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Comme l'année dernière, Zébra sera en lice au concours de fanzines organisé par le FIBD d'Angoulême 2014 (remporté l'année dernière par le fanzine "Dopu Tutto") - les 11 ex. ont été remis au jury in extremis.
Au sommaire de ce numéro (40p.) : des gags de W.Schinski, des strips de Lola, des illustrations de Louise Asherson, des jeux BD, des actus et des critiques BD de Zombi, mais aussi des strips de Zinocircus, un poème contemporain illustré de B. Demagny, des têtes littéraires réduites par Antistyle, ainsi qu'une série de fabuleux monstres signés Philgreff...
Nous avons tenté pour la première fois avec le n°6 précédent un numéro tout en couleurs, avec une couverture souple cartonnée, imprimé chez "Thebookedition" ; le résultat est plutôt convaincant, notamment en ce qui concerne le rendu des couleurs. Zébra fait ainsi un peu moins "fanzine amateur", mais ce procédé résout l'épineuse question de la distribution-diffusion, au moins momentanément.
Vous pouvez vous procurer ce numéro via le blog Zébra auprès de l'imprimeur.
+ Ressemblant à des bois gravés, les paysages hivernaux de Michel Hellman sont en fait découpés dans des sacs-poubelle. Ce jeune auteur québécois vient de publier le "Petit guide du plan Nord".
+ Le choix du caricaturiste d'origine flamande Willem comme président du jury du 41e FIBD colle avec la volonté de nombreux auteurs de s'émanciper du registre puéril où la culture de la seconde moitié du XXe siècle l'a cantonnée (auparavant ce n'était pas forcément le cas) ; pour autant il ne faudrait pas confondre thème politique et maturité. L'idéologie est une maladie infantile, et si les oeuvres littéraires ou artistiques étaient toutes "engagées", on crèverait d'ennui.
+ Le festival-off d'Angoulême, via le site de crowdfunding Ulule (qui croule décidément sous les projets BD), réclame 2.000 euros pour louer une salle et des musiciens.
+ Sans le scénariste wallon Jean-Michel Charlier (1924-1989), un dessinateur tel que Moebius serait peut-être inconnu aujourd'hui, puisque Charlier l'employa sur la série à succès "Blueberry" (sous le pseudo de Giraud). Charlier était un conteur prolifique, capable de travailler simultanément sur 13 séries différentes, qui fut pour cette raison surnommé "tape dur". Un ouvrage vient de paraître au Castor Astral, signé Gilles Ratier, consacré à ce personnage haut en couleur, dont François Cano rend compte pour L'Express.
+ Xavier Guilbert, du site "du9" dédié à l'analyse du phénomène BD, tire en cette fin d'année le bilan d'une année de production, comme à son habitude. Son compte-rendu est émaillé de remarques acerbes, dont : "(...) au moins, les choses sont claires, et il ne fait aucun doute qu'entre le "petit événement culturel" et "l'événement économique", le coeur du journaliste [des Echos] ne balance guère."
C'est la logique même de l'outil statistique d'examiner les grands nombres et d'en déduire des lois, sans se préoccuper des comportements plus libres. L'abus des statistiques empêche ainsi les journalistes économiques de rien prévoir qui ne soit entièrement prédéterminé. Quant au "petit événement culturel", le plus souvent il est "contre-culturel". La "bande-dessinée" n'est qu'une étiquette commode qui recouvre des volontés très différentes, dont il est très difficile de tirer un bilan unique.
+ "Je ne déteste pas internet, mais je suis très vieux-jeu. Je dessine sur papier. Cette semaine, j'ai vu des gens qui s'y connaissent vraiment avec des ordinateurs : ils dessinent, puis ils -jeuscannent tout ça et retouchent sous Photoshop et déplacent des trucs - je ne sais pas trop. Je suis un peu envieux de ça, et en même temps, c'est... C'est déjà suffisamment difficile comme ça. (...)"
Encore dans "du9", le fanzineux yankee John Porcellino fait part dans une interview-fleuve du sentiment d'indépendance que lui procure la production d'un petit fanzine depuis 25 ans. "King-Cat" est tiré à 2000 ex., dont la moitié est écoulée en Europe. John Porcellino tient aussi un blog.
+ En cette fin d'année, les anthologies en tous genres fleurissent sur le net, récapitulant l'année 2013 ; celle-ci est consacrée au "street-art" au sens large, du plus décoratif au plus revendicatif, dont la fresque ci-dessous est tirée, (signée toxicomano 686).
Compte tenu des délais imposés par le concours de fanzines organisé par le FIBD d'Angoulême, nous avons dû surseoir à la petite compète de couvertures habituelle, pour boucler en vitesse. Ce n'est que partie remise, et les propositions sont les bienvenues pour le prochain n° (zebralefanzine@gmail.com).
Au sommaire du n°7 : des strips de Lola, des illustrations de Louise Asherson, des gags et planches de W.Schinski, des caricatures de Zombi, des critiques et des actus BD, comme d'hab. Si certains auteurs ont passé leur tour, cette fois-ci, d'autres nous ont rejoint et accepté de publier leurs planches dans Zébra - sommaire détaillé et extraits à venir prochainement (couverture signée Zombi).
+ Banksy (collectif d'artistes britanniques ?) a trouvé dans l'illustration ironique ci-dessus un moyen de renvoyer le judéo-christianisme à ses origines.
- J'en profite pour vous souhaiter au nom de Zébra un joyeux Noël végétarien (= pas trop bourratif).
+ Les amateurs de blogs-BD pourront bientôt voter pour leur blog préféré parmi une sélection de trente effectuée par le FIBD d'Angoulême, et contribuer ainsi au choix du blogueur qui se verra remettre le prix du "jeune talent" 2014. Pour ma part mon vote est acquis au blog de Maadiar et son (pas trop patriotique) feuilleton "Mathurin soldat".
+ L'éditeur suisse indépendant Atrabile (depuis 1997), qui publie notamment l'excellent Nicolas Presl ("L'Hydrie","Heureux qui comme") pourrait bien disparaître en 2014 puisqu'il est au bord de la faillite. Une association s'est montée pour lui venir en aide. Il faut dire que le métier d'éditeur, quand il est exercé avec intelligence et non selon des méthodes industrielles, a toujours été au moins aussi aventureux qu'une "transat" en solitaire. Le romancier et éditeur J. Chardonne ("Les destinées sentimentales"), qui avait racheté la maison Stock, connaissant bien le métier d'éditeur par conséquent, déclarait que sa difficulté tient notamment à ce qu'il est pratiquement impossible de prévoir ce qui va plaire au public. Cet écrivain réac ou nietzschéen (préféré de F. Mitterrand) tient il est vrai des propos on ne peut plus élitistes sur la lecture, puisqu'il estime le nombre de véritables lecteurs en France (= qui comprennent ce qu'ils lisent) à environ... 500.
+ Encore une initiative déplorable de "Charlie-Hebdo" et Charb, qui décidément met moins d'humour dans ses dessins que dans ses éditoriaux, puisqu'il incite ses lecteurs à se rendre aux urnes lors des prochaines échéances électorales. On peut encore comprendre qu'un dessinateur dépourvu d'humour comme Joann Sfar, ou qui n'exerce pas ses talents dans le domaine de la caricature, fasse l'apologie de François Hollande, mais la position de "Charlie-Hebdo" est intenable, puisqu'elle consiste à brocarder les politiciens pour lesquels cette publication ne cache pas sa sympathie, immédiatement après leur intronisation. Combien de temps le vieux truc d'accuser les abstentionnistes qui préfèrent la pêche au scrutin d'être irresponsables va encore durer, alors qu'il est exactement calqué sur les accusations de sécher la messe le dimanche ? Laisser le seul E. Zemmour dire cette vérité que le passage du suffrage censitaire au suffrage universel est un procédé démagogique, mis en oeuvre par des spécialistes du coup d'Etat, revient à faire du "Figaro" la publication la plus satirique de France. Ajoutons que le discours de Zemmour est à peine moins ubuesque que celui de Charb, puisque la tactique du suffrage universel, aussi bien en Allemagne qu'en France, est une tactique au service de la bourgeoisie industrielle qui emploie Zemmour. Après ça, je me sens obligé d'offrir "Le 18 Brumaire de L.-N. Bonaparte" (Karl Marx) à Stéphane Charbonnier pour ses étrennes laïques.
+ Je décerne la palme de l'hommage le plus tarte et le plus laid à Mandela au dessin de la semaine (par Easydoor).
+ Comme rien de ce qui est mythologique ne m'est étranger, j'ai repéré le nouveau fanzine belge "Circé", dont la couverture est signée Max de Radiguès.
+ Le rappeur Diziz-La Peste justifie ainsi l'appel à l'autodafé de "Charlie-Hebdo" par Nekfeu, du collectif 1995, dans la bande-son du film "La Marche" : "Le rap, c'est une émotion, une humeur, ça part des tripes. "Charlie Hebdo" brandit sa carte de caricaturiste à chaque fois qu'on le critique, laissez-nous brandir la nôtre. Nous aussi, on a le droit à l'outrance, à l'humour." "Le Monde" feint de s'étonner de ce "clash" entre les rappeurs et "Charlie-Hebdo" : il était pourtant prévisible, et l'on a ainsi pu voir des sites communautaires musulmans se réjouir à l'annonce des difficultés financières de "Charlie-Hebdo". Pour ma part, contrairement à Charb, le "politiquement correct" me semble prévaloir sur la "liberté d'expression", et Diziz-la Peste vise sans doute juste lorsqu'il rappelle l'impertinence perdue de "Hara Kiri". Je serais curieux de voir ce que donne un "Hara Kiri" dessiné par des rappeurs du 9-3. D'une façon ou d'une autre, la "liberté d'expression" se situe toujours à l'extérieur de la société civile, et ne règne pas en son sein. Ainsi le marxisme, pour prendre un exemple, devient stalinisme en devenant la religion officielle de l'Etat soviétique.
+ Interview de François Bégaudeau, "Romancier et auteur de BD" dans le "Figaro Madame" (24 novembre) : - Quelle est votre plus grande angoisse ? - L'injonction au bonheur. Le soir du réveillon, on doit tous être heureux en famille, gommer les inimitiés, se forcer à sourire et faire bonne figure. Enfant, cette pression me nouait totalement." - Votre parade implacable ? - A 15 ans, j'en ai parlé à mes parents qui, très gentiment, m'ont libéré de cette obligation. Depuis je profite de Noël pour écrire, car Paris est très calme pendant les fêtes... J'écris des poèmes sur les dindes, au lieu d'en manger !" Un vrai enfant de choeur, ce Bégaudeau, on lui donnerait le bon dieu sans confession.
+ Le 41e Festival d'Angoulême 2013 sera grave ou ne sera pas ; d'abord parce que, selon le nouveau directeur Franck Bondoux, le président du jury et dessinateur de presse Willem ("Libération", "Charlie-Hebdo") "est un observateur très fin du monde" - ensuite parce que la répartition de la subvention (240.000 euros) entre les différents organisateurs ne se fait pas sans mal, affirme la "Charente Libre".
+ Signalons le prochain festival "SoBD" à Paris (29-30 novembre), qui a réservé un espace à la petite presse et aux fanzines.
+ "Bayday-Leaks" est un fil d'actualité impertinent sur le monde de la BD et ses coulisses qui fait grincer des dents les magnats de la BD et les sémioticiens détachés du ministère de la Culture pour isoler le concept pur de BD. Extraits brûlants :
- "Faits divers : il braque son libraire pour pouvoir se payer un livre de l'Apocalypse."
- "Les bédéphiles fans de Julie Lescaut et de Navarro enfin comblés après des années interminables d'attente : le nouveau "Blacksad" est sorti."
+ Parmi les nouveaux métiers qui recrutent, surfant sur la vague identitaire, le métier de tatoueur serait-il menacé par l'interdiction des encres de couleur ? Le dessin ci-dessous est du tatoueur parisien bcbg Veenom, du collectif "Bleu-Noir".
(Narcisse en habit de moine se mirant dans une fontaine - expo. à la BNF)
+ Il ne fait aucun doute que le mariage gay est le comble de "l'amour courtois", autrement dit "chevaleresque". Mais en est-il de même pour la BD, comme le suggère le Rapide du Web ? Si c'est le cas, le pape a bien fait de démissionner. Lui qui voulait revenir au moyen âge ne s'était pas aperçu que nous y sommes toujours.
+ Les cas d'identification de blogueuses-BD à des renards se multiplient ; d'abord il y a eu Pénélope Bagieu, maintenant c'est Anne Montel. Lapins, poulets, perdreaux, je vous conseille de passer votre chemin ! Et même les loups, dont les contes nous disent qu'ils ne font pas le poids face aux renards. Que fait la psychanalyse ?
+ A l'exemple de Carlos Ghosn, les PDG des grosses maisons d'édition cèderont-ils une partie de leur rémunération pour montrer de la solidarité vis-à-vis de leurs employés dans la dèche? En attendant, de plus en plus de dessinateurs mettent en vente leurs dessins sur leurs blogs. C'est le cas du plus indépendant des dessinateurs de BD indépendante, le Yankee Ted Rall, premier à avoir osé soulever la couverture médiatique recouvrant les opérations militaires en Afghanistan. Il met une planche originale en vente sur e-bay.
+ Joann Sfar sème à tous vents... Déjà dessinateur de BD, scénariste de BD, cinéaste, conseiller éditorial, journaliste à "Télérama", par-dessus le marché il publiera bientôt... un roman ; et Philippe Val va lui octroyer bientôt une émission de radio sur "France-Inter" ; comme l'emblème de "L'Association", petite maison où Sfar débuta, est une hydre, on peut s'interroger : -Est-ce que Sfar ne risque pas d'attraper LES melons ?
+ Le dernier numéro de "Fluide Glacial", confié à une nouvelle rédaction (Yan Lindingre et Vincent Solé), fait la satire du "shopping"; en période de crise, c'est quasiment un crime de lèse-majesté.
Non seulement cette publication n'a pas mis en place un quota de dessinatrices, mais "Fluide" s'en bat les couilles du "shopping" ! Ne faudrait-il pas mettre ces lascars au pas, comme tous les autres ?
+ Interdit de Festival d'Angoulême "in" (pas d'accréditation), le journaliste bruxellois Didier Pasamonik est parvenu habilement à monopoliser "l'after", grâce à une interview de la ministre de la Culture française, Aurélie Filippetti, qui pensait sans doute que tous les journalistes belges sont aussi niais que Spirou et Fantasio.
D. Pasamonik revient cette semaine sur cette affaire, qu'il qualifie de disproportionnée... dans un dossier en trois parties. Il publie d'abord les chiffres des ventes 2012 de BD, qui montrent une hausse des profits. Il suggère ensuite de ne pas tout mélanger, les auteurs de BD exerçant souvent des métiers très différents.
Sur le second point, on ne peut que l'approuver: le FIBD est un vaste fourre-tout, peut-être sympathique (?), mais qui porte préjudice, selon moi, aux auteurs de BD et éditeurs réellement indépendants, en les faisant passer pour les parasites d'un système commercial dont ils bénéficient peu. Sur le premier point, en revanche, la publication des résultats, il est de notoriété publique que les résultats affichés par les grands éditeurs, comme la presse d'ailleurs, sont toujours truqués et n'ont aucune fiabilité. Elle ne prouve pas la bonne santé de ce secteur para-industriel. On peut même penser que la production industrielle de BD a connu ces dernières années une sorte de "bulle spéculative", et que les petits éditeurs de BD indépendants imaginatifs ont mieux résisté à la crise et y résisteront mieux. Un "krach" de la BD traditionnelle ne serait pas une énorme surprise. Sur le plan éditorial, elle donne depuis pas mal d'années des signes d'essoufflement.
+ Le dessin de la semaine est de Lucrèce Andreae; il tressaille, éructe et susurre comme Paganini. Il nous rappelle que le "speed-dating" a fait place en matière d'amour aux mélos traditionnels, de même que le "fast-food" a remplacé la cuisine bourgeoise.