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mars - Page 7

  • Revue de presse BD (183)

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    Affiche publicitaire de Jossot pour les sardines Saupiquet.

    + La pédophilie a le vent en poupe, se dit-on en traversant l'expo "Barbie" organisée par le musée des arts décoratifs, concurremment à une expo dédiée aux caricaturistes et la réclame commerciale, nettement moins achalandée (-septembre/gratuite pour les - 26 ans).

    Nous le répétons souvent dans cette revue de presse, satire et propagande ne font pas bon ménage, d'autant moins que cette dernière se dissimule sous la formule pernicieuse de "l'art engagé", forgée par les nouveaux curés des temps modernes afin d'inculquer au peuple l'esprit de sacrifice. Cependant, pour être satirique, l'esprit n'a pas moins un estomac à remplir ; les industriels s'avisèrent très tôt de l'impact des caricatures, très expressives, dans le public, et du profit qu'il pouvait retirer de cet "impact".

    L'expo. des arts déco. manque de relief critique, bien que les affiches soient bien "mises en valeur". L'expo commence après la vogue des Lautrec et Mucha (aux styles opposés) ; cependant Capiello, largement représenté, s'il fut bon caricaturiste-portraitiste, s'est surtout épanoui dans la réclame pour divers produits de consommation courante. L'intérêt du thème est la confrontation d'auteurs satiriques à une pratique qui ne l'est pas. Il est intéressant de voir les nombreuses publicités pour la presse satirique, bien plus vivace qu'aujourd'hui, mais dans ce cas les caricaturistes se limitent à faire l'apologie de leur art.

    L'hybridation est parfaitement réussie avec Henri-Gustave Jossot, pourtant parmi les plus anarchistes et indépendants, mais dont le style est particulièrement adapté au format de l'affiche, ses larges aplats de couleur, dont l'artiste sait habilement jouer. Il reste que sur certaines affiches, Jossot et d'autres caricaturistes comme Bofa conservent le "trait satirique" ; la clientèle de la revue des "Folies Bergères" est ainsi dépeinte sous un jour peu flatteur par une affiche d'A. Barrère.

    Hors sujet, un corridor est tapissé de plusieurs "Unes" de "Hara-Kiri" et "Charlie-Hebdo" ; on est plus près ici de l'esprit réac de "Mai 68", hostile à la publicité et la société de consommation modernes. A ce stade, on peut dire que les caricaturistes se réapproprièrent l'impact de la caricature et de l'affiche et en usèrent comme d'une arme contre le pouvoir. Exposer des dessins de Siné dans ce cadre aurait été plus opportun, lui qui fut l'auteur d'affiches subversives en "Mai 68", en même temps qu'il collabora en tant que dessinateur avec certains industriels.

    (NB : La plupart des affiches présentées sont dans le domaine public, mais il est interdit de prendre des photos, probablement pour protéger ce "non-droit".)

    + L'annonce d'un nouvel attentat sur le sol européen est désormais prétexte à un déferlement d'images pieuses laïques sur les réseaux sociaux ; les attentats sur le sol étranger, notamment en Irak, laissent beaucoup plus indifférents pour des raisons psychologiques qu'il n'est pas difficile de deviner.

    On peut décréter l'abolition de dieu, il n'en subsiste pas moins la nécessité pour l'élite d'une culture capable de cimenter les "masses" derrière elle, c'est-à-dire de jouer le rôle de la religion, au sens social le plus primaire. Le "traitement de l'information" par les médias participe à cette réaction des masses sur le mode du réflexe.

    Le Premier ministre Manuel Valls a curieusement évoqué au micro d'"Europe 1" mercredi matin la nécessité d'un combat "théologique" (sic) contre le djihadisme (se souvenant peut-être qu'il fut ministre des Cultes ?). Mais c'est un mélange de naïveté et de mépris de croire que l'on peut imposer une lecture anthropologique moderne des textes sacrés musulman et biblique, quand ces derniers consacrent et imposent le principe de la "révélation" (voire récusent carrément toute forme d'idéal social). La culture occidentale moderne est, avant tout, une culture dominante - sa force de persuasion vient de là, et non de prétendues études théologiques.

    + Sur le site "Caricatures & Caricature", Cyril Bosc inventorie la carrière du caricaturiste Maurice Sinet, alias Siné, reproduisant de nombreux dessins et unes, dont la suivante de "Siné Massacre" n°6 (1963).

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  • Fanzine n°40 - Mars 2016

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    Abonnez vous au mensuel Zébra (4 p. dont les meilleurs dessins du mois + 1 p. revue de presse BD)

    22 euros/11 n° - écrire à zebralefanzine@gmail.com

  • Revue de presse BD (182)

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    Le chef d'entreprise, par Georges Grosz (1893-1959)

    + "Quand le philosophe Max Horkheimer, un des fondateurs de l'école de Francfort, demanda à Georges Grosz de s'impliquer dans la fondation d'une nouvelle démocratie sociale, il refusa en invoquant le caractère artistique de son travail. Il ne voulait pas illustrer la ligne politique d'un parti, même démocratique. Avec cette réponse, Grosz sortait l'art de la société, mais il voulait surtout indiquer son opposition radicale à toute forme de propagande par l'image." In : "L'art et l'histoire de la caricature" ; cet ouvrage de Laurent Baridon et Martial Guédron (éds Citadelles & Mazenod) est un des rares traitant de l'histoire de la caricature disponibles. Abondamment illustré, ce volume est inégal sur le fond. Les chapitres traitant de la caricature contemporaine et de son déclin, en particulier, sont faibles, négligeant les principales modalités de la censure de la presse et de l'art depuis la Libération.

    + Sur son blog, François Forcadell mentionne l'échec d'une vente aux enchères de dessins de presse (5 mars). En dépit de la présence dans le catalogue de dessins de Cabu, Effel, Loup, Bellus, Morez, Piem, Siné, Tetsu, les enchères n'ont pas dépassé quelques centaines d'euros par dessin, bien loin des montants atteints par des planches originales de BD lors de ventes récentes.

    Plusieurs explications possibles, hormis l'incompétence des organisateurs de cette vente, qui n'est pas à exclure : - le public du dessin de presse est de plus en plus restreint, tandis que celui de la bande-dessinée s'est élargi. Les acquéreurs de planches originales à prix fort achètent du rêve, un morceau de madeleine de Proust ; la satire ne joue pas sur ce registre fétichiste, et les amateurs de dessins de presse sont les mieux placés pour le savoir. D'une certaine façon il est logique que le dessin de presse ne participe pas au phénomène de spéculation surréaliste auquel on assiste.

    + Parmi les collectionneurs fétichistes, certains ont plus de flair que d'autres, comme Bertrand Gautier qui a acquis aux Etats-Unis au mois de septembre dernier un Rembrandt pour quelques centaines d'euros (revendu 870.000 dollars), ayant reconnu la main du maître sous une couche de vernis jauni. Il s'agit d'une oeuvre de jeunesse de Rembrandt, faisant partie d'une série illustrant le thème des cinq sens (en l'occurrence le "Patient évanoui" ou l'Odorat).

    + Le musée des arts décoratifs de Paris organise en ce moment l'exposition "De la caricature à l'affiche" ; hier comme aujourd'hui, nombreux sont les caricaturistes qui ont été contraints pour subsister de dessiner des réclames, ce qui revient à concilier deux activités, satire et propagande, les plus antagonistes ; la publicité façonne désormais les moeurs du plus grand nombre ; c'est la religion qui compte le plus d'adeptes.

    Au XIXe siècle, le grand écart était sans doute moins grand qu'il n'est aujourd'hui, en particulier depuis la Libération, en raison de la mainmise croissante des industriels sur la presse depuis ce temps.

    + Le Comité canadien pour la liberté de la presse organise son 16e Concours de dessin "editorial", sur le thème du droit d'être oublié (par Google). Ce comité suggère que la protection de la vie privée pourrait être un prétexte de censure gouvernementale d'Internet. Le prix est doté de 2000 dollars canadiens, et les dessins peuvent être envoyés jusqu'au 1er avril.

  • Revue de presse BD (181)

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    + Tintin peut passer pour un précurseur de la "théorie du genre", quasiment une théorie de l'adolescence ou de l'indécision sexuelle. L'illustration ci-dessus, signée Hergé, est elle aussi pleine d'ambiguïté, traduisant la crainte des femmes, mêlée de respect pour leurs revendications spécifiques.

    + Le dessinateur Willem vient de vendre à la bibliothèque nationale de France les 20.000 dessins originaux qu'il détenait, soit la plus grande part de son oeuvre : "J'ai essayé d'en vendre à une époque, mais on ne vous achète que les dix meilleurs, et les autres vous restent sur les bras (...)." ("Le Monde", 27 février). Le dessinateur batave (Holtrop de son vrai nom), désormais installé à Groix en Bretagne, continuera d'enrichir le fonds Willem de la BNF "tant qu'il ne sera pas gaga. Jusqu'à 100 ans s'il le faut, en tout cas jusqu'à ce que ma femme estime que mes dessins ne valent plus rien."

    Willem explique que sa méconnaissance de la langue française l'a forcé à rendre son dessin le plus explicite. Frédéric Potet, du "Monde", le range aux côtés des dessinateurs qui "actionnent une mécanique humoristique basée sur le dessin : Vallotton, Jossot, Chaval, Bosc, Topor, Ungerer et autres Sempé." Que les termes de "mécanique" et celui "d'humour" vont mal ensemble ! La notion de mécanique s'applique mieux à l'art dit "abstrait". Du reste, l'humour de Sempé tient largement aux légendes de ses dessins. L'ironie individualiste de Jossot ou Vallotton est assez éloignée de Willem. La faiblesse de Willem tient à ce qu'il hésite entre le genre de Cabu et celui de Chaval ou Bosc ; l'acclimatation du Batave à l'humour français n'est pas entièrement convaincante.

    Le caricaturiste, qui dit s'être toujours refusé à caricaturer Mahomet pour ne pas risquer de vexer l'épicier arabe du coin [?], s'accommode bien de la menace terroriste qui pèse sur lui. L'alcool, la drogue et les accidents de la route font, il est vrai, mille fois plus de victimes en Bretagne que l'islam.

    + Le chanteur Renaud, que l'on ne présente plus, va disperser une partie de sa collection de BD, dont quelques albums rares de "Tintin" qui seront vendus aux enchères prochainement. Par ailleurs on annonce la reprise par Renaud de son activité de chroniqueur à "Charlie-Hebdo". De 1992 à 96, il fut employé par l'hebdomadaire dirigé par Philippe Val, lui aussi chansonnier. Mais le ton familier de star proche du peuple employé par Renaud n'a peut-être pas bien vieilli.

    + Sale coup pour un dessinateur de BD, Eric Hübsch, qui s'est fait dérober vingt planches originales de son album "Topaze" (adaptation de M. Pagnol) pendant le festival d'Angoulême. Le dessinateur a laissé quinze jours au voleur pour restituer le produit de son larcin avant de déposer plainte.

    + Les éditeurs de BD, petits et gros, menacent de boycotter le prochain festival d'Angoulême (FIBD), vitrine de cette petite industrie et outil de promotion de cette ville naguère déclarée en faillite à cause des dépenses somptuaires de son député-maire (J.-M. Boucheron). Ces éditeurs ont exigé d'être reçu par la nouvelle ministre de la Culture Audrey Azoulay. Comme les producteurs de lait bretons, les producteurs de BD risquent de connaître le marasme en raison d'une surproduction qu'ils ont eux-mêmes organisée, en espérant de lucratives retombées. Contrairement à ce que l'on peut lire ici ou là, la preuve n'est pas faite des "retombées positives" de ce festival pour la ville d'Angoulême, pas plus que la preuve de ses retombées positives pour la BD.

    + Le site Artsy.com, dédié au business de l'art, publie une étude sur le "Marché de l'art en 2015" ; les statisticiens sont les thuriféraires de la culture bourgeoise. Il apparaît que le marché de l'art a stagné en 2015 ; que Picasso a été d'un meilleur rapport cette année-là que Warhol, et autres points de repères aussi subjectifs. On constate que jamais la définition de l'art n'a autant compté que depuis qu'il est devenu chose indéfinissable. Qu'est-ce qui distingue un fusil d'assaut ou un éclair au chocolat d'une toile de Warhol ? Cet artiste ne suggère-t-il pas qu'il n'y en a plus ? Ainsi l'arbitraire devient la norme sous couvert de rapports techniques.

    + On annonce la sortie prochaine en librairie d'un nouveau "mook" (mi-book, mi-magazine), suivant une formule à la mode. Baptisé "Pandora", ce mook dont Benoît Mouchart sera le rédac-chef proposera de courts chapitres de bande-dessinée, par des signatures réputées dans le domaine de la "BD pour adultes". Le titre serait une allusion au prénom d'une adolescente qui allume Corto Maltese ("La Ballade de la Mer salée") ; Hugo Pratt, tentant d'introduire la mythologie dans la bande-dessinée (Corto Maltese peut passer pour un ersatz d'Ulysse, ou plutôt Jason), sachant le symbolisme négatif de Pandora, montrait son héros échapper à cette jeune femme-piège pour poursuivre ses aventures. Chez Homère la femme, ou plus exactement la sexualité, est caractéristique de la passivité.

    + L'université de Yale à New Haven dans le Connecticut dispose d'une collection de dessins numérisés, dont une partie sont "tombés dans le domaine public", selon l'expression consacrée ; cette université met à la disposition des internautes de bonnes versions numérisées de ces images. Parmi les caricatures (environ 80) se trouve la série de peintres français (Picasso, Picabia, Laurencin, Matisse, Gleizes...) caricaturés par le caricaturiste mexicain Georges de Zayas.

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    Caricature de Picabia par G. de Zayas (image libre de droits)

  • Mars 2016 - n°40

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    Le n°40 du mois de mars vient de paraître (4 p. dont les meilleurs dessins du mois + 1 p. revue de presse BD.)

    Pour nous soutenir en vous abonnant (22 euros/11 n°), écrire à zebralefanzine@gmail.com

  • Merde in France

    par l'Enigmatique LB

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  • Revue de presse BD (180)

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    Caricature de C. Boutin par Zombi (2012)

    + La député chrétienne-démocrate Christine Boutin a imaginé avec l'éditeur Jacques-Marie Laffont le stratagème de "communication" suivant : publier un livre à propos des caricatures qui la prennent pour cible, publiées dans la presse ou mises en ligne. Le procédé est assez malin, puisque la caricature est au coeur de l'actualité, tandis que les médias se désintéressent de Mme Boutin depuis son désistement en faveur de Nicolas Sarkozy aux dernières présidentielles (contre une rondelette somme d'argent). Brocardée par les caricaturistes, C. Boutin a décidé de tourner cette faiblesse en moyen de se faire remarquer, à la manière des masochistes qui transforment la douleur en plaisir.

    Un seul petit grain de sable dans la mécanique : l'éditeur a commandé des caricatures à des caricaturistes, contre salaire ou promesse de salaire, mais sans les prévenir que leurs caricatures serviraient à la propagande de Christine Boutin, ce qui a eu pour effet d'en agacer certains. Les caricaturistes qui s'en prendront désormais à Mme Boutin sont prévenus : leurs caricatures peuvent aussi bien servir sa cause.

    + Toujours dans le domaine de l'usage politique du dessin de presse, condamnable du point de vue satirique, on annonce la parution d'un ouvrage de Riss en collaboration avec l'avocat Richard Malka sur Marine Le Pen. Riss a déjà signé auparavant un pamphlet contre Nicolas Sarkozy avec R. Malka - "La face kärchée de Nicolas Sarkozy". La différence entre le pamphlet et la satire se mesure à leurs effets : le pamphlet ne convainc que les personnes déjà convaincues ; à cet égard il n'est pas très éloigné d'une forme de prêche religieux ; la satire est plus subtile et n'épargne pas le lecteur.

    + D. Pasamonik, sur le site Actuabd, note l'abondance des essais traitant de la bande-dessinée sous tel ou tel angle spécial. A propos de "Bandes-dessinées et religion", paru chez Karthala, éditeur spécialisé dans ce type d'essai, D. Pasamonik fait la remarque suivante à propos de la bande-dessinée israélienne : "(...) un dernier chapitre sur la bande-dessinée israélienne qui (...) ne concerne pas le thème général de l’ouvrage. Pire encore : par cette proximité incongrue, il accrédite la thèse que la communauté juive et Israël seraient la même chose, alors que bon nombre d’Israéliens laïcs récusent la notion même d’"Etat juif" au sens religieux et que de nombreux juifs ne se sentent par concernés par le nationalisme israélien." Juste remarque, mais il faut ajouter qu'elle vaut pour toute la culture "judéo-chrétienne" en général, vaste fourre-tout qui englobe aussi bien des ouvrages de propagande nationaliste, patriotique, sous couvert de religion, que des ouvrages plus spirituels, voire des ouvrages qui mélangent les deux. Le terme de "bande-dessinée chrétienne" ne veut pas dire grand-chose, par conséquent.

    D. Pasamonik hésite en revanche à qualifier la bande-dessinée de religion à part entière ; pourtant certaines pratiques et rituels (dédicaces) incitent à voir la bande-dessinée comme une forme de religion alternative, en particulier dans des milieux sociaux où les enfants sont privés de religion "officielle". Le motif du "super-héros" notamment possède toutes les qualités d'un modèle religieux. Après tout la musique est un art essentiellement religieux ; pourquoi une certaine façon de faire de la bande-dessinée ne le serait pas aussi ? La démarche de vouloir faire reconnaître la BD comme une religion serait d'ailleurs plus cohérente que celle qui consiste à vouloir que la muse de la BD ait sa place parmi les autres, volonté un peu incongrue et anachronique.

    + La satire ou la caricature visant l'art est un sujet moins souvent abordé que la caricature politique. Alphonse Allais, qui connaissait bien les peintres et illustrateurs, les fréquentant, a écrit plusieurs petits contes, bijoux d'humour et de style, où il raille gentiment diverses tendances de l'art moderne dont il observa l'émergence (obsession du mouvement, de la couleur "vraie", etc.). Les monochromes humoristiques d'Allais sont, dans cette veine, des caricatures d'art, présentées à "L'Exposition des Arts incohérents" (1883 et 84).

    Raphaël Rosenberg, dans un article dédié à cette rencontre de l'art moderne et de la caricature, fait valoir que la caricature des monochromes date... de bien avant l'invention et l'exposition de monochromes. La blague du monochrome aurait été pour le Bernin une manière de stigmatiser l'ignorance de certain amateur d'art, par exemple.

    R. Rosenberg en vient naturellement à poser la question : - les caricaturistes ont-ils inventé l'art abstrait ? Cette question n'est pas sans évoquer le reproche adressé à Picasso par ses premiers détracteurs d'être un "caricaturiste". Comme l'art dit "abstrait" est souvent dépourvu d'intention satirique, il est plus juste de voir la caricature et l'art abstrait comme deux pôles de l'art moderne, qui se combattent, se croisent parfois, et offrent deux visages différents de l'art moderne.

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    Caricature de H. Bing (1912)

    LE CUBISTE

    - Que représente donc ce tableau ?

    - Ouais, vous savez, ça dépend de ce que vous voulez acheter.