Le strip hebdomadaire de Lola dans Zébra (par Aurélie Dekeyser). Cette semaine, comme Lola a "la tête sous l'eau", elle cède la place à Martha-la-diva...
hebdomadaire - Page 64
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Strip Lola
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Revue de presse BD (57)
Spécial "mécanique quantique"
Christine Boutin par Pochep
+ Pour tenter de dissuader l'humoriste Pochep de militer en faveur du mariage gay, je plaide auprès de lui que les histoires d'amour XX ou YY sont en tous points semblables aux histoires d'amour XY, c'est-à-dire aussi rasoirs. Humour et militantisme se marient mal.
"L'Inconnu du Lac", avec son titre et son affiche romantique, contredit sans doute l'observation selon laquelle art et sentiments ne font pas bon ménage. Mais le cinéma est une industrie : il ne peut pas faire autrement que d'aller dans le sens du commerce. D'ailleurs plus le procédé de production d'une BD est industrialisé, plus les thèmes abordés sont sentimentaux.
En ce qui concerne la censure, je partage l'avis de cet écrivain britannique qui remarque que la censure est, en soi, un très bon principe, mais qu'elle est toujours mise en oeuvre par des imbéciles qui autorisent ce qui devrait être censuré, et censurent ce qui devrait être autorisé.
+ Le discours récurrent contre l'académisme n'a pas empêché l'Université de Picardie Jules Verne de proposer un diplôme pour devenir un auteur complet de BD en deux ans. "Complet", ça doit vouloir dire avec des lecteurs ou des clients à la clef. Ou bien qu'il faut faire une thèse en BD. L'interstice entre les cases fournira toute la matière à ces thèses.
+ François Forcadell ironise sur son blog sur la manière dont Margaux Motin a trouvé du boulot à "Paris-Match". Mais il ne dit pas que le choc des photos est indispensable pour préparer le choc des cultures. En chaque photographe sommeille un soldat, puisqu'il n'est question dans ces deux métiers que de trouver le bon angle de tir. Confiez à un "sniper" un télé-objectif, et je vous garantis qu'il fera des merveilles avec.
+ Le Rapideduweb ouvre le débat sur le dessin en BD : requiert-il une certaine technique, ou doit-il au contraire être le plus spontané ? A travers une controverse entre James Kochalka (?) et Jim Woodring (??), auteurs de BD yankees. On oppose ainsi en vain la spontanéité à la technique. Cette dernière est inconsciente aussi, et donc instinctive. C'est même ce qui explique que la barbarie et la technologie sont liées dans les temps modernes.
Ce qui est intéressant dans la BD, c'est qu'elle est "bipolaire" ; à savoir qu'elle mélange deux arts contradictoires. Le roman, qui va dans le sens de la fiction et du hasard ; et le dessin qui tend au contraire à diminuer le plus possible la part du hasard et du déterminisme inconscient.
+ Si je devais comparer le journaliste belge Didier Pasamonik à un personnage de bande-dessinée, je le comparerais à Séraphin Lampion, car c'est fouteur de merde de talent, un poète dans son genre - un vrai journaliste diront certains, puisque le journaliste se fait une spécialité de vendre des assurances sur l'avenir.
Une des marottes de Pasamonik est de brocarder Jean-Christophe Menu, ex-tête pensante de "L'Association". D'après lui la démission de Menu devrait permettre à "L'Association" d'être moins snob et plus populaire. A quelques exceptions près, comme le tampographe Sardon, je trouve pour ma part les auteurs de "L'Association" très conventionnels. Sfar est un modèle du genre, affecté quasiment d'onanisme verbal. On ne peut s'empêcher de penser à la masturbation à propos de "L'Association", ou la rétention de foutre en bande organisée. Le contraste est frappant avec "Hara-Kiri", quelques années auparavant. Les querelles persistantes (Pasamonik & Menu) ont d'ailleurs souvent lieu entre des personnalités proches. C'est d'ailleurs incohérent, comme fait Pasamonik, de reprocher son élitisme à "L'Association", tout en affirmant que la BD est une industrie. Les arts industriels ou mécaniques sont en effet les plus élitistes.
Zombi (leloublan@gmx.fr)
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Zone d'influence
Le strip hebdomadaire de Lola dans Zébra, par Aurélie Dekeyser :
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Revue de presse BD (56)
+ Les lecteurs de Zébra se souviennent peut-être qu'Olivier Josso lui donna une illustration de couverture (n°2). Dédicace à la galerie "Papiers gras" le 7 juin (Genève).
+ Pygmalion de nombreux auteurs belges (et aussi du Français Moebius), Joseph Gillain aurait eu cent ans en janvier 2014, et la Maison de la bande-dessinée annonce la parution d'ouvrages pour les collectionneurs à cette occasion.
+ Meybeck, graphiste et twitteur forcené met en ligne ses planches de BD, dont un reportage BD sur les expulsions de travailleurs immigrés plus ou moins clandestins, qui me réconcilie avec le style des auteurs de reportage-BD souvent lourdingue (Chappatte, Sacco) ou trop ludique (Delisle).
+ Le site d'actu TOUTENBD interviewe Marc Dubuisson, auteur de "Charles Charles, profession président", BD faite pour désacraliser la politique. Fort bien, en même temps je me demande comment on peut désacraliser plus la politique que Shakespeare ne l'a déjà fait ? Je suis impatient pour ma part d'une BD qui désacraliserait à son tour l'électeur, cet irresponsable à qui toutes les célébrations et les rituels politiques sont dédiés. Ce serait vachement immoral, je sais, mais c'est justement ce que j'attends d'un dessinateur, qu'il soit dégagé des obligations civiques et militantes.
+ François Forcadell glose sur son blog sur les 300 euros de retraite et 44 ans de dessin de Jean-François Batellier. Le jour où les entrepreneurs procureront des emplois intéressants à leurs ouvriers, ceux-ci accepteront sans broncher ni flics de trimer pour pas un rond.
+ Une exposition est consacrée en ce moment à Bruxelles aux illustrations de Pierre Joubert (-16 juin), qui oeuvra surtout pour le compte des associations de boys-scouts.
Souvent dénigré en raison d'un style académique proche de la propagande des années 30, avec un brin de mièvrerie en plus, voire un côté "gay", P. Joubert n'est pas moins un caricaturiste convaincant. Surtout, son histoire personnelle vaut d'être lue. Issu d'un milieu ouvrier modeste, il était peu prédestiné à adhérer au mouvement scout, plutôt bourgeois (surtout à Paris). Mais un pote de collège l'entraîna, et cette amitié changea le cours de son destin -même si la grande passion de Joubert fut l'illustration plutôt que le scoutisme. Il fit la "drôle de guerre". Quand le mouvement scout éclata en deux à la fin des années soixante, se divisant en un clan moderniste majoritaire et un clan conservateur résiduel, Joubert aurait volontiers opté pour les "modernes", si ceux-ci ne l'avaient pas rejeté, jugeant son style trop ringard, tandis que les conservateurs le plébiscitaient. Tout ça il le narra d'une façon très directe et très simple dans une biographie intitulée "Souvenirs en vrac".
caricature de Pierre Joubert
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Revue de presse BD (55)
+ Dessin de jeunesse d'Antoine Bourdelle (1861-1929) représentant l'ange déchu (plume, pinceau et encre de Chine sur papier) (exposé parmi d'autres au musée Bourdelle jusqu'au 7 juillet).
+ En mal de reconnaissance (officielle), le milieu de la BD s'est ému que le vainqueur de la dernière Palme d'or du festival de Cannes n'ait pas rendu hommage à Julie Maroh, dont l'album ("Le Bleu est une couleur chaude") a inspiré le scénario du lauréat Abdellatif Kechiche.
Submergée par l'émotion quant à elle, Julie Maroh se contente de regretter qu'on ne retienne du film que les scènes de cul. Ce n'est pas le cas de l'organe officiel du Vatican qui parle sobrement d'"un esplorazione della passione femminile". Mais tout ça ne nous dit pas si DSK a apprécié le film...
+ En période de crise, l'or est une valeur refuge ; l'Allemagne va d'ailleurs rapatrier des centaines de tonnes d'or stockées en France depuis la Libération. Pour de plus petites bourses, la BD peut-elle remplir le même office ?
+ Le tampographe Sardon est l'auteur d'une note laconique sur son blog, sobrement intitulée "104", et qui m'interpelle.
+ Le site internet "De lignes en lignes" recueille les croquis effectués dans les rames de métro du monde entier. Le webmaster recommande d'inclure des éléments caractéristiques du métro. Si vous faites des croquis de zèbres dans le métro, n'hésitez pas à nous les envoyer.
+ Une nouvelle revue de BD, "Aaaaarg", fait appel au crowdfunding et vient d'inaugurer son site internet. Zébra se met lui aussi en quête d'un financement pour un magazine gratuit 100% BD (maquette disponible pour annonceurs/sponsors à zebralefanzine@gmail.com).
+ Le dessin de la semaine est un croquis effectué dans le métro parisien L3.
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Revue de presse BD (54)
(dessin de Kroll)
+ Beaucoup de bruit pour rien : à la demande du président du parlement flamand, Jean Peumans, le texte en français d'une planche de François Schuiten a été masqué sur les affiches d'une expo. de BD au sein du parlement. Ce caviardage n'a pas manqué de provoquer la réaction outrée de l'auteur et de réveiller la querelle belge inter-ethnique. Décidément, les questions d'identité résonnent comme des gongs assourdissants ; chacun pourra bientôt faire pendre à sa fenêtre un petit drapeau peint aux couleurs de son désir.
+ Le festival Formula Bula de Saint-Ouen qui se tient en cette fin de semaine organise une soirée-concert "Je hais les dédicaces." Les auteurs de BD reprochent parfois à leurs clients un certain nombre d'abus, mais cette pratique résulte avant tout d'un contrat moral entre l'auteur et son éditeur, persuadé du bénéfice de ce bonus.
A noter aussi que Formula Bula, victime de la mode, met à l'honneur Mezzo, Pirus, et leur "Roi des mouches" : on ne fait pas plus kitsch que ce ragout de contre-culture yankee ; achetez plutôt un vieux kaléïdoscope aux puces.
+ Le dessinateur Ptiluc publie sur son blog "Jeux sans frontières", "une BD pas très polie sur le monde complexe de l'aide humanitaire en Afrique", qui n'a pas trouvé d'éditeur.
+ Certaines féministes américaines caressèrent naguère le projet de "rewriter" les principaux ouvrages de la littérature pour les accorder au genre féminin, sans paraître se douter que c'était là le projet le plus sexiste et le plus fastidieux : il suffit de mettre à la poubelle la littérature galante, qui prend les femmes pour des cruches.
L'idée de "The Hawkeye initiative" rapportée par le Rapideduweb s'en rapproche, puisqu'il s'agit cette fois de redessiner les couvertures de "comics" représentant des femmes dans des poses suggestives afin d'appâter le client prépubère. On peut voir que les exemples cités se contentent de faire prendre à des personnages dotés d'attributs virils des poses tirées de la parade nuptiale féminine - comme si Superman ou Batman ne visaient pas aussi à taper dans l'oeil du public féminin.
+ "Le fanzine, ça existe encore ?" : tel est le sujet du débat organisé le 8 juin prochain à la bibliothèque libertaire "La Rue", à Paris 18e.
+ D'après les dessinateurs Catherine Meurisse & Erwan Surcouf, mandatés au festival de Cannes par France-Inter, il ne s'y est pas passé grand-chose cette année. Pas d'éloge du IIIe Reich par un metteur en scène en veine de confidence, ni montée des marches par DSK ou Depardieu, vedettes hors-norme du cinéma français - pas même un petit raid de Jean-Luc Mélenchon et ses sans-culottes sur la croisette...
Dessin de Catherine Meurisse
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Revue de presse BD (53)
+ J'apprécie les surréalistes à condition qu'ils ne se prennent pas au sérieux (ou ne fassent pas semblant comme Dali, ce qui revient à prendre le public pour une bande de cons) ; le dessin ci-dessus par François Ayroles est un exemple "d'itération iconique partielle", conforme au cahier des charges de l'Oubapo.
+ Je ne mentionne pas assez souvent l'excellent site "Töpfferiana", dédié aux pionniers de la BD, quand celle-ci était encore liée à la presse, avant que les Belges ne la réservent aux enfants, suivant leur passion (parfois excessive) pour l'enfance. "Töpfferiana" évoque dans son dernier article le dessinateur Charles-Amédée de Noé, alias Cham, dont l'oeuvre vient d'être numérisé par la Cité internationale de la bande-dessinée et de l'image (CIBDI).
+ Le festival Satiradax (17-19 mai), organisé par le dessinateur de presse Marc Large, fait une large part aux dessinateurs satiriques. C'est une sorte d'antifestival de Cannes. Témoin, cette réponse de Jean-Pierre Mocky (invité de Satiradax) à la question de "Sud-Ouest" : - Quels sont les sujets de satire que vous préférez ? - Pour moi il y a deux grands sujets : les femmes et les politiciens. Je ne veux pas paraître misogyne - ce n'est pas bien, hein ? Mais ce sont deux catégories que l'on a envie d'épingler... Jean-Pierre Mocky doit être le seul cinéaste au monde à s'abstenir de flatter les femmes pour mieux les exploiter. Mocky mélange bizarrement l'art le plus religieux -le cinéma-, et un des arts qui l'est le moins -la satire.
+ Cette interview radiophonique du Tampographe Sardon par Yassine (Lezinfo) m'avait échappé. Le tampographe (spécialité : détournement d'images pieuses) en profite pour débiner le milieu de la BD dans lequel il tomba par hasard, en particulier les festivals et séances de dédicace.
+ A paraître chez Dupuis au mois de juin prochain, un recueil d'interviews donnés par Franquin à la "presse souterraine" (fanzines).
+ Fiamma Luzzati est une Italienne qui vit à Paris et tient un blog-BD. Elle consacre son dernier strip à Michel Houellebecq. Je préfère nettement les interviews de ce dernier à ses bouquins, et je trouve la note de Fiamma Luzzati un peu plate. Si Gaston Lagaffe est adapté au cinéma, M. Houellebecq pourrait être épatant dans le rôle.
+ Le dessin du jour est un tableau de Bruno9li :