...de Lola (par Aurélie Dekeyser)
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...de Lola (par Aurélie Dekeyser)
...de Lola (par Aurélie Dekeyser)
sur le bord de la Loire (Chalonnes-sur-Loire)
de Lola (par Aurélie Dekeyser)
au musée Jean Lurçat (Angers)
+ La bibliothèque nationale de France (BNF) publie trois fois par an une petite revue luxueuse distribuée gratuitement, "Chroniques", où le détail de l'activité de cette copieuse institution est exposé. Sous une couverture reproduisant un dessin de Willem, le n°76 de "Chroniques" annonce que la grande bibliothèque abritera bientôt une exposition dédiée à la franc-maçonnerie, pour tenter d'élucider le mystère de cette institution mystérieuse (presque autant que l'Eglise catholique).
Comme le laisse entendre Pierre Mollier, conservateur du musée de la franc-maçonnerie, on ne peut définir nettement l'idéologie ou la philosophie maçonnique ; ainsi de tous ceux qui opèrent dans les coulisses du pouvoir : ils s'adaptent à ses règles changeantes. Une planche de Hugo Pratt ("Corto Maltese") figure parmi les objets exposés (du 12 avril au 24 juillet), mais il n'y a sans doute dans la référence d'Hugo Pratt à la franc-maçonnerie guère plus que la volonté de faire planer un parfum de mystère.
+ Encore dans le dernier n° de "Chroniques", Inès Villela-Petit consacre un article à une forme originale de propagande satirique : la frappe de médailles en bronze. De fabrication allemande, ces médailles visent la politique française à travers les caricatures par Karl Goetz de Clemenceau et Poincaré. Clemenceau est représenté comme un tigre effarouché pendant le bombardement de Paris ; dénoncée aussi par ce biais l'occupation brutale de la Ruhr par les troupes françaises après la victoire de 14-18.
La médaille en Une de cette revue de presse représente une femme attachée à un phallus, surmonté d'un casque français. A travers l'inscription en allemand, "La honte noire", K. Goetz stigmatise le viol de femmes allemandes imputées du côté allemand aux troupes françaises issues des colonies, comme la propagande française imputa aux troupes allemandes diverses atrocités allant du viol au cannibalisme.
+ A Pâques, on ne récolte pas que des oeufs, mais aussi des médailles. L'auteur de BD Joann Sfar figure ainsi sur une liste de personnalités issues de la société civile qui viennent d'être décorées de la Légion d'honneur. L'actrice Sophie Marceau a, pour sa part, refusé cette médaille afin de protester contre la récente distinction du prince saoudien et ministre de l'Intérieur Mohammed Ben Nayef par ce moyen. Apparemment le chef de l'Etat n'a pas trop mal pris les dessins légèrement moqueurs de Joann Sfar, publiés dans le "Huffington Post", à propos des rendez-vous galants du président de la République.
La réponse de Napoléon Bonaparte à ceux qui lui reprochaient de perpétuer la monarchie à travers la Légion d'honneur, est fameuse : - Je vous défie de me montrer une république, ancienne ou moderne, qui savait se faire sans distinctions. Vous les appelez les hochets, eh bien c’est avec des hochets que l’on mène les hommes.
+ Disponible sur Youtube, le documentaire "Choron dernière" (Pierre Carles et Martin, 1h38, 2008) regroupe des bribes d'archives où l'on peut voir le truculent Georges Bernier, alias Pr Choron, cofondateur de "Hara-Kiri" et "Charlie-Hebdo" : participations à des shows télés, témoignages, chroniques provocatrices délirantes, interviews... où Choron avoue par exemple avec délectation ses pratiques sodomites avec un sergent-chef des parachutistes ; ou bien improvise un concours de bites fraternel avec le dessinateur Charlie Schlingo.
Au tempérament burlesque de cet humoriste, issu d'un milieu très modeste et qui s'imposa comme le premier bouffon de France, le documentaire oppose la figure plus conventionnelle de Philippe Val, qui traîna le documentaire en justice (avec Cabu et Wolinski) pour cette raison. L'aspect polémique est secondaire, bien qu'éclairant sur l'évolution de la presse au cours du demi-siècle écoulé.
+ Le concours Libé Apaj de carnets de voyage (réservé au moins de 30 ans) est doté de 6.000 euros. On peut concourir dans plusieurs catégories : dessin, audio, texte, photo. Le thème de cette année : "Regards sur le travail".
+ "Lucky Luke" est au programme du festival "Pulp" organisé à la Ferme du Buisson (Marne-la-Vallée) (8-10 avril) ; il sera le thème d'une conversation entre l'actrice Stéphanie Cléau, Blutch et l'acteur Denis Podalydès. Un album-hommage signé Mathieu Bonhomme, "L'Homme qui tua Lucky-Luke", paraîtra en outre bientôt chez Dargaud. Les meilleurs albums de la série - cinq ou six - reposent sur le mélange de l'humour de Goscinny et Morris, d'une part, et l'inspiration de faits réels tirés de la chronique du Far West.
+ "Le Secret des Cailloux qui brillent" est une websérie en BD, qui tente de se financer grâce à ses lecteurs en ligne, à travers un site qui permet de faire un don. Deux épisodes ont d'ores et déjà été mis publiés, dessinés par Tarmasz et Emmanuel Espinasse. Il est trop tôt pour se prononcer sur l'intrigue, mais elle évoque les jeux vidéos ou les mangas en vogue chez les ados.
Illustration de Tarmasz pour la websérie "Le Secret des Cailloux qui brillent"
La Semaine de Zombi. Dimanche : sous couvert d'antiracisme et de lutte antiterroriste, perpétuer le colonialisme : la droite était trop bête pour y penser.
...littéraire, pour faire de la place dans ma bibliothèque.
Kongo relate l’aventure coloniale de Jozef Korzeniowski, plus connu sous le nom de plume de Joseph Conrad, au Congo fraîchement acquis par le roi Léopold de Belgique. Cette expérience fut pour Conrad l’occasion d’une cruelle désillusion, puisque parti pratiquement « la fleur au fusil » se mettre au service, comme pilotin, d’une compagnie spécialisée dans le trafic officieux du commerce de l’ivoire d’éléphant, ce marin rentrera bientôt épuisé physiquement et moralement. Ayant pas mal bourlingué auparavant à travers le monde, et traversé plusieurs océans, Conrad ne s’attendait pas un à un tel choc.
Dans une lettre adressée à un ami (le scénariste fournit quelques pages de précisions à la fin de la BD), Conrad fait cette description : « Léopold est leur Pizarro et Thys leur Cortez. Ils recrutent leurs « lanciers » sur les trottoirs de Bruxelles et d’Anvers, parmi les souteneurs, les sous-off, les maquereaux, les petites frappes et les ratés de tout bord ! »
Les conditions très dures de la vie coloniale en Afrique en limitent l’accès à des sortes d’aventuriers sans foi ni loi, décidés à tirer le plus grand parti, dans le minimum de temps, des comptoirs qu’ils ouvrent sur les berges du fleuve Zaïre, desservis par des barges à aube du même type que ceux conduits par Mark Twain sur le fleuve Mississippi. Plus gravement encore que la « sélection naturelle » des hommes opérée par ce type de conquête, l’improvisation complète et la négligence des commanditaires sautera aux yeux de Conrad, qui la blâmera ultérieurement au premier chef. Le chiffre de six millions d’indigènes sacrifiés à cette cause lucrative, en une vingtaine d’années, est avancé, c’est-à-dire environ l’équivalent de la population de la Belgique à cette époque. En termes de rendement, le caoutchouc allait devenir quelques années après le départ de Conrad, une source bien plus grande que les défenses d’éléphant.
L’intrigue montre bien comment les écailles, petit à petit, tombent des yeux de Conrad, à mesure qu’il se rapproche du cœur de l’activité du comptoir de Kinshasa. Le futur écrivain avait beau être, en ce temps, fort éloigné des précautions de langage en usage quand on évoque la colonisation aujourd’hui, encore moins du militantisme antiraciste, il n’en regardait pas moins la colonisation de l’Afrique par l’homme blanc comme une mission civilisatrice et noble. De ce piédestal romantique, la réalité le fit chuter brutalement. C’est donc surtout le rapport de Conrad à ses semblables qui s’est trouvé bouleversé, par conséquent à lui-même.
Evidemment on ne peut s’empêcher de penser au « Voyage » de Céline, dont la noirceur emprunte aussi à sa propre tentative d’implantation au Cameroun ; ou encore au diabolique roman d’humour noir de l’écrivain britannique E. Waugh, « Magie noire », situé lui aussi en Afrique (Ethiopie), bien qu’à une période ultérieure ; ces ouvrages écrits d’une plume trempée dans le vitriol font paraître l’anthropologie une discipline annexe de l’anthropophagie.
Kongo, Tom Tirabosco et Christian Perrissin, Futuropolis, mars 2013.