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latin

  • Revue de presse BD (199)

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    + Parution récente d'une petite anthologie de l'humour des esclaves noirs américains, "Le Rire enchaîné" (éd. Anacharsis) ; l'ouvrage est traduit et préfacé par Thierry Beauchamp ; celui-ci précise bien que ces petits contes font partie du folklore des esclaves et non de la propagande abolitionniste ; grâce à ces petites histoires, colportées oralement et mettant le plus souvent en scène l'esclave et son maître, les esclaves oubliaient un instant leur condition servile et pénible.

    Dans sa préface, Th. Beauchamp rappelle aussi ce que fut l'esclavage dans le Sud des Etats-Unis ; ce rappel s'écarte parfois des idées reçues ; ainsi, en raison de leur valeur économique, les esclaves noirs n'étaient pas toujours maltraités par leurs maîtres blancs ; les esclaves noirs représentèrent jusqu'à 14% de la population américaine et contribuèrent à la croissance économique rapide de cette nation.

    On peut d'ailleurs télécharger cette anthologie gratuitement à cette adresse.

    + Né le 5 Juillet 1916 à Paris au domicile de ses fondateurs Jeanne et Maurice Maréchal, "Le Canard enchaîné" a récemment fêté ses cent ans, peu après le décès de Cabu, qui était devenu son dessinateur-phare ; à cette occasion, la bibliothèque du centre Pompidou organise une projection du film "Aux quatre coin-coins du canard" (1986), suivie d'une rencontre avec les journalistes du "Canard" le 5 octobre à 17h (entrée libre).

    + Reportées pour cause de "menace terroriste", les 6e Rencontres internationales des dessinateurs de presse auront finalement lieu bientôt au Mémorial de Caen, du 9 au 11 sept. On peut s'étonner du choix d'un lieu de culte pour la tenue de ce colloque sur le dessin de presse (l'histoire ne se fait pas à coups de célébrations).

    Comme une conférence du politologue Antoine Sfeir figure au programme de ces journées (?), je relève cette formule satirique visant ce journaliste franco-libanais : "Le Sfeir à repasser de Ben Ali".

    + Le latin n'est plus enseigné sérieusement au collège et au lycée depuis plusieurs années déjà, et ne sera bientôt plus su que de quelques spécialistes (si ce n'est déjà le cas) ; une poignée d'universitaires a publié pour tenter d'y remédier une BD, "Murena, Ex Arena et Cruore". Ces latinistes arguent que l'on peut apprendre en s'amusant ; ils s'avancent derrière une jolie formule du poète Lucrèce : "Il est bon d'enduire de miel la coupe amère du savoir."

    L'argument de l'absence d'utilité est souvent employé contre l'enseignement du latin ; l'argument ne vaut guère, car des tas de choses inutiles sont enseignées à l'école (comme l'éducation civique, qui n'a pas valeur d'exemple, les règles du hand-ball et la solution des équations complexes), tandis que des tas de choses utiles n'y sont pas enseignées (comme le dessin, qui permet de mieux voir les choses telles qu'elles sont).

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  • L'Enéide**

    «L’Enéide» est-elle chiante ? Auteur d’une nouvelle traduction du poème épique de Virgile, Paul Veyne tente dans sa préface dewebzine,bd,gratuit,zébra,fanzine,bande-dessinée,kritik,critique,l'enéide,paul veyne,karl marx,latin,romain,super-héros,métempsycose,virgile,achille nous convaincre que ce long poème latin est encore digne d’intérêt au XXIe siècle. Après tout, les super-héros continuent de passionner une partie du public, et «L’Enéide», justement, en est pleine...

    Des divers arguments avancés, la comparaison de «L’Enéide» avec les films d’action n’est pas le plus persuasif - ce genre passe à juste titre pour un des plus rébarbatifs ; les films d'action ne font qu'assouvir le besoin de mouvement des employés de bureau ou des plantons astreints à la passivité pour gagner leur vie.

    L'argumentaire esthétique est, de surcroît, plutôt confus :

    «Si le lecteur aime la musique classique ou la peinture italienne, il aimera l’Enéide.», écrit-il, tout en rapprochant Virgile du «moderne Baudelaire».

    Classique et moderne, en somme Virgile a de quoi satisfaire un maximum de clients.

    P. Veyne ne cache pas que le long poème religieux et patriotique de Virgile résulte de l’effort du poète latin pour éclipser Homère ou lui succéder. Au lieu d'un plaidoyer "pro domo" ou d'un article publicitaire en guise de préface, le lecteur aurait aimé que Paul Veyne, "spécialiste de la culture antique gréco-romaine", lui dise si la copie de Virgile vaut mieux que l'original d'Homère - car la vie du lecteur est courte et la culture un vrai labyrinthe où l'on peut perdre beaucoup de temps.

    A cette réclame pour Virgile, P. Veyne ajoute un questionnement assez vain : - Les Romains étaient-ils, oui ou non, athées ? Prenaient-ils les mythes, toute cette poésie religieuse, au sérieux ? Ici le questionnement universitaire est cousu de fil blanc : P. Veyne ne fait rien d'autre que tenter de jeter un pont entre l'Antiquité romaine et la bourgeoisie rationaliste à laquelle il appartient, qui croit que deux et deux sont quatre, et rien d'autre. Cette démarche n'est pas plus sérieuse que celle de Mussolini.

    Si Platon était athée, se serait-il autant employé à dénigrer Homère et sa mythologie, selon lui impie ?

    Quelques extraits du bruit et de l'humeur des anciens super-héros, traduits par P. Veyne :

    «Quel dieu pourrait, à ce point, me faire connaître tant d’atrocités ? Lequel pourrait dire en vers les carnages dans les deux camps opposés, la mise à mort des capitaines à laquelle procèdent, tour à tour, dans toute l’étendue de la plaine, tantôt Turnus et tantôt le héros troyen ? Ce fut donc ton bon plaisir, Jupiter, qu’un si large mouvement jette l’un contre l’autre des peuples destinés à vivre un jour une paix éternelle ?

    Enée cueille d’un coup dans le flanc le Rutule Sucro ; ce premier combat a stoppé l’offensive troyenne, mais Sucro ne retarde pas longtemps Enée qui, de sa cruelle épée, lui transperce les côtés et la cage de la poitrine, par où le destin est le plus rapide. Turnus, lui, a mis pied à terre et aborde Amycus, jeté bas par son cheval, et son frère Diorès, qu’il frappe de sa longue lance pendant qu’il venait sur lui ; il frappe l’autre de son épée, accroche à son char les deux têtes coupées et les emporte, ruisselantes de sang. Enée envoie à la mort talos, Tanaïs et le vaillant Céthégus, tous trois dans une même rencontre, et avec eux Onitès au visage peu avenant, fils d’Echion et qui avait pour mère Péridia.»

    Enéide, Chant XII.

    L’Enéide, de Virgile (trad. et préface de Paul Veyne), Albin Michel, les Belles Lettres, 2012.