par LB
mahomet - Page 2
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Nihil obstat
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Sourate de Cabu
par LB
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Réduction de tête
...littéraire (pour faire de la place dans ma bibliothèque). Cette semaine, Dante.
par Antistyle
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Revue de presse BD (59)
J.C. par Antistyle
+ Non seulement Franquin, mais bien des auteurs de BD se sont formés et se forment encore à l'aide du modèle vivant et du dessin d'observation. On ne peut que féliciter ceux qui l'enseignent de préserver ainsi leurs élèves du "tout numérique" ; celui-ci entraîne un asservissement plus grand à des moyens de production industrielle et ne sert que l'esthétique en trompe-l'oeil, façon Vasarely, qui va avec. Petit reportage sur Jérôme Cuvelier, modèle vivant professionnel (surnommé Corto Maltese dans le milieu, en raison de son inépuisable faconde).
+ Le Belge Ben Dessy et son blog "Macadam Valley" prouvent une fois de plus qu'il n'est pas nécessaire dans la BD d'avoir des relations pour se faire connaître, ni de bénéficier de subventions publiques. Ce jeune humoriste, plutôt efficace, vient de voir ses strips publiés par les éditions Même pas mal. Comme je suis Français, on ne m'en voudra pas de célébrer l'humour comme le plus sérieux des arts anthropologiques (les Allemands se prosternent devant la sociologie, les Français ont Rabelais, Molière ou Alphonse Allais pour les empêcher de prendre la sociologie au sérieux).
Espérons que le modeste Ben Dessy (la sociologie ne peut pas se permettre d'être modeste) n'en négligera pas pour autant d'alimenter son blog.
+ Alors que le deuxième volet consacré à "La Vie de Mahomet" par Charb vient de paraître, afin de contribuer à ce que l'essayiste néo-conservateur Samuel Huntington qualifie pudiquement de "choc des cultures", personne ne songe à élucider la question de l'interdit religieux de l'art. Personne, sauf notre BHL national, toujours au taquet puisqu'il prépare une expo. à la fondation Maeght sur le thème des "Aventures de la Vérité" (sic). Une fois n'est pas coutume, le sémillant philosophe fait oeuvre utile en relevant que l'interdit de l'art n'est pas une caractéristique mahométane, mais qu'elle serait même plutôt occidentale (puisque juive et chrétienne).
Puisque BHL reste assez flou et ses exemples confus, il faut préciser que cet interdit vise à prévenir l'idolâtrie ; c'est-à-dire le fétichisme, pour évoquer le phénomène cultuel le plus courant aujourd'hui. Contrairement aux préjugés de certains juifs ou musulmans, l'interdit de l'art n'est pas favorable à l'art abstrait (musique, peinture), mais dissuasif de la production d'objets de culte ou d'amulettes, selon le penchant de l'homme à se raffermir ainsi contre la mort par les oeuvres. L'idolâtrie du concept n'a rien de juif ou chrétien, puisque c'est un motif de la doctrine hégélienne allemande, dérivée du platonisme.
+ Le magazine "Zoo" consacre dans son dernier n° un article à la "BD de chiotte", dans lequel les collaborateurs de cette publication témoignent des albums qu'ils mettent dans leurs WC à la disposition de leurs invités ; de leurs critères de choix. Il est vrai que le rouleau de PQ fournit la métaphore la plus parfaite de l'art séquentiel ou de l'infini. Et je dois dire que, pour ma part, je n'ai pas trop l'angoisse de la page blanche.
+ Le dessin de la semaine est tiré de l'apocalypse de Frédéric Voisin (linogravure) ; celui-ci explore et illustre à son tour, après Cranac'h et Dürer, une littérature fantastique qui présente la particularité, à l'instar de la mythologie juive ou homérique, ou encore de certains contes symbolistes, de faire de l'accomplissement de la prophétie la chose la moins hypothétique. La vision prophétique symbolique heurte ainsi de plein fouet l'inconscient collectif moderne qui repose, lui, sur l'onirisme.
Au sein de ce qu'on qualifie de manière générique de "littérature fantastique", désignation qui a l'inconvénient de pouvoir englober toute la production littéraire mondiale, jusqu'aux ouvrages en apparence les plus cartésiens, on discerne en réalité deux sortes de littératures fantastiques en opposition nette.
La prostituée de l'apocalypse, par F.V.
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Revue de presse BD (34)
+ Les amateurs de femmes viriles (ou de cow-boys efféminés) apprécieront ce portrait de l'actrice Sharon Stone par Achdé, repreneur de "Lucky-Luke" pour le dessin. L'illustration est extraite d'un album produit par le dessinateur Maëster et sa femme, intitulé "Wanted". Pour moi, le seul, le vrai western, c'est "Lucky-Luke", et pas ces histoires de garçons vachers qui roulent des mécaniques, mais qui redoutent plus leur mère ou leur femme que les apaches ("Lucky-Luke", ou bien Mark Twain).
+ Jacques Tardi, dessinateur célèbre pour ses adaptations de Léo Malet, Louis-Ferdinand Céline et Jean-Patrick Manchette, vient de refuser la Légion d'Honneur qui lui avait été attribuée d'office. Curieusement Tardi n'invoque pas l'antimilitarisme parmi les raisons de son refus, bien que cet ordre a d'abord été inventé par un chef de guerre, pour récompenser la valeur militaire. A vrai dire, il semble aussi difficile de signer des ouvrages nettement antimilitaristes (c'est le cas de son dernier, "Stalag IIB") en étant titulaire de la légion d'honneur, que d'accepter d'entrer dans la confrérie de la saucisse de Morteau lorsqu'on est végétarien. Celui qui a pris l'initiative d'attribuer cette décoration n'avait donc pas pris la peine de lire Tardi. La gloire, comme les balles, est aveugle.
+ "The Believer" est une revue d'intellos de gauche yankees qui cause parfois de BD. Traduite en français, on peut se la procurer en librairie, mais au prix d'un bouquin plutôt que d'une revue (15 €). Dans la livraison datée de l'automne 2012, figure une interview plutôt intéressante de George Meyer, scénariste des "Simpson".
"Les Simpson sont la seule vraie critique de la religion moderne acceptée par la culture populaire." : cette affirmation m'a un peu fait tiquer, cependant ; en effet la famille, le couple ou la religion catholique, ridiculisés dans la fameuse série, ne sont pas directement la première religion moderne ; ils le sont DERRIERE le pognon, divinité principale, sans laquelle les autres ne seraient pas. Or les milieux populaires ne sont pas les plus réticents à admettre cette évidence. Les anglophones pourront lire ici l'interview en anglais.
+ Le caricaturiste Charb confond "athéisme" et "mauvaise foi". Témoin, la manière dont il justifie un énième pamphlet contre Mahomet... Si Charb continue comme ça, même les plus fervents partisans de "Charlie-Hebdo" vont finir par devenir sceptiques.
+ Spéciale dédicace à qui Rennes, comme moi, rappelle les "400 coups" qu'il tira -ou qu'il prit-, avant que sa vie ne prenne une tournure plus académique - ce nouvel épisode de "la vie de Vertron". Les autres risquent d'en sentir moins la poésie ; la poésie, comme le plaisir, est largement conditionnée par la géographie ; de là vient que le Breton -cet être violent- donne parfois à sa dulcinée des noms de plage, ou quand c'est un marin tout simplement le nom du port.
+ Le dessin de la semaine est de Serge Einsenstein (le propagandiste soviétique), représentant la peur; d'autres dessins ici.
(rdp par Zombi - leloublan@gmx.fr)
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Revue de presse BD (23)
+ Ci-contre : couverture illustrée par Lev Youdine, illustrateur russe exposé à la médiathèque Marguerite Duras lors de la 2e édition du festival du fanzine, organisé par Papier Gâché (jusqu'au 4 novembre).
+ La "Boîte à Bulles", petite maison d'édition associative, fête ses dix ans. Son fondateur, Vincent Henry, revient dans une longue interview donnée à Actuabd sur son métier d'éditeur, dégagé des contingences de la production industrielle.
+ Tintin avait-il une religion ?, s'interrogent un historien et un prêtre breton-scénariste de BD. Ou plutôt, comme l'homme moderne est un animal religieux : quelle était la religion de Tintin-Hergé ? Le volume des questions et thèses sur Tintin est justifié du fait que Hergé est probablement LE moraliste le plus lu en Europe (quoi qu'il en coûte à A. Finkielkraut).
Ma propre thèse est la suivante (rassurez-vous, elle est très courte) : contrairement aux idées reçues, Hergé n'était pas catholique mais boy-scout d'abord, c'est-à-dire bouddhiste depuis le début - élevé dans le respect de la Nature (remerciez-moi, car le billet pour Bruxelles coûte beaucoup moins cher que celui pour Katmandou, et il est beaucoup moins polluant).
+ François Forcadell, sur son blog consacré au dessin de presse, accuse les libraires qui ont refusé d'accueillir les dessinateurs de "Charlie-Hebdo" d'être des poltrons. A vrai dire, le plus grand risque que les caricaturistes occidentaux courent en publiant des caricatures de Mahomet, c'est de se retrouver sous protection policière. Les émeutes qui ont suivi ces publications ont surtout fait des morts parmi les mahométans eux-mêmes.
+ Le dessin de la semaine est une sculpture d'Adel Abdessemed représentant le coup de boule de Zidane au footballeur italien Materazzi, qui avait déstabilisé le footballeur français en traitant sa mère et sa soeur de putes. La sculpture est menacée de censure, en particulier par les instances du foot français, qui jugent le propos de l'artiste trop inconvenant.
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Revue de presse BD (19)
+ D'abord fascinés par la photographie, Baudelaire et Delacroix, co-inventeurs de l'art moderne, ont fini par éprouver un malaise étrange, proche de la répulsion ; j'ai tout de suite pensé à eux en voyant ces détournements d'images.
+ La rumeur veut que la plupart des n° de "Charlie-Hebdo" caricaturant le prophète Mahomet aient été achetés par des musulmans pour éviter la diffusion de ce qu'ils considèrent comme un blasphème. Vexée par les accusations d'irresponsabilité venant d'intellectuels de gauche, la rédaction de "Charlie-Hebdo" publie cette semaine une version autocensurée de cet hebdo impertinent. On se demande qui va l'acheter, ce coup-ci, en dehors des écologistes (pour recycler le papier) ?
+ Le Festiblog 2012, ce week-end à Paris devant la mairie du 3e arrondissement, organise un jeu-concours qui change des fastidieuses (à mon goût) séances de dédicace. Même si les dédicaces à gogo sont certainement la cause du succès grandissant de ce festival, rien n'empêche de pimenter un peu ce rituel.
+ C'est loin d'être le premier ouvrage consacré aux rapports de la philo et de la BD ; plus exactement, le but de Simon Merle est d'accroître l'intérêt des lycéens pour la philosophie à l'aide des super-héros. Les super-héros modernes sont recopiés sur la mythologie antique grecque (ou égyptienne). Cette dernière offrait une variété de personnages plus grande, puisque la majorité des super-héros d'héroïc fantasy sont des super-flics ; d'ici que les pions soient obligés de se déguiser en Batman pour se faire respecter dans les cours d'école...
+ Les admirateurs d'Yves Chaland apprécieront sans doute de lire le blog illustré des rencontres Chaland.
+ Le fil des précédentes revues de presse. That's all, folks!