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franquin - Page 4

  • Total Swarte**

    Bien qu’il soit irréprochable techniquement, ou justement parce qu’il l’est, je ne suis pas un fanatique fanzine,webzine,bd,bande-dessinée,zébra,critique,kritik,joost swarte,hergé,durer,mélancolie,chris ware,denoël graphic,états-unis,contre-culture,chaland,franquin,groensteen,zombid’Hergé ; ni de Joost Swarte, par conséquent.

    D’ailleurs, comme l’idéal de perfection technique rejoint celui de l’art abstrait, les théories américaines ou belges assommantes sur la BD (cf. T. Groensteen) ont achevé de me dégoûter de la ligne claire. Le graveur allemand Dürer fit bien de placer tout un tas d’outils de précision dans sa gravure intitulée «Mélancolie»: en effet, les personnes fascinées par la technique sont les plus chiantes. Divers philosophes modernes se sont demandé pourquoi le monde antique était plus heureux que le monde moderne, qui recycle les mêmes fictions et les mêmes drames. Eh bien, ça peut se résumer simplement au fait que l’Antiquité n’était pas envahie par la technologie et les techniciens, toute la casuistique et les modes d'emploi fournis avec.

    Le brio technique d’Hergé lui vaut d’ailleurs d’être admiré aux Etats-Unis. Rien d’étonnant à ce que «Total Swarte» soit préfacé par Chris Ware, dont le dessin industrieux ferait presque paraître le suicide joyeux à côté, ou les mangas fantaisistes.

    En ce qui concerne les idées conservatrices d’Hergé, elles ne risquent guère de déranger Outre-Atlantique. Joost Swarte, en revanche, tient à s’en démarquer, dans un contexte européen. En réalité, Swarte est d'une grande fidélité à l'esprit d'Hergé. Ses BD ressemblent beaucoup à ce que les psychologues nomment «tuer le père», et qui consiste à toucher l’héritage sans en avoir l’air. Idem en ce qui concerne la «contre-culture» qui, à la longue, finit par ressembler comme deux gouttes d’eau à la culture dont elle tenait à se démarquer au début.

    Swarte fait du Hergé pour les adultes. On sait que le «maestro» rêvait d’être reconnu en tant qu’artiste; son fils spirituel Swarte a essayé de relever le défi, et de propulser la «ligne claire» au rang du «pointillisme» ou du «cubisme», avec autant d’enthousiasme que le bourgeois gentilhomme fait l’éloge de la prose.

    Les pastiches de Chaland sont plus subtils. Chaland parvient, et c’est ce qui intéressant chez Franquin aussi parfois, à parler le double langage de la pédagogie et de la subversion. Tandis que Swarte tourne à la pédagogie de la subversion, qui revient presque à l’enseigner comme une discipline scolaire. Chaland et Franquin nous évitent le discours à dormir debout sur le langage de la bande-dessinée.

    Le baratin sur le «langage de la bande-dessinée» est d’ailleurs parfaitement réversible. Le mépris de la BD repose sur le même type de démonstration, qui ne tient compte que des aspects purement formels et techniques de l’art.

    Si, au moins, la bande-dessinée pouvait être un langage de paix commun entre Flamands et Wallons, afin d’éteindre la haine entre ces deux peuples ? Contraints de s’exprimer uniquement par cases, ils cesseraient peut-être de vouloir se réduire en esclavage chacun son tour ? Et, vu que l’argent est à l’origine de tout conflit plus ou moins armé, comme la BD est de faible rapport comparée au trafic d’œuvres d’art ou de diamants, le risque de génocide inter-ethnique serait ainsi drastiquement réduit. Mouais : mieux vaut se méfier des utopies technologiques.

    Total Swarte (compilation), 2012, Denoël Graphic.

    (par Zombi)

     

     

  • Revue de presse BD (32)

    (Spécial Zoo n°44)

     

    + Les locutions pour qualifier le magazine gratuit "Zoo" vont de "franchement putassier" à "cool et instructif", selon qu'on est plutôt adepte de la décroissance (ce mensuel est truffé de pubs), ou au contraire libéral-à-l'aise-dans-ses-baskets (ce mensuel est truffé de pubs).

    Mon opinion est que "Zoo" (100.000 ex. diffusés) rend un service limité. Principalement, il donne un aperçu de l'abondante production d'albums, et permet de se repérer dans ce maelström, sans complètement passer sous silence les publications indépendantes, privées des moyens de publicité extraordinaires de l'industrie de la BD.

    Donc "Zoo" me fait penser à une usine d'armement dirigée par un syndicaliste qui se dirait que, tout de même, sous les bombes, il y a toujours une majorité de prolétaires, et détournerait une partie de l'acier pour construire des abris pour ceux qui se prennent les frappes chirurgicales au coin de la gueule. D'ailleurs, à ce propos, comme pour les quotidiens ou les magazines que je lis, j'aime savoir quel type d'industriel se cache derrière (armement ? banque ? fonds de pension ?), j'aimerais aussi savoir qui est derrière "Zoo" exactement ?

    En attendant d'être renseigné sur ce point de "traçabilité" culturelle, je fais le choix d'être "malin comme un journaliste de "Zoo", c'est-à-dire de ne pas boycotter complètement cette publication, mais de citer seulement les pages qui présentent un intérêt. Dans le dernier n° paru (44) : une interview de Riff Reb's à propos de son adaptation du "Loup des Mers" de Jack London (p.46) ; T. Lemaire évoque l'expo. Franquin au Centre Wallonie-Bruxelles, s'étonnant bizarrement de l'insatisfaction de Franquin vis-à-vis de sa production (bizarrement, car même un publicitaire satisfait de son travail est sans doute un mauvais publicitaire) (p.64) ; D. Pasamonik évoque la figure franco-new yorkaise de Françoise Mouly, éditrice au "New Yorker" (p.66) ; un article d'Yves Frémion fait le point sur les "géoglyphes" (p.69) ; une chronique sur "The Jim Henson's Desert Tale" qui a gagné trois "Eisner awards", équivalent des Fauves décernés à Angoulême, toute proportion gardée (on s'intéresse autant aux US à la BD qu'Alain Finkielkraut) - ce malgré un dessin vraiment naze, mais un scénario de Jim Henson, crétateur du Muppet Show et des Fraggle Rock (p.84) ; une interview de Neil Gaiman sur l'héroïc fantasy yankee, la BD britannique ou franco-belge (p.88).

    - Pour ne pas paraître excessivement paradoxal, j'ajoute qu'il y a rarement autant de choses à picorer dans "Zoo". A tout prendre, d'ailleurs, le site d'info. franco-belge "Actuabd", dont la ligne est proche, vaut mieux que "Zoo".

    + Oh, merde, il y a quand même un truc qui me chiffonne vraiment dans le dernier n° : tandis que l'administration publique oppose systématiquement son art numérique hyper-puritain ou d'obsédé refoulé au dessin de modèle vivant, sous prétexte de protection de l'enfance (cette blague !), "Zoo" qui réussit l'exploit de franchir les frontières hyper-puritaines de l'administration publique (bibliothèques municipales) vend des pages de pub à des fabriquants de boissons alcoolisées merdiques, c'est-à-dire de basse qualité et destinées à foudroyer en quelques minutes les gosses qui, généralement, ne savent pas boire tranquillement, mais ont tendance à se jetter sur la bouteille comme le puceau sur sa première conquête.

    (par Zombi)

    + Le dessin de la semaine est de Pirikk, extrait du savoureux webzine "Mister Hyde" :

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  • Revue de presse BD (30)

    + Commençons par signaler, une récente interview de Tomi Ungerer sur France-Inter par François fanzine,zébra,bd,bande-dessinée,illustration,illustrateur,tomi ungerer,interview,france-inter,jean de la lune,animation,françois busnel,the dandy,comics,journal de tintin,spirou,nicolas presl,rue89,street art,diaporama,2102,picasso,oubrerie,birmant,rtl,franquin,wallonie,bruxelles,pompidou,frédéric janninBusnel, pour la promotion d'un film documentaire sur la carrière de l'illustrateur (140 livres, 30.000 dessins). Docu. à l'affiche le 19 décembre prochain, ainsi qu'un film d'animation, "Jean de la lune", à partir d'un album d'Ungerer. Il donne à Paris ce soir une conférence à 19h00 (réservation 01 44 78 80 50).

    + Plus d'infos sur l'exposition Franquin au centre Wallonie-Bruxelles, en face du musée Pompidou, organisée par Frédéric Jannin, un des nombreux suiveurs de Franquin, et la fille de celui-ci.

    + "The Dandy", soixante-quinze ans, est le plus vieux magazine de BD anglais. Le "Journal de Tintin" ou le "Spirou" anglais.

    + Le site web Rue89 présente un diaporama-anthologie du street-art 2012.

    + ça, c'est uniquement pour les "geeks", qui trouveront sûrement le moyen de la pirater : une bio. de Steve Jobs, cofondateur d'Apple, en BD. A priori on n'y apprend pas grand chose d'autre que ce qu'on sait déjà : le talent de Jobs était surtout pour vendre le plus cher possible des bécanes fabriquées en Chine, dans des conditions qui se rapprochent de l'esclavage.

    + Le prix RTL de la BD a été remis à C. Oubrerie et J. Birmant pour leur adaptation en BD de la vie de Picasso. Cet album avait été critiqué dans Zébra, ici.

    + Le dessin de la semaine est du talentueux Nicolas Presl.

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    (par Zombi)

  • Revue de presse BD (27)

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    + Je mentionnais la semaine dernière le blog-bd français choisi aux "Golden Blog awards" (Macadam Valley) ; mais le meilleur blogueur-bd du monde, qui est-ce ? Pour certain, le Brésilien Joao Montanaro, qui n'a pas encore 16 ans et publie déjà dans la presse brésilienne.

    + Certains Wallons n'hésitent pas à diviniser Franquin, exposé en ce moment au centre Wallonie-Bruxelles (en face le musée Pompidou) jusqu'en février. Pour moi, c'est Hergé le génie de la BD et non Franquin ; indépendamment de mon goût personnel : au sens où nul n'a mieux exploité que Hergé les possibilités offertes par cette technique. Le talent de Franquin a au contraire tendance à se diluer dans la bande-dessinée. Sur le plan du dessin, il en fait trop ; on dirait même qu'il y passe sa rage.

    + Le site d'actus autour de Gus Bofa signale une exposition de caricatures sur les grilles du palais du Luxembourg où siègent les sénateurs, jusqu'au 1er mars. Je m'éloigne complètement de l'opinion de l'auteur de cette annonce selon laquelle certains humoristes ont pu jouer un rôle dans la haine entre les peuples et leurs rivalités nationalistes catastrophiques. C'est un vieux truc éculé : la bourgeoisie industrielle est la première responsable d'un régime de concurrence effroyable, et elle fait porter le chapeau à tel ou tel caricaturiste ou pamphlétaire.

    Un exemple récent : aussi islamophobes soient les caricaturistes de "Charlie-Hebdo", ils ne sont pas responsables de l'extraordinaire écart de revenus entre certaines nations islamiques, notamment africaines, et l'Occident ; or cet écart est la première cause de la haine de l'Occident, canalisée par certains groupes islamiques d'une part, et des manipulateurs d'opinion de l'autre. En ce qui me concerne je trouve Luz, Charb ou Sfar idiots, mais pas directement responsables de tensions internationales meurtrières.

    + Je prends prétexte de cette notule de Maël Rannou, consacrée à Nine Antico ("girly" tendance mélancolique), pour causer librairie et BD, puisque la faillite de la librairie "L'Alphagraph" à Rennes est annoncée dans ce billet. Etonnamment Michel-Edouard Leclerc passe pour un mécène de la BD, alors que les "espaces culturels" de ses hypermarchés ont ruiné à peu près tous les petits libraires bretons, parachevant le travail commencé par la Fnac (réputée aussi pour son mécénat). La seule consolation qui reste aux libraires, c'est que la grande distribution est à son tour en train de se faire bouffer par internet à son tour.

    + Le dessin de la semaine est un graffiti de Banksy :

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  • Revue de presse (6)

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    - Sortie du bimestriel « Z-Minus » n°1, 100% dessins ; tirage : 50000 ex. C'est à peu près aussi difficile de monter un périodique indépendant aujourd'hui, distribué en kiosque, que de traverser l'Atlantique à la rame - et beaucoup moins con.

    - Le programme de L’Apocalypse, petite maison d’édition fondée par Jean-Christophe Menu. Apparemment, ce gars-là ne craint pas l’éphémère.

    - La BD est la bienvenue au festival d’animation d’Annecy pour éviter la « pixarisation du style » des dessins animés.

    - L’enchère-record d’1,3 millions d’euros pour une gouache d’Hergé indique-t-elle : 1/que Hergé peut désormais être considéré comme artiste contemporain à part entière ? 2/que la BD est une "valeur refuge" ? 3/qu'il y a trop d'argent en Europe ? 4/que les macchabées ont bon dos ?

    - "J’ai vu Le Marsupilami au cinéma comme on va chez le dentiste". Un admirateur de Franquin se plaint de la mauvaise qualité des produits dérivés.

    Voilà, c'est tout pour cette fois.

    Zébra


  • Tac au tac

    Le décès récent d'Eddy Paape, la sortie de l'album "Gringos Locos" qui fait revivre les pionniers Franquin, Jijé et Morris... n'est-ce pas l'occasion d'exhumer ce petit film d'archive (1971) ?

  • Gringos Locos*

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    Parti à l'aventure sur la côte ouest des Etats-Unis à la fin des années 50, le trio Jijé-Franquin-Morris est mythique pour les amateurs de BD franco-belge. Bien sûr les deux derniers sont connus pour avoir inventé Gaston Lagaffe et Lucky-Luke ; Joseph Gillain alias Jijé, moins connu, fut leur mentor ; beaucoup plus éclectique que ses disciples, il n'a peut-être pas connu pour cette raison un aussi grand succès ("Jerry Spring", "Blondin et Cirage", "Valhardi", sont -entre autres séries- de sa plume.)

    "Gringos Locos", par Schwartz et Yann, tente de raconter en BD les aventures réelles de ces personnages réels, bien qu'imprégnés de fiction, comme on peut l'imaginer. Les 35.000 exemplaires de l'album publié par Dupuis ont bien failli ne pas sortir de l'imprimerie. Les héritiers de Jijé et Franquin ont tenté de s'y opposer, jugeant le propos plus proche de la caricature que du portrait, voire carrément désobligeant ; Jijé est, par exemple, décrit dans l'album comme un "chef de clan surexcité, grossier et cul plus que béni".

    Finalement dans les rayons des libraires, "Gringos Locos" ne décevra pas que ces héritiers. Pour d'autres raisons que ce portrait de Jijé, relativement fidèle et qui souligne le paradoxe du personnage, à la fois truculent et dévôt catholique Wallon. En effet le style de Yann, impeccablement imité de Chaland, n'est pas directement en cause, mais il incite à la comparaison avec ce dernier. Or l'humour de Chaland était plus fin ; celui-ci avait trouvé une manière cocasse de souligner le grain de folie de la BD belge à ses débuts, et de faire deviner ses raisons, dont le mélange de morale puritaine désuète avec une technique artistique très moderne. Parue dans "Métal hurlant" n°64 (1981), "La vie exemplaire de Jijé" par Chaland est d'ailleurs consultable sur la toile.

    Zébra

    - "Gringos Locos", mai 2012, éd. Dupuis, 15,50 euros.

    - Sur l'illustration de couv., le trio est caricaturé dans cet ordre : Morris, Jijé, Franquin.