaise 2013****

    Ce gros album aux éditions  Rackham offre un panorama de la bande-dessinée finlandaise webzine,gratuit,zébra,bd,bande-dessinée,kritik,critique,finlandaise,tiina pystynen,finnish comics association,rackham,jelle hugaerts,du9contemporaine. Sous forme de courts récits complets, il nous fait découvrir quelques-uns de ses meilleurs talents, tous féminins.

    Dans une interview donnée au webzine «du9», Jelle Hugaerts, éditeur-pionnier et fin connaisseur de cette BD indépendante, avouait ses difficultés de diffusion : public très restreint, engouement limité pour la BD, censure des libraires. Nos Finlandaises peuvent donc espérer élargir leur public grâce à ce travail de traduction. Elles le méritent, car leur dessin, dans le style de la BD indépendante, déjanté-mais pas trop (pas besoin de se tordre le cou), est au service de courts récits touchants, voire humoristiques. Le format court est plus propice à la BD-indépendante.

    Deux exemples : alors qu’il manque généralement un peu d’action (à mon goût) aux histoires d’amour lesbiennes, l’épisode où deux copines (façon de parler) imaginent pour pimenter leur sexualité de se déguiser en Maya l’Abeille, ne manque pas de piquant.

    Parmi mes préférés aussi, le « journal d’une veuve », par Tiina Pystynen. Un peu moins léger, car toutes les veuves ne sont pas, hélas, joyeuses.

    BD-Finlandaise 2013, éd. Rackham et Finnish Comics Society, 2013, 38€.