La Semaine de Zombi. Mardi : - Quand même, il a un sacré organe, Jean-Luc ! (confidences recueillies auprès de militantes)
jean-luc mélenchon - Page 3
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Caricature Jean-Luc Mélenchon
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Revue de presse BD (229)
Emile Ollivier en chauve-souris par Daumier. Elu du Var et chef du Tiers-Parti, il engagea "d'un coeur léger" la France en guerre contre la Prusse en 1870 en tant que chef de gouvernement nommé par Napoléon III.
+ Sur le blog d'un militant royaliste qui se passionne pour la campagne présidentielle (ce qui est loin d'être aussi paradoxal qu'il paraît à première vue), le candidat Emmmanuel Macron est comparé à la chauve-souris de la fable, qui sait jouer de sa double appartenance à l'espèce des rats et celle des oiseaux ("La Chauve-Souris et les deux Belettes", Livre II, n°5) ; moralité :
"Plusieurs se sont trouvés, qui d'écharpe changeants,
Aux dangers, ainsi qu'elle, ont souvent fait la figue.
Le sage dit, selon les gens :
Vive le Roi ! vive la Ligue !"Les fables de La Fontaine ou d'Esope sont de grandes pourvoyeuses de métaphores animalières pour les caricaturistes, qui en font un large usage depuis longtemps; un si large usage que l'on pourrait reprocher aux caricaturistes de manquer d'imagination ; à moins que ce ne soit l'exercice du pouvoir qui soit constamment soumis aux mêmes lois ?
+ Au cours de la campagne, les médias s'amusent à dévoiler des détails pittoresques de la biographie des différents candidats -telle la passion (coûteuse) d'Untel pour les courses de rallye automobile.
Quant à Jean-Luc Mélenchon, il a -brièvement- été caricaturiste à "La Tribune du Jura" (journal fondé par lui, rapidement en faillite) et "La Croix du Jura", sous le pseudonyme de Moz; ses convictions auraient été un frein à sa carrière au sein de ce journal d'obédience catholique.
L'usage de la caricature à des fins polémiques ou politiciennes est assez répandu; on ne saurait réduire la satire à cet usage. Honoré Daumier a davantage marqué les esprits, son souvenir et son oeuvre demeurent plus vivaces que Louis-Philippe et son règne. De même il y a fort à parier que l'empreinte de Cabu est plus profonde que celle de Hollande, Mitterrand, Giscard, Chirac, qu'il a résumés en les croquant. L'histoire et la politique sont deux choses concurrentes et non accordées.
+ "La caricature n'est pas un art d'avant-garde. Si elle constitue souvent un objet de modernité politique et idéologique, en termes d'esthétique, c'est un objet qui n'échappe pas à une forme de classicisme. L'enjeu du tirage pousse les patrons de presse dans la course à l'efficacité. Il faut être lu et vu par le plus grand nombre. Cela laisse peu de place aux formes audacieuses (...)" dixit Bertrand Tillier (Itw dans "L'Oeil" - supplément "Le meilleur du dessin").
On n'est pas obligé de prendre au sérieux l'avis de cet universitaire (auteur aux éds. de La Martinière de "Caricaturesque") ; fréquemment sollicité ces derniers temps, le point de vue "docte" sur l'histoire de la caricature française est très lié au préjugé politique selon lequel la caricature se serait épanouie sous le régime républicain - ce qui est probablement aussi faux que de prétendre que la littérature subversive de Molière est le produit du régime tyrannique de Louis XIV.
De surcroît, la rhétorique esthético-historique de B. Tillier est complètement bidon. On pourrait aussi bien dire de l'art de Picasso qu'il n'échappe pas à une forme de classicisme EN MÊME TEMPS qu'il est le plus représentatif de "l'avant-garde", notion au demeurant complètement obscure. Plus fausse encore l'idée que l'enjeu du tirage pousse les patrons de presse au conformisme esthétique. On en a un exemple récent avec "Hara-Kiri", dont les tirages phénoménaux ont surpris en tout premier lieu les "patrons de presse" qui avaient lancé ce titre et ne visaient pas un tel succès.
+ L'hebdomadaire belge de bande-dessinée "Spirou" va changer de rédacteur en chef. L'actuel, (Frédéric Niffle) va passer la main à une rédactrice-en-chef, Florence Mixhel ; et les chroniqueurs BD les plus démagogues en profitent pour redéployer le poncif de la misogynie des auteurs de BD. S'agissant d'une littérature de genre ou "spécialisée", comme la BD dite "franco-belge", rien d'étonnant à ce qu'elle ait été confiée plutôt à des hommes.
Le public de "Spirou" -qui se vante d'avoir 300.000 abonnés-, a beaucoup changé depuis l'âge d'or de Franquin et Delporte. D'abord il a beaucoup vieilli, comme le courrier des abonnés l'indique parfois, et l'humour de potaches quinquagénaires de certaines rubriques.
Les séries proposées visent désormais un lectorat mixte ; les jeunes filles sont-elles admises à lire "Spirou" en raison de l'émancipation supposée des femmes, ou pour compenser la perte de lecteurs de sexe masculin, plus attirés par les jeux vidéos ? Il ne faudrait pas que le féminisme devienne l'alibi du mercantilisme.
L'adoption (déjà ancienne) de la mixité à l'école a-t-elle vraiment contribué à combler le fossé entre les sexes ? Dans le domaine de la culture et de la lecture, quelques différences subsistent, mesurées ainsi par les statistiques : l'achat de livres est le fait d'une écrasante majorité de femmes (70 %) ; on peut penser que le sentimentalisme de la littérature contemporaine est la cause de ce déséquilibre ; la bande-dessinée fait exception, puisque les BD sont surtout lues par des hommes ; sans doute à cause de la spécialisation des ouvrages dédiés à la jeunesse et de la pornographie visant les hommes adultes attardés ou frustrés.
Conclusion : la culture de masse est la plus égalitaire : elle prend tout le monde pour des cons.
Case extraite d'une planche de la série "Capt'ain déprime" ("Spirou" 15 mars 2017) qui prouve que cet hebdo pour ados a bien changé depuis le temps où la Commission de surveillance des publications destinées à l'enfance et à l'adolescence (loi de 1949) censurait certains dessins à caractère sexuel ou violent.
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Revue de presse BD (226)
+ "50 Watts" se veut la ressource en ligne la plus riche du monde dans le domaine de l'illustration et des illustrateurs. Ce site répertorie en effet de très nombreux illustrateurs, comme par exemple, ci-dessus le tchèque Joseph Lada (1887-1957), "artiste national" tchèque, connu pour avoir illustré "Le Brave Soldat Chveïk" (Jaroslav Hasek), héros presque aussi populaire en Tchéquie que Tintin en Belgique.
+ En marge du "Trophée Presse-Citron" 2017 du meilleur dessinateur de presse, l'Equipe interdisciplinaire de recherche sur l'image satirique (Eiris) organise dans la bibliothèque Mitterrand un colloque consacré à "Hara-Kiri" (mercredi 15 mars, de 9h30 à 16h30). Au nombre des intervenants : Martine Mauvieux (Bnf), Virginie Vernay (ex-collaboratrice de Cavanna), MRic (caricaturiste), Alexandre Devaux (spécialiste de Topor).
François Cavanna et Georget Bernier (alias Pr Choron) étaient tous deux issus de milieux très modestes, ce qui explique en grande partie la singularité de "Hara-Kiri", puis "Charlie-Hebdo", ainsi que son audace subversive (les pauvres n'ont pas grand-chose à perdre).
Après sa faillite en 1982, "Charlie-Hebdo" sera refondé en 1992 dans un esprit assez différent ; il suffit de lire le dernier essai de Philippe Val, son ancien directeur ("Cachez cette identité..."), pour le comprendre.
(Ci-contre caricature de Choron et Cavanna par le dessinateur Schvartz.)
+ Lu dans le dernier "Siné-Mensuel" (mars) : "Le mouvement anarcho-punk, bien sûr, a souvent été récupéré par les cafards techno-industriels." Noël Godin alias l'Entarteur [des stars du néant].
+ L'équipe de campagne de Jean-Luc Mélenchon, candidat de la "France insoumise", a eu l'idée de proposer un programme politique sous la forme d'une bande-dessinée. L'optimisme du propos et des dessins (signés Mélaka et Olivier Tonneau) nous emmène loin du dessin de presse satirique. Quelques remarques sur cette BD :
- F. Hollande est moqué dans ce programme pour avoir déclaré : "Mon ennemi, c'est la finance !" Mais J.-L. Mélenchon ne fait-il pas la même déclaration, tout aussi tonitruante ?
- On remarque que le communisme, faute sans doute de prolétaires, est enterré par le programme de J.-L. Mélenchon au profit d'un écologisme plus à la mode ; il faut dire que les militants de la "France insoumise" n'ont guère les moyens d'un coup de force révolutionnaire, plus probable en Chine ou en Inde, où le mot "prolétariat" a encore un sens.
- Très peu marxiste l'argument avancé dans ce programme selon lequel l'Etat pourrait offrir une protection contre les dérives du capitalisme ; d'abord parce qu'il n'y a pas de "bon capitalisme" selon K. Marx, ensuite parce que Marx fait la démonstration que l'Etat moderne et les banques capitalistes sont solidaires.
On peut lire Marx comme un auteur satirique, tant la culture contemporaine repose sur l'idéologie et la fiction.
+ En préambule de l'interview de Riad Sattouf à "ParisWorldwide" (mars-avril 2017), ce magazine bilingue (franco-anglais) gratuit distribué dans les aéroports d'Orly et Roissy rappelle que R. Sattouf a vendu un million de ses deux premiers "L'Arabe du Futur" et qu'il est traduit en 18 langues. R. Sattouf a accompli l'ambition sociale de son père, en grande partie aux dépens de ce dernier.
"ParisWorldwide" souligne le paradoxe que "L'Arabe du Futur" n'est pas traduit en arabe :
- Parce que le marché du livre, dans la langue arabe, est encore peu développé. (...) On a reçu des propositions, mais les éditeurs intéressés ne voulaient s'engager que sur le premier volume et ne publier la suite que si ça marchait. Mais de mon point de vue, il était hors de question que les gens de ma famille, qui parlent arabe et qui seraient susceptibles de le lire, ne puissent avoir accès qu'au premier volet. (...) Je proposerai la traduction des cinq volumes d'un coup, quand ce sera terminé.
+ Grâce aux efforts d'une sorte de syndicat des auteurs de BD, la précarité d'une partie des auteurs de BD a été portée à la connaissance du grand public par le biais de quelques articles parus dans la presse nationale. Sur mille auteurs de BD environ, un tiers vit au-dessous du seuil de pauvreté, et un tiers seulement perçoit des revenus confortables.
Le succès rencontré par la souscription de la blogueuse-BD Laurel est donc d'autant plus remarquable. En quelques minutes seulement, cette dessinatrice a récolté les 10.000 euros réclamés sur la plateforme de financement participatif "Ulule" pour financer la publication de son album.
Même si elle n'en est pas à son coup d'essai -Laurel avait récolté 300.000 euros pour financer son premier album de la même façon-, la dessinatrice s'est dite estomaquée. Sa BD raconte l'histoire vraie d'un couple exilé en Californie, parti se frotter au rêve américain. Cela prouve que l'on n'est jamais si bien promu que par soi-même.
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Caricature Hamon & Mélenchon
La Semaine de Zombi. Mardi : Si t'es plutôt "chichon", alors vote Hamon - si t'es plutôt "litron", alors vote Mélenchon.
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Caricature Jean-Luc Mélenchon
La Semaine de Zombi. Vendredi : On a bien du mal à imaginer aujourd'hui, en regardant les sketchs de Mélenchon, que le parti communiste fut autrefois la grande peur des bien-pensants.
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Caricature Jean-Luc Mélenchon
par l'Enigmatique LB
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Revue de presse BD (200)
+ Le sociologue Jérôme Berthaut publie chez Casterman, dans une collection qui se donne pour vocation de décrypter la société, "La Banlieue du 20H", une petite BD qui raconte par qui et comment les reportages diffusés par les chaînes de télé sont fabriqués. Le moins que l'on puisse dire, c'est que le propos n'est pas neuf ; la suspicion qui pèse sur la véracité des infos rapportées par les grands médias alimente largement la "théorie du complot", très en vogue chez les collégiens et lycéens. Néanmoins le propos de J. Berthaut est bien servi par le dessin d'Helkarava, qui lui procure une dimension satirique. La télé n'a pas seulement fabriqué le FN, elle a aussi creusé le fossé avec la banlieue. On voit dans la BD une jeune femme d'origine maghrébine protester contre l'image positive donnée de la banlieue dans un petit reportage, parce qu'il s'agit d'une image d'Epinal fabriquée de toutes pièces, aussi vaine que certaines images effrayantes.
+ Le philosophe Michel Onfray s'est plaint récemment du comportement de plus en plus infantile des adultes ; il en veut pour preuve l'usage de plus en plus répandu de la trottinette chez les personnes ayant atteint l'âge de raison. Cet exemple n'est guère convaincant, car l'usage déjà ancien de l'automobile n'est pas moins puéril que celui de la trottinette ; beaucoup d'automobilistes sont en effet des terroristes inconscients, qui participent au djihad de la consommation de biens inutiles.
L'engouement actuel pour les albums de Tintin est une bien meilleure preuve d'infantilisme que la trottinette de Michel Onfray. Le Grand Palais s'apprête à célébrer Hergé comme un grand artiste, à travers une exposition de son oeuvre principale et de ses marges. Hergé se disait plus précisément le "reflet de son époque", conscient de véhiculer un certain nombre de clichés ou de préjugés, par conséquent. Il est faux d'écrire, comme on peut le lire ici ou là, que "Tintin" s'adresse aussi aux adultes, à l'instar des fables ou de la mythologie. C'est une littérature de genre qui vise un public enfantin, en dépit de son slogan publicitaire ("de 7 à 77 ans"). Par nostalgie et une sorte de plaisir régressif, certains adultes relisent les BD de leur enfance. Hergé a d'ailleurs connu des épisodes de dépression, dont on peut se demander s'ils ne venaient pas de son enfermement dans un genre de plus en plus étranger à son aspiration.
+ Une polémique ridicule oppose une partie de la presse italienne à "Charlie-Hebdo", qui a récemment publié un dessin de Félix, irrespectueux à l'égard des victimes du séisme qui a frappé la région du Latium. Reprocher à un journal satirique son manque de respect, c'est comme reprocher au pape de manquer d'humour.
Néanmoins cette énième polémique souligne le statut ambigu de "Charlie-Hebdo" ; cette publication n'est plus, dorénavant, un journal satirique à faible tirage, menacé par la censure ; "Charlie-Hebdo" fait désormais partie du patrimoine national français ; il a été érigé en symbole de la liberté d'expression (strictement encadrée par les tribunaux), ce qui enlève beaucoup à l'impertinence de cet hebdo.
+ La Une du numéro de septembre de "Siné Mensuel", orphelin de Siné, est signée Jacques Tardi. Cet auteur, plus connu pour ses adaptations en BD des aventures du détective Nestor Burma (Léo Malet) que pour ses caricatures, a représenté dans ce dessin tous les jeunes et moins jeunes premiers de la classe politique, ainsi que les cancres ; le képi de de Gaulle figure même au premier plan. Le dessin est presque exhaustif, du coup on remarque plus l'absence de Jean-Luc Mélenchon, représentant du parti communiste ; piètre candidat, celui-ci ferait peut-être un meilleur interprète de Nestor Burma, au cinéma ou au théâtre ?