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aristote

  • Le Travail m'a tué**

    Travail et "condition humaine" sont synonymes du point de vue antique (biblique ou grec) ; l'oisiveté est enwebzine,gratuit,fanzine,bande-dessinée,bd,zébra,critique,travail,futuropolis,hubert prolongeau,grégory mardon,arnaud delalande,nazisme,communisme,libéralisme,carlos,shakespeare,aristote effet pour les Grecs (Aristote) le moyen d'échapper à la condition humaine, au contraire des loisirs modernes qui contribuent au travail.

    Le terme de "société des loisirs" dissimule en effet une nouvelle division du travail en Occident, non plus basée sur le sexe mais sur la richesse, qui procure plus ou moins de loisirs.

    L'attribution au labeur d'un valeur positive dans la culture moderne est un des nombreux points d'antagonisme entre la culture antique et la culture moderne. Il n'est pas inintéressant d'observer que cette mise en valeur du travail est, à l'instar du féminisme, un produit du christianisme ; pour être plus précis, elle résulte d'une interprétation erronée du livre de la Genèse.

    Par conséquent les idéologies modernes en apparence "laïques" telles que le nazisme, le communisme athée ou le libéralisme, prennent leurs racines dans la doctrine chrétienne.

    Il n'est pas abusif de dire que "Le Travail m'a tué" décrit la descente aux enfers d'un cadre employé par l'industrie automobile. L'idée que la victime de ce processus se fait de son devoir est en effet analogue à celle véhiculée par la "Divine comédie", poème chrétien délirant.

    On peut qualifier ce sens du devoir de "masochisme mystique" ; dès le début la BD montre que Carlos est une victime de choix en raison de ses origines sociales, qui font de lui une sorte de dévot. Son "recruteur" est parfaitement conscient de cette faiblesse. Celle-ci n'est pas "innée" chez Carlos, mais bien culturelle. Son épouse, aussi aveugle que lui, ne fait que l'entraîner plus vite encore vers l'issue fatale et une dépendance toujours plus grande vis-à-vis de la firme qui l'exploite.

    On observe que même les augmentations de salaire, tantôt accordées, tantôt refusées à ce cadre supérieur, sont dépourvues de valeur concrète et sont elles aussi mystiques.

    Détail amusant, les modèles des voitures conçues par la firme portent des noms de peintres ou de toiles célèbres, rappelant ainsi au lecteur comment les idéologies modernes s'appuient sur l'argument culturel, qui devrait par conséquent être la première cible de la satire.

    La revalorisation du travail et de la condition humaine a pour corollaire la mise en valeur de la mort. L'héroïsme macabre est ainsi au coeur des cultures totalitaires (mentionnées plus haut) et le suicide fait partie de la compétition économique. Un peu d'esprit d'observation permet de discerner cet arrière-plan macabre dans les loisirs modernes, c'est-à-dire dans le tourisme.

    Si cette BD est habile à décrire la chute inexorable de Carlos, sa conclusion naïve et assez typiquement française est à prendre avec des pincettes. L'épouse de Carlos et son avocate font en effet confiance à la justice française pour combattre les abus constatés au sein de la firme. Une telle naïveté repose sur la même erreur que celle qui entraîne Carlos à se haïr.

    L'Etat et les grandes firmes françaises sont bien entendu solidaires et la justice française ne peut rien contre le darwinisme social et ses ravages à l'échelle mondiale, tout comme la psychothérapie et les psychothérapeutes sont impuissants face au "burn-out", pour ne pas dire complices dans bien des cas.

    "Le Travail m'a tué", par Hubert Prolongeau, Arnaud Delalande (scénario) & Grégory Mardon, ed. Futuropolis, 2019.

  • Revue de presse BD (318)

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    + Qui dit "Art" dit "Panthéon", c'est pourquoi beaucoup de critiques de BD proposent des anthologies. En réalité la critique de BD ressemble beaucoup plus au "Guide Michelin" qu'à la "Poétique" d'Aristote.

    On peut s'amuser de voir chacun présenter son goût personnel comme la panacée universelle. A  l'occasion de la publication d'une épaisse biographie de l'auteur de "Krazy Kat", l'Américain Georges Herriman, Y. Frémion écrit : "Au Panthéon de la BD, difficile de trouver œuvre pouvant rivaliser pour la première place avec Krazy Kat. Un dessin à la fois minimaliste et graphiquement parfait, semblable à aucun autre, sans inspirateur apparent, fulgurant d′efficacité, un scénario minimal aussi, complètement récurrent, presque répétitif, mais hypnotique, une narration sans faille – le tout frisant la perfection absolue, et cela sur quelques décades magiques. (...)"

    - "Sans inspirateur apparent" : le critère exclut de nombreux "maîtres" de la BD, à commencer par Hergé.

    - Le "minimalisme", critère plus net, exclut Moebius, Bilal.

    - Le caractère répétitif et hypnotique du scénario est peut-être plus typique de l'art des "cartoons" ou du "strip" que de la BD.

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    + La critique est-elle victime d'un terrorisme intellectuel insidieux, d'origine commerciale et promotionnelle ? On peut le penser en écoutant ce critique-chroniqueur de la Radio GrandPapier (24 avril), qui ose juger négativement un album de BD -"La Trève, chérie"- publié par "L'Employé du Moi", éditeur soutenant la Radio GrandPapier... mais prend quand même beaucoup de pincettes.

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    Caricature par Piérick Dégomme.

    + Le mouvement des Gilets jaunes trouve peu d'échos dans le milieu des artistes en général et des auteurs de BD en particulier, pourtant échaudés depuis de nombreuses années ; mais la culture "française", dont beaucoup d'artistes sont tributaires, est effectivement produite surtout depuis Paris.

    Le manifeste-pétition "Nous ne sommes pas dupes", du collectif "Yellow Submarine", est donc un manifeste de rattrapage, après de nombreuses fins de semaines de heurts entre des forces de police pléthoriques et des manifestants surtout venus de province, sous l'oeil des caméras et du monde entier, heurts qui ont sans doute sur la fiction de la France des Lumières & des Droits de l'Homme un effet d'usure.

  • Réduction de têtes

    ...littéraires (pour faire de la place dans ma bibliothèque).

    En 2013, si vous voulez faire le portrait de figures vivantes, mieux vaut choisir des morts.

    Antistyle

    Cette semaine, deux théologiens matérialistes :

     

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    (La semaine prochaine : Alphonse Allais & Léon Bloy)


  • J'aime pas la crise***

    On s'étonne parfois à l'étranger du tempérament "râleur" des Français. Non seulement la vie est atroce, webzine,gratuit,zébra,bd,bande-dessinée,caricature,marc large,alévêque,crise économique,critique,kritik,zombi,français,esclavage,aristote,travail,voltaire,hoëbekemais il faudrait faire bonne figure, être content de subir la dictature de la vie, la pire de toutes, puisque toutes les autres en dépendent !?

    Si appliqué aux choses vaines (travail, famille, patrie), l'étranger ne se rend pas compte que cette absence de décalage le prive de l'humour, et qu'il se laisse ainsi complètement instrumentaliser par la vie. Adolescent, j'ai passé quelques semaines dans le Nord de l'Allemagne: c'est dingue comme ils prennent la vie au sérieux dans ces contrées ! C'était la première fois que je voyais des cours de ferme propres.

    L'introduction de l'humour dans les milieux ouvriers, principalement déportés en Asie aujourd'hui, pourrait avoir pour effet de les dissuader de s'adonner à cette tâche pour laquelle l'homme n'est pas fait, comme dit Aristote : le travail (ce qui lui vaut les railleries du Prussien esclavagiste Voltaire).

    C'est ce que j'ai pensé en feuilletant le dernier album de Marc Large: comme l'esclavage est largement délocalisé aujourd'hui, la principale tâche des pays riches étant d'absorber les fruits de la croissance, il faudrait larguer des caisses de cette BD au-dessus des pays où l'esclavage sévit. Ils verraient que la crise n'empêche pas les Français de se marrer. Bien sûr, on est tous conscients que nous devons des tonnes de milliards aux dirigeants des dictatures où la sueur et le sang sont meilleur marché. Peut-être seront-ils ainsi renversés bientôt, à cause du défaut de paiement de nations mieux armées qu'eux ? Leurs têtes coupées, voire pire encore. Mais bon, c'est la vie, et ce n'est pas en lui léchant le cul, ni en faisant les trois 8 qu'on trouvera une solution.

    Le paradoxe de cet album est de mélanger des dessins humoristiques qui prennent le parti de rire de la crise économique, qui n'est jamais que le symptôme du vieillissement d'un système, avec des bafouilles de Christophe Alévêque, qui manquent de sérieux. L'humour est un truc sérieux. Voyez les universités : elles sont remplies ou presque de statisticiens, c'est-à-dire de prévisionnistes, qui ont été les premiers surpris par l'aggravation subite de la crise. Donc pleine de gens pas très sérieux. Tout en étant parfaitement sinistres, comme il vous suffit de vérifier en ouvrant la télé sur la première émission consacrée par de doctes experts à la question économique.

    M. Alévêque prétend que les patrons se servent de l'argument de la crise pour baisser les salaires et rogner les primes. Evidemment, je comprends que le type qui a pris un crédit sur trente ans pour s'acheter un pavillon puisse être emmerdé. Mais, s'il avait eu des instituteurs un peu plus responsables, ils lui auraient enseigné à se méfier des banquiers comme de la peste. C'est donc plutôt un problème d'éducation. La réalité des catastrophes engendrées par la mécanique économique au cours des derniers siècles est bien différente de ce que décrit M. Alévêque. Elle vient bien de la foi inébranlable dans la croissance économique et l'éternel retour du profit.

    "J'aime pas la crise", M. Large et C. Alévêque, éd. Hoëbeke, 2013.

    (Zombi - leloublan@gmx.fr)

     

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