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zebra - Page 320

  • Revue de presse BD (208)

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    Message peint par Magritte

    + Un autre musée parisien, le musée Pompidou, rend hommage à un autre artiste Belge : Magritte, dont quelques rébus-peints sont imprimés sur la rétine d'à peu près tout le monde (jusqu'au 23 janvier). De l'art de Magritte comme de l'art d'Hergé n'émane aucune sensualité. C'est là un point commun aux deux artistes belges (wallon et bruxellois), et pourquoi ils sont modernes tous les deux - l'art moderne n'est plus tout à fait de l'art (au sens païen du terme). Le parallèle s'arrête là, car beaucoup de choses sont inconscientes chez Hergé, qui pour différentes raisons (son jeune âge, son tempérament introverti...) n'avait pas la maîtrise de son art, mais se focalisait surtout sur le style. L'expo Magritte nous rappelle, au contraire, que le message délivré par Magritte est consciemment dirigé contre la peinture, qui après l'avoir fasciné, avait fini par lui inspirer du dégoût (la peinture de Chirico réveilla un peu le désir de Magritte de peindre). 

    + Reportage confraternel de Coco au concert de Renaud au Zénith fin octobre ("Charlie-Hebdo" 2 novembre). Renaud dit désormais admirer le candidat Fillon, mais les fans du chanteur à textes mettent sans doute ça sur le compte de la tisane qu'il boit avant le début de son concert pour soigner sa voix. Coco rapporte que Renaud, après avoir avoué : "J'ai embrassé un flic", ajoute : "Mais attention : j'ai pas embrassé un militaire." Il est vrai que, si l'esprit bidasse est de droite, l'esprit flic, quant à lui, est le privilège de la gauche.

    + L'éditeur de BD Bamboo, surtout connu pour sa BD satirique "Les Profs" et quelques titres spécialisés dans la caricature de différents sports, vient de racheter la maison Audie, éditrice de "Fluide-Glacial", l'hebdo humoristique fondé par Gotlib. Et la presse de commenter ainsi la nouvelle : "Bamboo va devenir un poids lourd sur tous les rayons humour, que ce soit en librairie ou dans les grandes surfaces."

    + La Foire internationale d'art contemporain s'est ouverte dans un contexte boursier difficile. Comme chaque année, les organisateurs de la FIAC nous promettent : - Le changement, c'est maintenant ! Cela situe l'art au niveau de l'espoir.

    + Frédéric Hojlo dans Actuabd narre la mésaventure posthume de George Orwell, dont le conte "La Ferme les animaux", inspiré par les purges de Staline (bien que le porc-dictateur se nomme "Napoléon"), fut racheté afin d'être adapté en dessin-animé et en bande-dessinée afin de servir d'arme de propagande anticommuniste (lorsque les intérêts des Etats-Unis et de l'URSS commencèrent de diverger). Il n'est pas rare que des ouvrages satiriques soient récupérés par tel ou tel parti politique ; parfois cela se fait avec le consentement de l'auteur, mais Orwell se distingue par son indépendance. F. Hojlo nous rappelle opportunément que Orwell voyait les "comics" américains d'un mauvais oeil, comme une manifestation de la culture de masse totalitaire.

    Les années ont donné raison à Orwell : en effet on a vu l'Union soviétique devenir capitaliste à toute vitesse, signe que l'esprit critique n'était guère développé à l'Est, mais plutôt une forme de nationalisme déguisée en discours pseudo-marxiste. Orwell, issu du peuple, fit notamment un effort pour rendre l'homme du peuple pessimiste, c'est-à-dire plus lucide. Orwell se montre particulièrement vigilant vis-à-vis de la caste des intellectuels, en charge de l'invention des nouvelles chimères modernes.

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    Le dessinateur britannique Norman Pett, chargé d'adapter La Ferme des animaux, était un auteur de comics de propagande nationaliste ("Jane") comme Milton Caniff (comics contenant la ration d'érotisme destinée à émoustiller l'homme de troupe).

  • L'Amour sans peine****

    Petit bouquin blasphématoire de François Ayroles, « L’Amour sans peine » vise un dieu bien de chez nous :webzine,bd,zébra,fanzine,gratuit,bande-dessinée,critique,kritik,françois ayroles,amour sans peine,l'association l’Amour. Dans l’Occident résolument mercantile, la « société de consommation » comme l’on dit poliment, les statues érigées au dieu Amour sont un moyen d'exciter la cupidité, qui est le nerf ou le cerveau de la société.

    Or, qui peut nier que l’amour a pris au fil du temps des proportions inquiétantes, dont la législation elle-même, pourtant réputée l’ouvrage de personnes sérieuses et agissant dans l’intérêt général, porte les stigmates ? On se contentera d’un seul exemple : les circonstances atténuantes accordées aux auteurs de « crimes passionnels » (sic) par les tribunaux ; non seulement les personnes éprises ne sont pas enfermées à titre préventif (ce qui serait une bonne prophylaxie), mais leur imbécillité est portée à leur crédit (!). On mesure l’étendue des dégâts quand on sait qu’un voleur qui vole pour se nourrir, simplement parce qu’il a faim, ne bénéficie pour sa part le plus souvent d’aucune indulgence.

    Pour les citoyens raisonnables, l’Amour est donc une véritable plaie sociale, dont F. Ayroles, à défaut de nous débarrasser, nous soulage en nous faisant rire à ses dépens. Comme les amoureux sont aveugles, ils se heurtent à tous les obstacles et leur démarche hésitante est un sujet de raillerie, à l’instar des ivrognes. Mais il s’agit là de plaisanteries faciles, tandis que F. Ayroles manie un humour plus subtil dans « L’Amour sans peine ». Le titre de cette petite BD donne un avant-goût de la manière dont elle traite l’amour, comme une obligation sociale, au même titre que le vote ou le triage des déchets.

    F. Ayroles montre à quel point l’Amour est devenu une dévotion commune, une ferveur, à laquelle il est difficile de déroger.

    Particulièrement satiriques s’avèrent les pages où F. Ayroles nous montre les employés de l’Education nationale au service de l’Amour, prêchant cette superstition sans se départir de l’air sérieux qui sied à l’exercice de leur métier. On aurait pu en effet s’attendre à ce qu'une institution aussi auréolée mette un terme à l’amour, cette folie mondaine. F. Ayroles nous montre au contraire des professeurs et leurs élèves en proie à des causeries intellectuelles puériles, et cette caricature est saisissante de réalisme. De même F. Ayroles souligne la vanité du discours amoureux, qui fait écho à la vanité des discours politique, destinés eux aussi à séduire. Un exemple de dialogue :

    -Tu as bien fait d’insister… j’ai été dure à convaincre mais je ne le regrette pas.

    -Ah ?

    -Oui, tu parais tellement fade de loin, et empoté au premier abord. Ton esprit ne fait pas d’étincelles, ton physique n’a aucun éclat… on s’habitue doucement à ton manque d’humour, à tes vêtements inélégants. Une fois que ton odeur n’est plus un frein, on peut oublier aussi ta voix désagréable. Il ne faut pas se laisser arrêter par tes sautes d’humeur, tes réactions immatures… tous ces obstacles qui cachent ta nature profonde et que j’ai été heureuse de découvrir.

    En outre, grâce au dessin, F. Ayroles donne des visages à tous ces amoureux ; il leur donne les différentes expressions psychologiques de l’amour, et renforce l’impression inquiétante que les amoureux sont infiltrés partout, dans toutes les strates de la société, lui communiquant leur démence.

    Les histoires de cupidité finissent mal en général ; nul doute que F. Ayroles a aimablement voulu nous prévenir.

    L’Amour sans peine, par François Ayroles, L’Association, 2015.

  • Le Strip de Lola

    (par Aurélie Dekeyser)

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  • Mélancolie

    par l'Enigmatique LB (à lire aussi dans "Siné-Mensuel")

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  • Fartage

    ça risque de farter au conseil des ministres en 2017 !

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    par Naumasq

  • Revue de presse BD (207)

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    Portrait G. Brassens par Zombi

    - Le magazine "L'Eléphant", dédié à la "culture générale", propose dans son dernier numéro un dossier sur Georges Brassens (1921-1981) ; sa biographe Clémentine Deroudille, auteur en 2011 de "Brassens, le libertaire de la chanson", y est interviewée :

    - Brassens entretient aussi un rapport très ambigu à la religion et à la foi catholique... - Un rapport plus qu'ambigu, même ! Il n'en parlait jamais, sauf qu'on a retrouvé des notes, des crucifix, la Bible, dont il connaissait des passages par coeur. Il se disait anticlérical, mais il avait les Evangiles sous l'oreiller. Il y a plein de choses très contradictoires.

    Contradictoire ? Voire... L'anticléricalisme du Christ ne le conduisit-il pas à être jugé et condamné à mort par le clergé de son temps ? Le philosophe réac Nietzsche vitupérait d'ailleurs l'anarchie et le christianisme en même temps : "L'anarchiste et le chrétien ont une seule et même origine."

    - A l'occasion d'une expo autour de Dali (à l'Espace Dali), le magazine "Beaux-Arts" (novembre 2016) a interviewé Joann Sfar, qualifié de "très prolifique auteur de bande-dessinée".

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    J. Sfar est aussi très bavard ; on apprend pêle-mêle dans cette interview que cet auteur de BD fut "réac" à ses débuts, préférant le dessin figuratif à la peinture abstraite (la peinture de Dali prouve que cette opposition n'a pas beaucoup de sens) ; Sfar raconte qu'il aime non seulement Dali, mais aussi Chagall et Wim Delvoye ; en revanche, il trouve Bonnard morbide ; il écoute Franck Zappa en dessinant ; il vient d'accepter d'être prof aux Beaux-Arts de Paris (Ensba).

    Le même numéro de "Beaux-Arts" s'interroge sur l'opportunité de réhabiliter le peintre Bernard Buffet (1928-1999), actuellement exposé au Musée d'art moderne. Parfois qualifié de "kitsch" ou d'artiste mondain, Bernard Buffet était moins apprécié en France qu'au Japon. Salvador Dali le surnomma surnommé "Bernard Buffet froid" ; comme Dali lui-même a souhaité que son corps soit congelé après sa mort, on peut se demander si l'art contemporain n'est pas un cortège de cadavres exquis ?

    + Le musée Jacquemart-André propose une exposition intitulée "Rembrandt intime" (jusqu'au mois de janvier), autour de trois tableaux de la collection de ce musée parisien (VIIIe), augmentée de nombreux prêts. Ce titre est un poncif, car la peinture des peintres du Nord de l'Europe est la plupart du temps plus "intimiste" que celle des peintres méridionaux (soumis à des contraintes climatiques différentes). Les commissaires de l'expo ont souhaité mettre en lumière les différents procédés techniques du peintre.

    La peinture de Rembrandt est exemplaire de l'idéal moderne dans la mesure où le peintre, sa biographie, son itinéraire personnel, passent avant son art. Ainsi, le critère ancien de la beauté ne compte guère dans l'oeuvre de Rembrandt, agité par des préoccupations plus littéraires. C'est peut-être parce que Rembrandt pose un regard clinique sur les corps de ses modèles que Baudelaire a comparé son art à "un triste hôpital rempli de murmures" ?

    L'historien d'art Jan Blanc a rédigé il y a quelques années un ouvrage didactique très clair ("Dans l'atelier de Rembrandt", Citadelles & Mazenod) qui permet de comprendre la technique de Rembrandt et de se familiariser avec les méthodes en vigueur dans sa petite académie (source de revenus non négligeable).

    + Le chanteur-compositeur américain Bob Dylan s'est vu décerner le prix Nobel de littérature en Suède, ce qui a déclenché des concerts d'approbation, quelques sifflets, et l'indifférence du principal intéressé. Ce prix littéraire est surtout connu en France pour avoir été refusé par Jean-Paul Sartre.

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    (Dessin de Micaël)